Chapitre 49

Cela fait un petit moment que je suis dehors, j'ai fini mon verre d'eau depuis plusieurs minutes mais je reste ici, malgré le frais. Seul du bruit dans la maison me fait un peu bouger, je tourne vers la porte. Brett vient d'arriver, il vient s'asseoir à côté de moi et pose un plaid sur mes épaules. On reste silencieux un petit temps, puis Brett prends une inspiration.

-June, tu t'en veux encore pour ce qu'il c'est passé ?

-Oui.

-La pédiatre te l'a dit, ce n'est pas de ta faute, ni de la mienne la crise d'asthme d'Heather. 

-Je sais, je l'ai bien entendu. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser ça. Le déni, le malaise, la non-acceptation, tout ça me fait penser que si elle a des soucis de santé, c'est de ma faute. 

-Ce n'est pas de ta faute. Heather va tomber malade souvent, c'est une petite fille d'à peine quatre mois, elle est encore fragile, comme nous quand on était bébé. Elle va avoir des gastro, des rhumes, des otites, mais je t'avoue que ce qui me fait le plus peur, c'est une peine de coeur quand elle sera plus grande.

Je me tourne vers Brett, un peu surprise.

-T'as peur d'une peine de coeur pour Heather ? 

-Ouais. En dehors d'une maladie grave, j'ai peur que quelqu'un lui brise le coeur.

-Tu essaies de me faire penser à autre chose ?

-Totalement. June, notre fille sera malade, mais il y a des choses qui vont lui faire plus de mal et qui vont être plus difficiles à guérir pour nous, parce qu'elle nous en parlera pas forcément.

-C'est vrai, tu as raison. Mais ce qu'il c'est passé ce soir, voir notre petite devenir aussi pâle, voir ses lèvres bleues, ça m'a retourné.

-On était pas prêt à la voir dans un tel état, surtout aussi petite. Moi aussi ça m'a fait du mal de la voir comme ça et j'ai eu du mal à la quitter pour te rejoindre. Je n'ai fait que la regarder dormir en ayant ma main sur son ventre.

-Mais comment tu fais ?

-Quoi ?

-Je me suis mise à pleurer en voyant Heather aussi mal pendant que toi, tu es resté calme et posé.

-Tu crois que je n'ai pas craqué ? Tout à l'heure, dans la chambre, quand je regardais Heather, tu m'aurais vu avoir quelques larmes, parce que j'ai moi-même été terrifié et j'ai vraiment eu peur de perdre ma petite fille. Mais j'ai vu tellement plus d'inquiétude chez toi que j'ai mis ma crainte  de côté pour rester concentré sur ce que disait la pédiatre.

-Mmm...

Je me retourne vers le lac en me perdant de nouveau dans mes pensées, Brett passe son bras autour de moi. 

-Allez, ça va aller. Heather va mieux, on sait ce qu'il faut faire si jamais elle a une nouvelle crise et on est tout les deux. Ça ira bien, ne t'inquiète pas.

-Si tu le dis. 

Brett passe sa main sur ma joue et le pousse à le regarder, il sourit tendrement.

-June, ne t'en fait pas ! Tout ira bien pour Heather, surtout avec un super papa comme moi...

Il prends une pose assez marrante, il réussit à me faire un peu rire, je l'avoue.

-Et elle a une super maman. Tu es vraiment une bonne mère pour Heather.

-Le papa de ma fille est vraiment super rassurant et un excellent confident. 

Je passe mes bras autour de lui et fait un câlin, ça fait du bien d'avoir une oreille attentive et quelqu'un d'aussi rassurant. J'entends Brett rire en me serrant à son tour dans ses bras, ce câlin fait beaucoup de bien à mon moral. Brett a raison, je ne peux pas réagir comme ça à chaque fois que notre fille tombera malade ou aura un problème de santé. Et je dois arrêter de m'en vouloir et de dire que si elle tombe malade, c'est à cause de moi et du déni que j'ai fait.

Nous restons encore un petit moment dehors puis nous rentrons tranquillement. Une fois dans la chambre, je regarde Heather, elle dort profondément et respire bien, je l'embrasse et vais me coucher. Brett est de nouveau torse nu, j'ai l'impression que ça fait des jours qu'on était l'un contre l'autre, prêt à dormir. Je le rejoins et me glisse dans la même position, il souffle du nez, ça me fait lever la tête. Il sourit, je comprends qu'il riait juste.

