Chapitre 5 - Je sais qui tu es
Thomas
-Dis, tu ne m'as jamais précisé comment tu t'appelais.
Non. Effectivement, jamais.
-Tu veux savoir ?
Elle a l'air confuse néanmoins elle répond :
-Oui. S'il te plait.
-Je m'appelle Benjamin. Je suis le frère de Thomas.
Oh mon dieu que le vrai Benjamin me pardonne mais je ne peux pas révéler mon identité à June ! Si mon hypothèse s'avère exacte et qu'elle se souvient de moi, de Thomas sans parvenir à mettre mon visage sur le nom alors je ne peux pas lui dire que c'est moi. Parce qu'elle m'en veut pour ses jambes et pour une autre raison dont elle ne se souviendra peut-être jamais. Si je lui dis, elle va briser cette image de couple heureux dont elle a de brefs souvenirs et se demander pourquoi je lui ai fait ça. Elle va haïr Thomas ! Me haïr ! Et moi je ne le veux pas. Donc je demande pardon à l'avance à mon frère de lui emprunter son prénom et sa vie pour quelques temps. Il est clair que je lui avouerai un jour. Mais pas maintenant.
-Benjamin ? Tu n'as pas la tête d'un Benjamin.
Elle est perspicace cependant elle n'a aucun moyen de prouver que cela n'est pas mon nom. Heureusement pour moi, le docteur arrive dans la pièce ce qui me retire le fardeau de lui expliquer tout ceci. Je me retire du lit où je suis pour lui laisser la place. Il ne prend pas garde et manque de lui écraser les jambes mais je lui signale au dernier moment et quand il me chuchote avec un clin d'œil que de toute façon elle n'aurait rien senti j'ai envie de lui présenter mon poing. Toutefois comme il annonce une bonne nouvelle je ne laisse rien paraître :
-June, tu vas pouvoir sortir dans quelques jours si tu renonce à ta fierté et que tu grimpe dans ce fauteuil.
Celle-ci fait la grimace. Je la comprends, June n'aimerai pas remplacer ses belles jambes par un fauteuil ambulant. Néanmoins désormais elle y est obligée. Le médecin continue ses explications :
-Bien sûr, vu ta fuite de souvenirs importante je serais contraint de te faire revenir durant quelques temps. Mais ne t'inquiète pas, seulement jusqu'à ce que tu retrouves la totalité de ta mémoire. Aussi je te demanderai de rester à proximité de l'hôpital, on ne sait jamais. J'espère que ta maison n'est pas trop loin.
Il tente un clin d'œil qui est tout de suite rejeté par un haussement de sourcils.
-Si tu veux tenter un projet de prothèses pour tes jambes je devrais te faire venir plus souvent et tu devras bien entendu assister à des séances de rééducation. L'école n'est bien sûr pas envisageable dans les deux prochaines semaines voir le mois qui va suivre. Reste sagement à la maison et repose-toi.
-J'ai mon bac en fin d'année !
Se plaint-elle.
-... Ne rêve pas trop à ce sujet. A mon avis c'est peine perdu vu le retard que tu as déjà accumulé !
C'est décidé ; ce docteur me tape réellement sur les nerfs. Apparemment je ne suis pas le seul à avoir cette réflexion car ma June prend un air outré avant de croiser ses bras sur sa poitrine. A ce geste un sourire fait son apparition sur mes joues : je la reconnais bien là. Et plus je l'observe, plus je retrouve ses mimiques et espère de plus en plus fort qu'elle arrivera à récupérer en totalité sa mémoire.
-De plus, à la fin de ton mois sans école nous exécuterons une sorte d'examen final et tu seras dispensé d'hôpital pour ce qui est du suivi médical sur tes principales blessures. D'ailleurs, grâce à nos nouvelles technologies tu ne les verras ni ne les sentiras plus ! En outre, celles-ci devraient disparaître rapidement d'après un nouveau traitement que nous désirons te faire essayer...
-Si je ressemble moins à un zombie...
Le coupe-t-elle.
-... On peut dire ça comme ça ! Bien ! Demain tu pourras te faire à ton fauteuil en te baladant dans l'hôpital où bon te semble et dans deux trois jours on t'autorisera à retrouver une vie à peu près normale.
J'avoue que quand il s'éclipse j'éprouve un sentiment intense de soulagement. Son comportement est tout simplement insupportable pour moi et ma June ! Celle-ci a d'ailleurs reporté son regard sur moi. Elle me dévisage sans aucune gêne jusqu'à ce qu'elle m'interroge de nouveau, sur la défensive :
-Benjamin, alors ?
