Chapitre 8 - Nouveau Problème
Thomas
Tout le long du trajet de retour, aucun de nous deux ne parle, laissant place à un silence presque religieux s'il n'était pas coupé par les frétillements de la radio. J'ai l'impression que ce baiser n'a fait qu'empirer les choses... Mais qu'est-ce qui m'a pris de l'embrasser comme ça ?! Elle sort d'un accident et d'une perte de mémoire ! Mais tu en avais envie. M'indique ma voix intérieure. Certes, j'en mourrais d'envie, juste pour savoir si ses lèvres avaient toujours cette même douceur et ce goût si fruité que j'aimais tant. Et la réponse est oui ; elles n'ont pas changé... Cela me rend tellement nostalgique de nos instants à deux, seuls, où nous pouvions vivre ça sans le poids de jambes paralysées ou de perte de souvenirs. Cependant, ce temps est passé et maintenant nous devons tous deux faire face au présent. Je l'observe du coin de l'œil ; elle fixe l'horizon sur la place passager du véhicule et j'avale durement ma salive. Elle ne passera jamais le permis finalement. C'est plus simple et tellement compliqué en même temps. Quand je pense à toutes les activités dont elle va devoir se passer en étant obligé de regarder les gens les pratiquer sans elle... Je suis anéanti. Plus de vélo. Plus de rollers. Plus de course à pied ni de marche dans les bois. Plus de patins à glace ni de skis ni de snowboard. Plus de danse. Et la danse c'est pourtant toute sa vie.
Elle abaisse le pare-soleil devant elle et détaille longuement son visage dans le miroir. Ses cicatrices sont encore très présentes et je me demande le temps qu'il lui faudra pour récupérer ce visage à la beauté dont elle était si fière. Je surprends une larme qui perle à son œil et je détourne les yeux pour les ramener sur la route. Pour moi, elle sera tout le temps magnifique. Elle est mon soleil et sa beauté intérieure resplendit sur tous les pores de sa peau si bien que même amochée personne ne peut l'égaler. June est sans aucun doute la femme parfaite et celle avec qui, plus tard, je veux construire ma vie. C'est pour cela que je m'accroche. C'est pour elle que je ne renoncerai jamais. Je sais qu'au fond de son cœur, elle le sait. $
L'hôpital qui se dessinait tout à l'heure au loin est maintenant devant nous et je fais le tour du parking pour trouver une place convenable à proximité de l'entrée. Il est hors de question que je me gare sur une place handicapée, ce serait tellement humiliant pour elle. Je range ma voiture sur la première place libre et je coupe le moteur avant de descendre puis de la descendre elle, la portant dans mes bras. Ses mains sont serrées autour de mon cou et je profite de ce moment où nous sommes proches pour respirer son parfum et son odeur avant de la déposer dans le fauteuil qui n'a pas bougé depuis que nous sommes partis. Têtue telle une mule, elle refuse que je l'aide à pousser son siège et je la laisse donc faire, gêné du calme plat qu'il règne entre nous. Si vous saviez avant comme je n'étais pas pareil ! June, depuis toutes ces années, m'a changé et c'est aussi pour ça que je lui dois de ne pas la laisser tomber. Bien que, bien sûr, quoi qu'il en soit, jamais, au grand jamais, je ne l'abandonnerai. Nous entrons tous les deux dans l'ascenseur et l'on entend que la musique pour égayer l'ambiance terne qui s'est installée depuis la plage. Puis, les portes s'ouvrent, et nos oreilles ne captent que les plaintes qui s'échappent depuis l'autre bout du couloir, vers la chambre de June.
-C'est irresponsable !
-Enfin madame calmez-vous !
-Vous êtes vraiment fêlés pour laisser sortir une enfant à une heure pareille alors qu'elle est malade et en compagnie d'on ne sait qui !
Je crois reconnaître la voix de la mère de June tandis qu'une autre tonalité de voix, appartenant à Killian, se fait entendre :
-Elle est avec Thomas, madame Carter !
-Tout va bien ! Ajoute une autre que je reconnais comme Clara.
-Avec Thomas ?! S'étonne-t-elle. Mais qu'est-ce qui lui a pris de l'emmener aussi loin à cette heure ?! Elle devait être sous la charge d'adultes responsables. Crache-t-elle en appuyant sur les mots.
En nous voyant arriver, le médecin toussote et tous se retournent vers nous. La mère de June semble être hors d'elle et dès qu'elle aperçoit sa fille, elle n'hésite pas une seconde avant d'exécuter son geste ; elle la gifle monumentalement. June, calme et sereine, n'esquisse pas le moindre mouvement de riposte tandis que Clara émet un son aigu et que le docteur secoue la tête de droite à gauche. Marina Carter-Huston la prend alors enfin dans ses bras en sanglotant.
