14 - Any means necessary
Hello ! ^^
La notif de la semaine dernière a fait des siennes. Vérifiez que vous soyez à jour juste au cas où... :)) Bonne lecture <3
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Jungkook ne tarda pas à réagir aux bruits. Jimin se demanda vaguement si c'était la première fois qu'il était interrompu par des visiteurs inattendus et ce qui était arrivé aux précédents mais la réponse devint vite évidente. L'idol attrapa un chiffon, le fourra dans la bouche de Wang et le scotcha avant qu'il n'ait pu crier à l'aide. Dommage pour le chanteur chinois, s'il n'avait pas été aussi affaibli par ses blessures, il aurait peut-être pu réagir plus vite et ainsi pu alerter quelqu'un.
« Nous avons de la compagnie ~ » dit le Golden, l'air amusé.
Ses yeux brillaient dangereusement. Il s'était retenu de tuer Wang mais il n'y avait aucune raison d'épargner ces intrus.
D'après les rires et les cris surjoués qu'ils entendaient, il était évident que ce n'était pas des policiers, ce qui rassura Jimin. Peut-être des adolescents en quête de frissons et qui finiraient par obtenir plus que ce qu'ils avaient espéré en venant ici.
« Petite souris, prends soin de Wang en mon absence, tu veux ? » demanda Jungkook en attrapant sa batte de baseball colorée.
L'arme mortelle avait été personnalisée avec des peintures fluo au néon ainsi que deux lames tranchantes de chaque côté. Un coup de massue sur la tête et c'était le repos éternel. Jimin fixait l'arme. Qui que pouvaient être ces gens, ils n'allaient plus rire très longtemps. Il hocha ensuite la tête avec empressement.
« Tu peux compter sur moi. »
Jungkook lui confiait quelque chose, il n'allait pas le décevoir.
L'idol lui sourit puis fit un clin d'œil à Wang Lei.
« Tu ferais mieux de bien te comporter ~ » l'avertit-il
Wang gémit malgré le visage amical qu'affichait l'idol, bien conscient de la douleur qu'il pourrait lui infliger s'il désobéissait. A ce stade, il ne voulait juste plus souffrir. Peut-être même que l'espoir d'une mort rapide dépassait sa volonté de survivre.
Jimin observa Jungkook disparaître dans le couloir sombre, la démarche assurée.
Il n'y avait plus que lui et Wang maintenant. Jimin se tenait à côté de l'homme attaché, faisant de son mieux pour ne pas le regarder. Il détestait la façon dont il pouvait sentir le chanteur chinois le fixer, le suppliant silencieusement.
Comme si Jimin allait sacrifier tous ses efforts pour la vie d'un étranger...
« Je ne vais pas t'aider... » marmonna-t-il.
Cet homme était peut-être innocent - même si personne ne l'est vraiment - mais cela n'avait pas d'importance. Il avait été choisi, on ne pouvait rien y faire. De plus, il en savait trop pour vivre.
« Hmm hmm ! » ses tentatives étouffées de parler sonnaient comme un plaidoyer.
La curiosité eut raison de Jimin. Il finit par jeter un œil à l'homme qui avait attiré l'attention de Jungkook. De toute évidence, il n'allait pas bien du tout mais, malgré la douleur sur son visage, il restait bel homme. Avec un physique comme le sien, Jimin pensa que les cris devaient être nombreux lors de ses concerts mais il était tout de même bien loin de la magnificence de son idole adorée. Wang était plus dans le genre mignon, comme un petit chiot.
Jimin remarqua que Jungkook avait laissé certains de ses couteaux là où il les avait plantés, probablement pour éviter que Wang perde trop de sang. Il ne fallait pas que sa victime tombe dans les pommes.
Etonnamment, Jimin ne ressentait pas de culpabilité. Néanmoins, il avait pitié de l'homme face à lui. C'était dommage qu'ils aient été interrompus, Wang souffrait plus que nécessaire.
« Ce sera bientôt fini. » tenta-t-il de rassurer la victime.
Sauf que Wang ne voulait pas que ce soit fini, il ne voulait pas non plus être réconforté. Il voulait juste vivre tout compte fait, comme tous les autres avant lui.
« HHMMM ! » gémit-il, désespéré.
