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『 Chapitre 6 : Ezrananas et Isananas bande d'ananas ! 』
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— Est-ce que tu t'es excusé toi ? demanda calmement Isaac.
Ezra ne semblait pas comprendre, irritant doucement le blond.
— Tu t'es excusé pour m'avoir harcelé pendant environ quatre ans ? Pour m'avoir fait des croches-pattes, pour m'avoir insulté. Tu t'es excusé pour tout ça ?
Isaac était parti en claquant violemment la porte des vestiaires. Quant à Ezra, il restait planté là, sous le choc de ce que Isaac venait de lui dire. C'est vrai, il ne s'était jamais excusé, mais parce que au fond de lui, tout cela était un jeu. Mais il venait de se rendre compte que pendant des années, son comportement avait fait du mal à Isaac, tandis que lui prenait tout cela à la légère. Et maintenant, ce même Isaac qu'il avait harcelé était devenu charismatique, et intriguant pour lui. Décidément, il ne tournait pas rond.
Il reparti sur le terrain quelques minutes plus tard, des mouchoirs dans le nez. Il s'installa sur le côté pour regarder ses amis jouer. Pour une fois, il essaya de ne regarder Isaac, de ne pas croiser son regard. Il voulait se faire pardonner, mais comment ? Isaac n'était plus, le même. Il n'était plus le gamin en surpoids qui se taisait à la moindre insulte, et qui pleurnichait sans cesse.
À la fin du cours, Andrew ramena Ezra chez lui et il se séparèrent pour le reste de la journée. Ezra profita de cet après-midi de libre, pour passer du temps avec son chiot, qui était là depuis seulement quelques jours, mais qui avait l'air d'apprécier énormément son nouveau propriétaire.
Malgré ça, les paroles du blond étaient restées bloquées dans sa tête, elles ne semblaient pas quitter son esprit. Tout cela le tracassait, alors le soir venu, il décida de parler à son père se demandant si ce dernier avait déjà entendu parler d'Isaac, lorsqu'il était en primaire.
— Dis, Papa ? Tu ne connaitrais pas un certain Isaac, qui était avec moi à l'école primaire ?
— Isaac ? Tu veux parler du fils des Thompson ?
— Oui, c'est lui.
Son père posa ses couverts sur le bord de la table, semblant réfléchir. Son père avait reconnu le blond par son prénom, ce qui poussa Ezra à être d'avantage attentif aux paroles de son père.
— Eh bien... dans mes souvenirs, ce n'était pas ton copain. Tu ne voulais jamais l'inviter aux anniversaires, et tu disais toujours qu'il était énervant. Pareil pour Andrew, d'ailleurs. Vous ne l'aimiez vraiment pas. Pourquoi tu me demandes ça ?
— Il est dans ma classe et il a énormément changé. Ça me perturbe de le voir si... si différent, je ne sais pas pourquoi.
Le père d'Ezra rigola de bon coeur, sans savoir que son fils avait l'esprit torturé par de désagréables pensées, qui polluaient sa bonne humeur.
— Le temps est passé fiston ! Tu ne le remarques sûrement pas, mais toi aussi tu as changé.
— En quoi ? Je n'ai pas changé du tout !
— Je trouve que tu es devenu plus prévenant et sensible. Peut-être est-ce dû à la maturité acquise, ou la maladie de ta mère qui t'a adouci, mais tu as de l'empathie et tu sais être à l'écoute. Et crois-moi, ce sont de belles qualités.
— Je suis une bonne personne ? demanda soudainement Ezra.
— Oui, pour moi, tu es une bonne personne. Tu as envie de devenir ami avec ce garçon dont tu me parlais ?
Ezra mourrait d'envie de se rapprocher du blond, mais il ne savait pas comment s'y prendre, et il était sûr que le blond le détestait, ce qui était pleinement justifié. Son propre comportement l'étonnait, il ne savait pas comment le qualifier, alors il tenta de cacher ses propres intentions.
— Pas forcément être ami, mais lui parler et me faire pardonner, pour avoir été... un peu odieux avec lui, murmura-t-il.
— Alors fais toi pardonner !
Ezra prit sa tête entre ses mains. Son père ne savait pas. Il n'était pas au courant que son fils était un enfant si cruel, qu'il avait harcelé un autre garçon. Il ne souhaitait pas rendre son père déçu de lui.
— Mais comment ? J'étais horrible avec lui... Papa, je l'ai harcelé ! Tous les jours, je lui disais des choses horribles, simplement parce qu'il était un peu en surpoids. J'ai été cruel avec lui, je lui ai fait du mal. Il ne me pardonnera jamais, même toutes les excuses du monde ne serait pas suffisantes.
