4

『 Chapitre 4 : Isaac, Fuyu et parties de Mario Kart 』

**

— Et si je te dis, Isaac ?

Ezra resta bouche bée face à la déclaration de son ami.

— Isaac, tu veux dire... le Isaac ?

— Oui, notre Isaac, soupira Andrew.

— Andrew, j'espère sincèrement que tu ne comptes pas recommencer avec lui... je regrette beaucoup ce qu'on faisait subir à Isaac.

— Je ne suis plus comme ça, je regrette aussi.

Ezra posa de nouveau son regard sur son ancien camarade, remarquant sa nouvelle allure, mince et élancé, ce qui le frappa car dans ses souvenirs, Isaac était assez rondouillet.

— Pourquoi est-ce qu'il a autant maigri ? demanda-t-il.

Le regard d'Andrew s'assombrit légèrement, mais Ezra ne le remarqua pas.

— Beaucoup de choses ont changées Ezra. Isaac a également changé, il a perdu beaucoup de poids comme tu peux le voir, il a même des amis maintenant... le temps a bien passé. Au collège, il avait déjà maigrit un peu, mais arrivé au lycée Isaac s'est totalement métamorphosé, il est vraiment différent maintenant.

Ezra se surprit à fixer un peu trop le garçon. Ce dernier, sentant un regard dans son dos, se retourna lentement et ses iris sombre rencontrèrent celle du brun, qui sentit son souffle se couper. Le blond était devenu très beau, il ne pouvait le nier. Son regard était noir, le pétrifiant sur place. Ezra déglutit avec difficulté, rompant le contact visuel pour souffler à Andrew :

— Il est devenu très intimidant...

— On a grandi, répondit doucement son ami. Ne fait pas attention à lui s'il te gène.

Ezra répondit avec un petit sourire, puis il plaça sa tête dans ses bras, attendant l'arrivée du professeur. Il regarda un petit instant par la fenêtre, observant le léger soleil qui s'infiltrait dans la salle de classe, réchauffant doucement ses joues. Le professeur entra dans la classe, quémandant le silence. Ezra leva le regard vers l'adulte et découvrir un homme, environ la trentaine. Il se présenta comme leur professeur de littérature et aussi professeur principal.

Il commença à faire l'appel et heureusement pour lui, le professeur souhaita la bienvenue à Ezra, sans lui demander de se présenter. Il avait quand même eu le droit aux regards interrogateurs et curieux. Le professeur distribua quelques papiers, de la paperasse très peu intéressante, puis il distribua les emploi du temps. Ezra sembla un peu déçu, les vendredis il finissait à dix-huit heures avec l'option de littérature renforcée.

Il compara son emploi du temps avec celui d'Andrew, et il n'était pas similaire.

— Pourquoi tu finis à seize heures le vendredi ? pleurnicha Ezra.

— Sûrement car on a pas les mêmes options, banane.

— J'aurais des bus pour rentrer ?

— Oui sûrement, mais ne stress pas, j'aurais probablement mon club de seize à dix-huit heures.

Les clubs, il avait presque oublié ce détail. Ezra nota dans un coin de sa tête d'aller voir les clubs quand il aurait du temps, n'étant même pas sûr d'en rejoindre un au final.

— Ah oui ? Dans quel club tu es ? demanda-t-il.

— Je suis au club de basket ! Et je suis même plutôt bon, se venta le bouclé.

— J'en doute pas, ça doit être cool !

Andrew se pencha vers son ami, en faisant danser ses sourcils.

— Isaac fait parti du club aussi.

Ezra le regarda en soupirant, retenant tout de même un rire.

— Ne te moque pas, il est très fort ! Mais je ne sais pas s'il restera cette année, ajouta Andrew.

— Ça fait bizarre de voir Isaac sportif et mince surtout. Il a l'air musclé en plus.

— Arrête de le mater Ezra, je ne pense pas qu'il apprécierait.

Il rougit un peu. Oui, il avait regardé avec une certaine insistance son camarade de classe, mais c'est parce qu'il était surprit, rien d'autre. En écoutant les paroles barbantes de son professeur, son regard se perdit sur son camarade. Ses cheveux blond en bataille, il repensa à ses yeux ténébreux qui avaient croisés les siens. Son regard descendit sur sa nuque, puis sur son corps mince.

