Chapitre 28

Les battements de son cœur se multiplièrent lorsque Sophie fit face à son téléphone portable. Alexy lui avait envoyé 32 messages et Zayn trois. 35 messages étaient restés sans réponse, et allaient le rester pour le moment puisque si elle ne posait pas tout de suite son téléphone, Sophie allait louper son bus. Aussitôt dit, aussitôt fait. Elle jeta son téléphone sur son lit et dévala les escaliers pour tenter d'atteindre l'arrêt de bus juste à temps. Alors qu'elle courait à grandes enjambées sur le trottoir, l'air se stoppa dans sa gorge lorsqu'elle sentit son corps partir en arrière. Des mains la tirèrent entre deux boutiques et elle se retrouva rapidement sur le sol après avoir reçu un coup de poing en plein visage. Écroulée sur le sol et les yeux brouillés de larmes, elle cru apercevoir un homme blanc en smoking noir. Elle apporta rapidement l'une de ses mains à son nez pour voir si du sang n'en coulait pas. R.A.S.

-Si on ne le voit pas dans la semaine, tu vas prendre cher.

Les bras tremblants, elle se redressa sur ses genoux et vit une voiture démarrer en trombe, la laissant ainsi sonnée, seule avec un mal de crâne qui se faisait peu à peu davantage ressentir. Sophie aperçut quelques passants lui jeter un vif coup d'œil, mais aucun d'eux ne s'arrêtèrent, surement trop préoccupés par leur travail. Tellement préoccupés qu'ils ne prirent pas le temps de venir aider une jeune fille à genoux sur le sol, les larmes dévalant ses joues, toute tremblante. C'était une honte, mais cela représentait bien la société dans laquelle on vivait aujourd'hui. Tout le monde se préoccupait de son petit confort, et se moquait éperdument de son prochain tant que ça ne le concernait pas, LUI.

Les mains encore tremblantes, Sophie se redressa avec lenteur, et replaça correctement son sac de sport sur l'épaule. Sa joue lui faisait un mal de chien terrible, mais elle avait vécu pire, elle allait devoir aller de l'avant, comme toujours. Encore déboussolée, Sophie marcha lentement jusqu'à son arrêt de bus.

Son entrée à la salle de sport fut remarquée par plus d'un, mais personne ne vint lui adresser la parole. La jeune femme rousse de l'accueil la suivit du regard jusqu'aux vestiaires et Sophie ne pu relâcher la pression qu'une fois après avoir fermée la porte de sa cabine derrière elle. Elle prit place sur le petit banc afin de tenter de retrouver son calme et resta plongée dans le silence une bonne dizaine de minutes. Tout cela n'allait donc jamais finir ? Allait-on encore et encore la frapper ? Et Zayn, était-il au courant de tout ça ? Au plus profond d'elle-même, ce qu'elle souhaitait à l'instant présent, était que son visage ne soit pas marqué par le coup qu'elle avait reçu.

Lorsqu'elle entendit l'eau d'une des douches couler, elle sortit vivement de ses pensées et termina de se changer. Sophie rangea son sac dans l'un des casiers prévus à cet effet, et s'arrêta près de l'accueil où la jeune femme et le jeune homme se trouvaient, face à l'ordinateur.

-J'ai besoin de toi.

Il se tourna aussitôt vers Sophie, pendant que l'autre employée la fixait de travers.

-Je ne t'avais pas vu. Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ?

Sentant le regard de la jeune femme la mitrailler, elle lui demanda s'il était possible d'aller parler plus loin, et tous deux s'éloignèrent vers les machines de musculation, sous le regard dédaigneux de l'autre employée.

Il se frotta la nuque. Bien sûr qu'il savait se battre, mais comment allait-il lui apprendre deux, trois coups s'il ne prenait plus de cours lui-même depuis trois ans maintenant ? Sophie avait besoin de lui, c'était évident, mais comment faire ? ...

-Je ne fais pas de sport de combat en pro, mais j'ai fait du karaté et de la boxe dans le passé... Je pourrais, éventuellement, t'apprendre deux, trois trucs.

Sophie acquiesça de la tête, légèrement soulagée.

-Pourquoi tu souhaites apprendre à te battre ?

-Pour pouvoir me défendre, répondit-elle aussitôt.

-Pour faire en sorte de ne plus te faire frapper ?

Il faisait clairement allusion au bleu logé sur la joue de Sophie. Mais que répondre à ça ? Elle s'était faites frappée, oui, mais pas par un compagnon, ce n'était pas du tout ce qu'il croyait. D'ailleurs, elle ne savait même pas qui avait oser lever la main sur elle...

-C'est une longue histoire...

-Ça serait impoli de te demander qui a osé te faire ça ?

Sophie resta silencieuse un moment. Il n'allait pas la croire...

