✨Chapitre 41 - De chocolat et de survie
Même dans mes délires les plus fous il ne me serait jamais venu à l'esprit qu'un jour, je serais bannie d'une communauté de sorciers et que je me retrouverais seule dans la nature avec pour seul arme et démon : ma magie.
La forêt dans laquelle nous cheminions était dépaysante, bruyante et pleine de surprises plus ou moins agréables. Nous étions entourés d'arbres gigantesques, tant par leurs hauteurs vertigineuses aux mille tintes de vert que par leurs largeurs démesurées. Le sol de terre, cailloux et épines était souple et rendait la marche agréable. Par contre il nous fallait souvent nous baisser pour éviter branches et troncs d'arbres, puisqu'il n'y avait bien entendu pas de chemin prédéfini dans le Sauvage. Au bout d'une bonne heure à jeter des coups d'œil fréquents au ciel, en tentant d'apercevoir les soleils à travers les feuillages, Charly me fit savoir qu'il avait soif. Nous nous arrêtâmes alors sur un rocher couvert de mousse qui se trouvait sur notre passage et tandis que je sortais une gourde d'eau de mon sac, j'en profitai pour jeter un œil à son contenu. Le premier objet différent de mes biens que j'en sortis était un carnet.
— Mais à quoi est-ce que ce truc va bien pouvoir nous servir ? ronchonnai-je en fronçant les sourcils.
— Il est vide ? m'interrogea Charly.
Je feuilletai le carnet aux pages vierges.
— Nous avons toutes les déclinaisons de blanc... mais rien d'écrit, lui répondis-je.
— C'est bizarre, commenta le garçon en me rendant la gourde.
Je pris quelques gorgées d'eau à mon tour avant de la poser sur le sol. Il faisait chaud et notre marche accidentée me faisait transpirer.
— Pourtant, si Feuille d'Automne l'a mis dans le sac c'est qu'il doit avoir une utilité... raisonnai-je.
— Y'a quoi d'autre dans le sac ? demanda Charly, déjà passé à autre chose.
Je plongeai ma main dedans et mes doigts se refermèrent sur une substance visqueuse que je m'empressai de lâcher par terre.
— C'est dégoutant ! m'exclamai-je en observant la sorte de pâte jaunâtre qui gisait devant nous.
Charly, curieux, approcha son doigt de la pâte et la tâta.
— Ça m'a pas l'air méchant, dit-il enfin avec un sourire malicieux, tout content d'avoir trouvé un objet de distraction.
— Mais on ne sait pas non plus en quoi ça va nous aider à survivre... répliquai-je en soupirant.
Charly haussa les épaules et fouilla dans son sac pour en sortir une longue toile couleur crème.
— Pour nous abriter ? proposa-t-il.
— Sûrement, acquiesçai-je en hochant la tête sans me soucier une seconde de savoir si elle était étanche.
Ce qui aurait pu être utile.
L'objet suivant était un caillou. Un simple caillou. Gris, difforme, ordinaire.
— Tu crois qu'il faut le garder ? demanda-t-il.
— Vaudrait mieux, approuvai-je. Qui sait, il pourrait nous sauver la vie ! ironisai-je.
— T'es sérieuse ?! demanda Charly sceptique, qui n'avait pas capté la subtilité.
— Évidemment, si ça se trouve elle a même des pouvoirs magiques vu comme les sorciers sont tordus !
Soudain Charly poussa un cri d'exclamation.
— Du chocolat !
Il s'écoula un temps approximatif de deux secondes avant que mon cerveau ne digère l'information qu'il venait de recevoir et que je ne rugisse : « Comment ?! », mon ventre gargouillant déjà.
— Oui, oui ! s'extasia le garçon en brandissant une plaquette de chocolat noir. On nous a donné du chocolat !
Je réalisai alors qu'il venait de sortir sa main de mon sac. Ma bouche salivait, mes yeux brillaient, mes lèvres ne pouvaient s'empêcher de sourire et ma main fut plus rapide que l'éclair pour attraper la tablette. Mais Charly la tenait sans aucune intention apparente de la lâcher.
— Donne-moi le chocolat ! ordonnai-je.
Je ne parlais pas avec ma raison mais mon estomac. Mes doigts se refermèrent sur le paquet qui contenait notre graal.
