Chapitre 9 pt. 2

La salle du personnel devint lentement plus calme et il finit par ne rester plus que Louis, Harry, Niall, Zayn et Liam.

Niall avait mis le bol de ponch sur la table devant eux et avait exigé qu'ils le vident avant de quitter la pièce. Il avait un goût amer et doux à la fois et brûlait la gorge de Louis, laissant un picotement chaud sur son passage.

Louis était agréablement saoul, c'était certain.

Le bon côté était qu'il n'était pas le seul. Niall n'était pas encore bourré mais presque, Zayn était encore plus calme que d'habitude, tandis que Liam était tout étourdi et n'arrêtait pas de glousser. Harry était plus coquin, et beaucoup plus tactile. C'était plus facile de le repousser quand il n'était pas saoul, car ses doigts ne faisaient que remonter le long de la cuisse de Louis et ses lèvres se perdaient dans son cou de temps à autre, quand il ne s'y attendait pas.

Le problème était, réalisa-t-il en se penchant contre Harry, sa main glissant sous son t-shirt pour trouver sa peau chaude, qu'il était lui-même assez tactile quand il était saoul.

"Il en reste pas beaucoup," annonça Niall en soulevant le saladier pour en vider dans son verre. "Allez, les gars, tout le monde en prend un autre verre, puis on va à Carina's."

Louis ria à la mention de la boite. Ils n'y allaient pas souvent, ils finissaient habituellement leurs soirées dehors quand les boîtes fermaient ou continuaient chez eux. Ce club était nul, ils ne mettaient que de la vieille musique et vendaient des boissons aux gouts douteux. Chaque fois que Louis y était allé, il avait vu au moins un gros gars de quarante ans somnoler dans un coin de la salle.

"Carina's," acquiesça Liam, arrachant le saladier des mains de Niall. "Je suis chaud."

Zayn lui jeta un coup d'œil avant de dire : "Moi aussi."

"C'est bien ?" Demanda Harry en tendant la main pour récupérer son verre de Liam.

"C'est super nul. On est pile dans le bon état pour pouvoir endurer ça."

"Je viens de réaliser que c'est ton dernier week-end ici," remarqua Louis et il se tourna vers Harry avec un froncement de sourcils. "Ça veut dire que tu dois y aller."

Harry lui sourit, les yeux vitreux, les joues roses et les lèvres qui donnaient tellement envie de l'embrasser. Vraiment, donc Louis fit ce qu'elles exigeaient - il était plutôt sûr qu'elles voulaient qu'il les embrasse.

"C'est ton dernier weekend ?" Intervint Liam, attirant l'attention de Harry.

Il se recula de Louis et entremêla leurs doigts. "Ouais. Je pars samedi prochain."

"Il te reste qu'une semaine," constata Niall. "C'est pas beaucoup."

"Ouais..." Harry haussa les épaules, ne savant visiblement pas quoi dire. Ou peut-être qu'il était trop bourré pour trouver quelque chose de plus éloquent à dire.

"C'est toujours bizarre de voir les gens aller et venir," intervint Liam. "Il y en a quelques-uns qui sont là depuis un moment, mais la plupart restent moins d'un an. Ou pour le temps que t'es resté, Harry."

Louis hocha la tête. "Ça serait bizarre de voir partir quelqu'un qui est là depuis des années. Comme Paul ou Lou et Tom."

"Je suis là depuis deux ans," commenta Zayn.

Niall se tourna lentement vers lui, l'expression confuse. "Et quel est le rapport ?"

"Je pars," répondit finalement Zayn.

Louis était presque certain qu'il aurait pu physiquement toucher le silence s'il tendait la main. Il était lourd et sombre, suspendu au-dessus de leurs têtes. Niall fronçait toujours les sourcils, Harry avait serré son emprise autour des doigts de Louis, mais il ne semblait pas trop surpris.

Liam, d'un autre côté... Il avait complètement arrêté de rire, ses joues étaient pâles, et il regardait Zayn avait des yeux écarquillés.

"Tu pars ?" Demanda lentement Niall.

Zayn haussa les épaules, regardant ses mains. "Pas loin," dit-il. "C'est pour un boulot à Exeter."

"T'as déjà trouvé un autre job ?" Harry cligna lentement des yeux.

"J'ai postulé, mais ça a l'air bien parti." Zayn leva les yeux une seconde, se concentrant sur Liam, avant de baisser le regard. "Je dois passer à autre chose."

Cette fois-ci, le silence était lourd et il ne fut brisé que par un mot, encore plus lourd, encore plus épais, encore plus porteur de désespoir.

"Non."

Le regard de Louis passa de Zayn à Liam qui se leva du canapé et fit un pas vers Zayn. "Non," répéta-t-il.

Zayn lui épargna un autre regard, mais pas pour longtemps. Il regarda le sol, le visage complètement fermé, ne laissant échapper aucune émotion, quand il répondit, "C'est pas de ta faute, Liam."

"Tu peux pas partir d'ici," argumenta-t-il. "Pas à cause de moi."

Louis était figé et Harry était tendu à côté de lui. Il jeta un coup d'œil à Niall qui semblait beaucoup plus détendu, observant la scène avec un regard prudent.

"J'ai dit que c'était pas à cause de toi." Zayn entrelaça ses propres doigts, tapotant son pied contre le sol à plusieurs reprises. Un signe clair qu'il était nerveux. Et bien sûr qu'il était nerveux, pensa Louis. Il était juste en train d'affronter Liam, après tout.

Louis n'arrivait pas vraiment à comprendre.

"Tu quitterais pas cet endroit, Zayn. Tu quitterais pas Louis," ajouta Liam doucement. "Tu ne peux pas."

"Eh bien, Liam," dit Zayn après un moment et il leva finalement les yeux, plantant son regard dans celui de Liam. "Donne-moi une raison, alors."

Liam déglutit et Louis le vit serrer son point alors qu'il regardait Zayn. "Qu'est-ce que t'attends, Zayn ? Que j'abandonne tout et que je fasse ce que je veux ? Je peux pas, parce qu'on parle pas que de moi, là. Paulie est plus importante et tu le sais," dit-il fermement.

