Chapitre 12 - Tout pour elle

Hey ! ^^

Désolée pour ce retard monumental ! Pour me faire pardonner voici un chapitre beaucoup plus long que d'habitude :) Vous pouvez écouter le lien Youtube en même temps si vous voulez, personnellement je l'ai écouté durant tout le long de mon écriture ! Bref, donnez moi vos avis ! Bonne lecture ! :D

---------------

June

La première chose qui me vient à l'esprit quand je rencontre de nouveau l'oxygène est d'en prendre une grande bouffée. J'ignore combien de temps s'est écoulé depuis notre plongeon mais j'aurais pu survivre encore un peu plus ; il est mon air. J'entoure sa nuque de mes bras alors qu'il me soulève et me porte sur les escaliers telle une princesse. Je regarde mes habits : ils sont trempés.

-Thomas t'abuses ! Je grogne alors que j'essore mon débardeur qui, de toute façon, trempe tout de même dans l'eau.

Ce dernier m'envoie un jet d'eau pour toute réponse et je le dévisage, amusée, un petit sourire aux lèvres avant de lui rendre la pareille et de voir tous mes amis plonger dans la piscine en criant :

-Bataille d'eau !

Aussitôt les éclaboussements fusent et je me retrouve encore plus mouillée que la seconde précédente tandis que je ris aux éclats, accompagné de mes meilleurs amis. Sur le côté je remarque Thaïs qui ne plonge pas mais je m'en moque et j'éclabousse le premier qu'il me tombe sur la main. Je suis la seule qui n'est pas en maillot et je dois avouer que le confort me manque... Seulement je ne peux pas tellement me changer maintenant.

-Qu'est-ce qui ce passe ici ?! S'exclame mon père qui se tient sur le bord de la piscine, les poings sur les hanches, faussement énervé.

Lui a pris sa journée pour mon anniversaire et j'en suis plus que ravie, cependant désormais il dévisage tous mes amis qui se sont tous arrêtés à sa protestation. Je ne peux m'empêcher d'étouffer un rire ; tous tremblent devant l'autorité de mon cher papa qui pourtant n'est pas si effrayant que cela. Thomas ouvre la bouche en premier pour répondre :

-Désolé monsieur...

Sans grand étonnement de ma part, mon père part d'un grand rire avant de déclarer en retournant vers son barbecue ;

-Amusez-vous les jeunes ! Mais faites attention à ma fille ! Ajoute-t-il avec un clin d'œil.

Aussitôt Zack relance la bataille générale et au bout de quelques minutes, nous finissons par être lassés et Thomas me sort de l'eau pour me poser sur une des chaises en m'apportant une serviette. J'appelle alors discrètement ma sœur et lui intime ma volonté de changer de tenue ; elle me prend immédiatement dans ses bras et me porte jusqu'à ma chambre non sans grande peine car sans la vexer, elle n'est pas très musclée. Elle me dépose dans celle-ci et me laisse me débrouiller en n'oubliant pas de fermer la porte. Je fixe alors mes jambes d'handicapée et je me demande si celles-ci sont encore plus bleues que la dernière fois que je les aies vues à l'hôpital. Elles me gâchent tellement la vie... J'avoue avoir un moment de faiblesse dans les prochaines minutes mais je me reprends immédiatement et à l'aide de mes bras, enlève mon jean, mon haut et mes sous-vêtements pour me mettre tant bien que mal en maillot de bain. J'ai honte... Encore toute seule j'ai terriblement honte de cette couleur entre le violet et le bleu que prennent mes jambes et honte de devoir m'habiller ainsi sans pouvoir esquisser un seul mouvement du bas du corps pour m'aider. J'enfile tant bien que mal mon bas noir à nœuds jaune fluo sur les côtés qui contraste avec la couleur de mes cuisses avant de mettre mon haut reprenant les couleurs du bas qui est tout de même plus facile à enfiler. Puis je m'installe dans mon fauteuil roulant qu'Alexia à disposer au pied de mon lit pour me diriger vers la glace afin de vérifier mon apparence. Lorsque je me retrouve devant celui-ci des larmes me montent aux yeux : on dirait tout sauf une fille normale et je ne souhaite plus que ressembler à une personne banale sans problèmes particuliers autre que ce qu'elle va manger à midi. Comme avant. J'aimerai être comme avant. Refoulant mes larmes, je me dirige vers mon armoire et je l'ouvre pour me retrouver face à un contenu qui n'a pas changé depuis tant de mois ! Je fais glisser le premier tiroir et je trouve immédiatement ce que je souhaite : mon paréo. Comme je le peux, je le fais glisser dessous moi pour l'enrouler autour de mes jambes et ainsi les couvrir tandis que je repasse devant mon miroir. Cette fois, cela fait plus naturel et moins malade. Je toque donc à la porte de ma propre chambre pour qu'Alexia déverrouille et lorsqu'elle me voit, elle s'exclame :

