✨Chapitre 44 - D'un accident et d'un grand-frère

« Seluç a ghanti nome gdulux. »

Je n'avais aucune idée de ce que cela voulait dire. Pourtant cette phrase résonnait dans ma tête à l'infini. Endroit où je ressentais d'ailleurs une douleur atroce.

Je me redressai sur un coude. J'étais allongée par terre, dans l'herbe. Mon sac à dos m'empêchait de toucher le sol et cambrait mon dos dans une position loin d'être confortable. Le ciel était couvert de nuages tous plus menaçants les uns que les autres. Il y avait du vent et dans l'air flottait l'odeur de la pluie. Les arbres qui m'entouraient agitaient leurs branches dans tous les sens et leurs feuilles bruissaient, chantant l'arrivée imminente d'une averse.

J'avais mal. La douleur vive qui me traversait venait de mon épaule droite. Avec maintes précautions, j'y portai ma main gauche pour tâter l'étendue des dégâts. À la vue du sang qui imprégna mes doigts, je compris que la blessure était plus importante que ce que je pensais.

— May ! Tu vas bien ? appela une voix.

Charly entra dans mon champ de vision.

Je ne répondis rien en me contentant de le fixer. Il était couvert de terre, son pantalon avait mangé de l'herbe et son visage était plein d'égratignures. Il aurait vraiment eu mauvaise mine s'il n'affichait pas son sourire généreux caractéristique.

— Qu'est-ce qu'il nous est arrivé ? demandai-je d'une voix pâteuse qui me surpris.

Le garçon sembla stupéfait.

— Quoi ? s'étonna-t-il. Tu ne te souviens pas de ce qui s'est passé ?

Je secouai la tête.

— Tu peux m'expliquer, s'il te plaît ? lui demandai-je.

Charly vint s'asseoir près de moi en me faisant face et commença le récit des événements.

— On marchait le long de la rivière depuis deux semaines...

— Ça je m'en souviens, le coupai-je.

— ... quand on s'est rendu compte que la rivière changeait de direction. On a décidé de s'enfoncer dans la forêt pour voir si on trouvait quelque chose. Je sais plus trop ce qu'on cherchait, mais c'était pas une bonne idée parce qu'on est arrivé dans une clairière où un animal qui mangeait les restes d'une carcasse

— Et il m'a foncé dessus l'imbécile ! m'écriai-je tout à coup.

— Tu t'en souviens maintenant ? me demanda Charly en haussant les sourcils.

— Oui ! Et puis... puis... tentai-je en vain de me remémorer, les sourcils froncés, puis plus rien en fait.

— Puis tu t'es faite percuter par le Tériatome et t'as fait un graaaand vol plané, avant d'atterrir... là, termina-t-il en illustrant ses propos en faisant un grand geste avec son bras.

— C'était un Tériatome ? m'étonnai-je. Comment tu sais ?

Le garçon hocha la tête.

— Je le sais parce que... je te l'ai déjà dit mais je suivais les cours du C.I.S.I, me rappela-t-il d'un air assuré et nonchalant à la fois. Cette boule de fourrure aussi grosse qu'une vache a une sorte de tête ratatinée sur le côté du corps et deux pattes de l'autre et elle charge en roulant à toute vitesse vers sa proie.

— Oh, m'empressai-je de répondre, surprise par la description de Charly et frustrée de ma propre ignorance.

Mais je n'avais rien à répondre en fait. Moi aussi j'avais passé un temps en cours, à me rentrer des manuels entiers dans le crâne sur la hiérarchie des planètes, les plantes maléfiques et l'équilibre interne du sorcier mais je ne me souvenais en rien d'un cours sur la description des Tériatomes. Et encore moins depuis l'arrivée de Charly. Mais je le connaissais si peu qu'il avait très bien pu s'instruire dans son coin sans que je n'en sache rien et ce n'était pas comme si j'étais censée en savoir quelque chose...

Je lâchai un soupir.

— Je comprends mieux pourquoi j'ai aussi mal à l'épaule, j'ai dû atterrir dessus. Et toi, comment ça se fait que tu sois dans cet état-là ? lui demandai-je pour changer de sujet.

— Heu... je...

Il se passa une main derrière la nuque, visiblement embarrassé.

— Quand le Tériatome a chargé, j'ai eu peur et je suis parti dans la forêt en courant pour m'éloigner de la bête. J'ai pas été très courageux... Je suis désolé.

