『 Chapitre 27 : « À cause de toi » 』

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Ezra ouvrit les yeux, le soleil lui agressant violemment le visage. Il avait fini par s'endormir dans le lit de son meilleur ami, qui n'était visiblement pas à ses côtés. Il s'étira, tout patraque. En attrapant son téléphone qui était dans sa poche arrière, il constata qu'il était bientôt midi. Il tendit l'oreille mais aucun bruit ne provenait de l'étage en dessous de lui. Il se leva donc, encore un peu dans les vapes, et se décida à descendre pour au moins trouver son ami. Il le trouva au milieu du salon en train de ranger, jetant les gobelets en plastiques qui traînaient, et les bouteilles d'alcool et de boissons vides.

— Tu es enfin réveillé, déclara Andrew en souriant.

— Tout le monde est parti ?

— Oui. Après que tu te sois endormi, je suis redescendu et les gens ont fini par partir petit à petit.

— Je vois...

Ezra remarqua que son ami avait l'air anormalement heureux. Il avait un étrange sourire inhabituel, qui lui montait jusqu'aux oreilles, et il chantonnait un petit air gai.

— Tu me caches quelque chose toi.

— Moi ? Non.

— Ce n'était pas une question, je te connais Andrew. Pourquoi tu souris comme un attardé ?

Comme réponse à cette insulte, Ezra reçu un beau majeur.

— Eden est parti il y a peu. Il est resté jusqu'à environ neuf heures. On est resté ensemble tout ce temps, on a parlé, beaucoup parlé. Je me suis même endormi sur son épaule à un moment, c'était si romantique.

— Je savais qu'il y avait quelque chose. Alors, de quoi vous avez parlé ?

— De pleins de choses. Il a beaucoup de discussion, il est super interessant, je le savais déjà évidement, mais ça me surprendra toujours. En plus, il n'y avait pas son crush, alors il a passé une bonne partie de la soirée avec moi.

— C'est super ! Peut-être qu'il va finalement se rendre compte, que c'est toi qu'il lui faut.

Il donna une tape dans le dos de son ami comme encouragement. Andrew lui rendit son coup, et changea de sujet en sortant un petit paquet cadeau de la poche de son gilet.

— Tiens, j'ai trouvé ça sur le perron dehors.

— Oh, j'avais oublié ! C'est le cadeau de Jayden !

Avec tous les événements de la veille, il avait oublié le cadeau de Jayden dehors. Il attrapa la petite boite et se dépêcha de l'ouvrir. Au creux de la boite se trouvait un médiator à l'effigie de Mayday Parade. Ezra ne put retenir un sourire : Jayden était si attentionné. C'était un petit cadeau, mais ça représentait beaucoup pour lui, surtout que c'était cet artiste qui les avaient rapprochés. Il s'empressa de sortir son téléphone, et d'envoyer un message pour remercier son ami aux cheveux rouges.

— Eh bien, on dirait que Monsieur Cheveux Rouges en pince pour toi, ajouta Andrew par dessus son épaule.

— N'importe quoi, c'est juste un médiator.

— Quand même, par moment j'ai l'impression qu'il t'apprécie un peu trop.

Ezra n'oubliait pas qu'il avait échangé un baiser avec ce dernier. En une semaine, il avait embrassé deux garçons. Lui qui pensait être un hétéro confirmé, tout finissait par changer en lui, mais il ne trouvait pas cela désagréable. L'idée de remettre son orientation sexuelle en question, ne lui semblait pas insurmontable. Réussir à se trouver et à s'affirmer ne pouvait que le faire mûrir.

— Andrew, j'ai oublié de te dire quelque chose hier.

— Ah ? Qu'est-ce que s'est ?

— Lundi... j'ai aussi embrassé Jayden...

De nouveau, un cri s'échappa de la bouche d'Andrew, résonnant dans tout le salon. Ezra posa ses mains sur sa bouche, lui intimant de se taire.

— Quoooooi ? Tu as aussi pécho le fraisier ambulant ?

— Ce n'est pas ça... on est venu à parler de certaines chose, et il m'a demandé s'il pouvait m'embrasser. Je me posais beaucoup de questions alors... j'ai dit oui.

La main d'Andrew se posa d'un coup sec sur son épaule.

— Tu as tant de succès auprès des hommes, fit-il faussement ému.

— Oh ferme-là ! Mais le pire, c'est que Isaac nous a vu.

— Comment il a réagit ?

— Mal, je crois. Il a posé une guitare avec énervement dans la salle, puis il est vite reparti. Je lui suis parti après... et on s'est expliqué.

Ezra décida de ne pas mentionner le moment, où il s'était confié à Isaac, un peu gêné. Même si sa gêne n'avait pas lieu d'être, vu ses aveux actuel et ceux de la veille.