-Tu n'imagines pas comme j'ai eu peur ! Ne refais plus jamais ça June, tu m'entends ?! Après le coup de l'accident, on croit tous qu'il peut t'arriver quelque chose d'encore pire alors ne commence pas à faire des escapades sans prévenir personne, d'accord ?
Reprenant un air doux et caressant doucement le front de sa fille qui est désespérée devant le geste de sa mère, je la comprends plus que personne ; moi aussi j'ai été stressé voir mort de peur ce matin de ne pas la voir dans sa chambre. J'adhère totalement à sa réaction même si moi je l'aurais plutôt embrassé, chose que je me suis retenu de faire cette matinée et que j'ai été surpris de réaliser cette fin d'après-midi. Le médecin interromps cependant ces émouvantes retrouvailles de sa voix stricte et sans émotions :
-J'ai besoin de te voir seule, June.
Aussitôt, pris d'un même réflexe, madame Carter et moi nous avançons pour la suivre. La concernée par l'appel du docteur nous remet immédiatement à notre place, bien qu'avec un peu d'appréhension dans la voix.
-Il a dit seule.
Je m'arrête dans mon élan et je plonge une dernière fois mes yeux dans les siens : ils me traduisent un mélange de peur et de courage que je trouve vraiment beau. Je redoute moi aussi ce que va lui annoncer le docteur mais, donnant toute ma confiance à June, je la regarde partir avec lui, installée dans son fauteuil et alors qu'elle s'éloigne, elle me parait soudainement très fragile dans ce grand monde.
June
Avec un dernier regard en arrière pour Thomas, je suis le médecin qui m'entraîne dans les couloirs de l'hôpital avec hâte pour entrer finalement dans une pièce qui s'avère être son bureau. Il me laisse pénétrer dans la salle, refermant la porte derrière moi et saisissant la chaise réservée habituellement à ses patients pour se positionner en face de moi, s'assoit rapidement, les coudes sur les genoux, le dos courbés et les mains lacées. Il m'observe un temps en attendant sans doute que je finisse mes manœuvres pour tourner mon siège vers lui et s'adresse enfin à moi d'une voix pleine de compréhension :
-Comment te sens-tu ?
Autant dire que je suis prise au dépourvue car sa question si inhabituelle fait s'élever mes sourcils hauts au-dessus de mes yeux. Cependant, malgré ce geste si inopportun, ce dernier reste le plus sérieux possible et quand je lui réponds enfin un ''bien'' sur un ton de voix inquiet, il émet un soupir qui ne fait que m'alerter d'avantages et je commence à prendre peur sur le sujet de discussion qu'il va aborder d'un moment à l'autre.
-Tu dois te douter que ce pourquoi je te parle ce soir n'est pas une bonne nouvelle à apprendre.
J'acquiesce lentement. Je le vois saisir son arête du nez pour la pincer et en frotter les bords, les paupières closes sous le coup de la difficulté du message qu'il a à me faire passer et mon stress augmente encore plus. Je ne dis rien et reste clouée à mon fauteuil tandis qu'il commence :
-Bien. As-tu déjà entendu parler du...
Je crois que cet entretien a été le plus éprouvant de toute ma vie. Je viens d'apprendre qu'en plus de mes problèmes, s'ajoute un autre que je n'avais absolument pas prévu ! Je ne retrouverai certainement jamais la mémoire et en plus, j'ai ça sur le dos. C'est dans cet esprit de pensée, le regard vide fixé je ne sais où sur le sol et mes songes divaguant, que le médecin me reconduit à ma chambre où m'attendent mes amis, ma mère et lui. Thomas. Je n'ai pas le courage de leur annoncer et, heureusement, le docteur m'a assurée que sur ce point-là je pouvais prendre mon temps. Je compte bien le faire.
-Ça va ? Me questionne Clara à mon arrivée dans la pièce.
