Chapitre 7

Cela faisait exactement quatre jours. Quatre jours que Sophie se remémorait la conversation qu'elle avait eu avec Zayn dans la rue. ''Eh bien, j'aimerais que l'on joue à un petit jeu toi et moi.'' Sérieusement, d'où pouvait bien sortir ce type ? Et jouer à un jeu, quel genre de jeu ? Ce garçon l'énervait au plus haut point. Il avait cette assurance qu'elle n'avait pas, il avait ce charme, oui ce foutu charme qu'elle n'avait pas ! Pourquoi voulait-il jouer un jeu avec elle et non une autre ? D'ailleurs pourquoi avait-il dit ''j'irais jouer avec une autre jeune fille qui acceptera volontiers de jouer avec moi'' ? Était-ce pour la provoquer sur le fait qu'une autre fille allait prendre sa place où était-ce la réalité ? Son cerveau bouillonnait. Elle se posait tant de questions qui restaient sans réponses. ''Tout le monde accepte sans hésiter de jouer avec moi Sophie'' l'avait totalement énervée le soir tombé. Quel narcissique ! ''Je m'appelle Zayn, toutes les filles sont à mes pieds, j'ai juste à sourire pour qu'elles tombent amoureuses de moi parce que je sors tout droit d'une agence de mannequinat.'' Et puis cette manière de toujours dire ''Sophie'' avec ce petit sourire en coin. Quel arrogant !

La porte s'ouvrit subitement et la tante Anguise se dirigea vers la fenêtre avant de tirer les rideaux pour ouvrir les volets. La lumière pénétra aussitôt dans la chambre ce qui fit reculer Marta.

-Tu as encore oublié de fermer ton volet Sophie, dit-elle en faisant dos à la fenêtre. Elle observa le lit totalement défait de sa nièce qui se cachait la tête d'un coussin bleu.

-Ça fait quatre jours que je ne te vois plus. Tu descends seulement quand je me couche. J'aimerai au moins que tu viennes me dire bonjour quand tu es réveillée.

Sophie n'attendait qu'une seule et même chose, que sa tante s'en aille. Elle venait toujours la voir pour lui faire la morale. Mais ne savait-elle pas à quel point sa nièce en avait rien à faire jusqu'au point où elle ne prenait même plus le temps de l'écouter ? D'ailleurs, elle était en ce moment même en train de parler, surement en train de lui dire que Sophie avait encore oublié de mettre ses affaires au sale... Mais en réalité elle ne savait en aucun cas ce que pouvait bien raconter sa tante, elle s'en moquait. Ce qu'elle était barbante !

-Tu pourrais me répondre quand je te parle Sophie.

Elle devait la faire taire, c'était une question de survie, ses oreilles ne supportaient plus de l'entendre autant parler dès le début de l'après-midi. Il n'était que quinze heures ! Sophie releva son coussin de son visage, le jeta sur le sol et se redressa sur son lit, face à sa tante qui fit une tête affreuse en apercevant le bleu virant au vert qu'elle avait sur la joue droite.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Hurla t-elle de stupeur en se précipitant sur le visage de Sophie pour le prendre entre ses mains avant d'être aussitôt repoussée par sa nièce qui se leva du lit.

-Sophie ! Comment tu t'es fait ça ? Reprit-elle de nouveau, agacée, en croisant ses bras sur la poitrine. Tu ne peux plus continuer comme ça ! Tu ne nettoies rien, tu ne fais rien et tu reviens défigurée ! S'énerva-t-elle.

-C'est juste un bleu, grogna Sophie en allant fermer les rideaux. La lumière l'aveuglait et lui faisait tourner la tête. Elle n'était surement plus habituée à la lumière.

-Juste un bleu ? Rétorqua Marta. Mais il est immense, il prend toute ta joue !

Agacée, Sophie posa sa main pour recouvrir la totalité de sa joue.

-Tu le vois encore là ? Non ? Bah c'est vrai, il n'existe plus. Tu peux donc gentiment retourner en bas et me foutre la paix.

Madame Anguise resta sans voix. Elle resta immobile, face à sa nièce qui la fixait de même.

-Marta ! Cria à son tour Sophie. Je veux être seule dans ma chambre, je pense que j'en ai un minimum le droit non ? Tu tiens vraiment à ce que je me change devant toi ?

Madame Anguise secoua la tête en signe de négation et sortit de la chambre, sachant très bien au fond d'elle que sa nièce allait retourner dans son lit et n'allait pas, comme elle le disait, se changer. La discussion ne servait plus à rien avec Sophie, mais elle gardait toujours au fond d'elle, cette petite lueur d'espoir qui lui disait qu'un jour, peut-être, elle retrouverait la nièce qu'elle adorait tant.

Seulement, si elle croyait s'être débarrassée de sa tante aussi facilement elle se mettait le doigt dans l'œil. Une bonne vingtaine de minutes plus tard, alors que Sophie tentait avec tant bien que mal de fermer l'œil dans l'obscurité de sa chambre, la porte de sa chambre s'ouvrit brusquement et claqua contre le meuble qui se trouvait collé au mur, juste derrière. Sophie se redressa subitement sur son lit, une silhouette inhabituelle traversa sa chambre, tira sauvagement sur les rideaux et la chambre se trouva instantanément noyée dans la lumière. Sophie jeta ses mains sur ses yeux pour ne pas être éblouie. Elle se retenait d'exploser.

-Lève tes fesses de ce foutu lit.

A cette voix masculine, Sophie écarta aussitôt ses mains de ses yeux. Elle n'avait pas rêvé, Zayn se trouvait bien dans sa chambre à cet instant même, son regard plongé sur elle.

-Mais...

-C'est moi qui parle, la coupa-t-il d'un ton sec.