La dernière chose à laquelle il s'attendait, c'était de retrouver Isaac. De retrouver un tel Isaac surtout. Perdu dans son admiration, Ezra réalisa qu'Isaac avait de nouveau tourné son regard vers lui, les yeux sombre. Il baissa instinctivement le regard et se mit à rougir. Il se sentait gêné d'avoir regardé le blond avec autant d'insistance, il ne voulait pas passer pour une personne dérangée. Il avait honte et voulait partir se cacher. Son souhait se réalisa, puisque la sonnerie retentit à onze heures, annonçant la fin de leur première matinée.

— Les cours commencent quand déjà ? demanda Priya.

— Demain matin, il vient de le dire, soupira Andrew.

— Désolé, j'écoutais pas, répondit-elle en rigolant.

— Comme d'habitude, répliqua Erin.

Elle ramassa une petite tape derrière la tête, de la part de sa meilleure amie, faisant rigoler les deux garçons qui assistaient à une scène de ménage. Andrew rangea ses affaires, et Ezra se mit doucement à faire de même Il lança un regard vers la porte, et aperçu Isaac sortir de la classe.

— Au fait Ezra, tu as quoi comme option ? demanda Erin, le coupant dans son observation.

— Littérature renforcée, et vous ?

— Avec Priya on a option science. Je ne sais toujours pas pourquoi on a repris ça, d'ailleurs.

— Et moi, j'ai juste pris une troisième langue, répondit Andrew.

— Ah ouais, laquelle ? demanda Ezra.

La mine dépité qu'affichait Andrew signifiait qu'il avait probablement choisit une langue compliqué.

— J'ai déjà français en LV1, Allemand en LV2, puis il y avait l'option chinois... je ne sais pas ce qu'il m'as pris...

— Oui, mais ne te plains pas, tu n'as que deux heures d'option, moi j'en ai quatre, rétorqua Ezra.

— J'ai dû faire un exposé en chinois sur Xi Jinping, l'année dernière.

— Ah oui... je compatis, on est pas ensemble, Ezra lui donna une tape sur l'épaule.

Ils sortirent de la classe pour aller rejoindre Evan. Ezra marchait à l'arrière observant ses amis discuter entre eux. Enfin, à part Andrew, il ne savait pas quoi penser de Priya et d'Erin. Le plus dur à cerner était Evan, vu qu'il n'était pas dans leur classe. Mais bon, c'était toujours une épreuve de se faire des amis, surtout pour Ezra qui était timide et réservé de nature, alors arriver avec déjà quelques repère était rassurant pour lui.

Andrew remarquant que son ami était en retrait, fit demi-tour pour aller le voir.

— Faudra que tu ailles voir les clubs, proposa-t-il. Tu pourras sûrement te faire des amis là-bas. Tu sais, tout le monde est gentil ici, tu n'as pas à t'inquiéter.

— Je te crois, mais honnêtement je ne me sens pas à ma place.

— Pourquoi ? hésita à demander Andrew.

Les mains du brun se mirent à trembler et il serra fort les points pour les cacher.

— Ça fait sept ans, tout a trop changé. Rien que de te voir toi, ça m'a fait quelque chose, je me sens vraiment étrange, annonça-t-il la voix tremblante.

— Et c'est mal ? demanda son ami.

— Non, du moins je ne crois pas. Je me rends juste compte que l'époque de l'innocence est passé, que l'époque où notre seule inquiétude, c'était de savoir si Mademoiselle Lollipop avait encore des sucettes est passée. Je crois que je ne veux pas grandir.

Andrew attrapa la main tremblante d'Ezra et la serra fort, passant son autre main dans les cheveux de son ami.

— Je ne sais pas de quoi l'avenir est fait, mais grandir a souvent du bon. Regarde, déjà on a pris conscience que harceler quelqu'un, c'est mal.

Il descendit sa main dans la nuque de son ami, le forçant à le regarder.

— S'il y a une chose dont je suis sûr, c'est que oui, ça prendra du temps, mais tu t'habitueras à cette nouvelle vie, et je serais là pour toi si tu as besoin, donc ne t'inquiète pas.

