✨Chapitre 37 - De trahison et d'un courant d'air

— Ne te fais pas de souci, commença Feuille d'Automne de sa voix rauque réconfortante. Il fallait que ce moment arrive.

Que disait-elle ? La fatalité avec laquelle elle avait prononcé ces mots piqua ma curiosité.

— En fait, nous avions prévu que les évènements se déroulent ainsi. Nous l'avons orchestré.

De quoi ? De mon bannissement ! Mes défenseurs m'avaient mis dehors ? 

— Mais je ne comprends pas, répliquai-je estomaquée. C'est moi qui me suis levée pour m'opposer à la décision des juges. Je suis la seule responsable de mon exclusion.

Gorigann et Feuille d'Automne secouèrent la tête sans prononcer un mot. Ethel se prit la tête dans ses mains.

— Oh May, comment ai-je pu te faire une chose pareille... Je m'en veux tellement, sanglota-t-elle.

Je fronçai les sourcils, incapable de saisir ce qui la tourmentait autant.

— Est-ce que vous pourriez, m'expliquer calmement, ce que c'est que... tout ça. S'il vous plaît, hachai-je, peu sûre de vouloir une réponse.

— Nous préparons ton départ depuis longtemps ma p'tite Lune, déclara Maître Gorigann le visage grave, pour répondre à ma question.

Je frissonnai mais le laissai continuer.

— Dès que Feuille d'Automne t'as recueillie dans la forêt jouxtant sa chaumière, alors que tu n'étais qu'une poupée de porcelaine endormie sur un tapis de feuilles mortes et couverte d'égratignures, elle a su que tu n'étais pas un Transfert habituel. L'aura que tu dégageais était fabuleusement plus...

— sorcière, compléta Feuille d'Automne en venant se placer aux côtés du maître. Plus... ancestrale. Cela va peut-être te faire un choc, d'ailleurs si tu veux t'asseoir, prends tes aises car à côté de ce que nous avons à te dire une attaque de Voleurs d'âmes est tout ce qu'il y a de plus banal.

Je ne me fis pas prier et m'assis sur le lit de mousse que j'avais déjà occupé par deux fois. Ethel vint s'asseoir à côté de moi et me prit la main. Son contact était réconfortant.

— Ma douce, reprit la guérisseuse, tes parents ne peuvent pas être des humains. Tes parents ne sont pas humains.

Non, en effet ce n'était pas banal. Bouche-bée, j'étais incapable de répondre. Je n'avais jamais pensé qu'un jour, de telles paroles me seraient adressées. Mes parents, pas humains ? C'était absurde ! Un soubresaut me secoua. Absurde.

Thomas dut percevoir mon trouble car il prit la parole :

— Tu n'es pas obligée de l'accepter maintenant May, me conforta-t-il. Mais c'est important que tu le saches.

Alors je réalisai quelque chose.

— Tu savais... lui répondis-je, d'une voix blanche. Tu savais et tu ne m'as rien dit... Comment ? Je— Je te faisais confiance quoi !

Ethel étouffa un sanglot.

— On aurait dû te mettre au courant plus tôt, s'excusa-t-elle. Je... Il y a tellement plus encore que nous savons. Dites-lui, supplia-t-elle les sorciers présents dans la pièce. S'il vous plaît, dites-lui...

Elle aussi elle savait ! Ils savaient tous ! Je m'attendais au pire. C'était insupportable.

— Je vais reprendre, continua Maître Gorigann sans se départir de son air grave. Aussitôt que Feuille d'Automne a découvert cela, elle a masqué ton aura et m'as mis au courant. Seulement, le jour de l'attaque des Tériatomes, peu après ton arrivée, tu as brisé ce masque. Nous ne savons toujours pas comment tu as fait, mais là n'est pas la question. Le problème c'est que tu t'es transformée sans invocation. Ethel l'a reporté à Feuille d'Automne parce qu'elle se faisait du souci pour toi.

— Et pourquoi ne m'as-tu rien dis ? la questionnai-je, me sentant de plus en plus trahie.

— Je... Je ne voulais pas que ça t'inquiète comme ça m'inquiétait moi, me répondit-elle. Tu étais déjà tellement choquée par tout ce qui t'entourait... J'avais peur de t'inquiéter encore plus... 

C'était compréhensible. Mais une trahison quand même.