-Magnifique sœurette !

J'en doute Alex. J'en doute.

Elle me prend dans ses bras et redescend les escaliers pour me mener jusqu'à l'extérieur où mes amis, en premier Paul, s'écrie :

-Ah ! La voilà !

Je suis donc accueillie sous tous les regards de mes amis assis à la table autour du plat de saucisses accompagné de purée qui est posé dessus. Il m'ont tout de même attendu pour se servir. Alexia me dépose dans ma chaise alors qu'Owen annonce :

-Notre joyeuse et aimée petite June d'abord !

Il s'empare des couverts de Tiffany sous les protestations de celle-ci et s'empresse de mettre dans mon assiette deux saucisses et un peu de purée lorsque Gwen, assise à côté de moi, lui tend avec le sourire. Elle repose celle-ci devant moi et Owen continue son service avec sa petite-amie et lui avant de tendre les couverts à Zack :

-J'en peux plus c'est trop d'efforts ! Vas-y sers-toi mec !

-T'aurais pas su doser de toutes manières ! Rétorque celui-ci avec un sourire mesquin en lui arrachant presque le couteau et la fourchette des mains.

Je ricane avec Gwen, Lara et Clara alors que Zoé lève les yeux aux ciels avec Tiffany en symbole d'exaspération devant les garçons. Zack finit par servir tout le monde et Killian déclare alors avec un ton empressé d'en venir à la nourriture :

-Bon app' les gens !

Des ''Bon Appétit'' s'entendent alors de toutes les bouches y compris de la mienne et je remarque que seul Thaïs n'a pas souhaité cela aux autres. D'ailleurs elle n'a pas été servie et se sent de plus en plus exclue je pense. Je me demande vraiment ce qu'elle fait encore là. Peut-être que c'est grâce à son frère Eli qui n'est pas là aujourd'hui mais qui se trouve être également une de nos plus proches connaissances à tous. J'ignore la raison de sa non-présence en y pensant ! Il faudra que je demande aux autres néanmoins pour l'instant je suis bien trop occupée à dévorer mon plat principal qui est tout simplement un régal pour moi et mes papilles. Alors qu'un morceau de viande se coince entres mes dents et que je tente de l'enlever avec ma langue, je vois Thomas qui m'observe discrètement et est secoué d'un petit rire et je rougis aussitôt. Je ne me souviens pas avoir été si intimidé par lui car à vrai dire, et je dois admettre que c'est cela qui me fait le plus mal, je n'ai plus aucun souvenirs de lui. Même si certains reviennent parfois, je ne peux jamais me rappeler exactement de son visage et de sa personnalité. Ça le rend triste autant que moi de l'avoir oublié de la sorte et je sais que même s'il le cache cela lui fait extrêmement mal car moi aussi j'ai appris à mieux le connaître durant huit mois. Je me demande parfois s'il est soulagé de savoir que je l'aime toujours. Je ne lui ai jamais posé la question néanmoins je me vois mal le faire.

Après avoir vu défiler le fromage, le dessert et les bonbons sous nos yeux nous décidons d'aller dans le fond du jardin mais nous sommes retenus par une voix agaçante qui, je crois, se fait entendre pour la deuxième fois de la journée.

-Je dois m'en aller.

Je me tourne vers elle : Thaïs. Qu'elle parte ne fait que me ravir même si j'ai un peu de réticence à l'admettre, elle n'est plus vraiment une amie. Elle nous quitte donc sans au revoir, sous prétexte d'un rendez-vous médical dans une voiture qui ne m'est pas inconnue. C'est celle d'Eli... Pourquoi n'est-il pas venu aujourd'hui ? Décidément, il me tarde de régler cette question avec les autres. Aussi, curieuse et dérangée par l'attitude de ce dernier je ne peux m'empêcher de demander à Lara, celle que je croise en premier. Je la retiens par le bras alors qu'elle va s'assoir et elle se penche comme elle le peut, avec son genou, pour m'écouter de l'oreille la plus attentive.