Ezra retenait ses larmes. Il se sentait angoissé, au milieu de toutes ces personnes inconnues, mais Andrew avait réussit à la calmer, sans que ce dernier ne le sache. Les mots de son ami l'avait apaisé, et avait suffit à le détendre.

— Tu veux venir à la maison cet après-midi, comme avant ? proposa Ezra.

— J'ai cru apercevoir un chien ce matin chez toi, je me trompe ?

— Un berger suisse, offert par mon père.

— Tu sais que j'adore les chiens, je viens !

*

Comme promis, en ramenant Ezra chez lui vers quatorze heures, son meilleur ami était resté pour passer du temps avec son ami - et son chiot. Quand il posa un pied dans l'entrée, le petit berger suisse d'Ezra accourra pour leur faire la fête, remuant la queue, se jetant sur eux pour les couvrir de poils blancs.

— Il est trop mignon ton chiot ! déclara Andrew.

— Tu crois que je ne le sais pas ? rétorqua gentiment Ezra.

Andrew rigola doucement, avant de se pencher sur le petit chiot pour l'envahir de caresses. L'animal se laissa faire, roulant sur le dos pour montrer son ventre, que le bouclé se mit à envahir de caresses et de bisous.

— Tu es trop mignon, toi ! C'est quoi ton petit prénom ? dit gaiement Andrew.

— Tu es au courant, qu'il ne va pas te répondre autrement qu'en aboyant ? rigola Ezra.

— Dis-moi son prénom alors banane !

— Fuyu, ça signifie hiver en japonais... enfin je crois.

Andrew analysa le chiot un instant d'un air vraiment sérieux, semblant réfléchir.

— Tu aurais dû lui donner, un prénom chinois !

— Sans façon, on est en Angleterre, pas en Chine souffla Ezra.

— Tu crois que ton prénom japonais, c'est mieux ?

Ils se chamaillèrent un petit instant sous les yeux joueurs de Fuyu, puis Ezra proposa à Andrew de monter dans sa chambre. Le petit chiot les suivit de ses petites pattes. Andrew fut pris d'une vague de nostalgie, en entrant dans la chambre de son ami.

— J'ai l'impression que rien n'a changé...

— Mon père a laissé ma chambre intacte. Donc oui, rien n'a changé.

— Je me rappelle, toutes les nuits que j'ai passé ici, tous les films qu'on regardait. Tu te rappelles de Mademoiselle Lollipop, ou de la fois où j'avais fugué de l'école ?

Andrew s'allongea sur le dos dans le lit de Ezra, qui le rejoignit bien vite. Il ferma les yeux, laissant ses souvenirs l'envahir.

— Oui, je m'en souviens. Je m'en souviens même parfaitement. Je me souviens aussi de cette sortie à Coven Garden, tu avais fait un caprice pour t'enfuir dans les rues de Londres. Mais personne ne t'avais suivit.

— Tu m'avais salement abandonné, pour aller faire des bisous à Erin. Mon meilleur copain m'avait lâché.

— Tu adorais t'enfuir visiblement, et tu m'entrainais dans des situations pas possible, rigola doucement le brun.

Andrew tourna la tête, et Ezra fit de même. De cette façon, les deux garçons étaient yeux dans les yeux.

— On est plus les mêmes enfants, déclara Andrew.

— Oui, avant tu me battais à Mario Kart.

— C'est toujours le cas, lâcha le bouclé.

— Ah oui ? Tu crois ça ? le provoqua Ezra.

Il se redressa sur son lit, une lueur de défi brillant dans ses yeux. Andrew se redressa à son tour, et Ezra désigna sa Wii avec son menton. Il alluma la console, et sorti le jeu neuf que son père lui avait offert. Il attrapa deux manettes, et en donna une à son ami.

— On a changés Andrew ! Je ne me laisserai plus battre, sache le !

— Je vais t'exploser !

Ezra pris comme conducteur le villageois d'Animal Crossing et Andrew pris Toad. Une dizaine de courses furent jouées, les deux amis ne pouvaient pas s'arrêter, et après neuf défaites, Andrew fut obligé de reconnaitre qu'Ezra était devenu fort.

— Alors, tu as dis que tu allais m'exploser ?

Le brun se moqua de son ami.