"Bien sûr qu'elle l'est," acquiesça Zayn et Louis ne comprenait pas comment il pouvait sembler si calme. C'était Zayn. Zayn qui était généralement un désordre total par rapport à tout ce qui concernait Liam. "Mais je pense qu'elle m'aime pas mal, Liam. Elle n'aurait pas de problème à m'avoir toujours dans les environs."

"Elle t'aime pas mal ?" Liam étouffa un rire sec. "Pas mal ? Au cas où t'avais toujours pas remarqué, Paulie est complètement obsédée par toi. S'il y en avait, elle aurait recouvert ses murs de posters de toi." Il leva les mains dans un geste impuissant. "C'est comme si j'étais amoureux de Justin Bieber."

Et c'était maintenant au tour de Zayn de le fixer. Ses yeux étaient grands ouverts, et même si Louis voulait rire à cette comparaison, il ne pouvait tout simplement pas le faire. Parce qu'il savait que tout ce que Zayn avait retenu de ce que Liam avait dit était la partie dans laquelle il disait être amoureux.

"Je ressemble absolument pas à Justin Bieber," fit remarquer Zayn après un long silence.

"J'avais remarqué, Zayn."

"Le truc c'est que," continua-t-il, "tu as menti quand t'as dit que j'avais pas une seule chance avec toi."

Liam secoua la tête. "Ça a pas changé."

"Je pense que si," le contredit Zayn, et il se leva enfin de sa chaise. Liam recula timidement. "Je veux pas avoir encore une fois avoir affaire à Paulie qui me dit qu'elle pense que je me fous d'elle. Donc si je reste, c'est avec toi et elle, Liam. Et si t'es pas capable de porter tes couilles pour être avec la personne que tu aimes, alors j'irai jusqu'au bout de mes projets de départ."

Et, woah, Zayn venait de lui poser un ultimatum. Louis sentit Harry poser son autre main sur son bras, serrant fortement. Il jeta un coup d'œil au profil de Harry et le vit complètement tendu, mais il y avait tellement d'espoir dans ses yeux.

"C'est pas juste," marmonna Liam, mais Louis le vit desserrer son poing.

"Devine quoi," répondit calmement Zayn. "La vie n'est pas toujours juste."

"Je peux pas risquer de la blesser, Zayn." Il secoua lentement la tête, comme s'il ne voulait même pas reconnaître ce que Zayn venait de dire.

"Tu l'as blessée ces dernières semaines, quand tu l'as pas laissée me voir," souligna Zayn et Louis était toujours impressionné de voir à quel point il était courageux et rationnel. Il avait probablement tous ces mots dans la tête depuis un moment maintenant, mais n'avait jamais été assez courageux pour les dire.

Que Dieu bénisse le ponch de Niall.

"C'est..." Liam était évidemment à court de mots, parce que Zayn avait tout simplement raison. "C'est..."

"Et je recouvrirais surement pas mes murs de posters d'elle", continua Zayn, "mais je mettrais une photo dans mon portefeuille, parce que je l'aime vraiment, Liam. Ça va pas changer."

Liam le dévisagea, ses épaules se détendirent et Louis sut que c'était le moment où il déclarait forfait.

"T'es trop."

"Et toujours pas assez pour toi," répondit Zayn, ses yeux suppliants.

"Trop," argumenta Liam et il fit les derniers pas jusqu'à ce qu'il soit dans l'espace de Zayn. Il prit le visage de Zayn entre ses mains et l'attira dans un baiser. Zayn fit un bruit de surprise mais il ne montra aucun signe de résistance. Ses mains étaient sur la taille de Liam en un instant, le tirant encore plus près.

Niall sauta du canapé et alla vers eux, les prenant dans ses bras. "Bon sang, enfin," dit-il en les serrant, faisant échapper un des rires adorables de Liam que Louis trouvait entendre trop rarement.

Louis tourna la tête pour voir Harry leur sourire affectueusement, avant de faire un sourire chaleureux à Louis et de lui serrer la main. Leurs paumes étaient moites de la tension qu'ils avaient tous les deux ressentie au cours des dernières minutes, mais Harry ne le lâchait toujours pas. Il se pencha pour embrasser Louis avant de faire un grand sourire en se levant lui aussi.

"Il faut qu'on boive," annonça Niall. "On doit fêter ça. Allez, les gars. Carina's !" Il passa un bras autour des épaules de Liam et l'autre autour de Harry pour les conduire dehors.

Alors que Niall ne lâchait pas Liam, lui faisant un discours sur sa stupidité, Louis prit Zayn à part et examina attentivement son visage. Il prit ses mains et sourit légèrement, les serrant lorsqu'il sentit les doigts de Zayn trembler.

"Eh bah voilà," dit-il simplement, doucement.

"J'aurais jamais penser le faire céder un jour," admit Zayn.

Louis sourit, attirant Zayn dans ses bras.

"J'en avais jamais douté."


°°°


"Je peux clairement dire que je suis jamais allé dans une boîte aussi bizarre," annonça Harry après qu'ils soient arrivé à Carina's depuis une vingtaine de minutes. Il avait une WKD dans une main, juste pour embêter Louis, parce qu'il ne devrait pas boire plus que ce qu'il avait déjà bu.

Louis lui-même buvait de l'eau en haussant un sourcil. Il s'appuya contre l'un des haut-parleurs et était presque dans l'obscurité, loin de la faible lumière qui illuminait principalement la piste de danse. "Je t'avais prévenu."

"C'est pas si nul que ça." Harry haussa les épaules et regarda de l'autre côté de la pièce, où Liam et Zayn se tenaient au bar. Ils parlaient et se penchaient parfois pour s'embrasser. La main de Liam ne quittait pas une seconde la taille de Zayn. Quant à Niall, Harry l'avait complètement perdu de vue.

Ça ne serait pas si facile, pensa Harry, alors qu'il voyait Zayn dire quelque chose qui fit baisser le regard de Liam, semblant coupable. Ce n'était pas avec simplement ce qu'il s'était passé ce soir que tout serait réglé. Mais le fait que Liam ait enfin avoué ses sentiments était déjà un grand pas et le meilleur point de départ pour construire quelque chose de solide.

"Oh, j'aime bien cette chanson," déclara Louis alors qu'une vieille chanson des années 50, un vrai rock'n'roll, commença, et Harry gloussa, se penchant pour approcher sa bouche de son oreille.

"Tu veux danser ?" Demanda-t-il, assez fort pour que Louis l'entende.