Je ne peux m'empêcher de stresser quand je lui affirme :
-Oui. Euh... Enchanté ?
Je lui tends la main tout en espérant qu'elle la saisisse sans se poser de questions et je suis extrêmement surpris quand elle le fait en souriant. Décidément, ma June devient bien étrange :
-Enchantée !
Son comportement m'étonne sachant qu'elle me croit responsable de cet accident. Cependant deux parties doivent s'affronter en elle ; celle qui m'a aimée et celle qui me déteste. En cet instant, celle qui m'aime prend le dessus car elle annonce banalement :
-Et si on avait une discussion normale ? Je ne me rappelle pas d'en avoir eu une seule depuis cette regrettable mésaventure.
Je suis pris au dépourvue mais néanmoins très heureux alors je ne fais comme si rien n'avais jamais changé et je me surprends à aimer cette discussion pourtant si inappropriée à la situation. Et elle a l'air d'apprécier elle aussi.
June.
Je t'aime toujours autant, le sais-tu ?
June
-Haha ! Arrête je vais mourir !
Je me tiens le ventre ; j'ai l'impression que cela fait une éternité que je n'ai pas ris ! Les souvenirs remontent petit à petit et j'ai la sensation de bien connaître Benjamin même si je n'arrive pas à associer une ancienne image à cet être. Bien sûr je sais qu'il est responsable de tout mais je n'arrive vraiment pas à le détester pour de bon malgré toutes les paroles blessantes que je lui ai adressées et je me rends petit à petit compte qu'il doit beaucoup tenir à moi pour ne pas avoir laissé tomber. Peut-être était-il mon meilleur ami ? En tout cas il me fait beaucoup rire ! J'aimerais tellement qu'il n'y soit pour rien dans toute cette histoire. Et Thomas ? Son frère, si j'ai bien compris, pourquoi n'est-il jamais venu s'il était mon amant ? Je ne résiste pas à la curiosité de lui demander :
-Et... Benji... Pourquoi ton frère n'est-il jamais venu me voir ?
Il semble gêné mais répond tout de même :
-Il ne se sent pas de te voir.
Ses paroles me blessent. J'ai beaucoup de souvenirs de lui... Est-ce lui qui est responsable de l'autre partie de mon malheur ?
-Ah...
Voyant mon air blessé, il s'empresse de me rectifier :
-Mais il t'aime toujours tu sais !
-Alors pourquoi ne vient-il pas ? Je rétorque au tac au tac.
-... Il a peur.
-De quoi ?
Je m'étonne.
-Je ne vais surement pas le bouffer !... Et puis tu sais, j'ai souvent de bons souvenirs de lui qui réapparaissent... Nous étions plus qu'amis il me semble. Est-il si facile de tourner la page ?
J'ai la voix qui se casse. Mais n'est-ce pas normal ? Je fixe Benjamin : la honte transperce ses yeux. Est-il honteux du comportement de son frère à mon égard ? Je perçois également autre chose comme... de la culpabilité. Il me fixe ensuite d'un air attendri, plonge ses yeux dans les miens et s'approche de mon front pour me déposer un baiser.
-C'est de sa part, expose-t-il avant de continuer. Il t'aime beaucoup. Tellement que franchir l'océan et braver les tempêtes pour te retrouver ne lui fait pas peur. Pour lui tu es plus précieuse que tous les trésors que le monde à offrir. Il sait dans quel état tu te trouves mais il ne veut pas se montrer parce qu'il a honte. Il n'ose pas affronter un regard vide et inexpressif qui ne se souviendra certainement pas du sien.
Je relève la vérité dans son discours tandis qu'il débite avec une vitesse impressionnante qui me laisse cois.
-Il t'aime. Retient juste ceci. Il te connaît par cœur. Il sait à quel point tu aimes regarder la mer pour apaiser ta colère ou seulement t'évader. Il sait que le bleu du ciel te rappelle tout le temps le jour où tu l'as rencontré. Il sait aussi que tu te caches dans tes vêtements quand tu as honte, que tu ne rougis que quand tu es vraiment touchée par ce que te raconte la personne en face de toi et que tu t'enroule toujours un cheveu autour des doigts quand tu mens. Il n'ignore pas que tu as peur du noir et que tu te couches toujours du côté gauche avant de finir ta nuit sur la côté droit. Il admire ton rire et tes fossettes qui se soulèvent et qui rosissent mais également ton sang-froid le plus total lorsque tu es sur les nerfs. Il sait qu'en secret la nuit tu observes les étoiles par ton balcon et il a toujours le désir de te recouvrir de ses bras quand tu frissonne. Il aime ton souffle, ton odeur et la vivacité que tu dégages à chacun de tes gestes. Il est possédé par ta volonté et par-dessus tout il sait que peu importe la distance, ses sentiments seront toujours aussi forts.