Tous remarquent sans doute ma mine défaite et alors je décide, à leurs expressions inquiètes et attristées de faire quelque chose que je sais que je ne me serais jamais permis de faire avant ; leur mentir sur mon état. Je dessine un grand faux sourire sur mes lèvres avant de lui répondre par l'affirmative ce qui semble tous les rassurer hormis lui. Thomas n'est pas du tout satisfait de mon air joyeux. Il semble percer mes émotions mieux que quiconque et je ne peux lui en vouloir car après tout, il est celui que j'ai aimé fortement, que j'aime toujours et qui me connait depuis si longtemps. Ainsi, j'observe ses faits et gestes durant toute la discussion énergique qui s'en suit ; il ne se prend pas au jeu et me dévisage gravement. Cela me met mal à l'aise et je prétexte vouloir dormir alors qu'il n'est que neuf heures. Mes proches ne cherchent pas à me contester pour mon plus grand bonheur, mettant ça sur le compte de mon récent accident et s'en vont sans rien dire de plus qu'un ''au revoir'' ou un ''bonne nuit''. Néanmoins, tous ne partent pas. Il reste sans un mot, attendant d'être sûr de l'absence de tout le monde pour pouvoir enfin poser la question qui le ronge depuis tout à l'heure :
-Qu'est-ce qui ne va pas, June ?
Je suis totalement époustouflée par sa perspicacité à mon égard et feigne l'ignorance en espérant secrètement qu'il me lâche. Seulement, une fois encore il m'impressionne :
-Ne crois pas que je vais m'en aller de sitôt. Je veux savoir ce qui ne va pas.
Je suis prise de court, ne sachant pas lui répondre je tente de dévier le sujet du dialogue mais il reste impassible et me coupe presque immédiatement :
-Arrête de faire semblant d'aller bien ! Ça ne marche pas sur moi !
Je me sens atrocement mal.
-Cela n'a jamais marché... Ajoute-il presque pour lui-même.
Je décide de suivre ses conseils et je perds mon sourire. Toutefois il ne gagnera pas si facilement et j'adopte un ton froid qui, à ma grande surprise, ne le fait même pas sursauter ou vaciller.
-Tu n'as pas à savoir ce qui ne va pas Thomas !
-J'étais important pour toi avant ! Proteste-t-il.
Je crache :
-Oui, avant !
Il semble choqué et je regrette aussitôt mes paroles blessantes. S'il savait qu'il est sans doute le dernier espoir qu'il me reste et qu'en réalité il est toujours aussi important. Notre baiser ne le prouve-t-il pas ?
-Tu n'as pas le droit de me dire ça, June... Murmure-t-il.
Non effectivement, je n'en ai pas le droit mais pourtant je continue. Si je le fais c'est avant tout pour lui, pour son bien-être.
-Si ! Je le peux parce que tu sais très bien que nous deux ça ne sera jamais plus comme avant et...
J'hésite un instant avant de lui envoyer la claque mentale mais je le fais quand même :
-Et je ne veux plus d'une relation avec toi !
Son expression change immédiatement pour passer de la colère à la tristesse, puis à l'incompréhension avant de revenir sur la colère. Qu'est-ce que j'ai dit ? Il va m'en vouloir pendant longtemps et si ça se trouve il ne viendra plus jamais me rendre visite. Mais n'est-ce pas mieux pour vous deux ? Me questionne ma voix intérieure. Non. Ce n'est pas mieux. J'en suis convaincue. Pourtant, sa situation dépasse tout ce que mon esprit avait pu envisager :
-Mais merde June ! Quand vas-tu comprendre que je t'aime toujours autant ?! Que tu n'es pas la seule à avoir mal et que tout ce que tu me dis depuis le début de la semaine me blesse sans doute dix fois plus que toi ?! J'aimerai que tu comprennes à la fin que...
-Non ! Non Thomas c'est toi qui ne veux pas comprendre !
Je m'énerve.
-Je suis malade, Thomas ! Malade ! Et tout l'amour du monde que tu pourras m'apporter ne pourras jamais arranger ça !
-Je t'en prie ! Tu retrouves ta mémoire jour après jour !
-Mais qui te dit que je parle de ça, hein ?!
Après ces paroles un silence de mort s'installe alors qu'il me dévisage de haut en bas, étonné. Je comprends alors que j'ai gaffé. Je ne devais pas lui dire tout de suite mais il m'y force ! Nous restons longtemps à nous observer, lui me détaillant ne sachant que dire et moi dans le même cas me mordant la lèvre inférieure. Puis finalement, il soupire et s'assoit de nouveau sur le matelas qu'il avait quitté dès la première pique de colère. Il me prend alors la main et je sens une bouffée de chaleur qui me monte jusqu'aux joues tandis qu'il la caresse tendrement. Je me demande alors ce que j'ai fait pour mériter un garçon aussi bien avec une vie aussi merdique ! Il décide alors de faire le premier pas une fois de plus et s'approche de mes lèvres. Paralysée, mais surtout, je l'avoue, dans l'attente de ce baiser, je ne bouge pas. Il s'approche de plus en plus près et alors que nos lippes se frôlent il murmure tout bas pour renforcer encore plus cette intimité :
-Peu m'importe June. Peu m'importe tous tes maux ; je t'aime. Je t'aime et je t'aimerai encore jusqu'à la fin de mes jours.