— Hé ! s'écria Charly. Rends-le-moi ! C'est moi qui l'ai découvert !
— Mais il était dans mon sac ! argumentai-je.
Il se rua sur moi et nous partîmes dans une bagarre ou la seule règle était de ne pas abîmer la tablette que nous convoitions tant. Nous roulâmes dans la terre et les épines en nous criant dessus. Je voulais cette tablette. Et j'allais l'avoir. Elle me revenait légitimement.
Au bout de quelques minutes, le chocolat vola des mains de Charly et atterri à quelques centimètres de mes doigts. Étant à plat ventre à côté du garçon, je me lançai de toutes mes forces pour venir agripper férocement la tablette avant qu'il ne me la vole une seconde fois. Soudain en relevant les yeux, je me figeai. Mon regard s'était posé sur nos sacs et les objets que nous en avions sortis. Il y avait un changement : des paires d'yeux fluorescents allaient et venaient entre nos biens.
Tétanisée par ces apparitions, je n'osai pas bouger.
— Charly ! soufflai-je enfin en me tournant vers lui.
Ce dernier releva les yeux du chocolat qu'il était parvenu à agripper aussi et qu'il fixait comme si c'était la huitième merveille du monde. Il croisa mon regard qui devait refléter toute mon incrédulité.
Honnêtement, des yeux peuvent-ils être nuisibles ? m'interrogeai-je.
D'un signe de tête je lui montrai les « créatures » qui tournaient autour de nos affaires. Elles ne semblaient pas gênées le moins du monde par notre présence et c'est ce qui rendait le tout si effrayant. Zed m'avais mis en garde contre les dangers du Sauvage mais il ne m'avait jamais dit ce que l'on y trouvait exactement ni comment se débarrasser de bébêtes dans ce genre !
— Tu crois qu'elles sont dangereuses ? me chuchota Charly en retour.
J'haussai les épaules.
— Fais quelque chose May !
— Quoi ?! m'écriai-je. Tu rigoles, c'est à toi de te bouger !
Je n'avais aucun moyen de défendre cette affirmation mais m'en préoccupai peu – vous aurez compris que mon attention était retenue ailleurs.
Alors le garçon prononça une formule en sircien et il se transforma. Je le copiai, ce n'était peut-être pas une mauvaise idée.
Lentement il se leva et s'approcha du sac. Il était plus courageux que moi en fait. Les paires d'yeux le dévisagèrent enfin et reculèrent lorsqu'il s'accroupit pour attraper le sac, puis la toile, la pierre et la pâte visqueuse qu'il remit dans chacun des sacs d'où on les avait sortis. Il se retourna vers moi qui m'étais remise – avec toutes les précautions du monde – debout.
— Je crois qu'elles sont pas méchantes, dit Charly dans un sourire.
— On ferait mieux de partir d'ici quand même ! rétorquai-je, dubitative.
Ni vu ni connu je rangeai la tablette de chocolat dans mon sac et nous étions de nouveau en marche. Charly en tête, nous partîmes dans la direction opposée aux paires d'yeux et je jetai toutes les trente secondes un regard anxieux derrière moi pour vérifier qu'elles ne nous avaient pas suivies.
— Tu sais où on va ? me demanda Charly par-dessus son épaule sans ralentir le rythme un bon quart d'heure après notre première pause.
J'avais des cheveux collés par la sueur sur la nuque, je respirais aussi fort qu'il était donné à une sorcière de le faire et mon sac commençait à peser sur mes épaules et mon dos. Je sentais mon cœur dans ma poitrine rythmer notre progression, comme une horloge interne immuable et dans mes jambes la douleur de mes muscles tendus par l'effort. Je n'étais pas une grande sportive. Et encore moins endurante. Mais heureusement que les entraînements de Maître Gorigann m'avaient fait un peu bouger pendant mon séjour au C.I.S.I sinon je n'aurai pas tenu une heure dans ces conditions.
— C'est toi qui mène la marche ! lui rappelai-je entre deux respirations. Je n'ai aucune idée du chemin que tu prends... Le Sauvage n'est pas mon élément naturel au cas où tu penserais le contraire ! Aïe !
Je venais de me prendre une branche en pleine figure à cause de la négligence de Charly.