Il secoua la tête en riant. "Hors de question, Styles. Je danse pas quand des gens peuvent me voir."

"Qu'est-ce que ça veut dire ?"

"Ça veut dire que je sais pas danser," clarifia-t-il. "Et je préférerais ne pas monter mon absence de compétences à des inconnus."

Harry inclina son corps vers Louis, le rapprochant du haut-parleur, leurs corps cachés derrière. "Je sais que tu as un bon rythme dans les hanches."

Louis rit, levant un bras pour le poser sur l'épaule de Harry et il enfouit ses doigts dans ses cheveux. Harry adorait ça ; sentir les doigts de Louis dans ses boucles. "Je préférerais que ça reste entre nous."

"Ouais," souffla Harry et il déposa un léger baiser sur ses lèvres. "Je le dirai à personne," ajouta-t-il. "T'es à moi."

Louis ne sembla pas entendre ça. Il continuait juste de sourire, de chercher des baisers chastes, ses doigts jouant avec les boucles de Harry. La musique changea, et les haut-parleurs diffusaient maintenant un R'n'B lourd et lent, vibrant à travers leurs corps. Quel mauvais DJ, pensa Harry, alors qu'il encerclait Louis contre le haut-parleur, ses mains tombant sur ses hanches pour les faire bouger en rythme avec les siennes, se frottant contre lui.

"Est-ce que c'est déjà plus tard ?" Demanda calmement Harry, ses lèvres parcourant la mâchoire de Louis. Sa barbe était rugueuse contre ses lèvres, mais ça ajoutait à l'excitation de Harry.

"Arrête de parler," répondit Louis et en entraînant Harry dans un autre baiser tout en roulant des hanches. "Continue de danser."

Harry sourit et retourna le baiser. Il fondit dedans, oubliant tout sauf le corps chaud collé contre lui, rien d'autre n'existait à ses sens autre que Louis et la musique qui coulaient dans ses veines. Il le poussa contre l'arrière du haut-parleur et continua de bouger contre lui avec des mouvements lents. Louis gémit dans leur baiser et inclina sa tête en arrière pour que les lèvres de Harry glissent le long de sa mâchoire et de son cou. C'était comme si le rythme de la chanson était en rythme avec les hanches de Louis, envoyant des vibrations de plaisir et des frissons dans son corps.

Louis tira sur le t-shirt de Harry par le bas pour écarter le col et révéler ses clavicules, tandis que son autre main maintenait Harry en position, une cuisse entre ses jambes.

"Louis," marmonna-t-il, contre sa bouche. "On peut rentrer ?"

"Pas encore, chéri," répondit-il, et il fit taire Harry avec un autre baiser profond. "Ça commence juste à être bien, non ?" Il sourit en glissant sa main vers le bas, attrapant ses fesses.

Harry ne rompit pas le contact visuel, alors que Louis continuait de bouger contre lui, avec lui. Il continuait de chercher ce bleu vif, le trouvant seulement sur le bord des pupilles dilatées de Louis, et tout à coup, tout autour de lui se renversa. Harry ne savait plus où il était, sa tête tournait, son sang s'accélérait dans ses veines, et la seule chose stable était Louis. Mais c'était bien ; tout allait bien, tant que Louis était là, juste à côté de lui, tout près, son cœur battant fort et vite contre le sien.

Harry savait qu'il était allé trop loin quand il remarqua le changement d'expression de Louis. Il connaissait cette expression, connaissait ces yeux à moitié fermés, ces lèvres légèrement ouvertes, ces joues rougies. Il ne pouvait pas faire marche arrière ou ralentir. Les hanches de Louis bougeaient avec ardeur contre les siennes, et Harry sentit son érection contre sa cuisse, seulement couverte par le tissu de son skinny jean.

"Louis," souffla-t-il de nouveau, ne s'arrêtant pas une seconde "Lit. Allez. J'ai envie de toi, maintenant."

"Ouais." Louis voulut un autre baiser, et Harry le laissa en avoir un, mais l'entraîna déjà hors du coin sombre et vers la direction de la sortie.

Il repéra Zayn et Liam, toujours au bar, perdus dans les yeux de l'autre, et décida qu'ils n'avaient vraiment pas besoin de savoir que Harry et Louis partaient. Il poussa la porte et entraîna Louis vers la sortie, descendant les quelques marches qui menaient à la sortie principale. Un homme de la sécurité leur lança un regard ennuyé, ce qui fit rire Harry quand il sortit, Louis plaqué contre lui.

Sans hésiter, il tira à nouveau Louis vers lui, lui volant un autre baiser, car ça faisait au moins trente secondes qu'il n'avait pas eu ses lèvres sur les siennes, et c'était il y a beaucoup trop longtemps. Ils trébuchèrent et Louis rit, avant de rentrer dans quelqu'un qui fumait avec des amis. Harry trébucha contre le torse de l'homme, essayant de trouver son équilibre.

"Oups," dit Harry, et Louis s'écarta du groupe. "Désolé, mec."

"Regardez où vous allez," dit le gars en se tournant vers eux. Il leva un sourcil, son expression légèrement dégoûtée. "Et non, je suis pas intéressé."

Harry fronça les sourcils, ne sachant pas vraiment de quoi il parlait. "Par quoi ?"

"Par les pédales," répondit-il en les désignant avec sa cigarette. Il avait les cheveux blonds et était un peu enrobé, vêtu d'un polo vert et sa peau était d'une drôle de nuance de rose.

"On essayait pas de te draguer," commenta Louis en croisant les bras.

"Bien sûr," ricana le blond, faisant un clin d'œil à ses amis. "J'ai bien peur que ton mec soit pas mon style, alors."

"J'ai bien peur que tu sois pas le sien non plus," rétorqua-t-il. "Qui aime les gros connards qui savent pas s'habiller, de toute façon ?"

"Répète ?" Lança le blond, et Harry tendit la main vers le bras de Louis, le tirant un peu en arrière. "Tu veux te battre, pd ?"

"T'arriverais pas à me battre," répondit-il. "Dégage."

"Je parlerais pas aussi vite si j'étais toi."

"Lou," dit calmement Harry, se pressant contre le dos de Louis pour l'empêcher d'avancer vers lui. "Laisse tomber."