— Continuez, encourageai-je Maître Gorigann.

Ce dernier hocha la tête et poursuivit :

— Sans savoir que cela coïncidait avec ta première transformation, le même jour, j'ai envoyé Zed te trouver pour te convier à ton premier entraînement en tant que garde. Je voulais évaluer ton fabuleux pouvoir et confirmer les dires de Feuille. Et ils n'étaient pas sous-estimés, ils les confirmaient sous tous les angles. Alors j'ai pris la décision de lancer directement la première étape de ton « sauvetage » en t'emmenant dans le Sauvage avec Zed.

— Et pourquoi ça ? lui demandai-je, curieuse comme jamais.

— Parce que mon frère vit dans le Sauvage.

— Quoi ?! m'égosillai-je. Votre... frère vit dans le Sauvage ?! C'est pour ça que vous savez que l'on peut y survivre, soufflai-je, frappée par cette révélation.

— En t'emmenant dans le Sauvage, cela a permis à mon frère de sentir et repérer ton énergie et ton aura. Comme cette dernière était mêlée à la mienne, il a compris le message que je voulais lui faire passer. Il a les mêmes pouvoirs que moi car nous sommes jumeaux. Nous pouvons nous envoyer des messages codés grâce aux « parfums » que nous sentons comme j'ai déjà eu l'occasion de t'expliquer. Toujours est-il qu'il sait que tu existes et que tu vas le retrouver dans le Sauvage lorsque que tu en seras expulsée.

— Ce qui est maintenant le cas, lui rappelai-je avec amertume.

— Ce qui est le cas en effet, répéta le Maître dans un soupir. May, nous avons orchestré l'accusation de Charly. C'est là que nous voulions en venir. Cela correspond à la deuxième étape de ton « sauvetage »... Pour que tu puisses sortir du C.I.S.I.

Sa déclaration ne me surprit presque pas. Avec tout ce qu'ils m'avaient révélé dans les dernières minutes, ça devenait prévisible... Mais elle me dégoutait. Je me sentais soudain ridicule d'avoir été prise pour une poupée comme l'avait si bien dit le Maître peu avant... Je me sentais blessée. Je leur avais fait confiance, je les avais crus, je les avais suivis... et j'étais entrée si facilement dans leur jeu ! Mais comment aurais-tu pu savoir ? me rappela ma conscience.

Il y avait un point qui me dérangeait.

— Comment est-ce possible que vous soyez à l'origine de l'accusation de Charly alors que la Grande Prêtresse vient de m'expliquer que c'est elle qui a tout mis en place ?!

— Parce que la Grande Prêtresse a des conseillers qui l'entourent et lui donnent des idées... m'expliqua Gorigann. Conseillers dont je fais partie, ajouta-t-il.

— Vous voulez dire que vous avez soufflé à la Grande Prêtresse l'idée de pour me faire bannir ?! m'étranglai-je.

Feuille et Gorigann hochèrent la tête. Les sorciers devraient tous se faire interner.

— Je me sens si nulle... D'avoir cru à cette mascarade, soufflai-je les sourcils froncés, les joues rouges de honte.

— Non May ! sursauta Ethel en me prenant dans ses bras. Tu n'as pas à te sentir comme ça ! La preuve : tu as réussi à démentir l'accusation !

— Ethel, dis-je d'une voix blanche en m'écartant d'elle. Tu n'as jamais pleuré pour la mort de Saundra. Tu n'as jamais été inquiète du sort réservé à Charly. Tu te sentais coupable vis-à-vis de ce qui allait se passer pour moi et tu sais quoi ? T'avais raison.

Elle se mordit la lèvre et ferma les yeux mais ne contredit pas mes conclusions. Quelque part, cela me fit encore plus mal. Je la regardai le visage fermé, froide comme jamais. J'étais sûre qu'elle comprendrait ma réserve maintenant que les cartes étaient abattues.

— Et si je n'avais pas essayé de défendre Charly, qu'auriez-vous fait ? demandai-je alors.

— Nous aurions trouvé un moyen de t'impliquer dans le crime, répondit Gorigann, sûr de lui. 

Un silence pesant nous enveloppa.

— Et maintenant ? questionnai-je.

Maître Gorigann se racla la gorge.