-Pourquoi Eli n'est-il pas venu ? Je la questionne.

Elle semble étonnée de ma question avant de se rappeler certainement quelque chose et de prendre un air triste sans vraiment donner de réponse. Que se passe-t-il encore ? Qu'ai-je manqué ? J'insiste pour qu'elle me réponde mais cependant celle-ci me murmure juste, comme ayant l'intention de ne se faire entendre par personne :

-Plus tard, d'accord ?

Je m'empresse de me plaindre mais elle rajoute aussitôt pour se justifier :

-Je ne voudrais pas te gâcher ton anniversaire.

Elle part à sa place sans rien dire de plus alors que des questions ne cessent de me tourmenter l'esprit. Que se passe-t-il bon sang ? Je n'ai pas le temps d'avoir des réponses : Thomas tourne ma chaise vers lui sans explications, se met accroupi dos à moi, agrippe mes jambes et j'ai juste le temps de mettre mes mains autour de son cou avant qu'il ne me soulève sur son dos en déclarant :

-Ça sera certainement plus agréable comme cela que dans mes bras pour faire une partie de volley !

Je ris. Quelle merveilleuse idée ! Tous se lèvent de leurs chaises et nous nous dirigeons vers l'arrière du jardin derrière les palissades de roses grimpantes et alors que je me demande si rien n'a changé je les passe sur le dos de celui que j'aime sans plus de cérémonie. A ma plus grande joie tout est comme avant : le terrain de sable de volleyball en plein centre avec à sa gauche le mini bar, le jacuzzi de six places et les nombreuses tables rondes abritées de parasols et à sa droite, de la pelouse sur cinq mètres suivi d'un vaste jardin de plantes de toutes sortes se finissant par plusieurs hamacs suspendus à des tiges de fers couvertes de plantes. C'est mon petit endroit de paradis. Alors que Zack et Paul partent chercher un ballon dans la cabane derrière le bar, nous nous répartissons en différentes équipes qui se composent suivant cette composition : Thomas, Zack, Paul, Gwen, Maxime et moi formons l'équipe rouge des Coulithorynques, un mélange de coulis à la fraise et ornithorynque choisis par Zack et Paul. En face de nous se trouve le reste de la bande c'est-à-dire Clara, Killian, Zoé, Owen, Tiffany et Alexia qui sont l'équipe des Kiwibouh, un mélange de kiwi et de l'onomatopée qui sert à provoquer la peur. Quelques fois je me demande ce qui nous passe par la tête ! Et je n'oublie pas Lara : celle-ci ne pouvant réellement bouger à cause de son problème de genou se charge d'arbitrer et a donc l'honneur de pouvoir écrire nos noms sur le grand tableau. Après la venue du ballon, nous attendons qu'elle ait fini et qu'elle s'exclame d'une voix forte, prenant totalement à cœur son rôle d'arbitre et me gratifiant d'un sourire pour me souhaiter bonne chance :

-Prêts ?

-Oui ! Crie-t-on tous en même temps alors que Maya et son ami arrivent pour nous regarder, aux côtés de Lara.

Cette dernière fait glisser le ballon de notre côté et Gwen, qui le récupère, me le passe. Lare explique brièvement les règles avant d'annoncer le commencement, alors que les deux équipes se fixent entres elles, le sourire aux lèvres, déjà amusé par le futur match.

-Balle au Coulithorynques ! Le jeu démarre maintenant !