"Ouais, j'ai pas le temps pour des connards comme toi," acquiesça Louis en se retournant. Il prit la main de Harry et ce dernier ne put que cligner des yeux quand Louis l'embrassa. "Allez, on y va."

"Faites pas ça devant moi," se plaignit le type et avant que Harry puisse comprendre ce qu'il se passait, Louis grimaça à ses côtés, sursauta légèrement et bougea pour pousser Harry derrière lui. "J'espère que ça t'apprendra une leçon."

Harry n'avait aucune idée de ce qu'il se passait, alors il se cramponna davantage à la main de Louis tandis que ce dernier s'approchait d'un pas du blond et le dévisagea. Il agrippa son poignet avec sa main libre et le tordit, jusqu'à ce que Harry voie le type faire une grimace, luttant de toute évidence pour empêcher Louis de mettre sa main sur son visage, la cigarette contre sa joue.

"J'espère que ça t'apprendra une leçon," siffla Louis avant de le lâcher. "Connard."

Harry tira Louis par la main, le ramena dans l'endroit sûr qu'était à ses côtés et jeta un autre coup d'œil au mec, avant de se retourner et de forcer Louis à le suivre.

"Qu'est-ce qu'il a fait ?" Demanda Harry, la voix remplie d'inquiétude, dès qu'ils furent hors de portée. L'appartement de Louis était au bout de la rue, à à peine deux minutes.

Louis bougea son épaule et tendit le cou pour la regarder. "Il a écrasé sa cigarette."

Harry fronça les sourcils, ne comprenant pas tout à fait ce que Louis voulait dire.

"Dans mon dos," ajouta-t-il calmement. "Il m'a eu, ce connard."

Harry s'arrêta brusquement. "Quoi ?" Il lâcha la main de Louis pour aller derrière lui et vit immédiatement le cercle noir brûlé dans le pull de Louis. "Merde, Louis. Ça a traversé."

"Ouais, je l'ai senti." Louis haussa les épaules. "Je viens juste d'acheter ce pull. Génial."

"Tu peux arrêter de penser à des putains de fringues une seconde ?" Grogna Harry en remontant son pull sur son torse, jusqu'à ce que Louis n'ait d'autre choix que de lever les bras afin que Harry puisse le déshabiller. "Ce salop t'a brûlé."

Harry pourrait faire demi-tour pour frapper ce mec en pleine face, le forcer à manger sa putain de cigarette puis le faire ramper aux pieds de Louis. Il avait blessé Louis, c'était inacceptable.

Louis se retourna, après que Harry ait pu voir de plus près la marque rouge au-dessus de son omoplate gauche. "Tu viens vraiment de me déshabiller dans la rue ?"

Harry regarda le pull dans ses mains puis releva la tête vers Louis. "Je devais vérifier que c'était rien de grave."

Souriant légèrement, Louis se rapprocha. "Et quoi ? Tu m'aurais fait des soins de premiers secours ?"

"Je sais rien faire d'autre que du bouche-à-bouche," répondit Harry avec un léger haussement d'épaules, un sourire tirant ses lèvres.

"On ferait mieux de s'assurer que t'as fait tout ce qui est en ton pouvoir pour me sauver," murmura Louis et il se pencha, mordillant la lèvre inférieure de Harry.

Harry le rapprocha de lui, ses mains se croisant dans le bas du dos de Louis, et il sourit complètement. La peau de Louis était chaude et douce sous ses doigts, mais il frissonna légèrement dans l'air frais de la nuit, alors Harry enroula solidement ses bras autour de lui.

"Lit, Curly," demanda Louis. "Tu peux pas plus me déshabiller ici."

Harry hocha la tête et déposa un baiser sur l'épaule nue de Louis et ce dernier resta près de lui, son pull pressé contre son torse alors qu'ils rentraient à son appartement.

Des petites victoires, pensa Harry, protégeant Louis de la brise fraîche. Tout se faisait par petites étapes. Louis qui lui tenait la main devant les autres, Louis qui le laissait rester chaque nuit, Louis qui ne corrigeait pas quand les gens appelaient Harry son petit-ami.

Louis qui les défendait.

C'était des petites victoires, mais finalement, elles allaient mener Harry là où il voulait être.


°°°


Cette dernière semaine était éprouvante pour Louis. Il se sentait déchiré entre ce qu'il voulait et ce qu'il devait faire.

Quand ils étaient rentrés de boîte vendredi dernier, il avait réussi à éviter Harry et leur sexe avait été rapide, brutal et, surtout, il s'était contenté d'une fellation. Il avait été impitoyable, ne laissant aucune chance à Harry, le masturbant avec sa bouche et le rapprochant de l'orgasme, même si Harry avait protesté.

Harry avait eu l'air déçu et Louis s'était senti tellement mal de ne pas lui avoir donné ce qu'il voulait. Mais il ne pouvait tout simplement pas. Il ne pouvait pas coucher avec Harry comme ça. Il ne l'avait pas fait depuis longtemps, n'avait jamais ressenti de tels sentiments pour quelqu'un au point qu'il aurait voulu créer un lien si étroit entre eux.

Et puis Harry était arrivé et Louis le voulait, voulait être proche de lui sur tous les niveaux possibles. Mais ce certain niveau était hors limites.

Comment Louis était-il censé laisser Harry entrer dans sa vie, partager une connexion aussi intense, alors qu'il quittait la vie de Louis demain matin ? Autant que Louis le voulait, il n'avait tout simplement pas le droit de le faire.

Ça rendrait encore plus difficile le départ de Harry. Et c'était déjà assez dur comme ça.

Qu'il aille se faire foutre à être si parfait. Qu'il aille se faire foutre à jouer avec les doigts de Louis quand ils dînaient ensemble, et qu'il aille se faire foutre à lui voler des doux baisers quand il était en pause. Qu'il aille se faire foutre à être aussi adorable avec Paulie, et qu'il aille se faire foutre à embrasser tendrement l'épaule de Louis où la marque de la cigarette était déjà en train de disparaître.

"T'es vraiment de mauvaise humeur, mec," lui dit Zayn en rangeant son bureau.

"On peut pas tous être un soleil sur pattes comme toi," commenta-t-il.

"Je suis pas un soleil sur pattes, Louis, pas quand je dois trouver comment faire semblant devant Paulie que Liam et moi ne sommes que de bons amis." Zayn prit sa veste du dossier de sa chaise et l'enfila.