— Tu vois, tu as changé. Le fait, que tu veuilles te racheter auprès de ton camarade, c'est une preuve de maturité et de sensibilité. Si tu es sincère, il ne pourra refuser tes excuses.
— Il est devenu très différent Papa... son regard est si noir, j'ose à peine le regarder...
— Je ne comprends pas très bien la logique des jeunes d'aujourd'hui, honnêtement. Mais si tu t'excuses sincèrement, je ne vois pas pourquoi ce gamin t'en voudrais encore.
Ezra se doutait que seulement des excuses fonctionneraient. En plus, ce n'est pas comme si, Isaac était son ami de base. Les deux n'avaient jamais rien partagé.
Il ne cherchait pas à se racheter une conscience en s'excusant, loin de là. Il voulait simplement apprendre à connaître Isaac, comme un égal. Comme un ami.
Ezra remercia son père, pour l'avoir guidé. Il monta dans sa chambre ce soir là avec son chien, il appela directement sa grand-mère. Il lui raconta sa rentrée au lycée, ses retrouvailles avec Andrew, avec Erin, sa rencontre avec Priya, Evan et Eden. Il lui parla de Fuyu, lui expliquant à quel point, il était mignon et adorable. Ce dernier était d'ailleurs endormit sur les jambes du garçon. Ezra raccrocha après de longues minutes, pour aller se glisser sous les draps.
*
Le week-end était proche. La première semaine de cours à Londres, était sur le point de s'achever pour Ezra. Il sortait actuellement de son cours de français - langue qu'il avait en LV1 - pour se rendre à son option, soit deux heures de littérature. Apparemment, leur professeure faisait souvent faire des travaux des groupes, et des activités ludiques pour faire passer rapidement les deux heures.
— Vous avez déjà fini les filles ? demanda Ezra.
— Non, on a encore une heure de sciences, souffla Priya. Et toi, tu as tes deux heures d'histoire ?
— Non, j'ai de la littérature. J'ai trois heures de littérature en plus et une heure d'histoire.
— Courage alors ! Et toi Andrew, tu as ton club ?
— Ouais ! Bon, c'est le premier entrainement alors, il va rien se passer. Même pas sûr, que les premières années se pointent aujourd'hui.
— Tu te donnes vraiment à fond dans ton club, fit remarquer Ezra.
— Oui et depuis le début. Cette année, j'ai l'opportunité de devenir capitaine, je vais tout faire pour le devenir !
— J'espère que tu pourras ! encouragea Ezra.
— Il y a aucune raison, qu'il ne réussisse pas, explique Erin. C'est l'un des meilleurs joueurs.
Andrew fit le fier, ce qui ne manqua pas de faire rire ses amis. Puis enfin, la sonnerie retentit, les faisant partir chacun de leur côtés. Ezra se dirigea d'un pas lent vers sa salle de cours. Arrivé, il remarqua la classe en rang - en troupeau plutôt - dans le couloir. Il se dirigea vers Eden.
— Il se passe quoi ? demanda-t-il.
— Cette prof aime bien faire des plans de classe, dit Eden. Elle fait ça pour soi-disant, créer des amitiés entre des personnes qui ne se parle pas.
— Et ça marche ?
— L'année dernière, un couple avait été formé. Peut-être vont-ils se séparer cette année ?
Ezra se dit que un plan de classe, ne pouvait pas être mauvais pour lui. Il était nouveau et trop timide pour aller vers les autres, donc c'était un moyen pour parler à des gens. Elle appelait les gens un à un. Eden fut appelé et se retrouva à côté d'un fille, nommée Isla. Apparement, elle était fan de manga et animés. Elle était mignonne. Ezra se retrouva seul dans le couloir rapidement. Personne ne serait à côté de lui ?
— Ezra Anderson ? appela la professeure.
— Oui ?
— Vous étiez le premier à être appelé, si vous n'êtes pas entré, je suppose que vous êtes donc arrivé en retard ?
— Je suis désolé Madame.
— Ce n'est rien, elle sourit gentiment. Entre et prend place à côté de ton camarade.
Ezra entra dans la classe. Il balaya la salle des yeux avant de trouver un siège de libre au fond de la classe.
Aux côtés de Isaac.
Ezra s'avança timidement vers la chaise à côté de son camarade. Il s'assit calmement, du moins en apparence. Dans sa tête, tout se bousculait, il était à côté d'Isaac, c'était forcément un coup du destin. Il avait milles et une pensées dans sa tête. Il pensait à sa façon de s'excuser, et à sa possible future amitié avec lui. Sans s'en rendre compte, Ezra avait un énorme sourire sur son visage.
— Tu as un sourire étrangement grand, pour quelqu'un étant assit à côté d'une personne qu'il n'apprécie pas.