— Bah je te comprends, rigolai-je en haussant les épaules, m'arrachant une grimace de douleur au passage. Et la terre sur tes vêtements, elle vient d'où ?

— J'avais tellement peur que j'ai pas regardé où je marchais, je me suis pris un caillou ou une racine, je sais plus, et je suis tombé.

Le silence s'installa. Je sentis une goute sur mon bras.

— On ferait mieux de s'abriter, il commence à pleuvoir, remarquai-je.

Charly hocha la tête et se remit debout. En prenant appui sur mon bras gauche, je l'imitai, essayant de ne pas raviver la douleur de mon épaule qui me lancinait toujours. C'était peine perdue.

— Nom de—Aïe ! m'écriai-je en chancelant sur mes jambes qui tanguaient dangereusement. Si seulement on avait de quoi guérir des plaies ce serait soulageant. Et rassurant.

— À ce propos ! lança Charly en fouillant dans son sac. J'ai quelque chose que tu pourrais peut-être essayer...

Il sortit l'une des fioles et me la tendit d'un geste assuré.

— Tu plaisantes ? m'étranglai-je en attrapant tout de même le petit objet.

Le garçon secoua la tête.

— Je l'ai déjà utilisée sur mes douleurs aux genoux et pour mes courbatures. Ça marche.

— Et... et imagine si ça avait été du poison ?! m'insurgeai-je.

Charly haussa les épaules.

— Feuille d'automne ne l'aurait pas mis dans notre sac, répondit-il.

Je frémis et songeai à nouveau à l'attaque des Voleurs d'âmes, à Zed qui m'avait proposé de boire dans une fiole semblable et à l'hésitation que j'avais ressentie. À mon refus. Aux conséquences qu'il avait engendrées. Et si j'avais bu le liquide à ce moment-là ? Aurais-je tout de même été attirée vers les créatures du Néant ? Je ne le saurai jamais.

Je reportai mon attention sur Charly qui avait haussé les épaules après ma remarque et attendait que je me décide.

— Espèce de gamin irresponsable ! le réprimandai-je histoire d'exprimer mon mécontentement.

Je me détournai de lui aussi vite que mes douleurs me le permirent et m'éloignai le plus possible avant de scruter la fiole en plissant les yeux. Dire que j'étais dubitative était un euphémisme. Mais peut-être pouvait-elle avoir des effets positifs ?

« Seluç a ghanti nome gdulux. »

Et voilà que la phrase en sircien refaisait son apparition dans ma tête. Elle en avait pourtant disparu à la seconde où Charly m'avait appelée.

Charly.

Comment avait-il pu utiliser la fiole sans penser qu'elle pouvait avoir des conséquences désastreuses mais fuir dès l'instant où le Tériatome nous avait foncés dessus ? Ce garçon était décidément très étrange.

Les gouttes de pluie tombaient avec plus de force sur le sol et gagnaient en taille. Il était temps que l'on se mette à l'abri mais d'abord, il fallait tester le remède de Charly. J'ouvris la fiole et respirai son contenu. On aurait dit un mélange de moisissures, d'œufs pourris et de clous de girofle. Et le clou de girofle m'avait toujours donné la nausée.

D'une main hésitante, je plongeai mon doigt dans le drôle de mélange et en ressortis une substance grise. Pas gris argenté mais plutôt gris souris. Une sorte de gris qui n'avait rien à faire dans une fiole. Mais ce n'était pas comme si j'étais très renseignée sur les sortes de gris censées se trouver dans une fiole de sorcier de toute façon.

Je respirai l'épais liquide et éloignai très vite mon nez de mon doigt. Et puis, lentement – comme si ça avait le pouvoir de rendre la substance inoffensive – je portai mon doigt sur ma blessure à l'épaule en me mordant la lèvre. Et lorsque le liquide entra en contact avec mon épaule la brûlure que je ressentis m'arracha un hurlement et Charly rappliqua en deux secondes.

— C'est alcoolisé ce truc ! Aïe, aïe, aïe ! MAIS FAIS QUELQUE CHOSE BORDEL ! aboyai-je, les larmes inondant dangereusement mes yeux alors que la douleur me faisait sautiller dans tous les sens.

Une vraie pile électrique.