— Maintenant, Feuille d'Automne va te donner un sac qu'elle a pourvu de tout ce dont tu auras besoin pour retrouver la tribu de mon frère. Tu feras le chemin avec Charly et ensemble vous arriverez à trouver la fabuleuse tribu qui vous recueillera. Là-bas, tu pourras commencer une nouvelle vie où tu seras appréciée à ta juste valeur.

— Où ça ne posera de problème à personne que je sois une porteuse de la Lune avec un pouvoir aussi puissant ? voulus-je me faire confirmer.

Maître Gorigann, Feuille d'Automne nous offrit une grimace qui en disait long sur ce qu'elle pensait. Je soupirai. 

Ce plan avait l'air parfaitement arrangé mais j'avais peur. Normal, me direz-vous, je me lançais dans l'inconnu en faisant confiance à ceux qui m'avaient trompée... Mais avais-je seulement le choix ? Parce que si l'autre option consistait à errer dans le Sauvage jusqu'à ce que mort s'en suive, autant tenter de trouver cette tribu dont ils me parlaient, qu'elle m'accueille à bras ouverts ou pas.

Une bourrasque d'air frais et un claquement de porte me firent sursauter et sortir de mes réflexions.

— Mon garçon ! s'exclama Feuille d'Automne, surprise par l'entrée fracassante du nouveau venu.

— Excusez-moi d'arriver à l'improviste, haleta Zed en défaisant l'écharpe qu'il portait et passant une main dans ses cheveux pour tenter de les discipliner, mais je voulais rejoindre la réunion de famille.

Ses cheveux... Noirs, épais, ils paraissaient si doux. Tout le contraire de son visage qui me fixait : rougi par le froid, tourmenté, vivant.

— Mais d'où viens-tu mon grand ? lui demanda la guérisseuse. On dirait que tu as marché dans la forêt. Par ce temps tu vas attraper froid.

— Tini je suis porté par Mars je te rappelle, rappela le sorcier en levant les yeux au ciel. J'ai jamais froid.

Avec des gestes brusques il enleva son long manteau plus foncé que les pensées qui me traversaient la tête.

— Mais par contre, ça m'a... rafraîchit l'esprit. J'ai manqué quelque chose ? s'enquit-il en promenant son regard sur nos visages. Tini, t'aurais pas quelque chose à manger, je crève de faim. Et je suis pas le seul.

Sur cette déclaration il traversa la pièce, s'agenouilla devant les placards et se mit à fouiller dedans. Feuille d'Automne et Gorigann restèrent interdits les bras ballants, sans rien dire. Je n'osais regarder mes « amis » et gardais mon regard fixé sur mes genoux. Ils étaient fascinants.

— Parfois je me demande bien si tu n'aurais pas hérité de l'intuition de ta mère... souffla Feuille d'Automne.

Zed tressaillit.

— Ne parle pas d'Ona, répliqua-t-il sèchement d'un ton bourru. Pas ici. Pas maintenant.

Une boîte dans les mains, le grand brun se releva et commença à grignoter ce qu'il avait déniché. Des gâteaux. Mon ventre gargouilla. Le garçon traversa la salle lorsqu'il remarqua que tous les regards étaient tournés vers lui. Il se planta devant moi et me regarda droit dans les yeux en me tendant la boîte.

— Je suis désolé pour tout à l'heure. Je sais que c'est débile de dire ça parce que ça va rien changer mais je suis désolé.

— Me regarde pas comme ça, lui dis-je dans un léger sourire. On dirait un enfant.

— J'vaux sûrement pas mieux que ça, répliqua-t-il en haussant les épaules et se laissant tomber sur le lit à côté de moi.

Je soupirai en y mettant toute mon âme.

— Après ce que je viens d'apprendre, ce que tu m'as dit n'a plus d'importance...

Je laissai échapper un léger rire. Il me passa la boîte à gâteaux. 

— Je ferais mieux de tout oublier, ce sera plus simple. Y'a pas un sort qui peut faire ça ?

Je piochai dans la boîte et croquai dans un sablé cuit juste comme il faut. Quelle délivrance.

— De quoi tu parles ? s'inquiéta Zed.

— Tu savais toi aussi ? lui demandai-je en le scrutant avec une attention toute particulière, m'attardant une seconde de trop sur ses yeux impénétrables. 

— De quoi tu parles ? répéta-t-il en fronçant les sourcils.

— Dis-moi juste si t'étais au courant.