— En parlant de ça, il me semble avoir vu Isaac se trimballer avec l'ancienne guitare de Seth. Toi qui est au club de musique, tu saurais pas pourquoi il voulait la ramener à l'école ?

— C'était la guitare de Seth ? Isaac m'a dit que c'était une guitare de l'école et que je pouvais la prendre pour m'entrainer.

Les deux garçons se regardèrent confus.

— Pourquoi Isaac te donnerait la guitare de son ex petit-ami décédé ?

— J'en ai aucune idée.

— Visiblement... il n'y a pas que Jayden qui t'apprécie un peu trop.

— Pourquoi tu dis ça ?

Andrew était sérieux, il n'était pas en train de plaisanter comme à son habitude, ce qui fit tiquer Ezra.

— Eh bien, Isaac aimait Seth plus que tout. Il a tout gardé de lui, alors qu'il veuille te donner sa guitare, c'est un peu surprenant, tu comprends ? Après, il fait bien ce qu'il veux.

Ezra passa outre, ne voulant pas tirer de conclusion hâtive. Il aurait bien des explications plus tard. À la place, il aida son meilleur ami à faire le ménage. Ils passèrent un agréable moment malgré leur corvée, discutant de tout et n'importe quoi, se remémorant des souvenirs de leur enfance, tout en ramassant les cadavres de boissons au sol. Ils nettoyèrent également la table où se trouvait la nourriture. Quelques chips se trouvaient par terre, d'autre en dehors des assiettes. Leurs amis avaient tout de même été raisonnables.

Ils mirent de la musique, tout en passant l'aspirateur et le balai. Les deux amis se mirent à danser et chanter, quand Call me Maybe se mit à défiler. Ils adoraient cette chanson étant enfant, ils avaient même créé une chorégraphie dessus, qu'ils essayaient de reproduire des années après. Puis, après tant d'efforts, les deux amis décidèrent de manger une pizza qu'ils avaient selon eux bien mérités. Ezra avait réussi à se vider l'esprit, sans penser à Isaac, ni à Jayden, ni à rien du tout, ça lui avait fait du bien de ne pas penser à ça, le temps d'un instant. Il était posé dans le canapé - désormais propre - d'Andrew, il était bientôt quinze heure.

— Tu veux que je te ramène chez toi ? proposa son ami.

Ezra réfléchit un court instant.

— Non c'est bon, je pense que je vais aller voir Isaac.

— Tu vas aller voir Isaac ? Pourquoi ?

— J'ai envie de lui parler, de mettre certaines choses au clair avec lui.

Andrew hocha la tête, puis il salua Ezra n'oubliant pas de lui donner un paquet. Un cadeau d'anniversaire qu'il avait oublié de lui donner. À l'intérieur se trouvait une petite chaine en argent toute simple. Il l'accrocha directement autour de son cou, en remerciant Andrew d'un câlin.

Puis il quitta finalement la maison de son ami, se dirigeant chez Isaac qui habitait à quelques rues d'ici. Ezra savait où le blondinet habitait, car il passait souvent vers chez lui en revenant du lycée, de plus lui et Andrew l'avait déjà ramené chez lui. Il mit une vingtaine de minutes avant d'arriver dans le quartier d'Isaac. Il marcha tranquillement dans l'allée, regardant le nom sur les boites aux lettres pour trouver la maison du blond. Quand il trouva enfin, il s'arrêta un court instant pour reprendre son souffle et remettre ses idées en place. Timidement il s'avança, et sonna à la sonnette, le coeur battant fort contre sa poitrine.

Il attendit un petit moment, stressant, ses mains devenant moites. Maintenant qu'il était là, il ne pouvait, de toute évidence, plus reculer. Les secondes semblaient passer comme des heures. Cela faisait seulement une petite minute qu'il était là, mais ça lui paraissait une éternité. Quand finalement, la porte s'ouvrit sur une femme, de longs cheveux blonds, habillé d'une manière quelque peu négligée. Ezra put deviner sans difficulté qu'il s'agissait de la mère de son ami. La femme dévisagea Ezra d'un oeil douteux.

— Je peux savoir qui vous êtes, jeune homme ?

Face au ton froid de la femme, Ezra fut légèrement décontenancé. Il essaya de se reprendre bien vite.

— Bonjour Madame... je suis un ami d'Isaac.

La femme ne répondit rien, se contentant de se tourner vers les escaliers, appelant Isaac. Au bout de quelques secondes, Ezra put voir le blond descendre les escaliers. Un sourire apparut immédiatement sur ses lèvres, sans qu'il ne puisse le contrôler. Isaac lui semblait vraiment surpris de voir Ezra.

— Ezra, qu'est-ce que tu fais là ?

— Je voulais te voir, par rapport à...

Ezra se souvint alors que Isaac avait fait le mur pour venir le voir. Ne voulant pas lui apporter des ennuis, il se décida à mentir.