— Eh ! lui criai-je. Tu pourrais faire attention à pas me lâcher les branches dessus s'te plaît ? Je suis peut-être une sorcière mais je ne suis pas indestructible.
— Pardon ! me cria le garçon sans se retourner.
Je ne répondis rien mais j'étais outrée. Je bouillonnai. Il n'en a rien à faire de moi c'est ça ? Il croit qu'il n'a pas besoin de moi ? Qu'il peut se débrouiller seul ? Et bien qu'il essaye pour voir !
— Hé ho May ! J'te parle, s'impatienta Charly en agitant ses bras devant mes yeux.
— Hein, quoi ? m'étonnai-je en sortant de mes réflexions.
Nous nous étions arrêtés et le petit n'avait pas l'air content.
— T'as l'air complètement dans la lune !
— Très drôle, raillai-je en roulant des yeux.
— Oh pardon... hoqueta Charly, embarrassé avant d'esquisser un demi-sourire.
J'haussai les épaules et lâchant un rire pour l'excuser.
— Oui, donc, reprit le garçon d'un ton saccadé. Je te disais que y'a une rivière juste là.
Il me désignait un cours d'eau à quelques dizaines de mètres de nous. On ne pouvait le voir à cause de la densité de la végétation mais je reconnus sans difficulté la nature du bourdonnement qui résonnait dans mes oreilles.
— Et je pensais que ça pourrait être une bonne idée de la suivre, acheva Charly.
J'approuvai d'un hochement de tête.
— L'idéal, remarquai-je les yeux dans le vague, serait quand même d'avoir un plan... Parce que tout s'est enchaîné très vite et je me suis rends compte que les seules indications qu'on a pour se guider jusqu'à la tribu du frère de Gorigann sont de suivre le soleil, la rivière et que le campement se situe au bas de la montagne du Reflet... Et je ne sais pas où elle est cette fichue montagne moi ! me lamentai-je en portant mes mains à ma tête, soudain désespérée.
Nous étions au beau milieu d'une forêt dont nous ne savions rien, peuplée de créatures mystérieuses, il faisait chaud, j'avais soif à nouveau, il y avait des insectes qui volaient dans tous les sens, des bruits d'animaux non identifiables qui résonnaient autour de nous et nous ne savions pas où aller... L'enfer.
— C'est vrai ça ! s'exclama Charly, comme si je venais de lui révéler quelque chose de miraculeux. Tu crois qu'ils pourraient nous avoir mis une carte dans nos sacs ? On n'a pas vu tout ce qu'il y a dedans tout à l'heure, remarqua-t-il.
J'hochai la tête en réfléchissant.
— Tu sais quoi, on va se servir du carnet vide pour faire un inventaire, décidai-je.
— Mais avec quoi est-ce qu'on va écrire ?
Je réfléchis quelques secondes et scannai la végétation autour de moi.
— Ça pourrait être pas mal que tu ailles dénicher des baies s'il te plaît, lui demandai-je en le suppliant du regard.
— Pourquoi des baies ?
— Ou n'importe quoi qui puisse nous servir d'encre.
Sans me répondre, il partit en revenant sur nos pas. Pendant ce temps, je m'accroupis et entrepris de sortir tout ce que contenait mon sac sur le sol de terre humide. Ça faisait beaucoup. Pas étonnant que mon sac soit aussi lourd...
J'ouvris le carnet et au même instant une paire d'yeux fluorescents se dévoila de derrière un arbre enlacé de lianes tout proche. J'étouffai un cri.
— Oh non, gémis-je. Vous n'allez pas nous suivre quand même ! C'est assez dur comme ça...
Oui, je parlais à une paire d'yeux. On aurait dit des feux follets. Ils clignèrent et s'approchèrent un peu.
— Si vous êtes gentils, je veux bien vous tolérer mais sinon vous partez ! J'ai des pouvoirs d'ailleurs, continuai-je, et je pourrais vous faire du mal.
Les yeux ne bougèrent pas mais une deuxième paire se montra à son tour de derrière l'arbre et vint se poster à côté de la première. On aurait dit qu'elles étaient curieuses.
— Ah vous ramenez vos copains... commentai-je. Tout ce que j'ai dit est aussi valable pour vous ! Qu'est-ce que vous voulez ?
