Chapitre 4

La jeune fille se trouvait sur les genoux d'Alexy, un jeune homme de vingt six ans, de cheveux bruns qui passait le plus clair de son temps dans cette sorte de décharge. Sa mère l'ayant viré de chez elle depuis sept ans maintenant, il n'avait d'autre lieu où aller que celui-ci, mais il s'y sentait bien et ne voulait pour rien au monde se retrouver ailleurs. Il savait très bien que sa mère l'avait viré de chez elle car il abusait des substances qu'il arrivait à se procurer, mais à quoi bon arrêter maintenant qu'il ne lui restait que ça ? Le ciel était sombre, couvert de nuages, il allait pleuvoir.

-Ça va tomber, on doit se dépêcher.

-Tu n'attends pas les autres ? Demanda Sophie.

-Non.

Il sortit un paquet de sa poche droite, poussa Sophie pour qu'elle s'assoit sur la chaise d'à côté et renversa le contenu du paquet sur la table. Six joints en tombèrent. Il en ramassa quatre et en mis un dans sa bouche, laissant l'autre pour Sophie. Alexy alluma le joint à l'aide de la bougie qui se trouvait sur le côté de la table et relâcha la fumée.

-Grouille toi.

Elle hocha la tête et apporta le joint encore posé sur la table entre ses lèvres et le laissa se faire allumer par Alexy. Une bouffée, deux bouffées, trois bouffées, elle voulait tout avaler, sentir la fumée passer dans ses poumons et s'y accrocher, la mort ne lui faisait plus peur, elle attendait que ça. Elle observait les étoiles à travers la fumée que relâchait son ami. Il devait être trois heures tout au plus, sa tante ne l'avait pas vu sortir, peut-être dormait-elle déjà depuis longtemps.

Alexy se leva de sa chaise, lança le mégot sur le sol et rangea le paquet dans sa poche. Des gouttes s'écrasait sur son nez, il ne supportait pas la pluie, alors il leva Sophie de sa chaise.

-C'est l'heure, rentre.

-Déjà ?

Il lui attrapa le bras et la mena vers l'entrée de la décharge, abrité de son gilet qu'il avait posé sur sa tête.

-Je veux que tu t'en ailles, ok ?

Elle le regarda s'éloigner et prit la direction de la ville. Elle fuma rapidement le reste de son joint et arriva devant les grands magasins du centre-ville. La lumière lui donnait mal à la tête, cela lui faisait toujours ça quand elle fumait un joint, cela lui procurait du plaisir, mais il lui donnait aussi le tournis. Un déluge s'abattit sur la petite-ville, elle se mit alors à courir aussi vite et aussi droit qu'elle le pouvait. Ses chaussures s'écrasaient dans les flaques d'eau, passant à travers la toile et mouillaient ses chaussettes de long en large. Ses cheveux étaient trempés, dégoulinant tout le long de sa veste qui lui collait dorénavant à la peau à cause du mauvais temps. Elle atteignit enfin l'arrière de la maison, grimpa tout d'abord à la gouttière mais son pied dérapa et elle s'écrasa dans la boue. Sophie souffla, frotta sa veste et son jean puis refit une nouvelle tentative, sans chute cette fois. La fenêtre ouverte, elle passa son pied en premier et fit passer ensuite le reste de son corps. Fatiguée, elle se déshabilla et se coucha dans son lit sans prendre le temps de prendre une douche, le joint l'avait complètement anéanti.

Marta entra dans la chambre de sa nièce. Lorsque la pendule indiquait quatorze heures elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. Elle savait très bien que Sophie faisait des bêtises en cachette, qu'elle utilisait des substances illégales, elle redoutait le jour où elle n'arriverait pas à la lever ou à la réveiller, elle appellerait les ambulances et ils lui annonceraient qu'elle serait dans le coma. Marta ne voulait pas que ce jour arrive, elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider, mais elle n'acceptait l'aide de personne, Sophie se renfermait sur elle en fonction des jours qui passaient. Elle aurait tellement aimé retrouver la nièce qu'elle avait connue lorsque sa sœur était encore vivante, mais elle devait se faire à l'idée que c'était le passé, que sa nièce avait grandit, qu'elle avait prit le mauvais chemin, et que son état ne s'améliorerait que si Sophie se reprenait en main, c'était la seule solution. Lorsqu'elle passa la porte elle sentit une odeur inhabituelle entrer dans ses narines. Elle vit alors les vêtements pleins de boues étendus sur le sol de la chambre. Un soufflement sortit de sa bouche. Elle se dirigea vers la fenêtre, ouvrit les volets et la fenêtre et se baissa pour attraper les vêtements qu'elle alla directement mettre à laver.

Le temps n'était pas favorable à Sophie. Elle aurait voulu se lever pour faire quelque chose de la fin de son après-midi, car oui, il était déjà quinze heures, mais en levant sa tête de son coussin, remarquant l'averse s'écraser sur la fenêtre de sa chambre, elle laissa tomber son visage au creux de son coussin. Malgré la décision qu'elle avait prise, qui était de rester dans son lit toute la journée, sa tante Marta entra dans la chambre, alluma la lumière par le manque de clarté qui entrait dans la chambre de la jeune-fille et se posta devant le lit, les mains posés sur les hanches.

