Chapitre 8
Une semaine plus tard, Louis se retrouva à prendre les réservations de Noël. Ils avaient eu les premières réservations et chaque année il trouvait bizarre de faire un plan détaillé pour une semaine de décembre à la mi-août. Son regard se posa sur le calendrier de l'autre côté du bureau, juste à côté de la porte.
C'était lundi, et c'était, en effet, la mi-août. Juste un peu plus de deux semaines avant que Harry ne retourne à Manchester.
Louis repoussa cette pensée, essayant de se concentrer sur sa tâche à accomplir. Il avait des chambres à assigner et des commandes à passer auprès des boulangeries locales, des pêcheurs et des fournisseurs de légumes. De plus, la compagnie de linge avait oublié toute une série de draps doubles dans la livraison de ce matin, et d'après Eleanor, ils n'en n'avaient plus.
Tout compte fait, il n'y avait pas tant de monde. Il n'y aurait plus beaucoup de monde d'ici la troisième semaine de septembre et Louis avait proposé à Niall de rentrer chez lui, puisque ce serait son anniversaire cette semaine-là. Ils n'auraient pas besoin de tant de personnel alors que même pas la moitié des chambres seraient occupées.
Il y avait aussi un creux durant trois jours en octobre, et Louis pensait qu'il pourrait peut-être prendre quelques jours de repos pour remonter dans le nord rendre visite à sa famille et passer du temps avec ses sœurs.
Et pour probablement faire un rapide détour par Manchester.
Il grogna légèrement et ferma les yeux, se frottant une main sur le visage. C'était pathétique et il ne voulait même pas laisser son esprit penser à ça. Il n'avait pas de relations, pas tant qu'il passait encore au moins quinze heures par jour au travail.
Une relation à distance était donc impensable. Ça n'en valait pas la peine, c'était couru d'avance.
Il devait juste faire attention. Il devait vraiment faire attention, parce que Harry ne voyait évidemment pas les choses comme ça. Il avait ce regard sur son visage et Louis savait que s'il ne prenait pas de recul, cela leur causerait des ennuis.
Ça n'aurait jamais dû finir comme ça. Ils étaient censés devenir amis et partager des nuits géniales, le cas classique des sex-friends. Au lieu de ça, Harry s'était définitivement attaché à lui à un niveau beaucoup plus profond, et Louis n'était pas prêt à lui briser le cœur.
Il fallait garder les choses légères, ne pas faire de faux espoirs à Harry, et le laisser partir sans trop de drame. Il n'avait qu'à s'assurer que Harry comprendrait qu'il n'était plus autant investi et tout irait bien.
Son téléphone sonna et Louis sortit de ses pensées. Il décrocha rapidement en reconnaissant le numéro de leur compagnie de linge.
"Dean, c'est bien que tu aies rappelé. Ecoute, on a pas reçu les draps doubles dans ta livraison ce matin." En écoutant l'homme à l'autre bout de la ligne, Louis se leva de sa chaise. Il savait ce qui allait arriver, alors il se dirigea vers la lingerie. "Ouais, attends une seconde. Je peux te donner la référence des sacs qui ont été livrés."
Quand il termina l'appel dix minutes plus tard, il se retourna pour trouver Eleanor un peu à l'écart, le regardant.
"Qu'est-ce qu'il a dit ?"
"Demain à dix heures," répondit-il.
"Quoi ?" Elle fronça les sourcils et croisa les bras. "C'est trop tard. J'ai douze départs demain matin et pas assez de draps doubles pour ça."
"Désolé, chérie." Louis leva les mains d'un geste impuissant. "Je peux rien faire d'autre. C'est le plus tôt qu'ils peuvent faire."
"Et on fait comment du coup ? On utilise des draps de king size ?"
Les yeux de Louis se dirigèrent vers l'étagère avec des draps king size. "Ouais. Ou tu laisses les lits défaits jusqu'à dix heures."
"Quelle idée fabuleuse, Lou." Elle leva les yeux au ciel et croisa les bras.
"Allez, c'est pas de ma faute. Ça va le faire." Elle ne répondit que par un sourcil levé et une moue, Louis laissa donc tomber. Il laissa Eleanor debout dans la lingerie et se dirigea vers les escaliers jusqu'à la cuisine.