Les yeux me fixaient avec intensité. Et puis je me rendis compte que ce n'était pas sur mon visage que se posaient leurs regards mais légèrement en dessous. Je portai la main à mon cou et tombai sur mon collier. La pierre de lune ! C'était cela qu'ils regardaient. Et...
— Je n'ai qu'à suivre la pierre ! Elle nous mènera à la tribu ! m'écriai-je.
Puis sans prévenir, les deux paires d'yeux reculèrent, si on pouvait appeler ça comme ça, et se perdirent dans la végétation jusqu'à ce qu'ils disparaissent de mon champ de vision.
— Tu parles toute seule ?
Je sursautai et tournai la tête vers la voix. Ce n'était que Charly. Je soufflai de soulagement. J'allais répondre mais hésitais à lui révéler que les petites créatures phosphorescentes nous suivaient. Finalement je décidai de me taire.
— Chacun a ses particularités, me défendis-je.
Charly m'observa sans rien dire puis haussa les épaules.
— Tiens, j'ai trouvé ça, dit-il en me tendant des fruits ressemblants à des cabosses de cacao miniatures. Il y a du jus dedans.
Il m'en tendit une que j'ouvris en l'écrasant avec mes deux mains. De la fumée sortit d'abord du fruit et je me retournai alarmée vers Charly.
— C'est normal, ça me l'a fait aussi.
— Comment tu sais que c'est pas du poison ? lui demandai-je.
Il haussa les épaules. Evidemment, il n'en savait pas plus que moi. De toute façon, nous n'allions qu'utiliser le jus comme encre, alors empoisonné ou pas nous ne verrions aucune différence.
C'était drôle parce que l'extérieur du fruit était jaune alors que l'intérieur était rose fuchsia. Je ramassai avec mon index du jus que j'appliquai sur le papier du carnet.
Je m'y repris à plusieurs fois avant d'obtenir un semblant de texte. Le jus était pâle et mes traits épais, ce qui avait pour résultat de détremper plus la feuille que de la couvrir de mots. J'y inscrivis tant bien que mal les affaires qui se trouvaient devant moi, à savoir :
Carnet,
Pâte visqueuse,
Chocolat,
Vêtements,
Fruits secs.
Mon écriture était presque illisible, mais tant que j'arrivais à déchiffrer mes hiéroglyphes, tout allait bien.
— Tu peux sortir les affaires de ton sac, qu'on les ajoute à la liste aussi s'te plaît ? demandai-je à Charly qui m'observait les bras ballants.
— Oui, oui bien sûr, se réveilla-t-il en s'agenouillant et ouvrant son sac.
Ma liste s'allongea alors :
Toile,
Pierre,
Gourde,
Corde,
Vêtements,
Fiole : liquide,
Fiole : crème,
Pain sec
— Bon... soufflai-je. C'est tout ce que l'on a. Et zéro carte à l'horizon.
Nous rangeâmes nos affaires dans nos sacs respectifs quelque peu désappointés. Je laissai échapper un long soupir puis inspirai l'odeur fraiche des arbres et de leur sève qui s'avéra rassurante et me redonna de l'énergie. Psychologiquement parlant.
— Du coup on va dans quelle direction ? me questionna Charly.
— Je pense que suivre la rivière nous mènera forcément quelque part, dis-je en me fiant à ce qu'avait insinué Maître Gorigann et à ce que me soufflait mon pendentif. On pourrait la longer jusqu'à trouver un endroit où passer la nuit... Et demain on avisera. Ok ?
— Ok, répéta le garçon.
— Alors en route, mauvaise troupe ! lançai-je en me mettant en marche, pleine d'entrain.
Je suivis la rive du court d'eau d'un pas ferme. C'était pratique d'ailleurs parce que la faune y était un peu moins dense.
— J'ai réfléchi pour le chocolat, lâchai-je tout à coup au bout d'une dizaine de minutes de marche. Nous allons l'économiser au maximum en ne l'utilisant que pour les occasions spéciales.
— C'est-à-dire ? m'interrogea Charly.
— C'est-à-dire, comme après des expériences traumatisantes, expliquai-je. Je suis sûre qu'on va avoir nos petites frayeurs par ici... Alors on aura de quoi se consoler, tu vois ?