Aussitôt je lance la balle vers le ciel, Thomas saute en l'air sans difficulté malgré mon poids et la frappe de toute ses forces vers le terrain adverse ; dans une grande vitesse, celle-ci arrive de l'autre côté du filet et c'est Tiffany, avec ses grandes compétences de sportive, qui la réceptionne en plongeant au sol en manchette. Le ballon poursuit son chemin vers l'arrière de leur terrain et Killian fait une passe à Clara au-devant de leur surface de jeu qui la réceptionne et tente de marquer mais Zack et Paul, formant un duo magnifique, s'occupe de la détourner du sol et passe la balle à Maxime qui la renvoie de l'autre côté. Mais toujours aucuns points car Zoé, aussi sportive que Tiffany, récupère la balle pour faire un échange avec Alexia et Owen qui l'envoie tout au fond de notre terrain où elle est renvoyée par Maxime par une passe à Gwen. Cette dernière me l'envoie haut dans le ciel, Thomas saute, je tends mon bras et je frappe de toutes mes forces pour marquer le premier point.

-OUAAAIII !! S'écrie Zack, le tee-shirt sur la tête, faisant le tour du terrain sous les rires des autres.

-Tape-la championne ! M'interpelle Paul alors que je lui fais un check.

Lara s'exclame alors :

-Point pour les Coulithorynques !

Décidément ce nom est totalement ridicule, cependant en ce moment mes amis font tout pour me faire sentir bien et j'apprécie autant l'humour de ce nom que leur geste généreux. Le reste du match se compose d'échanges aussi longs que celui que je viens de décrire et nous marquons plusieurs points pour finir avec un score de vingt à dix-sept pour notre équipe. Après les nombreux allers-retours de Zack et Paul sur tout le terrain pour célébrer notre victoire et un ice bucket challenge lourd en émotion pour les perdants, nous avons rassemblé les tables pour n'en former qu'une et sur le dos de Thomas, j'apporte les boissons à mes amis avant de m'assoir également. Sirotant nos boissons, nous ne cessons de rire sur les blagues de chacun et les Kiwibouh réclament une revanche.

-Redemander une raclée c'est fort tout de même ! Se moque Zack, fier de lui.

-Eh ! On n'avait que trois points de différence ! Proteste Alexia.

-Aurais-tu peur de perdre, frangin ? Le taquine Zoé.

Zack s'apprête à répondre à la réplique de sa sœur mais Paul le devance :

-C'est bon. On joue !

Aussitôt Thomas se lève et vient me prendre sur son dos en criant :

-Equipe des Coulithorynques, prêts ?

-Yes chef ! Répond Gwen en riant.

Nous nous repostons donc sur l'espace de sable et le match retour commence. Je ne vois pas le temps passer ni les points défilé mais lorsque j'entends la fin de l'avant dernier échange je reporte mon attention sur le tableau : Dix-neuf à dix-neuf. C'est serré !

-Balle aux Kiwibouh ! S'exclame Lara en lançant celle-ci.

C'est Zoé qui la récupère et l'échange final commence. La balle vient et repars plusieurs fois et des passes spectaculaires se font cependant au moment où Killian hérite du ballon je sais que le match va se finir car il me l'envoie en plein dessus et alors que je tente de la récupéré elle m'échappe des mains pour finir... en manchette de la part de Paul qui la donne à Maxime qui s'élève pour faire un smash et nous gagnons finalement le dernier point sous les cris joyeux de nos joueurs et sur la mauvaise foi des autres. Ces derniers devant nos yeux sont conviés à un autre gage qu'on me laisse le soin de choisir mais je n'ai pas d'idées ! Thomas me murmure alors que je m'appuie sur son épaule :

-Un jeu de la bouteille entre eux tous.

-Super idée ! Je lui chuchote à mon tour.

Je déclare l'idée à haute voix et alors qu'ils grognent, j'expose mes règles :

-Chacun doit embrasser quelqu'un, vous avez le droit à un joker et quand tout le monde l'a fait le jeu s'arrête !

Au grand désespoir de mes amis participant au jeu et à l'amusement de mon équipe, ce fameux gage dure plus longtemps que prévu et Killian et Owen embrassent finalement tous les deux, deux filles chacun sous les regards jaloux de Tiffany et Clara. J'espère juste que ça ne va pas créer de tensions ! Heureusement, celles-ci laissent passer car elles savent que ce n'est qu'un jeu et que leurs copains sont fidèles. Nous profitons encore une fois de la piscine, jouons tel des enfants à nous couler dans l'eau, moi sur le dos de Thomas, et finissons tous sur l'herbe, à côté du fond du jardin épuisés, sur les serviettes. Ma main dans la sienne est comme un confort de plus et je regarde le ciel qui a pris une teinte rosée depuis une demi-heure environ. Je reporte mon regard sur mes amis, les couples formés sur les serviettes ; Killian et Clara se partage une grande serviette double tandis que Tiffany et Owen se rapprochent du mieux qu'ils peuvent sur la petite serviette de ce dernier. Zack et Paul, avec Zoé au milieu, s'amusent à un jeu en regardant les nuages apparemment et Gwen est à ma grande surprise assise face à mon frère sur sa serviette. Lara et Alexia semblent, elles, en grande discussion. Je me retourne vers Thomas comme je le peux et je vois celui-ci en grande contemplation du ciel. J'appuie ma tête sur son torse et il me confie :