Ezra eu un frisson, la voix de son camarade lui faisait un drôle d'effet. Il tenta d'assimiler les paroles d'Isaac. Il ne détestait pas Isaac, c'était certain. Il ne l'appréciait pas forcément, mais simplement car il ne le connaissait pas. Il ne le connaissait plus, mais il avait envie de le connaître.
— Je ne te déteste pas Isaac, sache le.
— Ah bon ?
Isaac sembla surpris et décontenancé face aux paroles d'Ezra. Ses joues se tintèrent légèrement mais il se cacha, et heureusement pour lui, le brun ne remarqua rien. Ce dernier avait son regard dirigé vers le bureau de la professeure, écoutant les consignes qu'elle donnait.
— Alors, le premier devoir que je vais vous donner est le même que celui de l'année dernière. Pour les petits nouveaux, dit-elle en fixant Ezra, le but est de décrire ce que vous pensez sur la personne à vos côtés. Ce que j'aime faire, c'est refaire cet exercice à la fin de l'année, pour voir comment vos pensées et vos jugements ont évolués. Vous êtes libre de dire ce que vous voulez, mais vous devez être respectueux envers votre camarade. Je ne tolérai aucune insulte ou méchanceté gratuite. Allez, à vos stylos !
Cet exercice avait l'air amusant, il plaisait beaucoup à Ezra. Il tourna son regard vers Isaac et remarqua que ce dernier le regardait déjà. Il se mit légèrement à rougir face au regard insistant du blond.
— Alors Ezra, qu'est ce que tu penses de moi ?
La question le prit au dépourvu. Que pensait-il d'Isaac ? Il le trouvait élégant, très beau avec un charme bien à lui. Mentalement, il devait être rancunier, même si sa rancune était clairement justifié. Il avait compris que le ballon de basket, n'était pas un accident. C'était une vengeance pour les années de primaire.
— Je te parle Ezra, tu m'écoutes ?!
— Je ne sais pas vraiment, ce que je pense de toi.
Isaac eut un petit rire.
— Ah, vraiment ?
Il mentait. Ezra savait très bien ce qu'il pensait d'Isaac, il ne voulait juste pas lui dire. Il avait encore sa fierté. Il ne voulait pas que Isaac pense qu'il est amoureux de lui, ou qu'il interprète mal ses paroles.
— As-tu envie de savoir ce que je pense de toi Ezra ?
— Je n'y tiens pas vraiment, avoua le brun.
Le blond haussa les sourcils, surpris et également amusé.
— Tu as peur de te mettre à m'apprécier, c'est ça ?
— Je te trouve bien bavard aujourd'hui Isaac.
— Disons que voir ta gueule d'ange en sang m'a fait culpabiliser un petit peu.
— Ma gueule de... quoi ? Tu essayes de te racheter ?
— Non, car c'était simplement un bout de vengeance pour ces années d'enfer en primaire. Je ne m'excuserai pas, ne rêve pas trop.
Ezra rougissait sûrement. Il était très réservé de nature et là, il discutait normalement avec le blond qui lui avait presque cassé le nez, deux jours auparavant. Il s'en voulait vraiment d'avoir harcelé Isaac.
— Alors, tu veux le savoir ? demanda Isaac à nouveau.
— Quoi donc ?
— Ce que je pense de toi.
— Si ça te fait plaisir...
Isaac saisit prudemment le menton d'Ezra pour le tourner vers lui.
— Qui aurait cru qu'un jour, je sois plus grand que toi ?
Ezra se mit brusquement à rougir, face à ce geste soudain et il retira brusquement la main d'Isaac. Oui, il mesurait dans les un mètre soixante-quinze, alors que le blond mesurait sûrement plus d'un mètre quatre-vingt. Ce dernier reprit vite son sérieux, inspectant méticuleusement Ezra.
— Je pense que tu es un gamin avec une gueule d'ange, qui pleure et dramatise pour un rien. Je pense aussi que tu es un gosse de riche, qui croit que tout est acquis. Tout ce que tu désires, tu l'obtiens, n'est-ce pas ? Tu as l'air fragile psychologiquement, facile à briser. Tu as changé, tu as l'air d'être devenu sensible, je me trompe ?
— Non mais sérieusement ? Je ne suis pas un gosse de riche Isaac !
— Calme toi, c'est ce que j'ai toujours pensé. Mon jugement n'est clairement pas objectif, tu t'en doute.
— Tu aimerais me briser si tu pouvais ?
Une étrange lueur se mît à briller dans les yeux du blond. Ezra cru apercevoir de la tristesse, des regrets et de la culpabilité.
— Je suppose que non. Même si c'est toi, je ne supporterai pas de faire mal à une personne.
— Je vois.
Le brun toucha ses joues et ses dernières étaient chaudes.
— Et toi, que penses-tu Ezra ?
— Je pense que... on devrait commencer à écrire, on met en commun après.
