6 heures auparavant, un avion atterrit sur la piste. Lucy desserra lentement sa main de l'accoudoir dans lequel elle avait planté ses ongles pendant presque la totalité du voyage. A côté d'elle Linda, poussa un soupir de soulagement. Devant et derrière, les garçons tapaient aux carreaux en bavardant joyeusement. Les fillettes regardèrent par le hublot et découvrirent le paysage. La piste, totalement goudronnée, s'étendait un peu et plus loin un avion était à l'arrêt. Mais derrière, on pouvait apercevoir que tout n'était que neige. Loin de ressembler aux aéroports des grandes villes anglaises, le petit aéroport de Enontekiö semblait sauvage.

Les participants au programme d'entrainement et leurs instructeurs se fondirent dans la "foule" pour récupérer leurs bagages puis grimpèrent dans une camionnette qui les conduit à un petit hôtel.

***

-Merde ! fit Anna tout en courant. Tu aurais pu éviter d'utiliser ton oreillette Max !

Les deux enfants sortirent de la zone de contrôle et les T-shirts noirs arrêtèrent de courir.

-Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Max.

-Je sais pas mais il faut qu'on trouve l'adresse de ce hangar.

-Elle est peut-être pas au poste de contrôle. Celui-là il est pour nous contrôler.

-T'as raison, il faut se mettre dans une situation réelle, réfléchit Anna. Et dans une situation réelle le poste de contrôle n'existe pas.

-Et ils ne perdent pas l'adresse, ils nous la donnent.

Soudain, Anna "s'exclama" à voix basse :

- Si on était en mission et qu'ils avaient perdu l'adresse, elles seraient dans des données protégées, mais pas contre nous, et dans le campus.

-Et donc...Il faut retourner au campus ?

-Je ne sais pas. dit Anna en perdant son enthousiasme.

-Mais c'est impossible ! C'est beaucoup trop loin. Et là, il faut vraiment qu'on se dépêche !

-Il faut un endroit qui serait comme le centre des missions.

-C'est l'enceinte de contrôle dont on vient de se faire jeter et qui est protégé par des T-shirts noirs !

-Il doit y avoir un moyen d'y entrer. Comment on entre dans le centre de contrôle des missions du campus ?

-Il faut un pass.

-Et bien, dans l'exercice il doit y avoir un "pass" pour entrer.

-Peut-être un mot de passe. Mais qu'est-ce que tu veux en faire ? Tu vas t'avancer tranquillement vers les T-shirts noirs en brandissant un drapeau, essayer tous les mots de passe que tu connais et attendre gentiment qu'ils t'ouvrent la porte ?

Anna ne répondit pas mais elle prit son ordre de mission et le feuilleta.

-Je suis sûr que là-dedans il y a le mot de passe.

-Et comment tu vas le trouver ?

-Il doit faire partie des choses mises en évidence.

-Il y en a beaucoup.

-Non, regarde là, le mot en gras, il est en italique alors que tous les autres mots en gras sont en écriture normale.

-Oui, donc tu penses que le mot de passe c'est Dolls ?

-Oui, j'en suis sûre. chuchota Anna.

-Même si c'est ça tu vas leur dire comment ?

-Il y a peut-être un endroit...

Max soupira mais se mit à marcher le long de la clôture. Il s'arrêta quelques mètres plus loin et appuya sur son oreille :

-Anna, viens voir ça !

-Quoi ?

-J'ai trouvé.

La petite fille arriva rapidement et découvrit se que Max observait : une clochette sur la clôture. Elle s'en saisit et la secoua. Un T-shirt noir arriva :

-Qu'est-ce que vous faîtes ici ?

-Euh, on est en mission et on aimerait entrer pour... commença Anna.

-Vous vous foutez de ma gueule ?! reprit le T-shirt noir.

-Euh, non, désolé mais on a le mot de passe et...

-Quel mot de passe ? s'énerva l'agent.