-Comment je ferais quand tu seras là-haut ?

-Comment ça ?! Je m'étonne en me relevant sur mes bras.

Je distingue les traits de la crainte et je comprends que ma maladie le bloque réellement et provoque en lui des peurs que moi-même je crains de ne jamais pouvoir réparer. Il est vrai que je suis impossible à soigner mais je vivrais le plus longtemps que je le peux pour lui. Je lui ai promis et je ne cesserai de lui promettre. De plus, j'ai appris à accepter mon sort même si la mort me fait toujours aussi peur. Il pivote sa tête vers moi et semble vouloir dire quelque chose mais nous sommes interrompus par mes amis.

-June ! M'interpelle Gwen. Nous devons partir.

Thomas m'aide à me relever, reprenant une expression heureuse, et me soutiens avant de me faire basculer dans ses bras. Il m'installe sur une chaise et mes amis viennent tour à tour me faire la bise. Désormais, tous doivent s'en aller car il se fait tard et Thomas m'a prévu un dernier cadeau. Comme si le voyage ne suffisait pas !

-On se revoit demain de toutes manières ! S'exclame Tiffany.

-Oui ! Et toute cette semaine avant que tu ne t'envoles pour Disneyworld ! Renchérit Paul en me faisant un clin d'œil.

-Pas de soucis ! Je ris.

-Et tu appelles si tu as besoin. M'informe Zoé, le regard légèrement inquiet.

-Ouiiii 'Zo !

-Tu as plutôt intérêt miss ! Me menace Zack, posant son coude sur l'épaule de sa sœur.

Je ris une dernière fois à leurs craintes alors que tous quittent ma maison. J'ai peur de les perdre autant que lui. Je sais pourtant qu'un jour ma maladie viendra à bout de tous ses visages rassurants et protecteurs. Ils doivent le savoir eux-aussi mais c'est tellement difficile d'en parler. Rien qu'évoquer le sujet leur plombera le moral. Je les regarde donc tous s'éloigner un par un. Après leur départ et leur salut dans la rue, Maxime et Alexia s'éclipsent eux-aussi pour aller à la soirée d'un de leur ami qui fête lui-aussi son anniversaire et afin de nous laisser seuls avec Thomas. Mes parents, eux, sont absents depuis midi et ne compte pas revenir avant le lendemain, voulant une journée romantique eux-aussi. Je les comprends. Seuls près de la piscine, Thomas se tourne finalement vers moi et s'approche dangereusement de mon visage, sa main sous mon menton en murmurant avant de m'embrasser :

-Enfin seuls...

Je me laisse emporter par son baiser et les sensations qu'il me provoque avant qu'il ne détache ses lèvres et je ne sais combien de temps s'est écoulé mais il me semble que le soleil a légèrement baissé vers la ligne de l'horizon. Il me fixe désormais dans les yeux et je trouve de moins en moins romantique de ne pas pouvoir me servir de mes jambes ; il est toujours obligé de se baisser pour m'embrasser et cela me gêne extrêmement. Cependant il sait toujours comment me remonter le moral et je sais qu'il le fera si jamais il me vient de douter de moi. Il s'éloigne un peu plus de moi avant de se retourner, d'agripper mes jambes pour me faire monter sur son dos et j'entoure mes mains autour de son cou pour m'accrocher. Il me monte jusqu'à ma chambre et me dépose sur mon lit avant de m'embrasser passionnément. Il me dépose des tas de baisers dans le cou et je commence à ressentir des papillons dans le ventre lorsqu'il se détache finalement pour déclarer :

-Je te laisse te changer.