-Je ne sais pas.

Il fronça les sourcils.

-Écoute, je ne suis pas là pour te raconter ma vie.

Elle vit la femme de l'accueil les observer.

-Donc, reprit-elle, tu peux m'aider, oui ou non ?

Le jeune homme la fixa un instant. Elle semblait totalement sûre d'elle, elle semblait réellement avoir besoin de lui, alors serait-il honnête de sa part de refuser s'il était en capacité de l'aider ? Bordel, il n'y avait qu'une réponse possible.

-La question ne se pose même pas.


Le cours fut programmé le lendemain, du côté boxe de la salle, exactement au même endroit où Zayn l'avait entraîné il y a quelques semaines de cela. Deux heures de cours intenses que Sophie eu du mal à suivre tant les mouvements étaient fluides, rapides et précis. Par moment, Yann la laissait seul lorsqu'un client de la salle avait besoin de son aide pour une machine ou des conseils, ce qui laissait le temps à Sophie de souffler quelques minutes, puis ils repartaient de plus belle. Même s'il s'avérait que cela faisait quelques années que Yann ne pratiquait plus la boxe et le karaté, tous les mouvements lui revenaient peu à peu en mémoire, et ce fut avec joie qu'il montra divers mouvements à la jeune fille. Comme Zayn, il lui conseilla de ne pas rester statique, puisque cela la rendait plus vulnérable. Elle se devait d'être rapide, agile et devait frapper avec force. Le plus important n'était pas d'être musclé ou bien de faire un mètre quatre-vingt dix. Non, des hommes très musclés n'avaient pas plus de chance de gagner qu'un homme au physique quelconque. Bien sûr, ils avaient plus de force, mais si l'adversaire avait la technique, les muscles ne servaient plus à rien. Après tout, tout était une question de mouvements, de technique, d'agilité, et légèrement de force, c'était évident, mais tout n'était basé là-dessus. Ni sur les muscles.

Sophie, épuisée par les deux heures de cours, se laissa tomber sur les fesses et avala quelques gorgées de l'eau de sa bouteille. Yann prit place près d'elle tout en s'étirant les bras vers le plafond.

-Nous menons continuellement des combats dans la vie.

Sophie referma le bouchon de sa bouteille en regardant le jeune homme s'étirer.

-Tu ne penses pas ?

Il était évident que si. Tout le monde menait des combats, même si on ne le voyait pas directement. Et c'était bien pour cela qu'il fallait à tout moment être bon et respectueux envers autrui, parce que personne ne savait contre quoi se battait son prochain, absolument personne, hormis lui-même.

-C'est v...

Mais Sophie ne pu finir la fin de sa phrase lorsqu'elle cru voir un homme ressemblant à Zayn entrer dans la salle de sport. Lorsqu'il se tourna vers leur direction et que leur regard se croisa, le cœur de la jeune fille loupa un battement. C'était lui.

Zayn se dirigea rapidement vers eux, le visage fermé et les yeux rivés sur elle. Avec lenteur, Sophie se redressa sur ses deux jambes épuisées et tous deux se retrouvèrent aussitôt face à face, sans qu'aucun d'eux ne prononce la moindre parole. Il scruta sa joue, la mâchoire contractée.

Après un long moment de silence où tous deux se fixèrent droit dans les yeux, Yann se racla la gorge.

-Zayn... Commença-t-elle.

-Je ne pensais pas que tu me prenais autant pour un abruti.

-Quoi ? C'est pas le cas ! Mais...

-Je t'ai envoyé des messages, la coupa-t-il, et tu n'as répondu à aucun d'eux. À quoi tu joues là ?

-J'étais occupée !

-Occupée ? T'étais occupée à quoi, que je rigole ? Tu me prends pour un crétin ou quoi ? Tu viens pleurer pour que je revienne, et quand c'est le cas tu me zappes, mais t'as vraiment cru que j'allais toujours être là ? Que j'allais te courir après ?

-Mais je peux en placer une ou quoi !

-J'attends que ça, vas-y !

Zayn croisa aussitôt ses bras sur son torse, sans la quitter du regard. Elle l'avait pris pour un imbécile. Ça ne pouvait plus durer. Il en avait ras le bol qu'elle puisse le mener autant en bateau, ça devait s'arrêter.

-Écoute Zayn, commença Yann, c'est pas l'endroit propice pour se prendre la tête ici. Ça ne doit pas recommencer.

Le jeune brun ignora l'employé de la salle de sport et resta face à Sophie, les bras croisés, la rage montant crescendo en lui.

-Zayn... Reprit Yann en posant une de ses mains sur l'épaule gauche du jeune homme.

Zayn vira aussitôt violemment cette main et se tourna face à Yann, les poings serrés.

-T'as cru que t'étais qui, toi ? T'as pas autre chose à foutre que de nous écouter ?