Il se tourna face à la fenêtre, tourna la poignée et tira vers lui les fenêtres pour laisser entrer l'air dans cette grotte. Il passa sa tête par la fenêtre, ferma les yeux pour prendre une grande inspiration d'air frais et passa de nouveau sa tête dans la chambre en examinant les alentours du regard.

-C'est immonde, reprit-il.

Elle ne le lâchait pas du regard. Il se trouvait toujours être bien habillé dans chaque circonstance. Il portait une veste en jean qui arrivait en haut des fesses, un t-shirt blanc ainsi qu'un jean noir et une paire de Timberland. Ses cheveux étaient légèrement relevés en l'air et il portait toujours une barbe de quelques jours.

Lorsqu'elle reprit ses esprits et qu'elle dirigea son regard vers son visage, elle fut foudroyée de voir qu'il la regardait déjà, de travers.

-Un problème ? Demanda t-il d'un ton froid.

-Non mais...

-Très bien, la coupa t-il une seconde fois. Maintenant tu vas me nettoyer tout ce bordel. Il regarda dans les alentours. Ça sent le rat crevé ici.

Seulement, elle ne bougea pas. Elle resta immobile sur son lit, le regard plongé sur son visage. Il posa son regard sur elle.

-Je t'ai dit quoi là ?

Aucune réponse.

-Ne me force pas à venir te lever de ton lit, reprit-il sèchement en regardant les murs noirs de la chambre.

-J'ai le droit de parler ?

Il tourna aussitôt sa tête vers la jeune fille, agacé.

-Je pense que oui, vous connaissez surement le droit d'expression, reprit-elle.

Elle cherchait à le provoquer et il le sentait. Sa mâchoire se contracta.

-Vous entrez dans ma chambre comme ça et vous me demandez de faire du ménage ou je ne sais quoi, mais moi aussi j'ai un truc à dire.

-Tu as un truc à dire ? Répéta-t-il doucement. Tu crois que je vais te permettre de t'adresser à moi comme tu le fais ?

-Bah ouais c'est un peu ça. Jusqu'à preuve du contraire on se trouve dans MA chambre, alors je fais ce que je veux ET je dis ce que je veux.

Zayn sentait la rage monter en lui, ses dents se serraient sans même qu'il ne s'en rende compte. Cela faisait bien des années qu'il ne laissait personne s'adresser à lui de cette façon. Seulement, il devait garder son calme et montrer l'exemple.

-T'as fini ?

-Quoi ?

-Quoi ? L'imita t-il.

Elle haussa les sourcils de surprise. Était-ce une blague ?

-Maintenant je vais être très clair avec toi, et j'espère pour toi que je ne vais pas le répéter, reprit-il d'un ton glacial. Son regard se trouvait être plus sombre qu'à son habitude, et aucun sourire ne s'affichait sur son visage. Tu ne vas pas faire la loi avec moi. Tu me respectes, je te respecte. Tu me parles bien, je te parle bien. Tu ne me mens pas, et ce que je déteste pas dessus tout c'est qu'on me prenne pour un imbécile. Mais ce que tu ne dois surtout pas oublier, c'est que je ne suis pas ton pote, prends pas confiance avec moi.

Elle ne répondait pas. C'était la première fois qu'elle le voyait la regarder de cette façon. Il semblait la haïr.

-Maintenant tu vas lever ton cul de ce lit et tu vas faire ce que je t'ai dit.

-Et le message ?

-Quel message ? Répondit-il aussitôt sèchement.

-Vous m'aviez dit que je recevrais un message dans les prochains jours pour savoir ma réponse. Et je n'ai rien reçu.

Il leva un sourcil de surprise.

-Tu as attendu ?

-Oui.

Un sourire en coin s'afficha sur le visage du jeune homme, faisant disparaître son regard sombre et laissant place à ses yeux noisettes.

-Je n'ai pas eu le temps.

-Vous n'avez pas eu le temps de m'en envoyer un ?

-C'est ça.

Il se tourna dos à elle, observant ce qu'il pouvait bien y avoir sur les meubles de la chambre de la provocatrice.

-Tu t'es fait quoi en dessous l'œil ?

Ne recevant aucune réponse de la part de la jeune fille, il se retourna pour lui faire face. Elle se trouvait être encore assise sur son lit en tailleur, son regard plongé sur ses doigts qui jouaient entre eux. Remarquant qu'il s'était retourné vers elle, elle releva progressivement son regard sur lui avant de répondre un instant après.

-Je suis tombée.

-Tu me prends pour un imbécile ?

Elle hocha la tête que non.

-Je t'ai dit quoi tout à l'heure ?

Il était vrai qu'il lui avait dit de ne pas mentir, mais pourquoi devait-elle être franche avec lui et non avec les autres ? Elle aurait voulu l'envoyer balader comme tous les autres, mais il n'était pas comme les autres justement. Il était si différent. Elle ressentait à chaque moment une sorte de tension entre eux. Quelque chose qui les rapprochait mais qui les éloignait à la fois. Quelque chose qui montrait qu'ils étaient si identiques mais si différents à la fois.

-Je n'ai pas envie d'en parler.

-Très bien.

Il tourna les talons et se dirigea vers la porte de la chambre.

-Vous allez où ? Demanda t-elle en redressant son dos de surprise, observant où il pouvait bien aller.

-Je m'en vais. Il s'arrêta et se retourna pour faire face à son regard. Son visage était neutre. Il semblait calmé. Nettoie-moi cette chambre. La prochaine fois que je viens, j'espère la voir propre et aérée.

-Ça veut dire qu'il y aura une prochaine fois ? Demanda-t-elle surprise. Je veux dire... vous reviendrez ?

Il reprit sa marche et passa le seuil de la porte, celle-ci étant restée ouverte.

-Peut-être bien.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top