Il sort finalement de la chambre et une seule question apparaît dans ma tête : Que vais-je bien pouvoir mettre ?

Thomas


Je ferme la porte de sa chambre et je me dirige vers la chambre d'ami en bas où j'ai laissé mes affaires pour ce soir. Je ne compte pas mettre de costume mais je m'habille néanmoins de manière assez classe avec un jean et une chemise blanche après avoir pris une douche. J'observe le résultat dans le miroir et je me dis que je ne suis pas si mal que ça avant de me diriger vers la salle de bain. Là, je recoiffe correctement mes cheveux et je me parfume tout en vérifiant à ne pas trop mettre de parfum. Je n'oublie pas le déodorant. Je me demande réellement comment elle va être. J'enfile une montre à mon poignet avant de l'enlever aussitôt : je n'ai pas besoin de me soucier réellement du temps avec elle. Je fixe de nouveau mon reflet dans le miroir et je ne suis pas conquis : les manches de ma chemise sont trop longues. Je les remonte jusqu'en bas du coude et cela n'est pas si mal. Puis je déboutonne un ou deux boutons en haut pour me laisser respirer. Là ça va mieux. J'inspecte une dernière fois tous les détails : j'espère qu'elle me trouvera à son goût. Puis, saisissant mon portable, je pars la chercher dans sa chambre. En montant les escaliers je ressens de l'appréhension : et si elle n'aime pas mon cadeau ? Je frappe avant de plus me tourmenter l'esprit.

-Attends Tom ! Je ne suis pas encore prête ! Me crie-t-elle à travers la porte.

Je souffle, pas de désespoir mais à cause du stress qui monte en moi et je m'adosse au mur en face de sa porte de chambre. J'entends le bruit du sèche-cheveux derrière sa porte et plusieurs entrechoquements. Et si elle se fait mal ? Non. Elle n'aime pas que je la traite comme une handicapée et je n'ai pas le droit de penser qu'elle ne peut pas se débrouiller avec son fauteuil. Je dois attendre encore entre dix et vingt minute avant que la porte ne s'ouvre timidement et que June fasse coulisser son fauteuil dans l'entrebâillement :

-Tu m'aides à remonter la fermeture éclair de la robe ? Demande-t-elle, rouge.

Je crois que je reste paralysé par sa beauté : Elle est vêtue d'une robe rouge bordeaux aux manches laissant voir les épaules et tout le cou moulante jusqu'à mi-cuisses qui fait contraste à ses yeux bleus époustouflants. Des perles de rubis sont à ses oreilles et ses escarpins sont du même rouge que la robe. Ce qui m'étonne le plus c'est qu'elle a laissé ses jambes à l'air, elle les voyant toujours du même bleu alors que celles-ci ont repris une couleur normale depuis longtemps. Un collier de petites pierres bleues clair, faisant ressortir ses yeux est attaché à son cou et s'accorde parfaitement à la chainette à son poignet et à sa cheville. Ses longs cheveux noirs d'ébène sont tressés en natte sur son épaule droite et je m'émerveille encore devant elle : June est tout simplement parfaite.

-Euh... Thomas ? Me rappelle-t-elle à l'ordre alors que ma bouche est toujours ouverte en o.

Je souris aussitôt :

-Tu es magnifique.

Elle rougit et je souris de plus bel alors qu'elle répond un timide merci. Je m'approche d'elle et je remonte la fermeture dans son dos en déposant au passage un baiser sur la peau fraîche de son cou et elle frissonne. Je me retrouve en face d'elle et je l'embrasse doucement. Ses lèvres sont tellement délicieuses... Je me détache d'elle et elle me sert un de ses plus beaux sourires. Je la conduis alors en poussant son fauteuil à l'étage inférieur et nous sortons de la propriété sans oublier de fermer à clé. La limousine arrive alors et June reste en admiration devant la première partie de ma surprise :

-Thomas !

-Ça te plait ? Je demande alors qu'elle reste muette.

-Bien sûr mais ce n'était pas utile ! Dit-elle alors qu'un immense sourire se dessine sur ses lèvres.