Je ne résiste pas plus longtemps autant en émotion qu'en attente et alors qu'une perle d'eau s'échappe du coin de mon œil clos, ses lèvres rentrent en contact avec les miennes. Son baiser est si délicat et en même temps si rempli d'amour que je laisse échapper un gémissement de contentement. Puis, il se détache lentement de moi alors que des frissons parcourent encore ma peau et essuie la goutte sur ma joue avant de se lever et de me laisser sur ce point non sans oublier de me souhaiter un ''bonne nuit'' qui me fait curieusement rougir et sourire jusqu'aux oreilles malgré mon état. Parce que oui, je suis vraiment mal en point.
Thomas
Je la quitte nourrissant l'espoir que bientôt elle m'avoue ce qui la tracasse à ce point. Je ne l'ai jamais vue encore si triste, même à l'annonce de la paralysie de ses jambes alors je m'inquiète vraiment pour elle. Je marche dans les couloirs de l'hôpital, occupé à m'imaginer toutes les sortes de maladies les plus horribles qu'elle pourrait avoir non sans crainte, quand une voix me sort de mes songes :
-Elle va bien ?
Je tourne la tête pour voir Jack, adossé contre un mur. Je ne peux m'empêcher de soupirer en le voyant malgré le fait que je sois toujours choqué de savoir qu'il est atteint d'une leucémie.
-Oui. Je réponds rapidement, voulant éviter le sujet avec lui.
Mais il est plus rapide que mes attentes et me retient d'un bras sur le torse alors que j'essaie de lui passer devant. Sa force m'impressionne pour quelqu'un de malade et je pense alors que je devrais arrêter d'avoir des préjugés sur les gens.
-Ça te dérange si je lui demande moi-même ?
Dis sur un autre ton je n'aurais pas pris cela pour de la provocation mais là... Néanmoins je décide de ne pas entrer dans son petit jeu fait pour me déstabiliser et montrer ce que j'ai dans le ventre. Je lâche :
-Vas-y.
Et il me laisse passer, non sans esquisser un sourire à mon passage.
June
Quand Jack entre dans ma chambre plongée de noir, voilà un bon moment que je pleure seule sur mon lit en m'apitoyant sur mon sort. Il s'approche de moi et fait la première chose qu'une personne proche de moi ferrait si elle me trouvait dans cette état : il me prend dans ses bras et m'enlace fortement. D'un geste rapide, je passe mes propres bras derrière son dos et je n'hésite pas à déverser toute ma peine sur son tee-shirt. Il ne me lâche pas avant que je termine et que je ne finisse plus que par sangloter, ayant épuisé mon stock de larmes.
-Ça fait toujours cet effet ma belle...
Me dit-il en passant une main sur ma joue.
Alors il a deviné... Puis, repensant à ses paroles, je l'imagine lui aussi faire la même chose que moi, c'est-à-dire pleurer, mais dans les bras d'une autre personne. Je me sens soudain mal à l'aise avec lui en face de moi mais mon esprit me dit qu'il a traversé les mêmes épreuves et je me surprends à effacer ma peur et à lui faire de plus en plus confiance. Mon mal-être de me retrouver en sa compagnie s'envole aussitôt et j'affiche un nouveau sourire véritable sur mon visage.
-Je te préfère comme ça ! S'écrie-t-il, une moue adorable illuminant ses fossettes.
Je ris doucement alors qu'il s'écarte un peu plus de moi pour me laisser de l'espace. Décidemment ce garçon est adorable !
-Comment tu le prends Juni jolie ?
Ma bonne humeur s'envole un peu mais je garde la même expression bien que plus forcée. Je hausse les épaules. Il est vrai que je ne sais pas trop comment prendre cette nouvelle si... inattendue. Il ne dit rien et me prend une nouvelle fois dans ses bras avant de demander tout bas :
-Tu veux que je veille sur toi cette nuit ?
J'acquiesce presque immédiatement réalisant soudainement qu'une présence me ferait effectivement le plus grand bien. Il se lève alors, prend une des chaises et s'assoit juste à côté de moi en saisissant ma main et à cet instant je remercie le fait qu'il n'ait pas touché à la lumière car mes joues sont rouges.
-Ne t'inquiète pas je reste avec toi jusqu'à la fin de la nuit.