La sympathie de Jimin s'éveilla, il n'était pas du genre cruel. Pourtant, il comprenait que la douleur soit parfois nécessaire. C'est un outil merveilleux qui peut faire plier les esprits les plus forts, les briser en morceaux comme du verre ou bien forger les plus faibles comme le fer. Personne ne veut subir la douleur volontairement, mais ceux qui l'ont subie ne peuvent nier en avoir tiré quelque chose. Le Golden en était un bel exemple, perdant les membres de son groupe pour renaître en tant qu'artiste solo. Un mal pour un bien.
La souffrance de Wang était nécessaire. Les gens portent leurs masques si longtemps qu'ils ne savent même plus comment les enlever. Ils se regardent dans le miroir et pensent voir leur vrai visage. Comment peut-on se rendre compte que c'est un mensonge quand on y croit ?
Les masques doivent être arrachés avec force pour révéler la vérité derrière. Les gens s'y accrochent avec toute leur détermination, comme si leur vie en dépendait car cela définit leur réalité. Peur de montrer toutes les choses cachées sous la masse de mensonges qu'ils se racontent. Le déni.
Jimin savait parce qu'il avait été dans le déni aussi dans le passé, peut-être qu'il l'était encore un peu. C'est pourquoi il gardait son secret. Une partie de lui-même tenait le masque pour se protéger, refusant de le lâcher, le dernier morceau de bon sens de sa vie, le mensonge auquel il s'accrochait afin de garder la raison.
Il est difficile d'admettre que personne n'est vraiment bon ou mauvais dans ce monde, surtout quand il s'agit de nous-mêmes, mais c'est pourtant la vérité. Les bonnes personnes ont des raisons d'être ainsi et ces raisons sont souvent mauvaises, l'égoïsme entachant la générosité.
D'un autre côté, les gens qui sont mauvais ont généralement de bonnes raisons de l'être. C'est pourquoi nous pouvons tous nous identifier au méchant dans les films et que nous avons parfois l'impression que le héros est hypocrite.
C'était peut-être ce que signifit être fou dans ce monde, accepter la partie sombre à l'intérieur au lieu de la combattre, être honnête avec soi-même, peu importe à quel point cela semble terrifiant. Jimin admirait Jungkook pour cette raison, il ne mentait à personne mais, plus important encore, il était fidèle à lui-même. Fier de son côté le plus obscur, le nourrissant au lieu de prétendre qu'il n'existait pas.
Jimin ne voulait pas accepter qu'il était comme sa mère parce que tout le monde avait voulu la soigner. Ces mensonges véhiculés par les thérapeutes qui avaient bercé Jimin lorsqu'il était enfant étaient devenus sa réalité. Quelque chose n'allait pas avec sa mère et, finalement, cela signifiait que quelque chose n'allait pas avec lui également.
Ils ne voulaient pas laisser pousser cette fleur et l'étouffait dans l'œuf avant même que quelque chose de laid n'éclose.
Cependant, en regardant son idole, Jimin ne pouvait s'empêcher de penser qu'il n'y avait rien d'hideux là-dedans, bien au contraire. Toutes les fleurs ne sont pas censées fleurir sous le soleil, certaines prospèrent dans l'obscurité fraîche de la nuit, sous la lueur bleutée de la lune.
Quoi qu'il en soit, les fleurs - tout comme les humains - sont vouées à mourir un jour ou l'autre. Les pétales les plus faibles fanent en premier, alimentant le sol pour que les autres poussent. Le malheur des uns fait le bonheur des autres.
La société humaine n'est pas différente ; devant son besoin d'esthétique, elle cache la pourriture sous une couche de paillettes. Encore une fois, Jungkook était un exemple parfait, tout comme l'industrie de la K-pop. On peut se laisser berner par la beauté du jardin, mais c'est un monde cruel et impitoyable.
Wang ne pouvait-il pas se rendre compte de la faveur que lui faisait Jungkook ? Il n'aurait pas à attendre la mort dans ce jardin comme les autres fleurs parce que Dieu l'avait cueilli et allait le mettre dans un vase pour le rendre éternel. Art intemporel.
Les chansons que Jungkook faisait avec leurs cris touchaient toujours l'âme des gens, chuchotant des mots doux à leur côté sombre. C'est pourquoi tant de fans étaient restés à ses côtés, il n'y avait pas un seul autre artiste qui faisait des chansons comme les siennes.