"Au moins Liam ne t'évite plus."

"Mais il veut aussi que je reste son secret", répliqua Zayn. "Et je suis sûr que ça faisait pas partie du deal que j'avais demandé."

"Il changera d'avis," dit Louis. "Tu l'as déjà mené jusque-là."

"Mais je veux pas vraiment avoir à le forcer," murmura Zayn. Il haussa les épaules et enfouit ses mains dans ses poches. "Bon, qu'est-ce qu'il va pas avec toi ? T'as été de mauvaise humeur toute la semaine."

Tu serais de mauvaise humeur toute la semaine aussi, si tu avais le garçon le plus parfait qui existe qui voulait coucher avec toi mais que tu ne pouvais lui faire que des fellations, pensa Louis, mais il ne le dit pas. Zayn commencerait à parler du vrai amour, du destin, et de toute la merde que Louis n'avait vraiment pas besoin d'entendre en ce moment.

Harry devait partir et Louis devait retourner à son ancienne vie.

"Je suis juste occupé," finit-il par se décider.

Zayn leva les sourcils. "Sérieusement ? Les chiffres sont vraiment bas, on est loin d'être occupés. Apprends à mieux mentir."

"C'est pas une blague."

"Avoue juste que c'est à propos de Harry pour qu'on puisse passer à la partie où je te dis de pas le laisser partir."

Ça lui fit rater un battement et, bon, on dirait qu'il n'aurait pas la chance d'éviter la conversation sur l'amour avec Zayn. "Je sais ce que je dois faire, Zayn. Merci."

"Ah bon ?" Zayn se rapprocha. "Parce que pour moi, on dirait que t'es sur le point de le laisser partir."

"C'était jamais censé être plus que le temps de l'été," souligna Louis. Et, vraiment, Harry avait une vie à Manchester, alors que la vie de Louis était là. Il n'y avait rien de compliqué là-dedans, pas vrai ? "Et c'est toujours le cas. Il rentre chez lui demain, on restera amis ou je sais pas, et tout ira bien."

Zayn fronça les sourcils. "Amis ? Louis."

Ce seul mot était suffisant. Il insinuait tout ce que Zayn voulait dire, impliquait le Ne sois pas stupide, ainsi que le C'est le bon. Louis détestait Zayn pour ça, parce qu'évidemment, il rendait toujours les choses plus compliquées qu'elles ne l'étaient en réalité.

Louis n'était pas amoureux de Harry. Il appréciait sa présence et sa compagnie, le sexe était bien, et Harry était une personne adorable. Ça ne faisait pas de lui l'amour de sa vie pour autant. Il n'était pas comme Zayn. Il n'avait pas besoin de se poser, pas besoin de s'engager dans une relation. Surtout pas avec quelqu'un qui vivait à l'autre bout du pays.

"Laisse tomber, Zayn. Je suis pas comme toi, et on est pas comme toi et Liam. C'est peut-être la bonne chose à faire pour toi, mais pas pour moi. Je veux pas de relation." Louis ouvrit son ordinateur portable, signalant à Zayn que la conversation était terminée.

Zayn soupira et resta un instant, étudiant tranquillement Louis, avant de dire, "Je vais rentrer chez moi alors. Ça va aller ?"

Louis hocha la tête. "Bien sûr. Ça va. Passe le bonjour à Liam."

"Pas de soucis," répondit Zayn en sortant du bureau.

Louis jeta un coup d'œil à l'horloge à côté de la porte. Il était presque vingt heures, le repas était en train d'avoir lieu donc la réception serait calme pour quelques temps. A la réception et au bar.

C'était la dernière journée de travail de Harry. Il sera parti dans moins de douze heures.

Louis ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Plus qu'une nuit et sa vie reviendra à ce qu'elle était.


°°°


"Lou."

Louis cligna des yeux et leva le regard de son ordinateur pour voir Harry debout dans l'encadrement de la porte du bureau, il avait retiré son uniforme de travail et était vêtu d'un jean et d'un t-shirt noir, un bonnet couvrant ses boucles.

"Les portes sont toujours pas fermées," dit calmement Harry.

Louis cligna des yeux et fronça les sourcils, ses yeux jetant un coup d'œil à l'horloge à côté de la porte, découvrant qu'il était presque vingt-trois heures trente. Il avait tellement essayé de se distraire et d'oublier le temps qu'il avait raté la fin du boulot.

Il ferma l'ordinateur portable et enleva ses lunettes pour se frotter les yeux. "Ouais. J'ai pas vu le temps passer. Je vais m'en occuper."

Harry hocha la tête. "Ok. Je vais attendre."

Attendre pour quoi, pensa Louis en se levant de sa chaise. Il ne voulait pas que Harry attende. Harry n'était pas censé attendre.

Bon sang, comment en était-il arrivé là ? Un vendredi soir, seul avec Harry, et ce dernier qui l'attendait ?

Attrapant ses clés, Louis quitta le bureau, n'épargnant pas un seul regard à Harry quand il le croisa. Il ferma à clé l'entrée sur le côté de l'hôtel, puis l'entrée principale et traversa la salle de restauration pour fermer celle qui menait au bar.

Quand il revint, Harry se tenait malheureusement toujours là où Louis l'avait laissé, le regardant intensément. Il avait vraiment besoin d'arrêter de faire ça. Ça causait toujours une drôle de sensation dans la poitrine de Louis.

"Qu'est-ce que tu penses d'une promenade ?" Demanda Harry. "Il fait pas encore trop frais."

Louis haussa les épaules. "Oui, pourquoi pas. Allons nous promener."

Il éteignit les lumières et sans qu'aucun d'eux ne dise un mot, ils descendirent les escaliers. Louis tint la porte pour Harry et ils sortirent par la porte arrière. La cour était silencieuse, personne n'était dehors pour fumer comme d'habitude à cette heure de la soirée.

Quand ils franchirent le portillon, Louis pensa qu'il aurait dû prendre une veste. Harry avait dit qu'il ne faisait pas encore très frais et que l'air de la nuit ne s'était pas refroidi, mais Louis avait quand même un peu froid.

"T'as déjà dit au revoir à tout le monde ?" Demanda-t-il alors qu'ils se dirigeaient vers l'Esplanade. La mer était un peu agitée ce soir, les vagues se brisant contre les murs de brique.