Thomas
C'est la déclaration la plus longue et la plus complète que je ne lui ai jamais faite. Il ne manque plus que le petit ''je t'aime'' et tout prendrais du sens mais elle se contente de me dévisager, littéralement impressionnée. Et alors qu'elle s'apprête certainement à me questionner sur cette soudaine tirade de 14526 phrases, Maya entre dans la pièce. Voyant l'air accablé de June, je comprends qu'il a dû se dérouler un moment où sa sœur est venue la voir et où elle ne s'est pas rappelée de qui elle était. Je reste à ses côtés afin de la soutenir dans sa conversation avec sa petite sœur quand elle me remarque et s'écrie :
-Thomas !
Alors tout ce que j'ai dit auparavant tombe en miettes.
June
-T... Thomas ?!
Je répète, incrédule.
Toutes les pièces du puzzle s'assemble petit à petit dans mon crâne et malgré toutes les excuses qu'il peut produire, aucune ne justifie la soudaine illumination qui m'apparaît comme une évidence. Je le revois maintenant dans mon souvenir du parc... Et je le revois lors de notre dispute avant l'accident. Des tas de sentiments m'assaillent allant de l'amour à la colère en deux millisecondes. Il manque encore des tas de morceaux à ma mémoire à trous mais l'évidence est même : il était mon petit ami et il ne voulait réellement que mon malheur. La preuve en est qu'il est la cause de mon accident, désormais j'en suis persuadée. Alors, tous ces rires étaient dans le seul but de me nuire ? Le fait qu'il cache son identité était pour ne pas se faire démasquer ! Mais ma sœur le connaissait et il a mal calculé son coup pour me faire tomber. Maintenant il n'a aucune excuse et c'est moi qui vais me charger du fait qu'il ne revienne plus jamais dans cet hôpital pour me voir.
-June, je peux tout t'expliquer.
Se presse-t-il d'un air désespéré.
Toutefois la partie de folie qui est en moi prend le dessus et je m'emporte une fois de plus, cette fois ci devant ma sœur, innocente et incrédule.
-Tu ne vas rien m'expliquer du tout ! Comment as-tu osé me rendre visite ?! Comment as-tu osé provoquer cet accident et l'amour que je te portais ?!
-Tu n'y es pas...
Je monte le ton en le coupant dans sa phrase :
-J'avais confiance en toi ! Tu m'as trahie ouvertement ! Sors !
Voyant qu'il ne bouge pas d'un pouce, me fixant désemparé, je hausse ma voix.
-SORS ! Je ne veux plus jamais te voir ici ! Jamais !
Les larmes me montent aux yeux et je crois que les quatre derniers jours ont été les plus remplis en pleurs de ma vie. Néanmoins je n'en ai pas tous les souvenirs et tout cela par sa faute. Aussi je ne le vois pas quitter la pièce et je distingue à peine l'air apeuré de Maya qui ne tarde pas à s'enfuir elle aussi par la porte. Non ! Reste Maya je t'en prie ! Je veux tellement m'excuser et j'ai besoin de ta présence. De ton réconfort. Ce n'est pas sur toi que je criais mais sur lui ! Des sursauts m'agitent le corps et l'état de mes jambes qui elles ne sursautent pas me rendent encore plus triste : une fois encore, j'ai tout perdu.
Thomas
Si je ne m'effondre pas c'est uniquement car Maya m'a suivi hors de l'hôpital, que je ne tiens pas à l'abandonner et que je ne souhaite pas qu'elle me voit faible. Aussi lorsque je m'arrête brutalement, je sens son petit corps frêle me heurter et je me retourne directement pour la rattraper avant qu'elle ne tombe. Je remarque alors qu'elle a couru de par sa respiration rauque et je culpabilise presque immédiatement. Elle ne doit pas trop faire d'effort car en ce moment elle est rongée par sa maladie. Je m'en veux également car j'ai gâché toutes chances de réconciliation entre elle et sa sœur pour aujourd'hui et certainement pour la prochaine semaine. Maya a eu le courage de revenir la voir et maintenant je pense qu'elle attendra plus longtemps avant d'y retourner. Par ma faute...
-Tu vas bien ?