— Bonne idée, approuva le garçon qui me suivait de près.
Il y avait beaucoup d'insectes autour de cette rivière. Et des petites marres d'eau dans lesquelles nous étions parfois obligés de marcher pour pouvoir continuer dans la même direction. Et qui dit marres et insectes dit moustiques... Même dans le Dashgaïh ! Alors avec Charly, nous nous tapions dessus pour nous enlever les bestioles qui pensaient pouvoir se régaler de notre sang de Transferts. Nous devions avoir l'air fins mais nous n'en avions cure puisque nous étions seuls...
Seuls ? Jusqu'au milieu de l'après-midi, où un petit mammifère prit la résolution de faire un bout de chemin avec nous. Il aurait pu ressembler à un castor s'il n'avait pas une si grosse bosse sur son dos et un museau aussi allongé. Mais grâce à sa petite taille, je l'imaginais inoffensif. Le petit animal trottinait autour de nous, pataugeant dans les marres et disparaissant quelques fois sous les hautes herbes habillant les rives de la rivière.
Nous marchâmes une bonne heure sans nous arrêter – ni nous parler. Puis mon estomac me fit comprendre qu'il était temps que nous nous arrêtions manger. Je partageai l'idée avec Charly qui approuva.
Et nous étions de nouveau arrêtés. À ce rythme-là, j'avais peur de ne jamais arriver à la tribu de Salavenn à temps... Mais encore une fois, je ne savais pas à combien de kilomètres elle se trouvait et bien que la pierre de lune m'apportait du soutien, avancer ainsi à l'aveuglette était aussi frustrant qu'effrayant.
J'ouvris mon sac et en sortis le sac contenant les fruits secs que j'avais repérés lors de notre inventaire. J'en pris un dans ma main. Il avait la forme d'un abricot mais était verdâtre. Je croquai dedans.
— Délicieux ! m'exclamai-je la bouche pleine. Du sucre, enfin!
— Je peux goûter ? réclama Charly.
Je jaugeai la requête quelques secondes avant de plonger mon bras dans le sachet et ressortir un autre fruit que je lui tendis.
— Qu'est-ce que tu as toi ? lui demandai-je tandis que j'engouffrai mon deuxième fruit sec.
— Le pain dégoutant du petit déjeuner...
— Génial. C'est tout ?
— Non attends, j'ai des noix aussi.
— Tu m'en passes ?
Et nous nous échangeâmes ainsi notre précieuse nourriture que nous n'avions pas en très grande quantité. Ce qui m'inquiétait le plus était de penser que nous allions devoir nous nourrir en tout et pour tout de noix, fruits secs et pain rassis pendant un mois. Je me demandais si cela pouvait altérer ma croissance ou me nuire d'une quelconque manière. La nourriture était un sujet de plus à ajouter à la liste des sources d'angoisses.
— On devrait sérieusement chercher un endroit où dormir, suggérai-je. Maître Gorigann m'avait dit que les journées durent trente-deux heures dans le Sauvage mais nos corps sont habitués à beaucoup moins... Je me demande comment on va gérer ça, pensai-je tout haut.
— T'inquiète, m'interrompit Charly.
Je me tournai vers lui, intriguée.
— Ne te fais pas de souci pour ça, se répéta le garçon sûr de lui.
Il avait un sourire avenant et ses yeux dégageaient toute la chaleur que pouvait dégager le regard d'un enfant. À cet instant j'éprouvai une certaine fierté à m'être dressée contre le Conseil du C.I.S.I. pour défendre un être aussi inoffensif que Charly. Et quelque part, j'estimais que c'était un moyen de me racheter de ma conduite inhumaine à cause des menaces de Guillaume...
Je me demandai aussi ce qu'il serait advenu de lui si je ne m'étais pas interposée. Certes, Maître Gorigann aurait trouvé un moyen de me faire sortir des souterrains étouffants mais aurait-il laissé Charly mourir pour rien ? Cette question resterait sans doute pour toujours sans réponse.
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*dernière mise à jour : 29/10/18*
Et nous voilà dans le Sauvage ! Alors vous en dites quoi ? Premières impressions ? Moi je me suis régalée à écrire cette partie (à rire toute seule devant mon ordinateur...). J'espère que ça vous plait aussi !
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