-Tu vois je t'avais dis. chuchota Max.

Mais sa coéquipière ne se laissa pas démonter et répondit :

-Dolls.

Le T-shirt noir soupira et leur remit des gilets jaunes :

-Tenez mettez ça ! Puis, il ouvrit la barrière. Anna lança un regard triomphant à son coéquipier puis enfila son gilet.

***

L'instructeur pestait encore contre le contretemps de l'avion qui leur avait fait perdre 7 précieuses heures. Evidemment, il avait supprimé le moment "détente des agents" pour les lancer directement dans la course d'orientation mais à 13 heures au lieu de 8. Il rejoignit le poste d'arrivée à bord d'un hélico et se prépara pour trois jours d'attente.

***

Hugo, recouvert d'une épaisse combinaison avançait dans le froid. Chacun de ses pas s'enfonçait dans l'épaisse couche de neige qui recouvrait le sol. Pourtant, lui et son coéquipier s'estimaient heureux : il n'y avait pas de tempêtes et la température ne descendait pas en-dessous de -15°.

Joshua consulta une carte et une boussole et entraina son coéquipier un peu plus loin en disant :

-Je pense qu'il faut aller par là, le point de passage est derrière une grande zone boisée et devant une montagne.

Hugo leva les yeux et aperçut une montagne derrière la forêt dans laquelle il commençait à s'enfoncer. Ainsi, ils ne s'étaient pas trompé en choisissant leur première direction.

Dans la forêt, ils découvrirent une rivière et décidèrent de pêcher. Hugo, ayant mieux suivi les cours de survie, prit le matériel en main et fit un trou dans la glace.

Après avoir attrapé quelques poissons ils les mirent dans un sac poubelle avec des blocs de glace pour les conserver et jugèrent qu'il était plus que temps de reprendre la route. Malheureusement, il se mit à neiger doucement. Joshua, qui avait mal refermé sa veste, sentit des flocons tomber dans son cou. L'eau glissa le long de son dos et le garçon se rétracta sous le froid. L'eau glacée continuait à couler sur sa colonne vertébrale tandis qu'il refermait son anorak :

-Bon sang, qu'est-ce que c'est froid !

-Non c'est vrai, on est en Laponie pourtant ! ironisa son coéquipier.

Les deux garçons continuèrent leur chemin puis sortirent enfin de la forêt. Ils scrutaient l'horizon à la recherche de leur objectif mais la neige empêchait d'y voir clair. Hugo avait l'impression que la neige était rose à un endroit. En regardant mieux, il aperçut un sorte de conteneur comme ceux sur les bateaux de marchandises mais rose fluo. Les deux amis s'approchèrent et découvrirent que le conteneur était surmonté d'un drapeau rouge symbolisant leur objectif. Quand Joshua essaya d'ouvrir la porte, il la trouva verrouillée. Il se mit à pester mais après quelques secondes de silence, son coéquipier rit.

-Quoi, qu'est-ce qu'il y a de drôle ? s'énerva Joshua.

-Pour une fois que ta drague va servir à quelque chose.

-Ma quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ?

-Tout à l'heure à l'hôtel, tu as essayé de draguer Linda, tu t'en rappelles ?

-N'importe quoi, mais ce n'est pas DU TOUT le moment de parler de ça.

-Si, enfin bref, à un moment tu lui as pris une épingle à chignon pour la faire rager et tu l'as mise dans ta poche et bien elle va nous servir à ouvrir la porte.

Joshua se démena pour enlever sa combinaison et accéder à ses vêtements sous les rires d'Hugo. Le pauvre Asker tremblait de froid et la neige qui venait fondre sur son corps n'arrangeait rien. Quand enfin, il trouva l'épingle, il la tendit à son ami qui l'introduit dans la serrure. Tout en se rhabillant, Joshua s'interrogea :

-Mais comment les autres ont fait alors ?

-Leur porte n'était sûrement pas fermée ou alors ils avaient autre chose.