Me demande-t-elle de sa petite voix en se redressant. Je ne peux m'empêcher de la trouver vraiment mignonne de m'accorder autant d'importance. Maya est une des personnes la plus proche de moi dans la famille Carter hormis June.
-Bien et toi ?
Je l'interroge en souriant.
Cependant Maya a toujours été une de ses personnes clairvoyantes qui distinguent la moindre once de mensonge ou de tristesse. Alors lorsqu'elle s'adresse à moi d'une voix couverte de remords avec une petite mine, je ressens un pincement au cœur qui m'irrite et me fait atrocement mal.
-Je sais que ça ne va pas. C'est de ma faute... J'aurais dû me taire.
La petite à des larmes qui perlent à ses yeux et pour éviter qu'elle ne s'effondre devant moi, je la prends dans mes bras et la serre doucement en lui caressant la tête tandis qu'elle sanglote, la tête enfouie dans mon tee-shirt. Je lui murmure des mots doux censé l'apaisé puis elle me pousse gentiment avant d'essuyer l'eau qui coule sur ses joues et de me fixer de ses yeux vairons si époustouflants. En quelque sorte elle me fait penser à l'état dans lequel se trouve sa sœur maintenant ; elle est perdue et ne trouve plus de repère c'est pourquoi elle pleure et pique des crises de colère tout en accentuant une maladie qui la rongera peut-être pour toujours. C'est triste, mais j'ai l'impression de ne faire que décrire la vérité. Et la vérité fait réellement mal. Encore agitée de sursauts irréguliers et la voix tremblante, elle me questionne de son air tout mignon.
-Dis, elle va rester longtemps comme ça Junie ?
Son visage d'ange me rend encore plus coupable et je ne peux que me morfondre d'avoir causé la séparation de deux sœurs et même d'une famille entière. Je sais que je ne suis pas entièrement responsable, mais le peu que je le suis me rend terriblement triste.
-Je crains que oui, ma puce.
Dis-je en lui posant une main protectrice sur le front en passant lentement mon pouce sur celui-ci afin de calmer la petite. Je suis vraiment navré pour elle, néanmoins je ne peux pas décider du reste de souvenirs de June. La preuve en est qu'elle a mal interprété mon identité avec le peu de mémoire qu'elle possède de moi.
-Elle est bizarre, Tomi... confie-t-elle. Avant, elle n'était jamais en colère.
C'est vrai. Devant sa petite sœur, June n'a jamais démontrer aucun signe de faiblesse que ce soit de la colère ou des pleurs. Elle désirait que sa sœur prenne exemple sur elle pour grandir et ainsi s'épanouir et évacuer le poids écrasant de sa maladie. Sa technique révolutionnaire et qui me rendait si fier d'elle a marché... Jusqu'à ce qu'elle perde la mémoire.
-Elle vient de vivre un accident, elle est brusquée et ne reconnait pas tout. C'est normal qu'elle...
-Ne se souvienne plus de moi ni de toi, Tomi ?
J'en reste muet. Non. Ce n'est pas normal. Mais comment expliquer à une gamine de dix ans que sa sœur a perdu la mémoire et qu'elle ne pourra peut-être jamais la récupérer entièrement ? Comment lui dire que peut-être qu'elle ne se souviendra plus jamais de la date de son anniversaire ou même de son deuxième prénom ? C'est tout simplement impossible. A ces pensées je songe alors que le sort est cruel et que notre destinée à tous n'est pas toujours parmi un monde meilleur. Si je l'avais su, je crois que j'aurais profité de la vie que je partageais avec elle bien avant. Je l'aurais embrassé à la fête de Lili Matthews à douze ans et j'aurais repoussé ce Nicolas si désagréable dont elle avait fait la connaissance sur le web.
J'aurais réalisé les tas de petites choses qui valent un retour en arrière et qui sont si importantes pour une vie d'adolescente normale. Désormais June n'est plus dans cette norme, elle l'a dit elle-même et je ne l'ai pas tout de suite cru mais désormais je le réalise : June est malade.
-Non. Mais nous ne pouvons pas lui en vouloir Maya...
-Alors pourquoi ? Pourquoi elle nous fait subir ça Tomi !?
-Elle est malade Maya !
Je crie sans m'en rendre compte et je perçois les passants qui se retournent pour nous observer. Mais je n'y prête pas garde et je fixe la petite sœur de celle qui était l'amour de ma vie. Voyant son air blessé je me rends compte que j'ai peut-être un peu été trop direct et que j'ai parlé un peu fort alors je me radoucis pour lui expliquer calmement, non sans une gêne visible dans mon articulation.
