{ dernière partie du chapitre premier }

Affolée, anxieuse, elle m'ordonna de la suivre sans poser de question. On descendit les escaliers à vive allure. Mon père se tenait devant la porte d'entrée, lui aussi ne semblait pas être dans son état normal – quelque chose ou du moins quelqu'un les terrifiait.

-          Je reste ici, toi prends June et sors par la porte de derrière, murmura Tom à ma mère.

Elle m'empoigna le bras, et me tira violemment à travers toutes les pièces de la maison. Comme prévu, nous sortîmes par l'ouverture de derrière. Ma mère ne me regardait pas, elle ne me parlait pas, elle n'avait pas l'air de vouloir me raconter ce qu'il se tramait et ne prenait pas la peine de me rassurer. Je n'y comprenais rien !

     Je me retrouvai une nouvelle fois dehors. Cette fois-ci ce n'était pas dans mon jardin, mais dans une allée interminable. Je désirai prendre plaisir de ce moment si exceptionnel à mes yeux, mais je n'y arrivais pas - l'impassibilité de ma mère m'intriguait tellement que même ma respiration en fût coupée.

     Main dans la main nous courrions, encore en pyjama, dans l'allée principale. L'obscurité accompagnée d'un silence angoissant s'étendait sur toute la ville – les personnes normales dormaient à cette heure-ci. Peu à peu la frayeur et l'appréhension nous gagnaient – ma mère plus que moi. Je ne cessai de la fixer, sûrement en quête d'un sourire, mais je ne vis que ces yeux se remplir d'effroi.

     On venait de sortir des quartiers huppés. Une étendue de bâtiments se trouvait devant nous lorsque soudain, on s'arrêta enfin de courir. Éreintée de la course que ma mère venait de m'imposer, je reprenais doucement ma respiration.

-          June, je dois te laisser pour retrouver Tom et Julien.

-          Je ne comprends rien...

-          Ne m'interromps plus s'il te plaît, reprit-elle en haussant légèrement le ton, maintenant tu ne dois compter que sur toi. Des hommes sont à ta poursuite, ils veulent te tuer. Cours, sème-les ! Et surtout ne fais confiance à personne. Tu y arriveras, ajoute-t-elle en me caressant une dernière fois la joue – certainement en guise d'adieu.

-          Mais où dois-je me rendre ?

Elle venait d'ignorer ma question. Je restai inerte en l'observant s'éloigner de moi à toute allure. Dans sa fuite, ma mère ne s'était pas retournée une seule fois – je constatai qu'elle était sûre de ce qu'elle était en train de faire. Plusieurs minutes s'écoulèrent, et je n'arrivai toujours pas à m'en remettre. Angella, ma mère venait de m'abandonner – était-ce une blague idiote que l'on me faisait pour mon anniversaire ? Peu importe, j'étais seule, insouciante du danger qui me guettait.

-          Elle est là-bas ! Hurla la voix rauque d'un homme qui se tenait à une centaine de mètres de moi.

Huit inconnus, tous occultés derrière de longues blouses noires, m'observaient attentivement avant d'engager une course poursuite. Instinctivement, je courus le plus vite possible dans la direction opposée – ma vie en dépendait et je l'avais bien compris. Apeurée, je traversais ce labyrinthe de rues désertes et enneigées.

     Ils se rapprochaient de plus en plus de moi, j'arrivais à discerner leurs terrifiantes voix. Mes forces diminuaient, les leurs augmentaient. J'entendais les échos que les rues désertes produisaient – les hommes se réjouissaient à l'avance de ma capture.

     Je tournai subitement dans une ruelle, en espérant pouvoir échapper au supplice que ces hommes me réservaient.  Mais je m'aperçus vite qu'il n'y avait aucune issue possible – ou presque. Dans la pénombre totale, au bout de la rue, se trouvait une porte encastrée dans un mur de pierre. Les inconnus se trouvaient à quelques pas de moi. Sans attendre, j'avais accéléré pour rejoindre ce qui apparaissait comme ma seule échappatoire.

Suite postée ! N'hésitez pas à commenter, à voter ou à partager. Merci de prendre du temps à lire mes textes !

[ Je réponds à tous les commentaires ]