La porte ouverte, Joshua se précipita à l'intérieur. Il alluma le gaz au maximum et retira ses gants pour se réchauffer.

-Mais économise le chauffage ! s'indigna Hugo tout en refermant la porte.

L'autre agent baissa alors la température au plus bas tandis qu'Hugo retirai sa combinaison pensant que le chauffage était modéré.

-Ca caille ! se plaignit l'agent.

-C'est toi qui m'a dit d'économiser ! protesta Joshua en retirant ses jambes de la combinaison.

Hugo s'approcha du chauffage en soupirant et modéra la température :

-Oui, mais ça ne veut pas dire de l'éteindre.

Depuis quelques années, les mesures de sécurité étaient renforcées. Chaque participant à la course d'orientation portait une montre qui disposait de la géolocalisation. Toutes les deux heures, ils devaient presser un bouton vert pour signaler que tout allait bien. En cas de problème, c'était le bouton rouge et deux coups sur le bouton vert indiquait qu'ils étaient arrivés à l'abri sans encombre. Les deux garçons consultèrent leur montre qui indiquait la température de leur corps :

-36,5° annonça Hugo et toi ?

-36,8°

-Parfait, répondit Hugo tout en pressant deux fois le bouton vert de sa montre. Tu crois que ceux qui font leur dernière épreuve dans le désert doivent prendre leur température ?

-Non, je crois que leur montre indique leur taux d'hydratation, quelque chose comme ça.

Tout en parlant, ils retirèrent leurs vêtements pour ne garder qu'un pantalon et un T-shirt. Ensuite, les deux recrues étendirent leurs gants et leurs combinaisons au-dessus du radiateur et suspendirent leur manteaux aux barres de la porte afin qu'ils sèchent.

Après s'être occupés du matériel et du dîner, les garçons prirent les enveloppes posées sur le bureau et en sortirent leurs ordres de mission. Celui d'Hugo était rédigé en grec et celui de Joshua en russe. Heureusement, Hugo était plutôt bon élève et Joshua était prévenu que les ordres de mission étaient rédigés en langue étrangère. Il s'était donc appliqué à suivre le cours de russe.

Après analyse, ils en conclurent que leur prochain objectif se situait à 34 kilomètres et qu'ils devaient l'atteindre avant 15 heures, le lendemain. Ils découvrirent aussi les mots "chiens" et "traîneau" mais ne virent ni l'un, ni l'autre dans le refuge. Comme ils ne pouvaient pas marcher de nuit, ils disposaient de 6 heures pour atteindre leur objectif et cela leur semblait possible mais il ne fallait pas perdre de temps.

***

Le lendemain matin, les deux garçons furent réveillés par des aboiements. Hugo enfila ses vêtements et constata qu'ils étaient secs mais que le chauffage lui, était presque vide. Il baissa la température du gaz tandis que son ami revêtait sa combinaison étanche et préparait le petit-déjeuner.

Hugo sortit de l'abri et découvrit un traîneau auquel était attaché six robustes chiens. Il ramassa de la neige dans un seau puis referma la porte :

-Joshua, je crois que j'ai trouvé les chiens et le traîneau.

-Hein ? Qu'est-ce que tu racontes ?

-On a pas rêvé. Dehors, il y a des chiens et ils sont attachés à un traîneau. Je crois qu'on doit les utiliser.

Joshua saisit une lampe torche puis se glissa à l'extérieur de l'abri. Pendant ce temps, son coéquipier fit fondre la glace et la rendit potable avant de terminer le repas.

-Le traîneau est solide, les chiens ont l'air fort et ils peuvent facilement nous traîner. Je pense qu'on mettra le matos dessus dans les montées et qu'on montra avec autrement. fit Joshua de retour.

-Ca me semble une bonne idée. Il nous reste un quart d'heure avant le lever du soleil. Mange puis on s'occupera du reste après. répondit Hugo en saupoudrant le repas de glucose en sachet pour plus d'énergie.