Je regrettai instantanément mes paroles en voyant le garçon sortir une seconde fiole de son sac. Mais j'étais incapable de dire quoi que ce soit et fixai mon épaule sans cesser de me débattre avec l'air tout en hyperventilant. Lorsque je me rendis compte qu'une mousse blanchâtre sortait de la plaie avec une rapidité invraisemblable, j'eus un haut-le-cœur et le sol tangua sous mes pieds.

Le garçon ouvrit la fiole d'un geste sec et vida d'un coup tout son contenu sur mon épaule avant que je ne puisse protester.

— Seluç a ghanti nome gdulux.

Les paroles étaient sorties de la bouche du garçon. C'était une blague.

Je perdis connaissance.

Je me réveillai dans l'herbe avec une vague impression de déjà-vu. Le ciel était couvert de nuages tous plus menaçants les uns que les autres. De grosses gouttes de pluie venaient s'éclater sur mon visage mais je gardais les yeux ouverts. Je respirais à pleins poumons, tantôt faisant entrer l'air frais et vivifiant de la forêt, tantôt libérant l'air usagé de mon organisme.

Je me demandai ce que je faisais, ainsi allongée par terre. Je ne me souvenais de rien.

Mes bras effleuraient l'herbe en s'éloignant puis se rapprochant de mon corps avec une régularité apaisante. Je faisais l'ange comme lorsqu'il neigeait dans ma campagne et que mes frères et moi nous précipitions tout emmitouflés dans la poudreuse pour en profiter.

Planant dans le ciel, je m'amusais à suivre la trajectoire d'un rapace du regard lorsqu'un visage familier obstrua mon champ de vision. Je fronçai les sourcils.

— Charly ? demandai-je d'une voix hésitante.

— Lui-même en chair et en os !

Il sourit en révélant ses dents blanches. Blanches... Je ressentis une douleur à mon épaule. Épaule... Blanche... Ma blessure ! La mousse qui en était sortie... Tout me revint en mémoire. Tout ? Que s'était-il passé après que j'avais vu la substance blanchâtre coloniser mon épaule ? Rien... Le vide... Et soudain, le ciel.

Je fronçai les sourcils. C'était curieux, voire légèrement dérangeant. Avoir des pertes de mémoire à quinze ans n'annonçait rien de bon.

Charly gloussa et s'assit à côté de moi.

— Qu'est-ce qui te fait rire ? lui demandai-je.

— Rien rien, secoua-t-il la tête. Regarde ton épaule ! me conseilla-t-il. Elle est guérie.

J'ouvris grand les yeux et suivis son conseil. Figurez-vous que mon épaule était guérie.

La mousse avait disparu, la plaie aussi et je ne sentais aucune douleur déchirante lorsque je forçais le sort en faisant rouler mon articulation. Monde sorcier ou pas, j'appelais cela un miracle.

— C'est pas possible... soufflais-je en fixant mon épaule comme si je m'attendais à voir réapparaître une blessure et du sang, qui lui aussi s'était évaporé.

— Oublie pas qu'on est dans un monde de magie... me glissa Charly de sa voix enfantine.

Je le toisai sans rien dire. Il me tendit sa main et je l'attrapai pour me remettre debout. Il pleuvait de plus en plus fort. J'étais trempée et le garçon aussi.

— Faut qu'on trouve un endroit où s'abriter ou on va attraper froid, lançai-je.

Le garçon hocha la tête. Je secouai mes épaules. Je ne ressentais vraiment aucune douleur, c'était extraordinaire.

— En plus c'est la fin de la journée, il faut de toute façon qu'on trouve quelque part où dormir.

Cette fois-ci, c'est moi qui acquiesçai. Je ramassai mon sac à dos qui gisait à mes pieds et nous nous mîmes en marche.

Une bonne demi-heure et plusieurs égratignures dues aux branches épineuses de buissons plus tard, nous tombâmes d'accord sur l'endroit où passer la nuit. Un arbre semblable à tous ceux dans lesquels nous avions dormi jusque-là se présentait devant nous. Leur avantage était non seulement d'offrir des branches assez larges et plates pour que nous puissions nous allonger mais aussi de dissuader toute espèce sauvage qui tenterait d'y grimper, puisque le tronc était agrémenté de ces charmantes épines aussi longues que mon avant-bras et aussi pointues que la quenouille avec laquelle s'était piquée la Belle au Bois Dormant.