— À propos de l'exposé à faire en littérature.

Isaac et sa mère se regardèrent un court instant, et sa mère sembla l'autoriser à sortir du regard. Le blond attrapa alors sa veste et rejoignit Ezra dehors.

— Ne parlons pas ici, suis-moi, dit Isaac.

Ezra ne répondit pas et se contenta de suivre Isaac sans un mot. Les deux garçons marchèrent un petit moment, ils sortirent de l'allée et prirent des petites routes que Ezra ne connaissait pas. Tout le long de trajet, ils ne prononcèrent pas un mot, Ezra se contentait de regarder Isaac du coin de l'oeil. Il voulait attraper sa main et enlacer leurs doigts comme le veille, mais le blond avait les deux mains au chaud dans ses poches. Voulant attirer l'attention d'Isaac, il lui donna un petit coup d'épaule, mais Isaac réagit à peine.

— Pourquoi tu es venu me voir ? lâcha alors Isaac.

Sa voix était étrangement froide, ce qui fit un peu perdre son sourire à Ezra. Ne voulant pas perdre la face, il tenta de faire comme si de rien n'était, gardant sa bonne humeur.

— Je voulais juste te voir Isaac.

— Pourquoi ?

— J'aimerais qu'on discute de certaines choses.

— Pourquoi ?

Ezra était un peu agacé. N'avait-il que ce mot en bouche ou quoi ? Il espérait qu'Isaac sois juste gêné par leur baiser, et perturbé de le voir car il ressentait quelque chose pour lui. Étrangement le brun se surprenait à espérer ce genre de scénario.

— Bon, autant allez droit au but, souffla-t-il. Tu as ressentis quoi hier ? Tu sais quand on s'e-

Isaac se stoppa net et Ezra rentra dans son dos, ne s'attendant pas à un arrêt si brusque. Il tenta de regarder Isaac et remarqua que ce dernier serrait les poings, le visage fermé. Ses yeux étaient fermés, comme s'il essayait de reprendre son calme. Il poussa un long soupir.

— Tu es pas sérieux Ezra ? répondit-il finalement.

— Si... j'aimerais savoir ce que tu as ressentis durant notre baiser, c'est tout, ajouta-t-il hésitant.

Isaac saisit brusquement le poignet d'Ezra, et accéléra le pas, ignorant les plaintes du brun derrière qui lui disait de ralentir, ou encore qu'il lui faisait mal. Isaac l'ignora royalement, se contentant d'avancer, sans un regard derrière lui pour Ezra. Il tenta de se dégager de sa poigne, mais visiblement Isaac était plus fort que lui. Isaac ne l'écoutait plus, et semblait de toute évidence bien différent de la veille. Ezra senti sa prise se desserrer, jusqu'à complètement le lâcher, quand ils arrivèrent à un endroit.

Un endroit que Ezra connaissait parfaitement bien, puisqu'il s'agissait de leur école primaire. Il fit quelques pas en avant, dépassant Isaac. Il ne comprenait pas ce qu'ils faisaient ici. Il se tourna vers Isaac, tentant de comprendre, mais ses yeux étaient totalement froid, ce qui perturbait beaucoup le brun.

— Pourquoi tu m'as amené ici ? demanda-t-il.

Isaac fit quelques pas en avant pour se retrouver face à Ezra, le toisant du regard.

— Est-ce que tu m'aimes Ezra ?

Cette question prit de court Ezra, qui se contenta de le regarder hébété. Avant même qu'il ne puisse ouvrir la bouche, Isaac le coupa.

— Avant de répondre, regarde derrière toi, et dis-moi à quoi tu penses.

Le regard d'Isaac se posa sur l'école primaire derrière eux. Ezra fit de même, ne comprenant plus Isaac. Il l'imita alors et regarda le petit bâtiment.

— Maintenant Erzra, dis-moi si tu as de bons souvenirs en voyant cette école.

— Oui évidemment !

Il avait répondu si spontanément. Comment oublier, toutes les bêtises qu'il avait fait avec Andrew - ou plutôt que Andrew faisait - ses petits moments en amoureux avec Erin. La seule ombre, c'était son passé à lui et Isaac. Surtout le sien et ce qu'il avait fait vivre à Isaac. Les mains d'Isaac se posèrent sur ses épaules, comme pour le maintenir au sol. Un souffle chaud s'abattit dans le cou d'Ezra qui réprima un frisson. Isaac s'approcha de son oreille pour chuchoter quelques mots.

— Et bien moi, Ezra, je n'ai aucun souvenirs heureux ici.

Leur position, la voix d'Isaac, accompagné de ses mots, pouvaient faire perdre la tête à Ezra.

— Et tu sais pourquoi ?

Ezra ne répondit rien, se doutant que le blondinet lui donnerait la réponse.

— À cause de toi.

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✎ Yena