Yann se braqua.

-Vas-y, dégage ! Reprit Zayn. T'as pas compris ce que je t'ai dit ?

Il avança vers Yann, les poings contractés, mais Sophie se rua aussitôt sur Zayn et le poussa du torse.

-À quoi tu joues, Zayn ? Arrête ! Il n'a rien à voir là-dedans !

-Dégage de là, crache-t-il.

Elle rua aussitôt le torse de coups alors il lui attrapa les deux poignets violemment, sans grande surprise. Tous deux se fusillèrent du regard, n'acceptant pas le geste de l'autre.

-Tu ne comprends vraiment rien ! Hurla-t-elle. Il est revenu l'autre abruti en smoking, il est revenu !

Elle sentit instantanément la poigne du jeune homme se desserrer de sa peau et vit en direct l'expression faciale de Zayn changer. Son visage se détendit légèrement. La haine avait diminué d'un coup. Ce n'était plus elle qu'il allait détester, mais bien ces hommes qui ne souhaitaient plus la laisser vivre en paix.

-Quoi ?

-Tu crois que c'est quoi ce que j'ai sur la joue ? Tu crois vraiment que c'est encore Alexy ? Tu crois vraiment que je retourne le voir ? Bon sang, tu comprends rien ! Ils  me laisseront jamais en paix ! Ils veulent notre peau !

Zayn jeta son regard sur Yann, qui fixait à son tour le jeune brun, et reposa immédiatement son regard sur Sophie.

-Viens.

-Non.

Elle vira les mains de Zayn de ses poignets et recula jusqu'aux côtés de Yann.

-Sophie, je ne rigole pas. On doit parler.

-Je ne bougerai pas tant que tu ne m'en diras pas plus. Maintenant.

La rage bouillonnait en Zayn. Il ne devait pas refaire un scandale dans cette salle, ça ne devait plus se reproduire. Il inspecta Sophie, Yann, puis reposa son regard sur Sophie, qui le provoquait du regard.

-Zayn, reprit Yann, on sait tous que tu...

-La ferme, toi !

Si Sophie n'avait pas été là, cela ferait longtemps qu'il se serait jeté sur Yann pour lui refaire la face, mais il se devait de maintenir son calme. Il ne pouvait pas se battre devant Sophie, c'était contre ses principes. Il décontracta lentement ses poings tout en inspirant lentement.

-Continuez à vous bécoter, je me casse.

Le jeune brun leur tourna le dos et se dirigea vers la sortie sans se retourner ni adresser un quelconque regard à Sophie. Le cœur serré, elle le vit s'éloigner et il disparut en se plongeant à l'extérieur.

Assise devant son bureau tout en jouant avec un crayon entre ses doigts, Sophie ne pu s'empêcher de refaire la scène de la salle de sport, plus tôt dans la journée. Voir Zayn aussi énervé lui avait fait mal. Jamais elle n'avait voulu lui faire croire qu'elle se moquait de lui, car c'était tout le contraire en réalité. Elle avait jugé bon de se prendre en main, et elle avait apparemment eu tord. Plus elle y repensait et plus son cœur se serrait. Comment avait-il pu s'en prendre autant à Yann ? Et comment avait-il pu croire qu'il y avait quelque chose entre elle et Yann ? Bon sang, Zayn pétait totalement un plomb. Et Yann qui lui avait demandé après s'il y avait quelque chose entre elle et Zayn. Pourquoi fallait-il toujours qu'on parle de couple lorsqu'un homme et une femme se côtoyaient ? Pourquoi Yann avait-il perçu de la jalousie dans les paroles et réactions de Zayn ? Sophie n'y comprenait plus rien. En plus, Yann avait parlé du fait que ça ne devait plus se reproduire, mais de quoi parlait-il ? Se connaissent-ils tous deux ?

En tournant sa tête vers sa fenêtre, Sophie sursauta. Alexy, accroché au rebord, la supplia d'ouvrir. Hésitante, elle se leva et se dirigea vers lui. Elle ne souhaitait pas le voir. Mais s'il chutait encore de cette hauteur ? La jeune fille ouvrit lentement sa fenêtre, et Alexy se faufila aussitôt à l'intérieur. Elle sentait qu'elle allait le regretter. Le faire entrer ici était une des nombreuses erreurs qu'elle commettait encore...

-Faut qu'on parle, ma Sophie.

Il se redressa en s'époussetant les épaules.

-Je n'ai rien à te dire.

-S'il te plaît...

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Alors, que pensez-vous de toutes ces réactions ? Celle de la femme rousse de l'accueil ? De Yann ? De Zayn ? Et Sophie, abuse-t-elle de la gentillesse de Zayn ? Le retour d'Alexy est-il souhaitable ? Dites-moi tout :)

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