Hybe Entertainment avait besoin d'ouvrir les yeux.
Jimin ne pouvait pas libérer Wang physiquement, mais peut-être pourrait-il apaiser son esprit, l'aider à accepter son destin plus facilement. L'espace d'un instant, il oublia que les autres ne pouvaient pas comprendre. Une fleur de lune qui s'épanouit la nuit ne voit pas le monde de la même façon qu'un tournesol.
« Tu sais, peu le voit de si près. » Il répéta les mots de Jungkook.
Wang ne vivra peut-être pas pour s'en souvenir, mais il était témoin de quelque chose d'unique et de merveilleux : le vrai Jungkook. Le chanteur chinois était un fan du Golden lui aussi, Jimin espérait donc qu'il trouverait du réconfort là-dedans, tout comme lui.
« Je sais que tu souffres en ce moment, mais c'est agréable de crier à pleins poumons, non ? Tu ne te sens pas émotionnellement soulagé ? C'est libérateur de ne pas avoir à faire semblant, ne pas cacher ses émotions. Tu peux mourir en étant toi-même si tu lâches prise. » essaya-t-il de le convaincre, mais il réalisa ensuite que ça sonnait un peu hypocrite puisqu'il ne le connaissait pas vraiment. « Tu dois penser que c'est facile pour moi de dire ça, mais j'ai été sur une chaise comme toi une fois, devant les lames tranchantes de Jungkook. Une mort par ses mains... Je ne peux pas rêver d'une meilleure issue. »
« Hhm... hm. » gémit Wang.
Ses yeux étaient légèrement écarquillés alors qu'il écoutait Jimin, la réalité le frappant de plein fouet. Ce garçon n'avait jamais été forcé à faire quoi que ce soit comme il l'avait d'abord supposé, tous ses espoirs de l'influencer s'évanouirent alors. Jungkook et Jimin étaient dans leur propre monde.
Le chanteur chinois frissonna et détourna les yeux du sasaeng. Jimin reconnut son expression : jugement, dégoût.
Est-ce que toutes les victimes passées de Jimin le regarderaient de cette façon si elles savaient que c'était lui qui les avait blessées ? Ils penseraient sans aucun doute que quelque chose ne tourne pas rond chez lui.
Rien n'allait avec les intimidateurs qui le harcelaient ou bien avec les professeurs qui détournaient le regard de sa souffrance mais, d'une manière ou d'une autre, c'était chez Jimin que quelque chose n'allait pas ?
« Je ne suis pas fou ! » cria-t-il sur Wang, lui faisant tourner la tête vers lui, les yeux écarquillés de peur cette fois.
Le chanteur chinois se méfiait de lui. Après tout, ce garçon suivait ce monstre d'idol...
« Je l'aime, c'est pour ça que je suis ici, mais vous ne savez pas ce qu'est l'amour inconditionnel. » renifla Jimin. « C'est vrai, je ne suis pas comme ces fans qui crient son nom uniquement lorsqu'il se comporte de manière cool et attentionnée. Je ne l'aime pas à cause de son apparence, de sa célébrité ou de ce que je peux obtenir de lui. Je peux dire que je l'aime quand son visage est maculé de sang, même si c'est du mien dont il s'agit. »
Jimin haleta à ses propres mots avant qu'un éclat de rire incontrôlable ne lui échappe. Il mit une main sur sa bouche, faisant de son mieux pour se taire malgré les larmes qui remplissaient peu à peu ses yeux.
Oh non, j'ai l'air taré, réalisa-t-il. Eh bien, je suppose que ce n'est pas si grave.
Sa santé mentale était comme un parcours de dominos que Jungkook avait renversé, tombant maintenant les uns après les autres car une vérité à laquelle vous ne croyez plus n'est rien de plus qu'un mensonge.
Peu importait ce qu'ils pensaient de Jimin, tous, le sasaeng n'avait besoin que de Jungkook. Que les autres aillent pourrir en enfer.
Jimin aimerait Jungkook quoi qu'il arrive, même si ce n'était pas réciproque, malsain et déraisonnable. Tout comme son père avait aimé sa mère.
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« Tu sais ce qu'est l'amour inconditionnel, chéri ? »
Le jeune Jimin avait fait non de la tête. Il n'avait que 6 ans, comment aurait-il pu le savoir ?
