Chapitre 6
Lendemain matin.
J'arrive au lycée, ma mère m'a déposé. Je la salut et file à l'intérieur de l'établissement. Je vais à mon casier, je pose mes affaires, récupère ce qu'il faut pour le cours et je reste contre mon casier, je ne bouge pas. Je prends mon portable et traîne dessus, jusqu'à ce qu'une main me bouche la vue. Je verrouille mon téléphone et regarde qui vient d'arriver, c'est Matt.
-Hé, salut toi !
-Salut. Ça va ?
-Très bien et toi ?
Je hausse les épaules, je ne peux pas être au top de ma forme ...
-T'as parlé à tes parents ?
-Matt, je ne suis pas folle, je ne vais jamais leur dire.
-T'es vraiment trop têtue.
-Je veux juste pas être tuée par mes parents.
-Mais ils sauront quand tu vas accoucher.
-Chut ! Parle pas de ça ici !
Matt soupire et me tends sa main, je comprends qu'il veut qu'on en discute dehors. On file dans la cour et on s'installe assez loin des autres.
-Matt, j'ai pas envie que tout le monde le sache que je suis enceinte. Et je ne vais pas en parler à mes parents, j'en ai pas démordu hier. Je dois juste voir ce que je peux faire pour accoucher discrètement.
-C'est impossible, tu le sais très bien !
-Bien sûr que si, c'est possible. Des tas de jeunes femmes le font, je peux le faire aussi.
-Arrête d'être autant tête de mule ! Plus vite tu en parles à tes parents, plus vite tu auras l'esprit tranquille.
-Si j'en parle à mes parents, ça veut dire que ça va finir par ce voir. Et si ça ce voit, je te rappelle que mon agresseur est notre prof d'histoire, il va forcément se poser des questions. Et franchement, j'ai pas envie de lui dire "coucou, tu m'as violé le 2 juillet, je suis tombée enceinte et tu vas avoir un enfant dans quelques mois". J'ai pas du tout envie que ce bébé connaisse un monstre.
-Tu te rends compte que tu le protèges déjà en disant ça ? C'est que tu ressens forcément quelque chose pour ce bébé.
-C'est juste un instinct protecteur, pas de maman.
Matt me regarde en mode "t'es une future maman qui protège son bébé", j'ai envie de le taper.
-Arrête de me regarder comme ça. Dire ça veut simplement dire que je veux qu'un enfant grandisse sainement, pas avec un putain de violeur. De toutes façons, il sera adopté, donc ...
La sonnerie nous interrompt, amen ! Je déteste ce genre de conversation, j'ai plus envie d'en avoir jusqu'à ce que ce bébé soit là et qu'il disparaisse de ma vie.
-Sinon, avant qu'on aille en cours...
Je regarde Matt alors que je me lève, je me demande ce qu'il va encore me dire.
-Tu devrais quand même faire une échographie. Je sais que t'as pas envie d'en parler, mais imagine la grossesse est mal placée. Tu risques de vraiment souffrir si c'est le cas.
-On verra.
-S'il te plaît ! Je demanderais à ma mère de l'argent s'il faut.
-C'est gentil, mais comme je te l'ai dit, on verra.
Je file vers l'entrée de l'établissement, Matt me suit rapidement. On va en cours, il ne m'embête pas jusqu'à la fin des cours. On va s'installer sur des gradins pour regarder l'entraînement de l'équipe de foot, j'aime bien voir ça depuis longtemps, même quand j'étais une petite fille.
-Hé, June, regarde.
Je me tourne vers Matt, il me tends son portable et je soupire en le voyant sur une page d'un planning familial à Bâton Rouge.
-T'es sérieux ?
-Ils font les échos, tu devrais les appeler. Tu seras obligée à rien, mais ça te rassurera sur ton état actuel. Puis dis-toi que si la grossesse est très mal partis, tu n'iras pas jusqu'au bout.
-C'est vrai ça ! Tu peux appeler pour prendre rendez-vous ?
-Ouais. Tu veux pour quand ?
-Quand tu veux. C'est toi qui conduira je suppose ?
-Si tu me le demande, oui.
-Alors prends la date qui te convient.
-OK !
Matt appelle le centre, on lui réponds rapidement. Il explique rapidement mon problème, il dit que je suis sa copine, ça me fait presque rougir. L'appel est assez court, il raccroche au bout de trois minutes.
-C'est bon. Rendez-vous vendredi à quatre heures et demi. Ça te va ?
-Parfait. Merci d'être toujours là pour moi.