Vraiment, il n'avait pas envie de se battre, surtout pas à propos de quelque chose de futile comme ça. C'était déjà arrivé et ça n'allait certainement pas leur faire mettre la clé sous la porte.
À l'escalier, Louis s'arrêta et regarda dans le couloir. Ce n'était pas comme s'il devait remonter tout de suite, et honnêtement, Louis pouvait sourire un peu. Ça ne ferait pas de mal d'aller jeter un rapide coup d'œil sur Harry, de voir ce qu'il faisait, de lui voler un baiser ou deux.
Ça ne ferait de mal à personne.
Quand il passa devant la salle du personnel, il jeta un bref coup d'œil à l'intérieur, mais ce sur quoi ses yeux se posèrent le fit s'arrêter net et se retourner pour regarder de plus près. Il s'arrêta sur le pas de la porte et pressa ses lèvres pour ne pas faire de bruit embarrassant avec sa gorge.
Harry était étendu sur le canapé, les yeux fermés, le visage détendu, un bras pendant au bord. Paulie était étalée à moitié sur son torse, une jambe autour de la taille de Harry. Son visage était blotti dans le creux de son cou et elle était visiblement endormie. Les doigts de Harry jouaient paresseusement avec ses boucles, caressant doucement ses cheveux, et il avait un petit sourire aux lèvres.
Il avait l'air paisible, complètement paisible. Louis voulait se glisser contre lui et les rejoindre, laisser Harry le prendre dans ses bras de la même manière et faire une sieste, être tenu par Harry, ses longs doigts caressant son crâne. Il pourrait sombrer dans la chaleur familière de Harry, juste pour un court instant.
Et non, bien sûr, Louis ne le ferait pas.
Il n'avait pas besoin de Harry comme ça. Il n'avait pas besoin de câlins, ils ne s'en faisaient même pas après avoir couché ensemble alors pourquoi il se blottirait-il contre lui un lundi après-midi alors qu'il dormait sur le canapé dans la salle du personnel ? Cette pensée était juste ridicule.
Il voulait juste se retourner et repartir tranquillement, quand tout à coup, les yeux de Harry s'ouvrirent avec de légers clignements. Son regard se posa immédiatement sur Louis et un sourire paresseux prit place sur ses lèvres. Ses doigts jouaient sans arrêt avec les boucles de Paulie, tapotant ses cheveux en douceur.
Et comment Louis pouvait-il lui refuser un sourire ? Il ne put s'empêcher de sourire en retour. Il y avait quelque chose de si paisible et Harry avait l'air si détendu, complètement décontracté, alors que son visage était calme et ouvert, son sourire privé.
Après un moment où Harry le regarda tendrement, Louis détourna le regard et pointa le plafond, signifiant qu'il allait remonter. Harry acquiesça brièvement et lui fit un clin d'œil en lui envoyant un baiser. Et si Louis rougit, et bien c'était juste une réaction au garçon avec qui il couchait depuis un mois.
Rien de spécial.
Il se retourna rapidement, n'épargnant pas Harry d'un autre regard. Il y avait un petit picotement bizarre dans son dos, au bas de sa colonne vertébrale et c'était comme si elle poussait Louis à courir. Il monta les marches vers la cuisine et prit une profonde inspiration quand la porte se referma derrière lui, le bruit familier des chefs travaillant derrière le comptoir autour de lui.
Harry Styles était définitivement un spécimen. Louis ne pouvait pas le laisser l'attirer comme ça. Il ne voulait pas avoir de problème, et il ne voulait pas être émotionnellement attaché à quelqu'un qui menait une vie si différente de la sienne.
Et si loin.
C'était à Louis d'être le rationnel, le sensé. Et il y arriverait ; il devait rester concentré sur ce qui était important. Harry était adorable, très attachant et gentil, mais il ne devait pas oublier que c'était juste une aventure.
Facile, décontractée, et surtout, en simplicité.
Atteignant son bureau, il ferma la porte derrière lui et soupira. C'était ce qu'il ne devait pas oublier quand Harry lui envoyait des baisers et lui faisait des sourires privés.
Son portable vibra dans sa poche et il le sortit, trouvant un message de Liam. Il fronça les sourcils en ouvrant la conversation et il fixa la photo que Liam avait envoyée, jointe à un court message.