"A la plupart ouais. Liam a dit qu'il amènerait Paulie demain matin. Il reste plus qu'eux, Zayn, Niall. Et toi," ajouta-t-il.

"Eh bien," dit Louis, se forçant à sourire à Harry. "Tu veux que je te fasse un discours d'adieu maintenant ?"

Harry rit doucement et s'appuya contre la rambarde lorsqu'ils s'arrêtèrent. Il regarda la mer et Louis suivit son regard, trouvant l'eau noire. "Garde-le pour demain matin. Je veux pas encore dire au revoir."

Louis hocha la tête, sentant une grosse boule dans sa gorge se former, lui empêchant de parler.

"Eh," dit alors doucement Harry, et il se tourna vers lui et tendit la main pour attirer Louis plus près. "Je peux m'attendre à un traitement spécial pour ma dernière nuit ?"

Il était tellement coquin. Louis savait exactement ce à quoi il faisait allusion, et c'était tentant, tellement, tellement tentant de l'attirer vers lui et de l'embrasser, de le ramener à la maison et de lui donner tout ce qu'il voulait.

C'était tentant, mais ce serait une erreur. Comment Louis pourrait-il céder et laisser Harry l'approcher de si près alors qu'il devrait le laisser partir dans quelques heures ? C'était de l'autodestruction et Louis était assez vieux et sage pour éviter ça, pour les éloigner du mal qu'ils avaient déjà fait.

Harry partirait, et ils s'oublieraient. C'était le plus simple, et c'était comme ça que ça devait se passer.

"Désolé," dit Louis d'un ton léger. "Je change pas les habitudes."

Harry se lécha les lèvres, le visage près de Louis, avant de hocher la tête, ses doigts caressant les bras de Louis. "Je prends aussi."

Evidemment. Evidemment qu'il prendrait tout ce qu'il pourrait avoir et Louis aurait vraiment aimé qu'il ne le fasse pas. Il aurait aimé que Harry soit plus fort que ça et lui dise non, car il méritait bien plus que ce que Louis était prêt à donner.

Merde, c'était vraiment n'importe quoi.

Louis fut sauvé de devoir répondre quand le portable de Harry se mit à sonner, avec une mélodie qui ressemblait étrangement à une chanson pour enfants. Ils sursautèrent et Harry s'excusa, sortant son portable de sa poche - la poche de son jean ridiculement moulant. Comment était-il arrivé à le glisser dedans sans déchirer les coutures ? Il ne comprenait vraiment pas.

Harry regarda l'écran et fit glisser son pouce sur l'écran. La mélodie s'arrêta, laissant derrière elle un lourd silence.

"Tu pouvais répondre tu sais. C'est pas un problème."

"J'ai pas envie," répondit Harry en se rappuyant contre la balustrade.

Le regard de Louis tomba sur le portable dans la main de Harry. C'était la seule lumière, et Louis ne pouvait pas voir clairement le visage de Harry mais il n'avait pas besoin d'une vue claire de son visage pour voir l'expression fermée qui lui disait qu'il n'était pas content.

Mais ce qu'il vit ensuite n'était clairement pas ce dont il avait besoin non plus. Il écarquilla les yeux et il agrippa le poignet de Harry pour le rapprocher de lui afin qu'il puisse mieux voir l'écran.

C'était lui. Le fond d'écran de Harry était une photo de lui, debout devant un ciel bleu pâle, à Salcombe Hill, un bout de mer derrière lui, ses cheveux décoiffés par la brise, son regard dérivant au loin.

"Qu'est-ce que c'est que ça ?"

Harry haussa les épaules. "Je t'avais dit que je la mettrais en fond d'écran quand je l'ai prise," dit-il simplement.

"C'était une blague," répliqua Louis. Non, Harry ne pouvait pas mettre une putain de photo de lui en fond d'écran. Il ne l'avait pas autorisé à faire ça, ne lui avait pas permis de faire quoi que ce soit qui pouvait faire penser qu'ils étaient un couple.

"Ça l'était quand je l'ai prise, ouais." Harry haussa les épaules et sa voix retomba. "Ça l'était plus un peu plus tard."

Louis paniqua. C'était de la panique pure et dure qui se précipitait dans ses veines et directement dans sa tête. "Vraiment, Curly," dit-il, et sa voix était si ferme qu'il ne la reconnaissait pas lui-même. "T'es la personne la plus niaise que je connaisse."

La posture de Harry se détendit un peu et il sourit. "Ouais, je suis un romantique, après tout."

Louis le regarda ranger son téléphone et l'obscurité les enveloppa à nouveau. Ce ne fut qu'à ce moment que Louis leva son regard et vit que les étoiles étaient recouvertes par des nuages ​​noirs ce soir. Aucune lumière d'en haut qu'il associait désormais à Harry, pas une seule étoile.

Le ciel de la nuit était sombre, peint dans le bleu le plus sombre, ne laissant pas une seule fissure pour que les jolies lumières brillent à travers.

"Lou," dit calmement Harry et il était si proche tout à coup, sa main se posant sur la mâchoire de Louis. Ses lèvres étaient proches de son oreille, caressant légèrement sa peau. "Cet endroit va me manquer."

Et voilà, pensa Louis, les yeux écarquillés, fixant le vide par-dessus l'épaule de Harry. Les mots qu'ils ne voulaient pas entendre.

Mais avant qu'il puisse dire quoi que ce soit, Harry continua, toujours aussi doucement afin que seul Louis puisse l'entendre. "L'hôtel et la mer vont me manquer, les jardins aussi," ajouta-t-il, et Louis sentit un léger sourire contre sa joue. "J'aimerais revenir et voir comment c'est en automne et en hiver."

Louis déglutit, avant de répondre. "Ça n'a rien de spécial. Ça vaut pas le long voyage, vraiment."

Harry ne répondit pas pendant une seconde et Louis espérait vraiment qu'il avait compris, qu'il avait compris que Louis ne voulait pas qu'il revienne. Au lieu de ça, Harry se rapprocha, son autre main se posant dans son dos.

"Mais je reviendrais pour toi," murmura-t-il, sa voix était si basse et lourde de tout ce qu'il ressentait en ce moment. Louis ne savait pas ce que c'était - peut-être de la peur, peut-être de l'espoir.