« J'aime ta mère de cette façon. Peu importe ce qu'elle fait. » lui expliqua son père.
« Mais elle t'a blessé. » Jimin fit la moue.
« C'était de ma faute, je l'ai inondé de trop de lumière. Ses ténèbres étaient menacées, j'aurais dû être plus attentif... » dit-il avec regret.
Le père grimaça, changeant pour une position plus confortable sur le lit d'hôpital, la douleur lisible sur son visage. Jimin se demanda si c'était à cause de la peine dans son cœur ou de sa blessure.
« Je ne comprends pas... » marmonna-t-il aux mots compliqués qu'utilisait son père.
Ce dernier s'expliqua à nouveau, patient, comme toujours.
« Tu vois, il y a un monstre à l'intérieur de maman. Nous en avons tous un, mais le sien est plus gros. Elle doit le nourrir pour survivre. »
Le petit Jimin fronça les sourcils. Ça avait plus de sens et, en même temps, pas vraiment.
« J'ai un monstre aussi ? » demanda-t-il innocemment.
« Oui, tu en as un, moi aussi, tous les humains en ont un. Tu sais, quand tu t'énerves parce que tu as faim, quand tu es en colère contre les enfants qui ont cassé tes jouets, quand tu fais une crise... Chaque fois que tu es en colère, jaloux ou égoïste, c'est ton petit monstre. Il veut juste que tu vives et que tu sois heureux, et il est prêt à tout pour ça. » expliqua-t-il en essayant de faire simple.
Sa femme était en fait traumatisée, mais ce n'était pas quelque chose que son enfant pouvait comprendre. Le traumatisme avait créé un mécanisme de défense, blesser les autres avant de se faire blesser. Madame Park avait peur que cet amour parfait qu'elle vivait ne l'affaiblisse, qu'elle devienne complaisante, une proie facile pour ceux qui lui voudraient du mal. Si elle laissait le monstre s'en aller, alors qui la protégerait ?
C'était la seule chose qui l'avait sauvé à l'époque ; pas la police, pas le système. Elle devait se préserver. Le père de Jimin voulait seulement l'aider à guérir mais elle n'était pas prête. Après des années en paix, elle avait replongé et son mari s'en blâmait.
« Alors c'est le monstre de maman qui t'a poignardé ? » demanda Jimin, commençant petit à petit à comprendre.
Son père acquiesça.
« Mais pourquoi ? Tu ne rends pas maman heureuse ? » voulut-il alors savoir, confus.
« Si, mais elle a peur. Son monstre a peur que je ne puisse pas l'aimer lui aussi. »
« Mais c'est le cas... »
« Oui, c'est ça l'amour inconditionnel. » conclut-il. « Je ne peux pas te demander la même chose mais, s'il te plaît, ne la déteste pas. Elle t'a dit ces choses terribles parce qu'elle t'aime... »
Le petit garçon sanglota en se rappelant les nombreuses insultes de sa mère, le cœur lourd de culpabilité alors qu'il n'avait rien fait pour mériter un tel traitement.
« Elle a dit que j'étais inutile... renifla-t-il. Que j'étais un idiot et une perte de temps... » répéta-t-il sans prendre la peine d'essuyer ses larmes.
« Elle a dit ces choses pour te protéger, Jimin. Parce que maman a souffert, et elle a peur que tu souffres aussi. Que les gens profitent de ta naïveté et te rejettent. Elle veut que tu sois fort et intelligent pour que tu ne deviennes pas une victime. »
Le visage de l'enfant s'éclaira lentement, bien sûr que maman ne le détestait pas ! Jimin avait toujours su que ce n'était pas possible, même son monstre tenait à lui, à sa manière.
Jimin avait alors souri.
« Alors j'aimerai aussi le monstre de maman ! »
Mais Jimin ne pourra jamais tenir sa promesse car sa mère n'aura plus jamais la permission de s'approcher de lui. Pas après qu'elle ait terminé ce qu'elle avait commencé avec son mari...
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La thérapeute secoua la tête.
« Non, Jimin, c'est une sorte d'amour destructeur. Nous devrions toujours être conscients des défauts des gens, non pas les ignorer. »
« Je ne suis pas sûr de comprendre. »
Jimin n'avait que 8 ans, comment aurait-il pu ?