Son expression se décomposa et je me laissai retomber le gâteau à moitié entamé dans la boîte.

— Que mes parents ne sont pas des humains, que les sorciers ici présentsont organisé le jugement de Charly pour que je me fasse bannir aussi, afin de me « protéger »... Qu'ils avaient tout prévu pour que je me casse d'ici quoi. Tu savais aussi.

Zed fronça les sourcils et sans un mot se leva et traversa la pièce à grandes enjambées vers Feuille d'Automne et Maître Gorigann.

— Tu pourrais me répondre au moins, lui lançai-je. Il en faut plus pour m'achever tu sais.

Il détourna le regard.

— Ils ont fait ça pour ton bien, lâcha-t-il sans me regarder.

Il m'agaçait, j'en avais marre.

— Très drôle Zed. Arrête de jouer au plus faible. Comme si t'avais pas eu le choix. Comme si tu étais en dehors de tout ça. Mais t'es aussi coupable que tous les autres !

Il osa enfin affronter mon regard. Les sourcils froncés, les lèvres pincées, il semblait presque blessé. Mais il avait choisi son camp. Il voulait jouer au plus têtu. Tant pis pour lui, même si ça me blessait plus que je ne voulais l'admettre. Je me sentais seule. Et rejetée par tous ceux en qui j'avais eu confiance.

— Je ne savais pas pour tes parents, dit-il enfin.

— Mais comme tu savais pour le reste ça revient au même.

Je fixai le sol, les mains sur mes joues toutes moites à cause des larmes qui les avaient inondées. Mon monde s'écroule pour la deuxième fois.

— Mais c'est pour aller vers ta vraie vie, me consola Maître Gorigann. Celle où tu pourras être toi-même.

Je relevai la tête, surprise qu'il ait lu dans mes pensées.

— C'est souvent que ça vous arrive de violer l'intimité des pensées des autres ? lui lançai-je agacée. Vous m'avez déjà tout pris alors si vous pouviez au moins me laisser la liberté d'être la seule à pouvoir accéder à ce qu'il reste de mon espace privé, je vous en seraisfabuleusement reconnaissante ! finis-je, des éclairs dans les yeux, des couteaux dans la voix.

Au regard qu'il me lança, je compris que mon allusion ne lui faisait pas plaisir et une part de moi s'en voulait déjà de lui avoir dit ça, tandis qu'une autre me criait que ce n'était que ce qu'il méritait.

J'essayai de ne plus penser à rien. Je fermai les yeux et les serrai très fort. Peut-être que je pensais pouvoir tout effacer de cette manière, peut-être que je voulais me convaincre que ce n'était qu'un rêve, qu'un cauchemar grotesque. 

Je ne sais pas combien de temps je restai ainsi mais tout à coup, Ethel se racla la gorge.

— Hum, si... enfin, on va rentrer, hein Thomas ? murmura-t-elle dans ce qui tenait plus du bafouillage qu'autre chose.

— Oui, oui, tout à fait, absolument, on va pas déranger plus longtemps, acquiesça l'intéressé.

Les pauvres, perdue dans mes tentatives d'échappatoire, je les avais presque oubliés. Je me tournai vers Ethel que je regardai droit dans les yeux et inspirai profondément. 

— Je... Je voulais te dire combien je suis désolée de t'avoir causée tant de soucis, bégayai-je. Et toi aussi Thomas, continuai-je en me tournant vers lui. Vous avez été... de terriblement bons amis. Tout ce que vous avez fait pour moi... Enfin, vous avez quand même réussi à rendre ma vie au C.I.S.I. agréable ! Et vous savez combien ça ne peut être qu'un exploit.

Je les gratifiai d'un sourire timide.

— Oh May ! s'exclama Ethel en me tombant dans les bras.

Je la serrai très fort et refoulai un sanglot. Je ne voulais pas que nous soyons séparées. Mais je me repris et m'écartai d'elle. Il était peut-être temps que je sois forte.

— Je crois qu'il serait raisonnable en effet que vous alliez vous reposer au dortoir, intervint Maître Gorigann. Nous savons tous combien demain va être une journée éprouvante, en particulier pour toi May...

— Je vais te donner ton sac maintenant, le coupa Feuille d'Automne. Plutôt que d'attendre demain matin.

— Vous avez raison, dis-je.