Louis voulait lever les mains et repousser Harry, mais ses doigts étaient engourdis. Ses lèvres étaient sèches et il ne savait pas s'ils respiraient encore. Peut-être qu'il devrait, ou il finirait mort dans les bras de Harry.

Peut-être que ce serait pour le mieux.

"Je veux pas qu'on en finisse là, juste parce que je dois retourner à Manchester," ajouta alors Harry, sa voix encore un peu tremblante et son cœur battant contre la poitrine de Louis. "Je veux que ça marche."

"Harold..." Souffla-t-il, et il n'était pas sûr que Harry ait entendu. Ce n'était pas ce que Louis avait prévu, ce n'était pas comme ça que Louis avait imaginé tout ça. Pourquoi Harry avait-il tout gâché en faisant des confessions stupides ?

"Je crois que je suis amoureux de toi, Lou," dit Harry, et sa voix était désormais stable. Il avait l'air de n'avoir jamais été aussi sûr de sa vie.

Louis ne put rien dire pendant un moment. Amour, Harry parlait de ce putain d'amour stupide. Quand est-ce que ça avait commencé ? Louis ne pouvait s'emparer d'aucune pensée qui lui traversait l'esprit. Il y en avait trop, et comment était-il censé réagir et qu'était-il censé dire et--

"Ça marcherait pas," s'entendit-il dire. Harry était encore trop proche. Son corps chaud et solide contre celui de Louis, ses bras le tenant si délicatement. Louis avait besoin de putain d'espace pour réfléchir. "Avec toi à Manchester et moi ici. Ça marchera pas."

"Si, si on veut que ça marche," le contredit Harry et il recula d'un pas, lâchant enfin Louis. Mais il pouvait maintenant voir son visage, distinguer le vert de ses yeux dans le noir, voir le mouvement triste de ses lèvres. Ce n'était pas juste. Rien de tout cela était juste.

"Arrête," dit doucement Louis. Sa poitrine était serrée, sa bouche était sèche et ses doigts le démangeaient avec une envie pressante, mais il ne savait pas ce que c'était. Il ne savait plus. "Non."

"Qu'est-ce que t'attends de moi, Louis ?" Demanda Harry, et il semblait brisé, complètement brisé. "Je viens de te dire que je suis amoureux de toi."

Et quand est-ce que je crois que je suis amoureux de toi s'était transformé en je suis amoureux de toi ? Louis ne comprenait pas ; ce n'était pas comme ça que c'était censé se passer, comment il avait imaginé laisser partir Harry. C'était censé être simple et sans complications.

Il ne savait pas. Louis ne savait vraiment pas.

"Je sais pas, Harry," dit-il, et sa voix était trop froide ; Louis savait qu'il était trop froid. "Passe à autre chose."

Harry le regarda, les yeux écarquillés, les lèvres légèrement entrouvertes, et il retira sa main comme s'il s'était brûlé. Le souffle de Louis se coupa et il voulait en dire plus, voulait vraiment dire quelque chose. Mais qu'était-il censé dire ? Qu'est-ce qui n'empirerait pas encore plus la situation ? Harry le regardait avec des yeux expectatifs pendant un moment, mais Louis pouvait juste baisser son regard, évitant Harry, gardant le silence et laissant la confession de Harry brutalement rejetée.

"Je," dit Harry, mais il dut avaler d'abord, et Louis détestait voir ses yeux devenir humides. "Fais comme si j'avais rien dit," murmura-t-il, si doucement que Louis ne l'avait presque pas compris.

Harry se retourna et s'enfuit avant que Louis puisse trouver quelque chose à dire. Et peut-être qu'il n'y avait rien d'autre à dire. Louis se tenait debout à la rambarde, ses doigts agrippant le métal froid, tandis que la mer s'agitait en dessous. Il frissonna légèrement et se mordit la lèvre, regardant la silhouette de Harry disparaître dans l'obscurité.

C'était pour le mieux. Il n'avait jamais voulu blesser Harry, mais c'était pour le mieux. C'était d'abord la faute de Harry, pour avoir fait des confessions stupides - s'il avait tenu sa langue, Louis n'aurait jamais eu à le blesser.

Il avait clairement fait savoir qu'il n'avait pas voulu entendre ça, n'est-ce pas ? Pourquoi Harry l'avait-il quand même dit ? Pourquoi ne pouvait-il pas simplement laisser les choses comme elles étaient ?

Merde. Mon dieu, putain, Harry avait merdé pour eux. Vraiment.

Louis se retourna, regarda la mer et le ciel, le vide devant lui, avant de se pencher, de fermer les yeux et de s'appuyer contre la rambarde pour reprendre sa respiration.

Il n'avait jamais voulu blesser Harry.


°°°


Harry jeta un dernier regard dans la pièce, avant de sortir et de refermer la porte derrière lui. Il avait son sac à dos et son sac d'ordinateur en bandoulière et traînait sa valise derrière lui. Tranquillement, pour ne réveiller personne, il laissa le tout dans la salle du personnel et courut dans les escaliers.

Le petit déjeuner n'avait pas encore commencé et la cuisine était encore sombre, comme c'était toujours le cas à cette heure de la journée. Il n'y avait qu'une petite lumière au fond de la cuisine. Harry se souvint de son premier matin, tout était exactement pareil, là où il avait rencontré Louis.

Ou ce matin où il avait paresseusement embrassé Louis à cet endroit, ne portant rien d'autre que son boxer, Louis déjà habillé et prêt à affronter la journée.

Tout cela ne voulait encore rien dire.

Passe à autre chose alors, faisait écho dans sa tête, déchira son cœur à nouveau. Comment était-il censé faire ça ?

Harry enfouit son visage dans ses mains et soupira, essayant de se calmer. Il devait juste faire une dernière chose, faire face à Louis une dernière fois, et ce serait fini.

Il ne pouvait pas, pensa-t-il ; il ne pouvait pas faire face à Louis. C'était trop humiliant. Il venait de le rejeter si facilement, n'avait pas montré un seul signe de sympathie quand il l'avait rejeté. Il n'avait jamais pensé que Louis pouvait être comme ça - il avait toujours considéré Louis comme une personne si chaleureuse, attentionnée et bienveillante envers les autres.

Il avait bien appris sa leçon hier soir. Il ne l'oublierait certainement pas.