-L'aide commence dans une heure, lève-toi Sophie.

A l'entente de ces mots, elle se recouvra la tête de son autre coussin, mais sa tante continua son discours.

-Si tu n'es pas levée dans trois minutes, j'appelle la maison de correction la plus proche. Tu as le choix.

Sachant très bien que sa nièce allait répliquer, elle sortit aussitôt de la chambre, laissant la porte grande-ouverte. Sophie hurla dans son coussin, qui isola la totalité du cri, et jeta son coussin sur le fenêtre qui se trouvait au fond de la chambre. Sa tante s'y était bien pris cette fois, Sophie n'avait pas eu le temps de répliquer, elle allait devoir se lever, malgré le mal de crâne qu'elle avait, se préparer et surtout, ne pas être en retard à l'aide qui commençait dans moins d'une heure maintenant.

Debout, enfilant sa veste noir à capuche, elle regarda son miroir. Elle avait une flemme pas possible à se coiffer, et elle n'avait non plus le courage de se brosser les cheveux, alors elle posa sa capuche trop grande sur sa tête et sortit de sa chambre. Sophie descendit lentement les marches, se maintenant sur la rambarde des escaliers. Elle était réveillée depuis vingt minutes, il était trop dur pour elle de faire autant d'efforts en si peu de temps, c'était inhumain selon elle.

-Ah enfin ! S'exclama sa tante. Je finissais pas croire que tu n'allais pas y aller. Tu veux que je t'emmène ?

-Non, répondit-elle froidement.

-Tu as vu le temps ?

Madame Anguise, son manteau en main, prête à sortir de la maison, regarda Sophie passer devant elle lentement, ouvrir la porte d'entrée et la refermer derrière elle sans le moindre bruit.

Une averse s'abattait sur la jeune-fille, tout compte fait, elle aurait dû accepter la demande de sa tante, même si elle se portait mieux lorsqu'elle ne la voyait pas. Elle mettait toujours une sorte de pression sur sa nièce, et elle détestait ça, elle qui se sentait déjà si perdue. Arrivée devant la porte du bâtiment, elle ouvrit brusquement la porte et la claqua derrière, pour ne pas faire entrer la pluie qui s'abattait de façon violente sur le sol.

-Reste là-bas toi ! S'écria t-elle en regardant la pluie s'abattre sur la vitre en verre transparente.

-Sophie ?

Elle se retourna et vit l'homme qui dirigeait le débat face à elle.

-A qui tu parles ?

Elle resta à le regarder sans répondre. De quoi il pouvait bien se mêler ?

-Tu n'as pas reçu d'appel ce matin ? La réunion est annulée, le temps était beaucoup trop mauvais pour vous faire venir jusqu'ici.

Sophie resta immobile, se traitant au fond d'elle même qu'elle n'aurait pas dû venir. C'était de la faute de sa tante, elle n'aurait pas du la lever aussi tôt, Sophie se sentait tellement fatiguée ces temps-ci et aujourd'hui elle avait fait un effort pour rien.

-Ce n'est pas grave, reprit-il en souriant, ça m'arrange que tu sois là. Suis-moi s'il te plaît.

L'homme marcha sur plusieurs mètres avant de se retourner, remarquant qu'elle ne suivait pas.

-Sophie ?

Elle sortit soudainement de ses pensées, souffla intérieurement et le suivit avant d'entrer dans la salle de rassemblement, où avait lieu la réunion habituelle. Elle s'arrêta subitement en remarquant un jeune-homme debout, vers lequel l'homme du débat se dirigea et s'arrêta. Celui-ci lui fit signe de venir, alors elle s'avança doucement, les sourcils froncés.

-Sophie, reprit l'homme, je te présente Zayn.

Le jeune homme en question ne lui tendit pas de mains, ni ne la salua et resta à la fixer.

-Ce jeune-homme, continua t-il, est ici pour t'aider. A partir d'aujourd'hui, il te prendra sous son aile et essayera de te faire sortir de l'impasse dans laquelle tu es.

Elle recula lentement sans le lâcher du regard. Elle comptait bien que ça soit lui qui baisse les yeux et non elle.

-Sophie, reviens là s'il te plaît.

-J'ai pas besoin d'aide, répondit-elle sèchement. J'ai besoin de personne vous entendez ? Personne.

-Sophie, reprit-il, ce jeune-homme est dans le contrat.

-Quel contrat ? Demanda-t-elle sèchement.

-Dans celui que ta tante a signé, il est stipulé que s'il l'était nécessaire, quelqu'un viendrait en aide à la personne en détresse.

-Je ne suis pas en détresse ! S'exclama-t-elle avant de pousser la porte de la salle en courant et de finir dehors, sa capuche ne l'ayant pas quitté, sous l'averse qui s'était empirée. Elle ne voulait pas rentrer, du moins pas maintenant, alors elle tourna dans la première ruelle et s'arrêta dans un petit bar chauffé pour y commander une bière.

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