Chapitre 9

Cela faisait deux maudits jours qu'elle restait là, allongée sur son lit, son portable en mains, à l'attente d'un quelconque vibrement qui signalerait qu'elle venait de recevoir un message. Alors elle regarderait qui pouvait bien être le destinataire et elle verrait ''Zayn'' affiché sur son écran tactile taché de traces de doigts. Seulement elle avait attendu deux jours dans le vide, deux jours sans sortir, deux jours à ne plus se droguer pour avoir plus de chance de répondre à son message s'il était mené à lui en envoyer un. Cela ne pouvait plus durer. Elle ressentait un manque atroce de drogue. Ses mains tremblaient, ses yeux semblaient s'enfoncer dans sa peau et elle semblait transpirer tout le long de la journée. Son front brillait maintenant sous la lumière, son corps lui faisait ressentir le manque et elle devait à tout prix s'en ingurgiter dans le sang. Sophie devait retourner dans la décharge, et vite !

La jeune fille sauta de son lit, les yeux clignant que très rarement, ôta son pyjama, enfila un simple t-shirt blanc, une veste noire, le premier jogging qui lui tombait sous la main, enfila sa paire de basket blanche que l'on utilisait pour la plupart du temps en cours d'EPS et passa par la fenêtre. Elle glissa le long de sa fenêtre, s'écrasa sur le sol ayant loupé un petit appui et se releva aussitôt avant de courir à toute vitesse. Elle semblait devenir folle. Elle avait besoin de drogue, et vite ! Ses jambes se tapaient mutuellement l'une dans l'autre, elle manqua de trébucher à plusieurs reprises, et ses cheveux dans l'air se rabattaient sur son visage, ne laissant apparaître parfaitement que son nez, un bout de sa bouche et le côté droit de ses yeux. Les passants la dévisageaient, se retournaient sur son passage, se demandant bien où elle pouvait bien courir comme ça dans un tel accoutrement et s'observaient par la suite, se trouvant encore plus beau dans leur costume noire accompagné d'une cravate rouge et d'une belle mallette noire brillante de propreté.

Sophie s'arrêta subitement devant le bâtiment où se déroulait le centre d'aide. Ils avaient soi disant voulu l'aider et au bout de quelques jours ils avaient baissé les bras, n'était-ce pas de la lâcheté ça ? Le manque de drogue la poussait à agir, à faire ce qu'elle voulait sans avoir peur des conséquences, elle ne réfléchissait plus de la même façon, elle n'arrivait même plus à suivre un raisonnement logique. Le souffle rapide dû à la course, elle monta furieusement les marches, fonça sur la porte avant de la fracasser contre le mur pour traverser le long couloir et se diriger droit où avait eu lieu la dernière réunion qu'elle avait assisté. Sa main droite où ressortaient vivement ses veines bleues s'écrasa sur la porte avant de la pousser sauvagement afin d'entrer dans la salle.

L'homme qui dirigeait à chaque moment le centre d'aide se trouvait debout près de Zayn au côté d'une autre jeune fille et semblaient discuter sérieusement jusqu'au moment où ils entendirent la porte s'ouvrir subitement et les regards se posèrent sur Sophie qui les regardait, immobile. Ils semblaient tous autant surpris, plus qu'elle ne l'était en remarquant cette jeune fille près de Zayn. Était-ce sa nouvelle recrue ? Était-ce pour elle qu'il n'avait pas répondu à ses messages ? Sophie se dirigea telle une furie vers Zayn qui lui fit aussitôt face, croisant les bras contre son torse musclé. Ils se faisaient maintenant face.

-Vous semblez fatiguée Sophie, commença l'homme plus âgé. Vous allez bien ?

Le regard de la jeune fille ne quittait pas celui du jeune homme. Elle lui faisait face sans aucune crainte et voulait à tout prix lui dire ses quatre vérités, mais aucun mots ne sortaient. Seule sa rage montait en elle, et cela ne présageait rien de bon.

-Je vais vous laisser, chuchota la jeune fille à l'homme en se baissant pour attraper son sac posé sur le sol, je reviendrais plus tard et...

-Non, l'interrompit Zayn sans quitter le regard de Sophie. Reste.

-Je...

-Reste, répéta t-il froidement. Cela semblait ne pas être une supposition.

-T'as pas compris ? Répondit Sophie d'un ton ironique sans quitter le regard sombre du jeune homme. Il veut que tu restes lui lécher les pompes, alors reste, non ?

La jeune fille ne savait plus où se mettre. Elle croisa le regard de Sophie et le laissa aussitôt tomber vers le sol. Elle ne voulait aucun problème, absolument aucun.

-Tu te prends pour qui ? Rétorqua Zayn sèchement, les sourcils désormais froncés. Tu te permets d'entrer comme ça et de lui parler comme un chien ? Tu vas te calmer.

Sophie lâcha un petit rire nerveux qu'elle arrêta aussitôt.

-C'est toi qui va te calmer, reprit-elle, j'ai toujours été respectueuse envers toi, je t'ai toujours respecté et tu me fous en plan comme un gros sac poubelle plein à craqué. Je ne suis pas de la merde, tu vas t'entrer ça dans le crâne !

Le jeune homme tentait de maintenir son calme face à la situation, seule sa mâchoire se contractait à l'entente de ces mots. Elle dépassait chacune des limites qu'elle ne devait pas dépasser.

-Je t'ai autorisé à me tutoyer ? Tu crois qu'on est pote ? Reprit-il froidement. Si t'es pas contente tu sors, c'est aussi simple que ça, je n'ai aucunement envie de me prendre la tête avec le genre de personne que tu es. Regarde-toi, continua t-il en l'observant de la tête aux pieds, regarde-toi, tu fais peine à voir, tu t'es habillée avec les premiers vêtements qui te sont tombés sous la main, tu es en manque atroce de drogue, tu fais vraiment de la peine, retourne d'où tu viens, je n'ai pas de temps à perdre avec toi.