« Ton père aurait dû demander de l'aide médicale pour ta mère, mais il ne l'a pas fait. Il pensait que c'était l'aimer que de l'accepter telle qu'elle était... » soupira-t-elle.
« Pourquoi je ne peux pas voir maman ? »
« Parce qu'elle va te faire du mal, Jimin. » déclara la thérapeute.
« Mais est-ce que c'est grave si elle le fait pour mon bien ? »
La femme soupira à nouveau en prenant des notes, l'enfant avait besoin de plus de séances de thérapie qu'elle ne l'avait d'abord pensé. Il semblait que sa mère n'était pas la seule mauvaise influence du foyer. Le père ne vaut pas mieux... pensa-t-elle.
Après cela, l'intelligent petit Jimin comprit qu'ils n'accepteraient jamais sa réalité, ils voulaient seulement lui imposer leur point de vue. Ils penseraient toujours que c'était mal et continueraient d'essayer de changer sa façon de penser. Jimin ne voulait pas finir comme sa mère, enfermé dans un endroit froid, seul, qualifié de dingue.
Jimin hocha la tête à tout ce qu'on lui disait, même s'il n'était pas d'accord au fond. Il accepta de porter le masque qu'on lui demandait de porter pour sa liberté, pour se fondre dans la masse. Honnêtement, Jimin avait fini par s'y perdre à un moment donné, au milieu des cachets, des séances de thérapie et de sa nouvelle famille. Oublier le mensonge au quotidien était facile, mais les mots de son père ne le quittaient jamais vraiment, refaisant surface de temps en temps.
Ne deviens pas une proie. Sois plus intelligent. La douleur te rendra plus fort, elle nourrira ton monstre.
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Bruit de pas. Le corps entier de Jimin se figea lorsqu'il entendit clairement quelqu'un marcher vers eux à la hâte. Jungkook ne serait pas si pressé de revenir.
« Yoosung ? T'es là ? Allez, c'est pas drôle ! » se plaignit une voix tremblante et masculine, au loin, cherchant apparemment un ami.
Il semblait apeuré mais pas paniqué, ce qui signifiait qu'il n'avait pas croisé le Golden sur sa route. La voix insidieuse du doute murmura des absurdités à l'oreille de Jimin. Jungkook avait-il évité les intrus pour l'abandonner ici ? Était-ce un autre test ? Voulait-il l'utiliser comme bouc émissaire afin de continuer ses tueries en paix ?
Ça ne peut pas être ça, imbécile, se dit Jimin. Jungkook ne lui ferait jamais ça. Le blesser probablement, le tuer peut-être, mais l'abandonner ? Certainement pas.
Jimin réagit rapidement, laissant ses doutes derrière lui. Son idole lui avait confié une mission et il comptait bien le rendre fier. Il éteignit alors les projecteurs, plongeant ainsi le gymnase dans une semi obscurité. Il se faisait tard dehors et les derniers rayons du soleil couchant ne suffisaient pas à illuminer l'endroit.
Jimin quitta Wang pour attraper les couteaux de lancer avec lesquels Jungkook l'avait visé. L'un était sur le sol, la lame tachée de son sang, l'autre qui l'avait raté de peu avait atterri sur une planche de bois à quelques mètres derrière.
Le gymnase était rempli de déchets oubliés, tous poussés contre les murs pour tenter de gagner de l'espace. C'était la première chose que Jungkook avait fait en trouvant cet endroit.
Jimin ramassa les couteaux et se cacha juste à côté de la porte, le corps plaqué contre le mur pour ne pas être vu par l'intrus qui n'allait plus tarder. Non seulement Jimin était dans un angle mort mais il savait en plus que quiconque entrerait dans la pièce serait immédiatement attiré par la victime attachée au milieu, n'ayant en plus aucune raison de regarder dans leur dos.
Son cœur battait à cent à l'heure, l'adrénaline créée par l'attente emplissait ses veines. Il se sentait à nouveau comme un enfant, jouant à cache-cache en retenant son souffle. Jimin était confiant dans sa capacité à se cacher. Les nombreuses fois où il l'avait fait de sa mère furent un excellent entraînement. Encore une chose qu'il devait à son monstre.