La guérisseuse alla farfouiller dans ses innombrables placards mal rangés où elle dénicha un sac à dos en cuir. Je me rassis sur le lit et mangeai les gâteaux.

— À l'intérieur se trouvent tous les objets primordiaux pour survivre à ton voyage, reprit Feuille, jusqu'à ce que tu rejoignes la tribu de Salavenn.

Elle me tendit le sac que j'attrapai.

— Quand vous dites tribu, vous voulez dire qu'ils sont nomades ? demandai-je entre deux bouchées.

— Effectivement, m'affirma le Maître. Mais j'ai communiqué ce matin avec Salavenn pour le prévenir de ton départ imminent. Il m'a assuré qu'il venait de se poser au pied de la montagne du Reflet et qu'il ne bougerait pas avant un bon mois.

— Donc j'ai un mois pour le trouver. C'est loin ?

— La montagne du Reflet est située relativement loin des frontières du C.I.S.I. mais c'est faisable en un mois, m'assura Gorigann. Vous devrez suivre l'eau qui vous mènera jusqu'au lac d'Uranus. De là, le chemin jusqu'à la montagne est court et évident. Vous ne pourrez pas vous perdre

J'aurais bien aimé ressentir son optimisme. 

— N'y prend pas garde, me rassura Feuille d'automne. Tu as toutes les capacités pour réussir. Allez, maintenant tous au lit ! Il n'existe pas de meilleure préparation qu'une bonne nuit de sommeil, nous chassa-t-elle.

— Il est déjà l'heure ? s'étonna Thomas.

Maître Gorigann et Feuille d'Automne hochèrent la tête.

— Mais avant que tu n'ailles où que ce soit May, j'ai un petit travail à effectuer. Sortez tous de là vous autres, congédia-t-elle mes amis et le maître en les chassant de la main. Je vais renforcer l'énergie vitale de notre aventurière. Dormez bien !

Zed attrapa son manteau et bientôt imité par Ethel, Thomas et Gorigann, ils disparurent hors de la chaumière par le tunnel qui menait aux souterrains.

— Qu'est-ce que je dois faire pour ça ? demandai-je, prête à tout pour retrouver un semblant de sérénité.

— Mets-toi debout, je vais me mettre en contact avec ton corps énergétique. As-tu soif ?

Je secouai la tête. J'avais faim, très faim. Mais pas soif. Debout au centre de la pièce, j'avais les pieds ancrés dans le sol.

— Bien, la séance commence, annonça la guérisseuse.

Je perdis toute notion du temps. Feuille bougeait autour de moi, faisait de grandes inspirations et murmurait des mots qui ne me faisaient aucun sens comme « libération des énergies usagées », « transformation », « respirer », « besoin de sortir ». Enfin sauf pour les deux derniers que je comprenais parfaitement : je n'en pouvais plus des souterrains, j'avais besoin d'air, de respirer.

Je passai toute la « séance » debout, les yeux clos dans un état de béatitude douteux. À la fin, Feuille posa sa main sur mon bras et me sourit.

— Voilà May. En effet, il y avait de quoi nettoyer mais maintenant tout est clean comme disent les humains.

Elle s'écarta de moi en souriant et m'invita à reprendre place sur le lit. 

— May, il y a une chose dont nous n'avons pas parlé, m'annonça-t-elle en prenant place sur son fauteuil. J'ai fait exprès de ne pas aborder le sujet pendant tes amis étaient là mais il faut que nous éclaircissions quelques points.

Je me demandais bien de quoi elle pouvait parler.

— Lors de ta convalescence après l'attaque des Voleurs j'ai remarqué une chose.

— Oui ? 

Je voulais en finir au plus vite.

— Tu ne réponds pas qu'à une seule énergie. La partie visible de ton pouvoir est celle de la Lune, ça nous l'avions déjà remarqué mais en te massant après l'attaque, j'ai réalisé que tu fais partie de ces sorciers particuliers dont l'appartenance à un astre ne se fait pas normalement.

— Qu'est-ce que vous voulez dire ?

— D'habitude, un sorcier hérite de l'astre d'un de ses parents. Dans certains cas, comme celui de Maître Gorigann, le sorcier hérite des deux astres de ses parents. Mais dans ton cas... ton astre est en fait la combinaison des astres de tes parents. Et ces astres sont le Soleil et le Néant.

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*dernière mise à jour : 20/10/18*

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