Un sourire espiègle naquit sur les lèvres d'Isaac.
— Tu sais comment t'en sortir Ezrananas.
— C'est une blague, Isananas ?
— OK, c'était pas ouf.
— Écris !
Ezra saisit un crayon à papier et commença à griffonner quelques mots. Il se demanda, pourquoi Isaac était soudainement gentil avec lui. Enfin, gentil était un grand mot, mais le regard d'Isaac n'était pas si froid aujourd'hui. Peut-être préparait-il un sale coup ? Mais, ce n'était pas dans son genre de faire ça. Il évita de se poser des questions et il continua d'écrire.
Il observa que Eden avait l'air de bien s'entendre avec sa camarade, Isla. La professeure passait dans les rangs, observer si les travaux avançait bien. Ezra se demanda soudainement, si Isaac était toujours une tête en classe ou non ? Il jeta un regard vers la feuille et vit seulement quelques lignes brouillonnés. À la place d'écrire, le blond le regardait.
— Cesse de me regarder Isaac !
— Je t'imite mardi matin.
Ezra se sentait de nouveau rougir.
— J'étais juste surpris de te revoir de cette façon.
— De quelle façon ? demanda le blond.
— Grand, mince, musclé...
— Je rêve ou tu m'as maté Ezra ?
Isaac avait vraiment le don de le perturber. Chacun de ses gestes, chacun de ses mots, Ezra ne pouvait se retenir de les analyser pour découvrir le nouvel Isaac, et chaque nouvelles facettes lui plaisait.
— Je t'ai observé, nuance !
— Bon, montre ce que tu as écris ! lança Isaac.
Ezra laissa Isaac lui prendre la feuille, pour lire ses quelques lignes.
« La personne se tenant à mes côtés, je la connais bien. Du moins, je pensais la connaître. Voir une personne chaque jour, ne veux pas dire la connaître. Je pense beaucoup de choses sur la personnes à mes côtés, mais je ne peux les dire car ces choses sont encore incertaines. Néanmoins, je pense - non, je le sais - que Isaac est une personne courageuse : se lever chaque jour, en se disant que rien ne changera, que ces deux petits garçons seront encore là pour l'embêter, et que personne ne fait rien face à cette situation est une sensation que je ne veux jamais vivre. Mais je pense également que me casser le nez, n'est pas un moyen d'assouvir sa vengeance. Même si c'était un coup de génie - sauf pour mon nez. Mais chercher la vengeance n'est pas une bonne fin en soi. La vengeance n'apporte rien, même si parfois elle est tentante, elle ne peut apaiser un coeur enragé. Il faut savoir accepter les excuses sincères, savoir écouter son coeur.
Et j'espère que le coeur d'Isaac saura me pardonner un jour, et m'offrir une place, infime soit-elle. »
Isaac se mit relire plusieurs fois les quelques lignes, écrites par Ezra, avec grande attention, ses yeux se plissant et devenant de plus en plus sombre.
— Je suis désolé Isaac. Désolé d'avoir brisé le bonheur que tu aurais dû vivre étant enfant...
Isaac ne répondit pas. Ezra cru voir une larme couler, mais avant de pouvoir parler, le blond se releva brusquement, faisant tomber sa chaise pour sortir de la salle en trombe.
— Isaac ! Où est-ce que vous allez ? cria Madame Toeni.
Ezra fut décontenancé face à la réaction brusque d'Isaac. Il attrapa la feuille qu'il avait laissé sur sa table. Il l'attrapa les doigts tremblant et commença à lire ce qu'il avait écrit.
« Je pense qu'Ezra est un enfant de riche, même s'il dit le contraire. Je pense qu'il n'est pas aussi cruel qu'à l'époque, après tout, il n'a rien fait pour le ballon de basket - je l'ai frappé fort en plus. Je pense quand même qu'il a trop de fierté pour s'excuser. S'il s'excuse un jour (de manière sincère), j'ai peur de me mettre à l'apprécier et d'oublier tout ce que j'ai enduré. »
Ezra reposa la feuille sur la table. Isaac ne voulait pas l'apprécier, il en avait même peur. Ezra se sentait mal, pour une raison étrange. Il venait de vivre un rejet amical. Au fond de lui, il voulait aller chercher Isaac, mais sa fierté l'empêcha de bouger. Une seule réponse lui vint à l'esprit, et il essaya de s'en convaincre, se mentant à lui même.
— Isaac n'a jamais été important pour moi et il ne le sera jamais.
☆ ★ ☆
J'ai eu ma pré-rentrée à l'université aujourd'hui, mais je commence les cours seulement le 19 septembre ahh ! Autant vous dire, que j'ai vraiment hâte de commencer les cours, je suis impatiente ! Je sens que cette année scolaire m'apportera que des bonnes choses.
✎ Yena
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