Wang s'agitait, sa respiration devenait bruyante alors qu'il essayait désespérément d'happer l'air par son nez. Il fixait l'intrus, voyant à peine les contours de sa silhouette dans le noir, les yeux pleins d'espoir. Quelqu'un venait-il le sauver ? Est-ce que le psychopathe s'était fait arrêter dehors ?
Le faisceau d'une lampe de poche illumina l'entrée de la pièce, aveuglant Wang alors que les pas devenaient plus clairs, faisant écho dans le grand gymnase. Ce n'était définitivement pas Jungkook.
« Yoosung ? » demanda l'intrus avec hésitation, comme s'il était prêt à s'enfuir de l'école à toute jambe.
« Hm ! Hmm ! Hmmm ! »
Wang luttait du mieux qu'il pouvait contre ses entraves pour attirer l'attention de l'étranger.
« Qu'est-ce que... ?! »
L'intrus faillit laisser tomber sa lampe de poche en voyant le pauvre chanteur ensanglanté et dont les yeux étaient rougis par les larmes.
« Putain de merde, tiens bon ! Je vais t'aider ! »
La première chose qu'il fit fut d'essayer de libérer la bouche de Wang en saisissant délicatement le coin du ruban adhésif afin de ne pas le blesser davantage. Le chinois le suppliait désespérément de se dépêcher, sachant que quelqu'un se cachait à proximité. Honnêtement, il se moquait bien de la douleur que le scotch pouvait lui causer.
Jimin savait qu'il devait agir rapidement avant que Wang ne puisse parler de lui. Il se rapprocha alors sur la pointe des pieds, évitant habilement les décombres. Les yeux de Wang s'écarquillèrent, remarquant son approche, un ange de la mort planant dans le dos de l'intrus. Il tenta de bouger la tête, la pointant du mieux qu'il pouvait dans la direction de Jimin afin d'en avertir l'homme.
« Ça vient, ça vient. » cracha l'intrus sous la pression, les mains tremblantes. « Bordel, mais qu'est-ce qui t'est arrivé, mec ? » Il se le demandait plus à lui-même qu'autre chose.
Avec détermination, il attrapa fermement le coin de la bande et l'arracha avec force, les deux hommes grimacèrent de douleur.
« Derhm wa ! »
Wang essaya de l'avertir en panique, mais le morceau de tissu dans sa bouche l'empêchait d'articuler correctement. Il le recracha alors précipitamment.
« Quoi ? »
« Derrière toi !! » cria-t-il.
Une fine lame traversa soudainement la chair tendre du cou de l'intrus, si silencieusement que cela enleva presque toute violence à l'acte. Jungkook gardait ses couteaux tranchants comme des lames de rasoirs, nota Jimin. Cela avait été si facile.
Le jeune homme était à moitié tourné vers Jimin, il semblait avoir à peu près son âge voir un peu plus jeune. Son expression montrait de la douleur, de la peur, de la surprise et de la confusion. Il plaqua sa main vers la blessure sur son cou presque immédiatement, la bouche grande ouverte mais muette, regardant Jimin avec horreur, la lampe torche dirigée vers son visage. Un garçon pâle avec des cheveux noirs qui tombaient sur ses yeux, du sang sur sa manche... Un fantôme ?
Ses yeux roulèrent dans leurs orbites, rapidement drainé de sa force à cause de la perte de sang. La lampe de poche tomba sur le sol, rebondissant plusieurs fois sans se briser. Le jeune homme chuta peu après, s'effondrant au ralenti. Jimin le regarda mourir dans un silence respectueux, la lumière de la lampe torche dirigée vers la scène comme pour qu'on la regarde.
Les seuls bruits étaient ceux des ongles s'agrippant au sol comme s'ils s'accrochaient à la vie elle-même suivis des petits halètements étranglés. Puis il y eut le silence. Même Wang n'osait prononcer un mot, peut-être s'était-il évanoui face à ce spectacle.
Bien que cela lui faisait de la peine de tuer, cela avait été nécessaire. Jimin ne pouvait permettre à aucun d'eux de s'échapper après ce dont ils avaient été témoins. Il protégerait Jungkook, qu'importe le prix.
Jimin ne ressentit aucune culpabilité ni regrets cette fois, seulement une sensation d'être fort, en contrôle et anormalement calme. Il pouvait le faire, il pouvait tuer si c'était pour Jungkook.
Ce n'était pas la première fois et ce ne serait pas la dernière.
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