Chapitre 16
Quelques jours plus tard.
Aujourd'hui, c'est le 31 décembre, bientôt huit heures du soir. Normalement, je devrais me préparer, mais je n'ai pas envie de sortir, pas envie de partir en soirée. Je n'ai pas reparlé à ma mère depuis que j'ai entendu qu'elle avait honte, je me suis terrée dans le silence. Je ne réponds pas à mes amis, ni à Wilkins qui me harcèle presque de message depuis qu'il sait pour la grossesse. Je n'ai pas envie parler à qui que ce soit. J'ai tellement pas envie de parler que depuis mardi, je travaille sur mes cours, fais mes devoirs, apprends mes leçons comme je ne l'ai jamais fait, je lis plus et profites de mon temps pour chercher quoi faire à l'avenir.
Mais là, je n'ai pas trop envie d'étudier, alors je suis assise au bord de la fenêtre, à lire des témoignages sur les grossesses précoces et les conseils que ces jeunes mamans donnent. Il y en a de très bons, qui font réfléchir. Si on garde le bébé et que les parents peuvent aidés, si on le garde et que les parents te sorte de la maison, si on le donne, si le père est présent. Je lis absolument tout, comme conseillé. On ne sait jamais ce qu'il peut se passer jusqu'à l'accouchement, je peux changer d'avis sur l'abandon.
Je suis sur ma lecture quand j'entends du bruit provenant du salon, j'entends des gens parler avec ma mère. Je ne bouge pas d'ici et me reconcentre sur ma tablette, jusqu'à ce que quelqu'un toque à ma porte. Je verrouille ma tablette, me lève et ouvre la porte, je suis surprise de voir Matt, habillé pour la soirée.
-Salut June ! T'es pas prête ?
Je secoue la tête, Matt comprends qu'un truc ne va pas. Il baisse les yeux sur mon ventre, là il comprends.
-Wow, ton ventre !
Je soupire, mon ami remonte les yeux sur moi, il fronce les sourcils.
-Pourquoi tu ne parles ? Tes parents t'ont mis la misère ?
-Je ...
Je me râcle la gorge, je me sens en sécurité avec Matt, je peux lui parler.
-Mon père a honte, ma mère aussi. Ça m'a coupé l'envie de parler à qui que ce soit.
-Même à moi. Enfin, je le croyais.
-Je travaillais.
-Oh ! Et t'as pas envie de te détendre ce soir ?
-Non. J'ai envie d'être tranquille. Mais va faire la fête avec les autres.
-June, toi aussi tu as besoin de te détendre.
-Non. J'ai besoin de calme. Mais va profiter.
-June ! Tu viens ?!
J'entends les amis crier depuis le salon, ça me fait sourire.
-Viens au moins leur dire bonsoir.
-D'accord. Juste bonsoir.
Matt se décale, je sors de ma chambre et descends au salon. Je vois mes amis au salon, ma mère est sans eux. Ils se tournent vers moi, les sourires s'évanouissent en me voyant. Enfin, en voyant mon ventre.
-Waouh, June, t'as mis un oreiller sous ton pull ?
J'ouvre la bouche, mais rien ne sort. Matt, qui est à côté de moi, s'occupe de parler à ma place.
-Non, elle est enceinte.
-Mais t'es enceinte de combien ? De qui ?
-Sept mois, et je n'en sais rien. J'ai couché avec un mec au hasard lors d'une soirée que j'ai faite seule.
-Toi, couchée avec un inconnu ? Mais June, t'es la meuf la plus pure du groupe, c'est impossible que tu ai couché avec un inconnu. Et t'es intelligente, tu aurais pensé à la capote.
-Je sais, mais c'est comme ça. En attendant, je venais juste vous dire bonsoir. Et passez une bonne soirée. On se voit lundi en cours. Amusez-vous bien.
Je leur fait un signe de la main et m'en vais. Personne ne me retient, je les regardes avant qu'ils sortent de la maison. Je retourne m'enfermer dans ma chambre et m'installe sur le bord de ma fenêtre, je regarde l'extérieur. Je pose mes mains sur mon ventre en baissant les yeux, bébé bouge doucement, caresse limite mes mains.
-Tu sais que tu ruines ma vie, mais t'es aussi là pour me réconforter. C'est mignon. Mais tu sais, je ne peux pas te garder. J'ai 16 ans, t'es issu d'un viol, jamais je ne pourrais t'assumer. Je reverrais toujours ton père me violer, me faire du mal, et j'ai pas envie de souffrir. Et tu seras bien mieux avec des gens qui veulent un bébé qu'avec moi. Mais je ne pourrais jamais t'oublier.
Je caresse doucement mon ventre, puis je prends mon portable et traîne dessus. À neuf heures, je vais manger, prendre ma douche et me couche. Je regarde dehors, puis le sommeil me prends doucement.
Lundi matin.