Prenant une profonde inspiration, il quitta la cuisine et se dirigea vers la réception. La porte était ouverte et Harry repéra Zayn en premier. Il était assis sur une chaise et avait les yeux fermés, Paulie était sur ses genoux, la joue reposant sur son torse.

Au moins ça avait marché. Liam et Zayn n'étaient pas encore parfaits à cent pour cent, mais ils étaient sur la bonne voie. Harry était content d'avoir été là pour être témoin de ça.

"Harry," dit Niall lorsqu'il le remarqua. Il était assis sur le bureau de Zayn et portait déjà son uniforme, un bol de céréales à la main et la bouche pleine. Liam se tenait à côté de lui et Louis était assis derrière son bureau, ne levant pas les yeux.

"Mon bus part dans dix minutes," annonça-t-il en entrant.

"Je suppose que c'est des au revoir alors," dit Liam en attirant Harry dans ses bras. "Prends soin de toi et appelle-nous si tu reviens dans le coin un jour, d'accord ?"

Harry hocha la tête, sachant déjà qu'il ne le ferait jamais. Il préférerait mourir que de devoir revoir Louis. "Dites-moi si vous voulez venir à Manchester un jour. Vous êtes toujours les bienvenus."

Liam sourit et ébouriffa ses cheveux. Puis il recula et laissa Niall sauter sur Harry. Il s'enroula autour de lui dans une étreinte chaleureuse.

"Appelle-moi, ok ? T'as mon numéro," dit-il et Harry ferma les yeux, tenant Niall dans ses bras pendant un moment.

"Compte sur moi," répondit-il. "Dis-moi où la vie te mène, d'accord ? Je viendrai te voir chanter."

Niall sourit, hochant la tête avec enthousiasme.

"Prends soin de toi, Harry," murmura Zayn calmement, et il le serra rapidement après s'être levé de la chaise.

Harry hocha simplement la tête, puis il s'accroupit pour prendre Paulie dans ses bras.

"Tu vas plus venir cuisiner pour moi ?" Demanda-t-elle.

"Non, je dois rentrer à la maison, ma puce," lui dit Harry. "Je vais plus venir."

"Tu vas nous manquer," dit Paulie en lui tendant la main. "Zayn m'a montré comment faire ça," dit-elle en ouvrant son poing, révélant des étoiles en papier coloré dans sa paume. "Je les ai faites pour toi."

"Merci, Paulie, elles sont très jolies." Harry déglutit et la regarda les déposer dans une petite boîte rose.

"Je suis désolée, elle est rose," s'excusa-t-elle en haussant les épaules. "C'était la seule boîte que j'avais."

"J'adore le rose," la rassura Harry. "Ça me dérange pas."

Paulie sourit et se pencha lui faire un bisou. "A bientôt, Harry."

"Oui," répondit-il et il la serra de nouveau dans ses bras, respirant l'odeur de la crème à la pêche et du shampoing aux pommes qui lui rappelleraient toujours Paulie. "Peut-être."

Elle n'avait pas l'air de comprendre que quelque chose n'allait pas quand il la lâcha, mais Harry vit les trois autres qui lui lançaient des regards inquiets. Il se releva et s'éclaircit la gorge.

"Bon, je vais y aller." Et ce fut seulement à ce moment qu'il osa jeter un coup d'œil à Louis. Il était toujours assis sur sa chaise et regardait la table, ses beaux cils cachant ses yeux, sa bouche en une fine ligne.

Et non, Harry ne ferait pas le premier pas. Si Louis ne venait pas vers lui pour lui dire au revoir correctement, alors Harry ne le forcerait pas. Il avait appris que faire des pas vers Louis ne finissait jamais bien pour lui.

"Merci pour tout," dit-il à nouveau, offrant un sourire à Zayn et lui tendant les clés de sa chambre et de la porte arrière. "J'ai défait le lit et lavé les draps, tu pourras dire à El que tout est dans la chambre ?"

Zayn hésita. "Bien sûr."

Harry hocha de nouveau la tête et leur adressa un sourire, passa de nouveau ses doigts dans les cheveux de Paulie puis se retourna, quittant la réception. Ses jambes étaient faibles, bancales, alors qu'il descendait les escaliers et revenait à la salle du personnel.

L'hôtel était calme, personne d'autre n'était encore debout et Harry écoutait chaque bruit qui brisait le silence.

Si Louis franchissait cette porte maintenant et reprenait tout ce qu'il avait dit, Harry laisserait probablement passer tout ça et lui pardonnerait. Il lui avait brisé le cœur de la pire façon possible, mais il le possédait toujours.

Harry lui pardonnerait, il le ferait, si Louis essayait de le retenir.

Un simple S'il te plaît, ne pars pas suffirait.

Harry regarda par-dessus son épaule, regarda la porte arrière se refermer. Il avait rendu la clé, avait quitté l'hôtel et ne pouvait plus y rentrer. Si personne n'ouvrait la porte maintenant, il n'avait qu'une seule direction vers laquelle se tourner.

Pendant quelques instants, Harry regarda fixement la porte fermée. Puis il se retourna - il était temps de partir, il devait prendre son bus.

Le ciel était gris et Harry regarda la mer. Il sentait la pluie approcher, alors qu'il entrait dans le bus et payait son ticket. Il regarda fixement l'angle, attendant que Louis apparaisse, qu'il accoure et retienne Harry.

Il était si pathétique. C'était risible à quel point il était pathétique, parce que premièrement, il méprisait Louis, et deuxièmement, il le savait. Louis ne viendrait pas ; bien sûr qu'il ne viendrait pas lui dire de rester.

Louis ne voulait pas qu'il reste, il l'avait clairement fait comprendre.

Harry s'assit et regarda le ciel gris à travers la fenêtre sale, observa l'Esplanade, les maisons et la mer se fondre dans le même gris que les nuages.

C'était ironique, parce qu'il associait cet endroit avec le bleu, mais l'endroit qu'il quittait maintenant était un mélange de gris.

Ce qu'il laissait derrière lui, cependant, était un été rempli de ciels bleu pâle, une mer bleue étincelante et des étoiles dans le ciel bleu nuit.

Et des yeux bleus, très bleus.



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:))))))))))))))))))))) (Me détestez pas jsuis autant victime que vous ok ? Enfin un peu moins mais quand même)

J'essaye de me bouger pour que la suite arrive rapidement promis

Twitter: LesTradLarry

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