"Je pensais que la vue te plairait"
Louis regarda le visage de Harry, les boucles qui encadraient son visage, les cils noirs qui s'étendaient sur ses joues et ses lèvres rouges légèrement entrouvertes, ses longs membres confortablement étalés sur le canapé. Il regarda Paulie blottie dans ses bras, sa main toujours dans ses cheveux.
Si, si paisible, pensa à nouveau Louis.
Liam pouvait aller se faire foutre. Louis ne l'appréciait pas du tout.
°°°
"Et la fille s'appelait Paula ! Tu te rends compte, Harry ?"
Harry jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, remuant la sauce tomate dans la casserole. "Ah oui ?"
Paulie hocha la tête, ses pieds pendaient de la chaise sur laquelle elle était assise. Ses cheveux étaient attachés avec une barrette verte, bien que ça n'aide pas beaucoup. Ses boucles tombaient tout de même sur son front et autour de ses oreilles. "Elle était vraiment, vraiment jolie. Si elle était aussi jolie, je peux peut-être devenir super jolie aussi. Comme une princesse."
Riant, Harry se retourna et posa une assiette sur la table devant Paulie. "Tu seras la plus jolie des filles, Paulie," lui assura-t-il. "Et c'est qui est exactement Paula ? Une nouvelle maîtresse à l'école ?"
"Non, elle est venue ici l'autre jour," répondit-elle. "Papa l'a ramenée."
Harry se figea une seconde, son cœur ratant un battement. "Une amie de papa ?"
"Ouaip." Paulie regarda Harry mettre des pâtes et de la sauce dans son assiette avec des yeux attentifs. "Mais elle m'a pas parlé."
"Et pourquoi ?" Harry savait qu'il ne devrait pas demander. C'était mal de poser ces questions à une enfant de cinq ans, mais la curiosité l'envahissait.
"Papa et elle prenaient la voiture." Paulie haussa les épaules. "Et je suis restée avec Madame Morrison."
Un rendez-vous, pensa Harry, assis en face d'elle. Liam était allé à un rendez-vous. Avec une femme nommée Paula ? Était-il sérieux ? Harry pensa que ça ressemblait à une mauvaise blague. La pire de toutes.
Si Zayn le découvrait... Harry ne pouvait même pas y penser. Ça lui briserait le cœur.
"Harry, je peux te demander quelque chose ?"
Il se rapprocha de Paulie, sortant de ses pensées. En la regardant de près, il avait peur que ses joues ne soient pas que roses, mais qu'elle ait bien un léger coup de soleil.
"Bien sûr, ma chérie," dit-il. "Qu'est-ce qu'il y a ?"
Elle déplaça sa fourchette à travers les pâtes qu'il avait cuisinées pour elle, les regardant plus qu'elle ne les mangeait. "C'est bientôt l'anniversaire de papa," expliqua-t-elle finalement. Son humeur avait évidemment chuté.
"Ah oui ?" Harry posa ses bras sur la table. "Il faut qu'on réfléchisse à un bon cadeau ?"
Paulie secoua la tête. "Non, j'ai déjà pensé à quelque chose. Et," elle s'arrêta et fit une moue, avant qu'elle ne reprenne, "Je voulais faire une peinture. Une très grande ? Avec de la vraie peinture."
Harry avait une idée de ce qui se passait. "T'as besoin d'aide pour ça ?"
À contrecœur, Paulie acquiesça.
"Je suis pas un très grand artiste, mais j'essaierai de t'aider du mieux que je peux." Harry tendit la main vers la table et poussa l'assiette plus près de Paulie pour lui faire comprendre de finir son repas. "Je connais quelques trucs sur l'art."
"Zayn est pas venu depuis longtemps," dit-elle soudainement, et Harry se mordit la lèvre. "Je lui aurais demandé."
"Tu peux toujours lui demander. Je suis sûr qu'il aimerait t'aider." Harry n'était pas très sûr de savoir comment gérer ça. De toute évidence, Paulie lui faisait confiance pour l'écouter et elle avait définitivement quelque chose en tête dont elle avait besoin d'être rassurée. Mais cela impliquerait aussi qu'il s'implique dans la vie privée de Liam, et Harry n'était pas sûr de pouvoir le faire.
Il était déjà allé trop loin en posant des questions à propos de cette femme avec qui il semblait sortir.