Charly se transforma, s'illumina et se propulsa sur la branche la plus accessible de l'arbre. Et en moins de temps qu'il faut pour le faire que pour le dire, je l'avais rejoint.

Depuis deux semaines que nous marchions à travers le Sauvage, j'avais eu le temps d'apprivoiser le sort que le garçon utilisait pour grimper aux arbres et je le réussissais presqu'aussi bien que lui depuis quelques jours. Inutile de préciser que cela m'avait demandé des efforts considérables et que j'avais essuyé encore quelques échecs après celui de ma première tentative.

Heureusement j'avais eu la chance de ne jamais me refaire embrocher par les épines du tronc. Et j'étais fière du résultat. Je trouvais cela étrange à dire pourtant je prenais de plus en plus de plaisir à découvrir l'étendue de mes pouvoirs et à m'en servir au quotidien.

La plupart du temps, les bruits du Sauvage me terrorisaient mais rares étaient les fois où nous croisions réellement des créatures qui le peuplaient. Je trouvais les mises en garde de Zed exagérées et puis, après tout, il n'y avait mis les pieds que quelques instants et devait nourrir son savoir de mythes plus qu'autre chose.

Mais il y avait bien eu cette fois, six jours après notre départ, où nous avions croisé la route de ce qui s'apparentait à une meute de loups et qui m'avait fait prendre conscience une bonne fois pour toutes, si l'épisode des Chasseurs de score n'avaient suffi à me convaincre, que j'avais bel et bien des pouvoirs me défendre et non me compliquer la vie. La meute de bêtes sauvages était constituée d'une bonne vingtaine d'individus et arboraient un pelage ressemblant à celui d'un mouton, néanmoins, j'avais vite compris qu'ils n'étaient pas aussi inoffensifs que les mammifères auxquels ils me faisaient penser.

Nous venions de nous enfoncer dans les profondeurs de la forêt vers la fin de la journée, la luminosité était mauvaise et l'air ce rafraîchissait dangereusement. Des babines dégoulinantes retroussées nous avaient soudain fait face, laissant entrevoir d'énormes crocs noirs saignants, pendant que leurs regards jaunes nous avaient donné la chair de poule. Mais le plus étonnant – et effrayant – était que des étincelles s'échappaient de leur fourrure de laine. Charly m'avait donné un coup de coude et soufflé : « foudre » avant de prononcer du bout de ses lèvres tremblantes la formule qui lui permit de se transformer. J'avais à mon tour pris mon apparition magique et Charly avait répété : « utilise ta foudre ! » dans un murmure paniqué.

Alors seulement avais-je compris.

Je m'étais concentrée du mieux que je pouvais et avais tenté de contrôler les tremblements dans mes jambes pour m'ancrer au sol. J'avais créé un lien énergétique entre le haut de ma tête et le ciel en inspirant profondément puis avait expiré dans un long et puissant souffle tout en écartant mes bras, me laissant tomber dans une sorte d'état second alors que toute l'énergie déferlait dans mon corps, entrant par la tête et sortant au niveau du ventre.

Mes yeux fermés m'avaient empêchée de voir la scène mais mes autres sens avaient suffis à me faire comprendre que l'invocation avait fonctionnée. Une déflagration avait retenti alors qu'une douleur me déchirait la poitrine et que la bête qui avait reçu mon arc électrique hurlait à la mort. Après ça, j'avais laissé mes bras pendre le long de mon corps tandis que je reprenais mon souffle et évacuai toute la pression que l'effort m'avait fait accumuler. Et seulement quelques secondes plus tard, j'avais ouvert mes paupières. Je ne voyais plus l'ombre de la meute et Charly me regardait avec toute l'admiration que le Dashgaïh entier pouvait contenir.

J'avais été traumatisée tout le reste de la journée, n'avais pas fermé l'œil de la nuit, pleuré et sursauté au moindre bruit pendant que Charly avait tant bien que mal essayé de me rassurer à force de paroles réconfortantes et de câlins.

Ce qu'il pouvait être attentionné ce garçon, s'en était déconcertant.

Mon état ne s'était pas amélioré les deux jours suivants et mon manque de sommeil me faisait tituber si bien que notre vitesse déjà pas fabuleuse n'avait fait que décroître. Finalement Charly avait insisté pour que nous nous arrêtions le temps d'une journée afin que je me repose. J'étais tellement faible que je n'avais pas eu la force de refuser mais la peur de ne pas arriver à temps à la tribu de Salavenn me torturait.