Je me cale contre lui, il passe son bras autour de moi et nous profitons de notre moment ici, jusqu'à ce que le groupe de cheerleaders arrive. La leader nous regarde, limite dégoûtée.
-Hé, c'est pas pour les bolosse ici, cassez vous !
-Qu'est-ce que ça peut te faire Marina qu'on reste ici ? Je te plais que t'es aussi cassante ?
Elle mime un geste de vomi et se tourne vers ses copines, je regarde Matt en souriant.
-T'as de la bonne repartis dit !
-Bah ouais.
Je pouffe de rire puis me lève.
-Tu fais quoi ?
-Je vais aux toilettes. Je reviens vite.
Je descends rapidement le gradin et file dans le bâtiment principal, tout est calme. J'entends juste les quelques groupes scientifiques qui sont là, ils préparent des concours inter lycée, très important pour notre image et l'avenir des élèves.
Je file rapidement aux toilettes, j'avais trop envie d'y aller, puis je passe à mon casier, j'ai besoin de voir un truc. Mais pendant que je regarde mon livre d'anglais, je sens une présence glaciale dans mon dos.
-Bonjour June. Il faut qu'on parle.
Je me tourne en essayant de ne pas être tétanisé, il ne doit pas me faire peur. Par chance, j'entends toujours les autres élèves, ça me rassure.
-Qu'est-ce que vous me voulez ?
-Te parler, seul à seule. Dans ma salle.
-Non. C'est ici ou nulle part.
-S'il te plaît. Il ne t'arrivera rien.
-Je... Non. Je dois rejoindre un ami.
Je récupère un cahier et un livre, ferme mon casier et commence à partir, mais mon prof me retient par le poignet. La panique manque de me gagner, mais je prends une profonde inspiration et me calme.
-Lâchez moi, tout de suite, sinon je hurle.
-Je veux juste te parler. S'il te plaît.
L'agacement me prends, je me tourne vers lui réussit à me libérer.
-D'accord. Je vous suis.
Mon prof sourit puis me laisse passer devant lui pour aller jusqu'à sa salle. Il me laisse encore passer, j'entre et me tourne tout de suite vers la porte, qu'il ferme.
-Non. Laissez-la ouverte.
-Bien.
Il l'ouvre légèrement, ça me rassure. Il va s'installer contre son bureau, je me mets à l'opposer, vers la porte.
-De quoi vous vouliez me parler ?
-Je voulais m'excuser.
-Vous excuser ?
-Oui. June, t'es une jeune femme intelligente et je suis pas con. Je sais que tu m'as reconnu le jour de la rentrée, quand je suis passé à côté de toi. Et tu sais que je t'ai reconnu.
-De quoi vous parlez ?
-Tu sais très bien. Cette soirée du deux juillet, où je suis allé trop loin. Où tu as été victime d'un acte atroce de ma part.
-Je ne vois pas ce que vous voulez dire, vraiment. Je vais y aller.
Je me tourne vers la porte, mais il me stop.
-Je sais que c'est toi que j'ai violé comme un gros connard. Et ça me hante depuis que je m'en souviens.
Je me retourne vers lui, à la fois en colère et triste.
-J'espère bien que ça vous hante. Parce que moi, j'arrive pas à l'oublier et je ne l'oublierais jamais.
-Donc c'était bien toi. Sache que je suis sincèrement désolé. Je ne suis pas comme ça, brutal, violent, forceur...
-Vous allez me dire que vous étiez sous l'emprise d'une drogue ou je ne sais quoi ?
-J'étais stone, c'est vrai. Mais ça ne pardonne rien.
-Effectivement, ça ne pardonne rien. Et vos excuses, j'en veux pas. Vous avez ruiné un moment de ma vie par plaisir, j'ai été traumatisé et je le suis toujours. Des "pardons" ne combleront jamais le mal que vous avez fait. Putain, j'étais vierge !
Je m'avance vers lui, la colère prends le pas sur la tristesse.
-Vous avez été monstrueux, ignoble, vous m'avez laissez là, dehors, dénudée, traumatisé à vie...
Enceinte, mais ça, je ne te le dirais jamais, connard.
-Jamais je ne pourrais pardonner ça. Un viol, c'est vraiment une des pires choses qui puisse arriver dans la vie.
Une claque part, ça soulage un peu. Mon prof garde la tête sur le côté, basse.
-Je vous déteste. Vos excuses, vous vous les mettez là où je pense, bien profond. Au revoir.
Je pars de la salle, je respire profondément jusqu'à arriver à l'extérieur !
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