Ma mère vient d'arriver devant le lycée, je regarde l'établissement un peu paumée. Je récupère mon sac de cours, je dois bien y aller.
-Chérie, ça va aller ?
-Oui. J'y vais.
-Avant que tu partes, on a rendez-vous avec le proviseur aujourd'hui.
Je me tourne vers ma mère, surprise qu'elle me le dise que maintenant.
-Aujourd'hui ?
-À dix heures, après ta deuxième heures de cours.
-OK, pas de soucis. Dix heures chez le proviseur.
Je secoue la tête puis je sors de la voiture. Je referme ma veste comme il faut et je commence à m'avancer vers l'établissement, je sens déjà le regard des autres sur moi. Même si je ne les entends pas, les insultes et jugements me viennent aux oreilles. Je cours presqu'à l'intérieur, mais là, j'entends les réflexions. Je vais à mon casier, essayant d'ignorer les insultes. Personne n'a le droit de m'insulter parce que je suis enceinte, personne. Je me répète se mantra sans arrêt, mais quelqu'un dit que je suis une pute, une salope qui écarte les jambes rapidement, ça me donne la nausée. Je pose quelques trucs dans mon casier et fonce aux toilettes, le petit-déjeuner est au bord des lèvres.
Je m'enferme dans une cabine et rends mon déjeuner, je sens les larmes monter et couler. La nausée finit par passer, je me redresse et reprends mon souffle. La porte des toilettes est ouverte en même temps, je prends du papier, essuie ma bouche, mon nez, tire la chasse d'eau et je me lève. Je remets de l'ordre dans ma tenue, récupère mon sac et je sors de la cabine. Trois filles sont devant les lavabos, je ne prête pas attention à elles, j'ai juste envie de me laver les mains et me rincer la bouche.
Je m'approche du lavabo, fait ce que j'ai à faire et commence à me diriger vers la sortie, mais ces pestes se lâchent sur moi.
-Waouh t'es enceinte ? Bon sang, quelle honte. On ne savais pas que tu étais le genre salope à écarter les jambes aussi facilement. J'espère que tu connais le père au moins. À moins que tu te sois tapé des tas de mecs en orgies.
Bande de pétasses ! J'assassine celle qui vient de parler du regard puis je sors des toilettes sous leurs rires de hyènes. Je ravale mes larmes, je dois arrêter de pleurer à chaque fois. Je vois les gens me regarder, regarder mon ventre, mais ça ne m'empêche pas de me diriger vers l'extérieur, jusqu'à ce qu'on me retienne le bras et m'attire dans une salle. Je manque de me casser la figure, mais je me rattrape et regarde qui vient de me tirer ici, c'est Wilkins. Il ferme la porte et se tourne vers moi, la colère prends le pas sur la surprise.
-Wow ! Qu'est-ce que vous me voulez ?!
-Te parler de ça, dit-il en pointant mon ventre. J'y pense depuis le 24 décembre dernier et je n'arrive à y croire que tu m'aies menti !
-Peut-être parce que j'ai pas envie que vous approchiez ce bébé.
-Pourquoi tu me l'as caché ?! On parle de mon enfant aussi !
-Ce n'est pas votre enfant.
-Ah oui ? C'est l'enfant du pape peut-être ? June, je sais qu'il n'y a eu que moi, ne me mens pas.
-Qui vous dit qu'il n'y a eu que vous ? J'ai très bien pu me déchirer la gueule quelques jours plus tard et baiser avec n'importe qui, qui aurait pu me mettre enceinte.
-June, je sais que les victimes de viols s'isolent ou le disent tout de suite. Tu t'es isolée, je le sais, je le sens. Tu aurais du me le dire que tu étais enceinte bon sang.
-Pourquoi je vous l'aurait dit ? Je vous rappelle que vous m'avez violé, que vous êtes mon prof, jamais vous n'auriez pu faire quoi que ce soit sans finir en prison.
-On parle de mon enfant. Je serais prêt à tout pour le voir.
-Sauf si moi je l'interdis.
-Tu ne peux pas m'interdire de ce voir ce bébé. Et crois-moi je vais assumer la connerie que j'ai fait si ça peut me permettre de voir mon enfant.
-Vous allez le dire à la police, au proviseur et à ma mère ?
-Oui.
La sonnerie retentit déjà, je replace mon sac sur mes épaules et finit ma conversation.
-Alors j'ai hâte de voir ça. Ma mère vient voir le proviseur, à dix heures. Je vais voir si vous avez les couilles de tout dire devant eux.
-Je les auraient. Je préfère faire de la prison qu'être privé de mon enfant. Et maintenant, va en cours, j'ai pas envie que tu sois en retard. Je vais voir ta mère et le proviseur à dix heures.
Wilkins rouvre la porte et m'invite à sortir, je suis surprise par sa réaction, mais hâte de voir s'il va aller jusqu'au bout. Je vais en cours, essayant de garder la tête haute.
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