Enfin, je m'étais remise de l'altercation avec la meute de moutloups sanguinaires (comme j'avais décidé de les appeler) et de l'utilisation spectaculaire de mon pouvoir, Charly se régalait de fruits fuchsia et notre rythme avait retrouvé une allure convenable.

Perchés sur notre arbre protecteur, nous étalâmes nos maigres réserves de nourriture devant nous.

— Deux tranches de pain, des noix, des fruits secs et des fruits fuchsia, énuméra Charly en soufflant. On n'en a plus pour longtemps... et je crève de faim.

— Moi aussi, soufflai-je. Si seulement nous avions des protéines.

Le fait était bête et pourtant très préoccupant : nous ne mangions pas à notre faim. Charly avait, un après-midi goûté le jus du fruit que j'avais utilisé comme encre et après que j'ai crié qu'il était malade de manger un fruit sans savoir ce que c'était, il m'avait répliqué que le fruit en question aurait pu être plus sucré mais que c'était rafraîchissant. Dans la soirée, alors que le garçon était toujours en pleine forme, j'avais été forcée d'admettre que les fruits étaient comestibles et nous en avions cueilli autant que pouvais en contenir nos sacs.

— Hey, lui lançai-je alors que nous avions fini ce que j'osais à peine qualifier de repas et épuisé par la même occasion les tranches de pain restantes, qui après deux semaines passées dans nos sacs, n'avaient de pain plus que le nom. Parle-moi un peu de toi.

— Si t'y tiens...

Il feint un air mystérieux et rabattit ses cheveux en arrière, se racla la gorge et annonça d'un geste théâtral :

— Prépare-toi à entendre la fantastique histoire de la vie de Charly !

— Je suis prête, lui souris-je devant sa mise en scène ridicule.

— Et... action ! se lança-t-il. Lorsque Charly n'était qu'un petit garçon, il aimait espionner ses grands frères... qui étaient un peu comme ses modèles. Voire beaucoup. Mais ça, Charly n'aime pas l'avouer parce que ça le blesse dans son égo.

— Ces grands frères... L'un d'entre eux était Guillaume n'est-ce pas ? demandai-je sans pouvoir empêcher le nœud dans ma poitrine de se former.

Le garçon hocha la tête.

— Et quel âge a l'autre frère de Charly ? lui demandai-je en me prenant à son jeu.

— Cinq ans de plus que Charly lui-même !

— Donc le grand frère de Charly à dix-sept ans, c'est ça ? calculai-je.

Un voile passa sur les yeux du garçon mais son sourire ne flancha pas tandis qu'il hochait la tête pour confirmer mes propos.

— Mais passons, reprit-il. Charly aimait les sports d'équipe comme Guillaume alors que leur grand frère préférait les sports individuels. Du coup, embarqué par Guillaume, il allait rejoindre tous ses amis dès qu'il pouvait pour jouer au foot. 

— Et comment s'appelle le plus grand frère de Charly ? m'enquis-je curieuse d'en découvrir plus sur cette drôle de famille.

Le garçon souffla en grimaçant.

Je trouvais cela bizarre. Alors que quelques secondes auparavant, il semblait totalement disposé à me parler de lui, voilà qu'il fallait que je lui sorte les vers du nez.

— C'est que... le grand frère de Charly, tu as dû en entendre parler...

Un sourire nostalgique passa sur ses lèvres. Je fronçai les sourcils.

— Surtout si tu traînais avec Zed. Parce que Zed le connaissait... Il s'app–

— Oui, bon, accouche ! le pressai-je, désireuse qu'il révèle enfin la réponse à ma question.

Et en effet, je pouvais parler de révélation, puisque lorsque le mot « Mike » franchit ses lèvres je crus que malgré la stabilité de la branche sur laquelle nous étions assis, j'allais tomber.

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*dernière mise à jour : 30/11/18*

Voilà le dernier chapitre de novembre ! Qu'en avez-vous pensé ? Parce que moi je le trouve drôle (mais mon humour de sorcière n'est peut-être pas celui de mes lecteurs xD). D'ailleurs, si vous êtes là, merci, merci beaucoup de prendre le temps de me lire, c'est un soutien formidable de vous avoir et n'hésitez pas à me faire part de toutes remarques sur l'histoire, vos avis comptent !

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