Paulie secoua la tête. "Non, Papa a dit que Zayn ne viendrait plus."
"Il est sûrement occupé au travail," la rassura Harry.
Son rythme cardiaque s'accéléra fortement quand Paulie commença à sangloter. Ses yeux devinrent vitreux et Harry ne savait pas comment réagir, il sentait seulement la panique monter dans sa gorge.
"Non," dit-elle, sa voix lourde de larmes et la main de Harry se mit à trembler. "Papa a dit que je pouvais plus aller voir Zayn. Je pense qu'il m'aime plus."
Harry la dévisagea face à l'idée faussée qu'elle avait de la situation. "Hey," dit-il calmement et il se leva de sa chaise, soulevant Paulie de la sienne pour la mettre sur ses genoux. "Hey, bébé, ne pleure pas."
Elle enfouit son visage contre le torse de Harry et ça lui brisa le cœur de l'entendre sangloter si fort, des larmes chaudes trempant sa chemise, des bruits misérables sortant de sa gorge.
"Allez, Paulie," essaya-t-il encore. Et, oh mon Dieu, il était vraiment proche de la panique. Comment était-il censé faire face à une fillette qui pleure ? "Tu sais que Zayn t'aime beaucoup."
Elle secoua furieusement la tête. "Non. Il vient pas me voir. Et il m'achète plus de glace et il ne me prend plus dans ses bras comme avant. Il me fait plus de bisous."
Bien sûr que Paulie remarquerait le changement, et ça aurait dû être évident pour Liam qu'elle ne serait pas capable de comprendre ce qu'il se passait... Harry sentit la colère prendre le dessus sur la panique.
Paulie ne méritait pas de perdre quelqu'un qui était si cher à son cœur à cause de tout ça. Harry aurait vraiment aimé qu'ils aient trouvé un moyen de la garder hors de leurs affaires. Au lieu de ça, elle se retrouvait au beau milieu de tout ça.
C'est comme ça que Liam les trouva quand il entra dans la cuisine. Harry entendit son souffle se couper et il était à côté de Harry en une fraction de seconde.
"Qu'est-ce qui va pas ?" demanda-t-il en tendant les mains vers Paulie. "Qu'est-ce que tu as fait ?"
Harry ouvrit la bouche pour expliquer, parce qu'il pouvait comprendre que Liam soit inquiet. Il rentrait chez lui pour y trouver sa fille en larmes, bien sûr qu'il tiendrait Harry pour responsable. Avant qu'il ne puisse dire un mot, Paulie frappa la main de Liam et se blottit contre Harry.
"Paulie, bébé," dit Liam, de l'inquiétude dans sa voix. Harry remarqua son expression blessée. "Qu'est-ce qui va pas ?"
"Va-t'en," sanglota-t-elle, les poings s'enroulant dans le t-shirt de Harry.
Fronçant les sourcils, Liam chercha le visage de Harry, sa main frottant le dos de sa fille. Harry se mordit la lèvre, jetant un coup d'œil à Paulie.
"Qu'est-ce qui ne va pas, Paulie ? Parle-moi," essaya-t-il à nouveau.
Elle tourna la tête et le regarda. Harry ne l'avait jamais vue comme ça et s'il avait reçu un tel regard de sa part, ça lui aurait glacé le sang. Elle frappa à nouveau la main de son père, puis glissa hors des bras de Harry, courant hors de la cuisine et dans sa chambre.
Liam était déjà debout, prêt à courir après elle, quand Harry attrapa son poignet. "Liam."
"Harry, je dois aller la voir et savoir ce--"
"C'est à propos de Zayn," le coupa-t-il. "Elle pleure à cause de Zayn. Elle pense qu'il ne l'aime plus."
"C'est ridicule," répondit-il rapidement. Harry se demanda s'il réalisait à quel point ça en disait long sur ses sentiments.
"Evidemment," acquiesça-t-il. "Mais pour elle, tout ce qu'elle voit, c'est Zayn qui l'évite. Elle est blessée."
"Zayn l'aime plus que n'importe qui," dit Liam, jetant un coup d'œil à la porte avant de se tourner vers Harry, les yeux grands ouverts, les joues pâles. "Je veux dire... Il est... Avec elle... C'est juste..."
Harry soupira. "Mais comment elle pourrait le savoir, Liam ? Tu la gardes loin de Zayn et évidemment il respecte ce que tu as décidé d'instaurer entre vous et reste loin d'elle."