-Qu'est-ce qu'il te fait rire ?

-Rien. Juste le fait que tu te cales contre moi comme si de rien n'était me fais rire. Enfin, me fais plaisir.

-Evidemment que ça te fait plaisir. Une femme, enfin, jeune dans mon cas, contre toi, ça te fait plaisir !

-Juste toi, ça me fait plaisir. Après les câlins d'Heather.

-Les câlins d'Heather sont les meilleurs.

On rigole discrètement, pour ne pas réveiller notre fille, puis je dépose un rapide baiser sur le coin des lèvres et me rallonge. Je replace la couverture sur moi et ferme les yeux, cette fois le sommeil me prends sans être interrompu. 

* * *

Cela fait maintenant plus d'une semaine que nous sommes là, on rentre après-demain, déjà. J'ai savouré mes vacances ici, entre les ballades, les siestes, les jeux avec Heather, les soirées interminable sur la plage ou dans la maison. Au lendemain de la crise qu'on a eu avec notre fille, Rose m'a beaucoup rassuré et elle a su m'apaiser totalement. J'avais besoin des mots d'une maman pour me calmer jusqu'au bout.

Avec Brett, on est restés proche, notre relation est stable et je l'adore. Il y a beaucoup de respect et de tendresse entre nous, je suis toujours bien avec lui. On aime passer du temps simple ensembles, que ce soit que tout les deux ou avec notre fille. Je sais que notre relation peut ressembler à la naissance d'un couple, mais on se contente juste d'être heureux, à oublier toutes les galères pour profiter de l'instant présent.

Enfin, je suis dans la cuisine, je prépare le dessert avec Emily pour ce soir. On prépare une superbe tarte à la fraise et à la crème chantilly, j'adore ! Je m'occupe de préparer les fraises, Emily dépose la crème chantilly sur une belle pâte sablée.

-Bon, sinon, puisqu'ils sont dehors, tu peux me dire ce qu'il ce passe avec Brett ?

-Hein ? 

-Je vois qu'il ce passe quelque chose entre toi et mon petit frère.

-On est juste proche grâce à Heather, c'est tout.

-Vraiment.

Je la regarde après avoir finit mes fraises, Emily fait la même.

-June, comment te dire ? L'autre jour, sur la plage, vous vous pensiez seuls avec Heather, mais je vous ai vu.

-Tu nous as vu ?

-En train de vous embrasser. 

-Quoi ? On ne s'est jamais embrassés. 

-June, je sais ce que je vois quand même ! Et je sais parfaitement reconnaître un baiser. Passionnée qui plus est.

J'ouvre ma bouche, mais rien ne sort ! Elle nous a grillé, ça m'embête vraiment ! Face à mon mutisme, Emily se mets à rire.

-Bon, visiblement j'ai vu juste à ta réaction. Mais June, il faut que tu fasses attention. Je te rappelle que Brett a vingt-huit ans, toi que dix-sept.

-Je sais. Mais je t'assure, ce n'est jamais plus que ... que des baisers.

-C'est quand même quelque chose de dangereux. 

-Emily, ce n'était que deux ou trois baisers, rien de plus.

Enfin, c'est beaucoup plus de baisers. Mais ça, elle n'a pas besoin de savoir. 

-June, je sais reconnaître un couple a échangé plus de deux ou trois baisers. Et vous habitez ensembles depuis un bon moment déjà, alors ...

-Alors quoi ? Tu crois qu'on a déjà ... ?

-On sait jamais.

-Non. J'ai dix-sept ans, j'ai subit un lourd traumatisme il y a un an, alors c'est loin d'arriver. Et je n'aime pas trop parler de ça. Et, tu sais, c'est ton frère, ça me gêne de parler de ça.

-D'accord. Mais je vais m'inquiéter si jamais vous allez plus loin. Mon frère n'a que du sursis. Une erreur et il part en prison.

-Je le sais ça, je n'ai pas envie qu'il y aille. Et on doit finir la tarte aux fraises !

-T'as raison.

Emily se retourne vers la tarte en préparation, je m'autorise un coup d'œil dehors où Brett se repose avec Heather. Je sais que si notre relation évolue et va trop loin, ça va causer des problèmes. De gros problèmes. Mais je ne dois pas y penser maintenant, on est vacances et on a un peu tout les droits en ce moment.

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