Evidemment que c'est utile. Je veux qu'elle passe la plus belle journée de son existence et la voiture en fait partie ainsi que tout le reste. Le chauffeur nous ouvre la portière et je l'aide à s'installer en repliant son fauteuil dans l'habitacle sur le côté. Nous avons toute la place pour nous et j'en profite pour lui voler et échanger des baisers multiples et pourvu d'amour. Je la contemple de nouveau ; elle est vraiment magnifique. Le chauffeur s'arrête alors et nous débarquons au restaurant le plus côté de la ville et devant la porte elle perd une fois de plus la voix. Nous entrons et nous installons à une table réservée alors qu'elle ne cesse de me taper sur la main :

-Mais il ne fallait pas sombre idiot ! C'est beaucoup trop... beau ! Lâche-t-elle, le sourire aux lèvres, faisant apparaître de plus en plus le mien.

L'apéritif nous est servi et nous trinquons à son premier vin rouge qu'elle commente de la façon suivante avec le sourire, manquant tout de même de s'étouffer :

-Ce n'est vraiment pas buvable. Les rumeurs sont bel et bien fondées !

Je ris doucement alors que nos mains s'enlacent et je me rends compte qu'elle m'a rendu complètement gaga d'elle. Ce que j'aurais trouvé totalement ridicule chez les autres me rend aujourd'hui tellement bien. En même temps, voilà longtemps que je la veux pour moi. June Carter m'obsède depuis que nous nous sommes rencontrés et voilà seulement trois ans que nous sommes ensemble. C'est un beau record mais sur toutes les années c'est peu. Tandis qu'elle pique des cacahuètes dans le petit pot qui en est rempli à ras-bord, je l'interroge :

-Alors, cette journée ?

-Jusque-là parfaite monsieur Patterson. Pouvez-vous l'élever à un stade encore plus haut que le mot ''parfait'' ?

-Mm... Sans vouloir me vanter je pense pouvoir le faire, mademoiselle.

Elle rit doucement et je souris encore plus. Puis, ses sourcils se froncent et je redoute la prochaine question de sa part et je constate amèrement que c'est une réponse difficile à fournir.

-En fait, commence-t-elle. Pourquoi Eli n'est pas venu ?

Je vois bien son regard insistant mais j'hésite à lui dire. Je ne veux pas gâcher son anniversaire cependant je n'ignore pas que cette question va la tourmenter toute la soirée si je ne finis pas par lui avouer la vérité :

-C'est récent... Sa mère est décédée.

Je vois immédiatement une expression triste s'afficher sur son visage et je regrette un peu mes paroles toutefois elle me demande la suite alors je lui explique :

-C'était il y a quelques mois, l'avion dans lequel elle se trouvait s'est écrasé et il n'y a eu aucun survivant. Dès lors, Eli, qui voulait te revoir absolument à décréter ne plus pouvoir affronter une nouvelle mort et à commencer par arrêter les cours afin de plonger dans la dépression. Quant à sa sœur, elle t'a tenu comme responsable de son état et s'est vengée en quelques sortes en parlant sur toi au lycée. Thaïs trouve cependant toujours la force de venir et malgré son attitude désagréable, tout le groupe sait qu'avant elle n'était pas si méchante et que si nous la lâchons elle va s'effondrer et emporter son frère... Eli ne veut plus nous voir ni nous parler. Il rabâche sans cesse qu'on est tous liés à toi et que quand tu mourras il ne pourra pas affronter nos larmes en même temps que sa propre tristesse.

Je finis le dialogue dans son silence total et seule la musique de fond continue de jouer ses notes symphoniques. Une larme roule sur sa joue et je l'essuie aussitôt avant de l'embrasser délicatement. Elle me sourit enfin et je sais que j'ai fait le bon choix même si cela à sans doutes terni sa journée. Je me fais la promesse de tout faire pour lui faire oublier cet aveu. Je ne veux pas qu'elle souffre comme un de mes meilleurs amis que s'avère être Eli. Les plats défilent sous nos yeux, exquis et délicieusement présentés. La conversation se simplifie et nous parlons à notre habitude de tout et de rien. Je sens qu'elle commence à oublier la nouvelle lorsque le dessert arrive et nous finissons de manger dans des paroles joyeuses et pleines de taquinerie. Je demande la note au garçon et nous nous éclipsons du restaurant sous des regards curieux à l'égard de June, qui, j'espère, ne le remarquera pas. Je marche et elle roule à mes côtés dans la rue sans nous tenir la main à cause du fauteuil et je ressens son mal-être. Heureusement nous arrivons rapidement près de la prochaine destination à l'orée d'un bois.