"Putain," jura Liam. Il s'effondra sur la chaise que Harry avait quittée plus tôt et enfouit son visage dans ses mains. "J'ai aucune idée de ce qu'il faut faire."
Harry se mordit la lèvre et regarda Liam une seconde, avant de s'asseoir sur la chaise à côté de lui et de poser une main hésitante sur son épaule. "Je veux pas trop m'en mêler, Liam. C'est pas mes affaires après tout, mais..."
"Mais ?" Il leva la tête pour le regarder. "Ton copain se mêle de tout, tout le temps, je pense pas que ça changerait de d'habitude."
Copain, répéta Harry dans sa tête et son cœur loupa un battement. Juste un seul, c'était tout ce qu'il pouvait se permettre. Liam pensait que Louis était le petit ami de Harry et ce n'était pas le sujet en question.
"Je vais pas te dire quoi faire," dit Harry à la place, essayant d'arrêter les papillons qui tapaient dans sa poitrine à la pensée que Louis était son petit-ami. Le sujet actuel était Paulie, et c'était beaucoup plus important. "Mais tu penses pas que Paulie mérite une explication ?"
"Qu'est-ce que je suis censé lui dire, Harry ?" Liam secoua la tête, le regard désespéré. "Je suis désolé, Paulie, mais je suis aussi amoureux de Zayn ? Comment elle comprendrait ça ?"
"Comme ça," répondit Harry. "Liam, si tu es amoureux de lui---"
"Je te jure Harry, si tu le dis à quelqu'un je te le ferai regretter." Il lui jeta un regard menaçant. "Si Zayn le découvre, il va... Il va..."
"Etre heureux ?" Compléta Harry. "Et en quoi ça poserait problème ?"
Liam hésita un moment, sa posture se relâcha et il prit une profonde inspiration. "Ça va être dur pour Paulie. Elle va bientôt aller à l'école et elle réalisera que quelque chose est différent, pas normal."
Pas normal, pensa Harry, il était là le problème. Liam pensait qu'il avait tort d'aimer Zayn, pas seulement parce que Paulie l'aimait, mais à cause de l'hétéronormativité stupide qu'il voulait adopter. Ça l'énerva un peu. "Donc tu penses que tu peux pas sortir avec Zayn parce que tu as peur que Paulie ait des ennuis à l'école ?"
Liam hocha la tête. "Elle verra toujours que les autres familles sont différentes. Et les autres enfants vont lui poser des questions à ce sujet, et comment elle va l'expliquer ? Comment je vais lui expliquer ?"
"Tu préfères que ta fille grandisse complètement inconsciente de la situation de son père, alors ?" Harry fronça les sourcils. "Et l'élever dans la fermeture d'esprit ?"
"Bien sûr que non," répondit-il rapidement. "Je lui dirai une fois qu'elle sera en âge de comprendre.
"Et ça sera quand ?" Harry secoua la tête. "Ça serait tellement plus facile pour elle si elle grandissait juste avec. Tu sais qu'elle ne mettra jamais tes décisions en doute. Et encore moins concernant Zayn. Comment elle pourrait ne pas accepter que tu aimes Zayn ?"
"Elle accepterait. Mais pas les autres," protesta-il. "Je veux pas la mettre dans cette situation."
"Alors tu préfères passer ta vie à te cacher et avec une femme que t'aimes probablement pas," conclut Harry. "Pour être sûr que ta fille grandisse comme n'importe quel autre enfant."
Cela prit un moment, mais Liam hocha la tête, son regard fixé sur la table.
"Il y a tellement de choses qui vont pas, je sais même pas par où commencer." Harry secoua légèrement la tête, la poitrine serrée. Il ne pouvait pas arrêter de penser à Zayn et à quel point ça le blesserait s'il en savait quelque chose. "Tu rends pas service à ta fille, tu sais ?"
Liam tressaillit avant de se tourner vers Harry. "Tu sais pas comment c'est, Harry. Aucun d'entre vous ne le savez."
"Bien sûr que non," acquiesça-il. "Mais on a tous été des enfants et tu serais pas d'accord que le fait d'avoir nos parents qui nous aime inconditionnellement était toujours le plus important ?"