-Avec moi ? Répéta-t-elle. Avec moi ? Tu crois vraiment que je vais rester éveiller jusqu'à quatre heures du matin pour attendre de recevoir ton foutu message ? Elle ricana nerveusement. Les mains tremblantes contre son corps, elle les fourra aussitôt dans les poches de sa veste. Tu n'as pas tardé à me remplacer à ce que je vois. Tu es minable. Tu fais autant pitié que moi. Tu fais croire que tout va bien dans ta vie alors que toi même tu as des problèmes à régler. Tu te permets de donner des leçons alors que tu ne vaux pas mieux que moi !

Il fonça sa main vers le visage de la jeune fille avant de reprendre contrôle de son mouvement et d'arrêter sa main près de la peau du visage de Sophie. Il replia ses doigts lentement contre la paume de sa main et la reporta lentement vers son visage, passant aussitôt sa main contre sa peau. La gifle n'était pas loin.

-Tu vas sortir d'ici, reprit-il d'une voix calme en passant sa main contre sa barbe brune de quelques jours. Tu vas passer cette porte en silence et ne plus jamais m'adresser la parole. Je ne veux plus entendre parler de toi. Ni entendre parler de toi, ni te voir.

Les poings contractés dans les poches de sa veste, Sophie tenta de reprendre son calme mais elle sentait de la transpiration survenir de son front. Elle avait tant besoin de drogue, maintenant.

-Dégage ! S'énerva-t-il soudainement pour la faire bouger. Bon sang dégage ! Tu ne comprends pas ce que je t'ai dit ? Tu es encore plus stupide que je ne le pensais ou quoi ? Dégage, va-t-en ! Cria-t-il sous les yeux de l'homme, immobile, qui analysait la situation.

Sans qu'il ne puisse réagir ou voir le geste arriver, Sophie claqua sa main contre la joue du jeune homme avant de tourner les talons et de passer subitement la porte de la salle.

Ses jambes couraient par grandes enjambées, les larmes coulaient le long de ses joues, ses yeux lui piquaient plus que jamais, et par dessus tout, son manque de drogue la rendait folle. Aucun de ses regards s'arrêtaient sur les passants, elle savait qu'ils la regardaient, qu'ils la jugeaient, alors il valait mieux les ignorer, il valait mieux pour elle de continuer à courir par grandes enjambées vers la décharge. Seul Alexy pouvait l'aider, seul lui détenait le remède. Ses chaussures atteignirent enfin le sol poussiéreux, le petit chemin qui descendait tout droit vers la décharge abandonnée, ou du moins peu utilisée. Parfois, ils leur arrivaient d'apercevoir des passants, mais observant les débris, les ordures jetés ici et là, ils rebroussaient vite chemin. Zayn avait été si dur avec elle. Jamais on ne lui avait parlé comme ça. Que cherchait-il à la fin ? Cherchait-il à la mettre à bout ?

Sophie aperçut enfin le canapé où Alexy se trouvait être, un joint entre les lèvres. Il semblait qu'il venait tout juste de le commencer. Elle le rejoignit et se laissa tomber sur le canapé, près d'Alexy, qui ne lui adressa aucun regard. La jeune fille se redressa aussitôt et tendit la main devant elle en signe de demande, c'est comme cela qu'ils procédaient parfois. Mais rien. Le jeune homme ignora ce signe et ferma les yeux tout en inspirant une grande bouchée de fumée.

-Alexy ?

Il relâcha un rond de fumée et réouvrit les yeux lentement.

-Alexy, dis quelque chose.

Il tourna aussitôt sa tête vers la jeune fille, le regard sombre, défoncé.

-T'étais où ?

-Comment ça j'étais où ?

-Ces deux derniers jours, où as-tu posé ton cul ? T'as trouvé un autre vendeur c'est ça ? S'énerva-t-il en jetant le joint à plusieurs mètres devant lui.

-Quoi ? Mais non ! J'étais malade ! Elle inspira calmement. S'il te plaît donne-moi le remède.

-Non.

-Tu es défoncé Alexy, s'il te plaît donne-moi ce dont j'ai besoin.

La main du jeune homme se posa sur la cuisse de la jeune fille qui resta stupéfaite, les yeux posés sur la main qui lui caressait la cuisse.

-Ne recommence pas, s'il te plaît, demanda t-elle calmement en fermant les yeux. Je t'en prie.

-Laisse-toi faire So', je sais que tu en as envie.

-Non, je n'en ai pas envie, tu le sais très bien, je te demande juste de me donner ce que je veux, je te demande juste ça, je t'en prie Alexy, reprit-elle les mains tremblantes dans les poches de sa veste.

Sa main remontant jusqu'au haut de sa cuisse, elle se releva brusquement en reculant de quelques pas mais Alexy se releva aussitôt et lui empoigna le bras.

-Repose ton cul.

-Tu me fais mal ! Cria-t-elle en sentant la poigne se resserrer sur sa peau. Lâche-moi bon sang !

-C'est moi qui donne les ordres, répondit-il en la fixant sombrement. Tu vas poser ton cul sur ce canapé et te laisser faire, tu es bonne qu'à ça, alors pose ton sacré cul sur ce foutu canapé ! S'énerva-t-il.

Agacée, Sophie retourna le poignet du jeune homme, le poussa de toute ses forces vers le canapé où il s'écrasa et prit la fuite à toute vitesse en remontant le petit sentier poussiéreux. Jamais elle ne s'était embrouillée avant autant de personnes en l'espace d'une seule et même journée, jamais.

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