— C'était la chance du débutant, répondit Andrew.

— Je dirais plutôt la mauvaise foi du perdant, rétorqua Ezra.

Andrew, vexé, attrapa Ezra par les hanches pour le balancer dans le lit, se plaçant au dessus de lui pour le martyriser de chatouilles. Ezra se tordit de rire sous les chatouilles, que lui assénait son ami.

— En tout cas, tu crains toujours autant les chatouilles !

— Arrête, je respire plus...

Il s'arrêta alors, s'installant nonchalamment sur le bassin d'Ezra, qui reprenait doucement son souffle.

— Pourquoi tu ne me dirais pas, le nom de ta crush maintenant ? proposa Ezra.

— Pourquoi je dirais ça à une personne qui vient de m'humilier à Mario Kart ?

— Je la connais, c'est ça ? Si c'est pas Erin, c'est forcement Priya...

— Arrête de chercher, tu ne connais pas cette personne. Je te la présenterai bientôt, souffla Andrew.

Fuyu sauta soudainement dans le lit, quémandant des caresses. Andrew bascula donc sur le côté, s'enlevant du bassin d'Ezra. Il prit le chiot dans ses bras et lui fit pleins de papouilles. il caressa activement le pelage du chien qui avait l'air d'apprécier, puisqu'il semblait s'endormir sur le torse du bouclé. Un long silence apaisant s'installa entre les deux garçons, tous deux allongés dans le lit. Ezra ferma les yeux un petit instant, oubliant ses problèmes, se concentrant uniquement sur l'instant présent.

— Andrew ? souffla-t-il tout bas, brisant le silence.

— Oui ?

— Je n'ai pas dis la vérité tout à l'heure. Quand Erin a demandé la raison de mon retour, je vous ai menti.

— Pourquoi ? demanda son ami perplexe.

Ezra pris son chiot dans ses bras, retenant quelques larmes.

— Ma mère n'a pas de problème d'argent. Enfin si, mais c'est dû à un problème de santé. Ma mère est en phase terminale d'un cancer, elle a très peu de chance de s'en sortir, elle a même aucune chance. Du coup, là-bas, je déprimais sans cesse, j'ai passé l'été enfermé chez moi, alors ma mère et ma grand-mère m'ont conseillées de revenir ici. À Londres, seul...

Andrew ne sut quoi répondre, face à la révélation de son ami. Ezra se contenta de serrer son chiot fortement contre lui, sentant les larmes monter.

— Je ne savais pas, je suis désolé, déclara Andrew.

— Ne t'excuse pas, j'ai tenu à te le dire. Si tu pouvais éviter de le répéter par contre.

— Ne t'inquiète pas pour ça. Merci de t'être confié à moi, je suis content de voir que le temps ne nous a pas séparé.

Andrew envoya un sourire rassurant à son ami, qui sentit une douce chaleur l'envahir. Un sentiment de paix, provoqué par son meilleur ami.

— Moi aussi, j'avais peur de me retrouver ici, totalement seul. Mais, tu es toujours là.

— Toujours.

Ezra se redressa et se pencha pour prendre Andrew dans ses bras. Son ami passa ses bras dans son dos, caressant doucement ce dernier.

— Merci Andrew. Tu seras pour toujours mon meilleur ami.

— Tu seras aussi pour toujours le mien.

Ils restèrent dans cette position encore quelques instants, puis Andrew dû rentrer chez lui, vers dix-sept heures. Il lui avait proposé d'aller chez lui la prochaine fois. Ezra avait accepté avec plaisir, ça lui rappellerait des souvenirs, de plus, il s'entendait bien avec les parents d'Andrew qui avaient souvent prit soin de lui auparavant.

Comme prévu, Stephen était rentré à dix-huit heures. Il avait préparé à manger, et ils avaient mangés ensemble entre père et fils, dans la joie et la bonne humeur, Fuyu allongé à leurs pieds. Vers vingt deux heures, il alla se coucher, méritant bien du repos après cette première journée. Il enclencha son réveil pour huit heures, étant donné que sa journée de cours commençait à neuf heures. Durant son sommeil, Ezra rêva de ses nouveaux amis, d'Andrew et d'un garçon à la chevelure blonde.

☆ ★ ☆

✎ Yena

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top