"Bien sûr," confirma-t-il. "Et si tu doutes une seule seconde que j'ai pas--"
"J'en douterais pas une seconde," le coupa Harry. "Mais ça marche aussi dans le sens inverse, Liam. Elle t'aime tellement aussi. Paulie veut que tu sois heureux autant que tu veux qu'elle le soit. Elle sait quand quelque chose ne va pas. Elle le sait en ce moment même, pas vrai ? Et elle grandirait en sachant que t'es pas heureux."
Liam fixa Harry pendant un moment, avant de déglutir. "Quelle façon de retourner la situation, Harry."
"Je retourne pas la situation." Il haussa les épaules. "C'est comme ça, Liam. Tu penses pas que Paulie serait plus que contente d'avoir Zayn constamment avec elle ?"
"Elle serait horrifiée à l'idée de Zayn et moi en couple. Elle parle d'épouser Zayn, Harry."
"Elle a cinq ans." Il haussa les épaules. "Elle voudra épouser beaucoup d'autres mecs dans les années à venir."
"Oh mon Dieu," grogna Liam en enfouissant son visage dans ses mains. "Je veux pas avoir cette conversation."
"Le plus important est que Paulie n'épousera pas Zayn, et elle arrêtera de vouloir ça. Mais elle n'arrêtera pas de l'aimer, Liam."
"Ouais, c'est le problème. Il y a tellement de choses à considérer." Liam se frotta les yeux, il semblait fatigué. "Et si avec Zayn on se séparait après un moment ? Paulie fait des histoires maintenant ; elle s'en remettrait jamais une fois qu'elle se sera habituée à Zayn en tant que... en tant que..."
"Membre de la famille," termina Harry pour lui, et il le regarda pâlir. Apparemment, cette seule pensée faisait paniquer Liam. "Et tu sauras pas tant que t'auras pas essayé."
"Je préfère pas," marmonna-t-il. "Trop de risques."
"Liam..."
"Non, Harry." Il se leva de la chaise. "J'ai pas envie de continuer cette conversation. Vraiment, c'est assez. J'y ai déjà pensé tellement de fois. Bien sûr que j'y ait déjà pensé. Mais le résultat est toujours le même. Je peux pas le faire."
Harry se tut et le regarda errer dans la cuisine. C'était une petite pièce et Liam passait d'un mur à l'autre en trois pas seulement. Il réussissait quand même à avoir l'air frénétique.
"Tu peux," commença Liam, mais s'arrêta à nouveau, regardant Harry. "Tu peux aller la voir ?"
Il hocha la tête. "Bien sûr," dit-il calmement. Il n'avait aucune idée de la façon de convaincre Liam qu'il avait vraiment, vraiment tort. Il y avait cet homme incroyable qui était amoureux de lui, qui était complètement tombé amoureux de sa fille, et qui voulait qu'ils soient tous deux les siens. Liam était incroyablement chanceux. Comment pouvait-il ne pas le voir ?
Harry se leva et quitta la cuisine, frappant silencieusement à la porte de la chambre de Paulie. "Paulie, c'est Harry. Je peux entrer ?"
Elle ne répondit pas, alors Harry poussa prudemment la porte et la vit assise sur son lit, les boucles mouillées, les yeux humides et les joues rouges. Elle renifla et leva les yeux vers Harry, les épaules tremblantes.
"Papa est en colère contre moi ?"
Harry sourit légèrement et s'approcha pour s'asseoir à côté d'elle. Elle rampa immédiatement sur ses genoux et se blottit contre lui. "Bien sûr que non, mon amour. Mais papa comprend pas trop ce qu'il se passe. Il sait pas pourquoi tu pleures si tu lui expliques pas."
"Il a dit que je pouvais plus voir Zayn," murmura-t-elle dans son torse.
"Alors tu devrais lui dire que ça te dérange." Il peignait tendrement ses cheveux avec ses doigts.
Elle sanglota un peu, mais hocha la tête.
"D'accord, allez," dit-il en se levant du lit. Paulie serra ses doigts entre les siens alors qu'ils se dirigeaient vers la cuisine. Liam se tenait près de la table et il se retourna quand ils entrèrent.
Il y eut un moment de silence, puis Paulie se remit à pleurer.
Cette fois-ci, Harry était encore plus proche de la panique, mais quand Liam se précipita pour l'attirer dans ses bras, elle se laissa faire et accepta le câlin de son père. Harry lâcha un souffle soulagé.