-Le problème c'est que je n'ai jamais conduit de chiens de traîneau.

-Je suis sûr que l'ordre de mission dit quelque chose là-dessus.

Tout en mangeant, ils analysèrent plus profondément les feuilles et comprirent que les chiens étaient nourris et n'auraient besoin de rien pendant le trajet. Pour les diriger, les garçons craignaient de ne pas avoir bien compris. Apparemment il fallait dire "dji" pour aller à droite et "Yap" pour aller à gauche. Pour démarrer, il fallait s'appuyer sur une poignée et pour s'arrêter, mettre ses pieds sur les côtés.

Au lever du jour, les garçons étaient prêts à s'occuper du matériel. Ils déposèrent leurs sacs et tout l'équipement dans le traîneau puis recouvrirent le tout d'une bâche. Ils sanglèrent tout le chargement puis Joshua grimpa à l'arrière du traîneau pour effectuer un test.

-C'est drôle, les instructeurs ne nous ont pas joué de mauvais tours. se méfia Hugo.

-Hein ? Et la porte clenché hier ? protesta son camarade.

-Ah oui, mais ce n'était pas très grave ça.

Un sourire étira les lèvres d'Hugo alors qu'il se rappelait de la scène. Il se retint de rire.

-Tu rigoles ! J'ai dû me déshabiller sous -10°. se plaignit son coéquipier.

-Bon, vas-y ne perdons pas de temps. répondit Hugo en souriant.

Joshua appuya alors tout doucement sur la poignée mais rien ne se passa. Il donna alors un grand coup et les chiens se mirent instantanément à courir. Déséquilibré, Joshua fit un vol plané et atterrit dans la neige tandis que les chiens emportaient le traîneau. Hugo était plié de rire.

-Le traîneau ! s'étrangla Joshua, le nez dans la neige.

Hugo sembla se réveiller et se mit à courir derrière les chiens sans cesser de rire. Joshua le rattrapa rapidement et tous deux se précipitèrent vers le traîneau. Joshua se jeta au sol et réussit à appuyer sur un des dispositifs d'arrêt. Le traîneau ralentit et Hugo appuya sur l'autre dispositif ce qui l'immobilisa complètement. Quand Joshua se releva, du sang coulait le long de sa joue :

-Je me suis mangé le traîneau.

***

Les six chiens traînaient rapidement le traîneau sur la neige. Le matériel était toujours recouvert d'une bâche orange mais il ne restait que deux sangles. A l'emplacement de la troisième se trouvait une grosse corde. Peu après leur départ, la sangle avait lâché et une partie du matériel s'était dispersé dans la neige. Les deux garçons avaient constaté que la sangle avait été sabotée. Cet énième coup des instructeurs leur avait fait perdre 10 minutes supplémentaires après leur mésaventure avec les chiens. Hugo était debout à l'arrière du traîneau et Joshua se tenait à côté de lui un bandage sur le nez.

Ils avançaient vite, depuis deux heures qu'ils étaient partis, ils avaient parcouru environ 14 kilomètres et il leur restait 3 heures 30 avant que le temps ne soit écoulé.

-Tu crois qu'il va se passer quoi quand on sera là-bas ?

-Je ne sais pas mais il nous restera un objectif et un jour.

-A mon avis ils nous ferons marcher de nuit !

-On verra bien mais comme on aura pas besoin de trop se reposer en arrivant là-bas c'est probable qu'ils nous fasse suer après.

******** NDA***********

Chapitre 16 modifié !

J'espère que ça vous a plu, donner moi votre avis. Vous imaginez le petit Joshua qui se retrouve dans la neige ? A votre avis, que va pensez son parrain James ? Et est-ce que Anna et Max vont gagner ?

J'espère que vous avez passé un bon Noël et je vous souhaite une très BONNE ANNÉE 2016 ! <3 :D