Alors rassurée, je commence à ne plus distinguer les formes qui m'entourent et je ne tarde pas à m'endormir.
Thomas
Mes yeux s'ouvrent et se ferment sans que je ne puisse rien faire d'autre que de penser à elle. Depuis l'instant où je suis rentré jusqu'à maintenant je n'ai cessé de le faire. Parce qu'elle m'inquiète et parce que sa maladie me fait peur. J'ai atrocement peur qu'elle ne m'annonce quelque chose d'extrêmement grave qui s'avère être incurable. J'ai peur qu'elle ne m'annonce sa mort en quelques sortes. Et je ne peux pas le supporter. C'est ainsi, qu'allongé dans mon lit, je ne parviens pas à dormir et ses mots tournent en boucle dans ma tête, refusant de me laisser en paix. Je pivote ma tête vers mon réveil ; il est déjà plus de cinq heures du matin et je n'ai pas fermé l'œil. Bien, très bien.
Je me lève de mon matelas, décidé à lui rendre visite pour savoir enfin la vérité. Tant pis pour les cours, tant pis pour tout, sa santé passe avant tout cela. J'espère juste que cette fois elle me dira son mal, même si je dois passer pour un gamin car la voir souffrir me rend souffrant moi aussi et je ne supporte plus cette idée. Enfilant rapidement un tee-shirt et mon jean, je sors de la maison, les clés de ma voiture dans la main et je saute littéralement dans celle-ci, allumant par la même occasion le moteur et démarrant vitesse éclair. Je dois rouler beaucoup plus vite que la moyenne mais je m'en moque : pour l'instant une seule chose m'importe : la trouver pour repousser mes craintes ou les confirmer. Je suis si impatient que lorsque j'arrive à l'hôpital, je prends la première place qui se présente avant de sortir du véhicule et de me diriger directement à l'entrée du bâtiment. Je passe sans m'arrêter devant l'accueil et emprunte sans hésitations le chemin jusqu'à sa chambre. Quand j'arrive enfin devant la porte, je la pousse et je trouve à mon grand étonnement Jack, les yeux rougis, au pied de son lit. J'ouvre la bouche pour l'interroger mais il semble anticiper ma demande :
-Il était tant que tu prennes la relève mon pote ! Elle pleurait quand je l'ai trouvée.
Sur ce, il se lève, me donne un coup amical sur l'épaule avant de quitter la pièce. June. Est-ce vraiment si grave que cela ? Je regarde l'heure sur le réveil et je constate que j'ai mis moins de vingt minutes pour parvenir jusqu'ici. Il ne me reste plus qu'à attendre son réveil. Alors, inquiet, je prends la place de Jack et je serre sa main écorchée dans la mienne. June, je suis là.
June
Quand je me réveille mes yeux ne s'ouvrent non pas sur Jack mais sur Thomas et mon premier réflexe est de regarder l'heure : six heures vingt-trois. J'ignore quand mon ami s'est éclipsé cependant il a dû partir avant l'arrivée de Thomas qui doit être assez récente. Celui-ci m'adresse d'ailleurs les premiers mots de la journée :
-Tu vas bien ?
Je suis fatiguée par cette question à vrai dire, sachant que de toutes manières je ne pourrais jamais aller mieux mais je réponds tout de même :
-Oui, ça peut aller... et toi ?
-Oui, ça va. Dit-il sans me quitter des yeux.
Un long silence pèse sur nous avant qu'il ne se décide à me demander :
-Qu'est-ce que tu as ?
Je soupire :
-Thomas... Ce n'est pas le moment...
Il semble se renfrogner puis revient finalement à la charge :
-Ça m'a tracassé toute la nuit ! S'il te plait dis le moi...
Il agit tel un enfant triste et cela me fait de la peine et je n'ose pas lui donner de réponse si bien qu'après un instant il commence à se lever et à faire les cents pas en énumérant toutes les maladies qui lui passent par la tête sous forme de questions auxquelles je reste impassible. Puis à un certain moment, il explose :
-Mais merde June ! Dis-moi me laisse pas dans ce supplice !
-Mais merde toi-même Thomas ! J'explose à mon tour. Je ne peux pas ! Ça te détruira !
-Dis-le !
Me force-t-il, hors de lui.
-Très bien alors prépare-toi à te prendre une claque.
Comme s'il suivait mon conseil, il s'installe sur la chaise qu'il vient de quitter en posant son regard sur mes iris et ne les lâchant pas. Je ne détourne pas le regard, tenant à capter l'expression dans ses yeux quand il l'apprendra et la voix posée, je lui annonce le nom de mon calvaire :
-J'ai le...
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