-Elle est malade. Sa mémoire ne fonctionne plus correctement et parfois il y a des interférences qui en coupent des parties qui peuvent être ou non importantes. Elle a peut-être oublié nos noms un certain temps et quelques souvenirs mais tu as vu par toi-même qu'elle s'en voulait et qu'elle retrouve quelques instants de son passé. Elle peut guérir et elle va le faire, je le sais.
Elle se frotte le bras avant de répondre :
-Mais ses jambes, elles, ne guériront jamais.
Ne pouvant qu'acquiescer à cette vérité, nous retombons tous deux dans la tristesse.
June
Thomas.
C'est toi, c'est lui, c'est toi.
Comment as-tu pu ne pas me dire qui tu étais depuis le début ? Pourquoi me cacher une information d'une telle importance dont j'avais besoin pour retrouver une bonne partie de ma mémoire ? Je ne comprends pas. Je ne te comprends pas Thomas.
Thomas.
-Salut.
Je relève ma tête baissée sur mes jambes pour entrevoir le visage d'un garçon d'environ mon âge aux cheveux bruns appuyé contre la porte. Il porte comme moi une chemise d'hôpital par-dessus un pantalon qui ressemble plus au bas d'un pyjama qu'à autre chose. Une perfusion relie son poignet à une poche de sang et il a l'air tout à fait serein dans ma chambre personnelle. Je le dévisage et prend le temps de remarquer ses yeux gris/jaunes appuyés par deux sourcils de la même couleur que ses cheveux. Les mains dans les poches, il me regarde lui aussi de la même façon avant de déclarer d'un air ennuyé :
-Tu fais beaucoup de bruit depuis hier, tu sais ?
Je ne réponds rien. Il continue :
-Je suis ton voisin de la chambre d'à côté et je peux te dire qu'on n'entend que toi dans tout le bâtiment alors je m'en fou pas mal de savoir que tu te disputes avec ton copain où qui que ce soit d'autre mais s'il te plait arrête de crier pour un moment.
Je me sens rougir jusqu'aux racines tellement j'ai honte. J'aimerai m'enterrer sous terre ou passer sur mon lit mais ses pensées font alors ressurgir l'incapacité de mes jambes à exécuter mes ordres et je rebaisse la tête sur celles-ci, les mains les caressant lentement. J'entends qu'on s'approche de moi à cause des pas sur le sol et la perfusion qui roule, puis je sens une masse lourde qui se laisse tomber sur mon lit ce qui me fait sursauter. Je n'y prête pas attention, m'attendant à ce que ce garçon s'en aille d'un instant à l'autre cependant il relève mon menton d'un doigt et le lâche puis je reste figée ne pouvant rien voir d'autre que son visage.
-Hey, ça va ?
Il a l'air gentil mais quand j'ouvre la bouche pour lui répondre je la referme presque automatiquement ne sachant que dire et ne voulant pas trop engager une conversation inutile. Il laisse s'échapper un soupir tandis que je reste toujours impassible devant ses faits et gestes. Je ne pense pas avoir besoin de quelconque autre présence vu que je ne me souviens déjà plus de la moitié qui m'était chères il y a deux jours. Néanmoins il me lance :
-Je m'appelle Jack.
Sur sa lancée, il explique ;
-Je sais que ce n'est pas toujours facile tous les jours d'être enfermé dans cet hôpital alors quand tu t'ennuieras et que tu désireras t'amuser tu pourras m'appeler ou venir dans ma chambre si tu arrives à t'installer dans ce fauteuil.
Il désigne la machine roulante de la tête puis se lève. Je le regarde un instant s'éloigner avant de répondre d'un ton brusque et froid :
-Je sors bientôt.
Il se retourne et m'offre un sourire moqueur.
-Bientôt ? C'est le médecin qui te l'a dit ?
-Oui.
-N'y compte pas trop ! On n'est jamais complètement sorti avec ces toubibs malades !
Je prends un air étonné tandis qu'il rit doucement.
Il se dirige vers la porte alors que je réfléchis à toute vitesse pesant le pour et le contre ; je pense à Thomas, à ma petite sœur, à ma famille et à tous les gens dont j'ai oublié l'existence et je me dis que finalement ça ne peut pas être pire.
-Hey !
Je l'appelle.
Il pivote sur ses talons, les mains toujours dans les poches, l'air serein.
-Je m'appelle June.
Là, il me répond par un sourire charmeur et envoûtant qui ne manque pas de me faire ressentir des frissons dans tout le corps. Toujours en souriant, il me lance alors :
-Enchanté, June.
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