-A partir de là le fauteuil va souffrir alors tu ferais mieux de grimper sur mon dos.

-En robe ?! Pas question !

-Et bien vient dans mes bras, princesse !

Elle ne proteste pas, non sans me demander où nous nous rendons mais je ne lui donne aucun indice et je m'occupe de nous frayer un chemin à travers les bois, ses petites mains liées autour de ma nuque. Après un long trajet où elle ne cesse de me poser un tas de questions compliquées nous arrivons enfin près d'un vieux pont métallique avec des barreaux assez hauts inutilisé traversant une rivière assez large. Elle observe les lieux sans rien dire et je la pose au sol sur le métal du pont, elle s'assoit comme elle le peut, les jambes repliés sur le côté puis tourne la tête de part et d'autres afin de prendre connaissance des lieux. J'ai conscience qu'elle ne voit rien et aussi, j'allume la batterie des guirlandes lumineuses cachée dans un coin d'un des piliers des tiges en métal du pont. Aussitôt, les rambardes autour de nous s'illuminent pour laisser voir des milliers de cadenas accrochés aux fils de métal. Je me pose en face d'elle alors qu'elle est occupée à regarder toutes les lumières colorées nous entourant.

-C'est ici que tous les couples se rendent lorsqu'ils veulent sceller leur amour.

J'explique.

Elle se moque tout en fixant les cadenas, tout de même époustouflée :

-Tu deviens bien romantique, Thomas !

Je sors un cadenas assez gros avec une clé en forme de cœur sculptée en son centre et les prénoms gravés de l'autre côté pour lui tendre.

-A toi l'honneur ! Lui dis-je.

-Portes-moi alors ! Je veux le mettre haut ! Réclame-t-elle en se dirigeant d'ors et déjà vers moi.

-Sur mon dos ? Je la taquine.

-Oui, au pire on est seuls ! Et surtout je serais plus haute !

Je la fais donc monter et elle s'appuie sans remords sur mes épaules pour se hisser et accrocher assez haut notre cadenas à tous les deux, elle le referme alors sur les barreaux et je la repose sur le sol avant de lui donner la clé :

-Toi seule peux l'ouvrir, désormais.

Elle regarde la clé en forme de cœur comme celle du motif sculpté et murmure un ''merci'' presque inaudible. J'en conclu qu'elle est heureuse de sa soirée. Je lève la tête pour voir le cadenas et je l'interroge, curieux :

-Pourquoi si haut ?

Elle s'approche de moi de ses bras pour se blottir contre mon torse et je passe mon bras derrière elle pour le poser sur le sien, la resserrant contre moi. Elle explique alors, d'une petite voix qu'on emploie comme pour dire un secret.

-D'abord pour ne pas qu'on l'enlève quoi qu'il arrive et ensuite parce que mon amour pour toi s'élève jusqu'aux étoiles et que même si ce pont s'effondre, ce petit cadenas continuera d'exister longtemps et pourra s'enfuir par la rivière sans être bloqué par les autres afin de rejoindre la mer et d'y rester pour l'infini.

Elle se tourne vers moi et s'approche de mon visage alors que je suis touché par sa déclaration elle ajoute alors dans un murmure :

-Je t'aime Thomas.

Elle rompt alors le contact entre mes lèvres et les siennes et celles-ci se fondent en un baiser envoûtant et enveloppant mon âme d'une douceur infinie. Jamais je ne pourrais survivre sans cette fragile sensation de bien-être qu'elle m'apporte. June est si importante que jamais je ne pourrais m'imaginer vivre sans elle et je sais qu'elle le pense également. Durant ce baiser si intense je ne pense qu'à elle, à ma main dans ses cheveux et au soulagement que m'a provoqué le fait qu'elle me dise ''je t'aime''. June m'aime. June m'aime et c'est formidable parce que les premières semaines après l'accident j'ai cru qu'elle ne me le dirait plus jamais. Malgré nos baisers et mes déclarations j'ai cru que plus jamais ces mots ne sortiraient de sa bouche. Aujourd'hui elle a brisé toutes mes craintes et elle m'aime. June m'aime et c'est sans aucuns doutes le plus important.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top