"Je suis désolé," étouffa Paulie.
"C'est pas grave, bébé," lui assura Liam et il serra ses bras autour de son petit corps.
Harry les regarda depuis l'encadrement de la porte, observant Liam la prendre dans ses bras et traverser à nouveau la cuisine tout en la berçant doucement et lui murmurant à l'oreille. Paulie se calma peu à peu, sa tête reposant contre l'épaule de son père, ses doigts reposant sur ses bras.
"Tu peux faire en sorte que Zayn m'aime encore ?" Marmonna calmement Paulie, le ton plat, vidé de toute vie et de tout espoir et cela brisa le cœur de Harry encore une fois, parce que Zayn détesterait la simple pensée de Paulie pleurant à cause de lui. Ça n'aurait jamais dû aller au point qu'elle doute de l'amour de Zayn.
Liam s'arrêta et soupira, la serrant contre lui. Ses yeux trouvèrent Harry et Liam le regarda un moment, avant de continuer à traverser la pièce.
Il ne répondit pas.
°°°
Louis ne pouvait pas se rappeler la dernière fois qu'il avait passé un samedi seul. Ces derniers mois, il avait définitivement passé tous ses samedis avec Harry car ils étaient tous les deux de repos à midi. Avant ça, il s'occupait souvent à l'hôtel, il discutait avec les clients et le personnel.
Maintenant, il était seul à Exeter, errant dans les rues, allant dans ses boutiques préférées, et peut-être qu'il dînerait plus tard. Il avait envisagé prévenir Zayn où il serait parti, mais au cas où quelque chose arrivait, il avait son portable avec lui.
Il ne l'avait pas dit à Harry non plus. La pensée lui avait traversé l'esprit, mais pour quelles raisons devrait-il dire à Harry ce qu'il avait prévu de faire pendant ses jours de repos ? Ces dernières semaines, il était de toute façon chez lui, alors passer du temps avec Harry était tout à fait naturel et logique. Ils avaient du temps pour bien plus qu'une partie de baise rapide pendant leurs jours de congé, donc c'était logique qu'ils profitent de ce temps libre.
Louis demanderait probablement à Harry de venir ce soir, quand il serait de retour à la maison et ils passeraient une bonne soirée ensemble. Faire des plans ensemble, informer l'autre de l'endroit où il serait et de ce qu'ils étaient en train de faire, ce n'était pas leur truc. C'était quelque chose que les couples faisaient, et Louis et Harry n'étaient certainement pas un couple.
Louis s'arrêta quand il aperçut un beau pull dans une vitrine, et il entra dans la boutique pour l'essayer. Il regarda autour de lui jusqu'à ce qu'il le trouve sur une table à côté d'un jean noir. Il passa un doigt sur le tissu en souriant.
Harry adorerait ce jean ; c'était complètement son style. Louis pouvait très bien imaginer ses longues jambes maladroites dedans.
Et ce sont des pensées que Louis n'aurait vraiment pas dû avoir. De si petites choses n'étaient pas censées lui faire penser à Harry et il n'était pas censé avoir cette sensation chaude et agréable à cause d'un jean.
Secouant la tête, il prit le pull gris et se dirigea vers les cabines d'essayage. Pendant un bref instant, Louis envisagea l'acheter sans l'essayer car il n'y avait pas de cabine disponible. Mais il avait le temps et préférait essayer les vêtements avant de les acheter.
L'un des cabines s'ouvrit et Louis se tourna en sa direction, mais il se figea la seconde suivante.
Harry sortit de la cabine et regarda Louis, clignant des yeux lentement. Il tenait le même pull gris dans sa main, ainsi que le jean noir qui lui avait fait penser à lui.
Pendant un long moment, ils se regardèrent simplement, figés sur place. Les cheveux de Harry étaient en désordre, ils bouclaient dans tous les sens, ses yeux étaient d'un vert sombre et il portait un jean délavé, semblable à celui qu'il tenait à la main. Son torse était couvert d'un t-shirt blanc avec un col large, révélant un peu ses tatouages.
Louis sentit son cœur rater un battement, lorsque les traits de Harry s'adoucirent, un petit sourire apparaissant dans ses yeux plutôt que sur ses lèvres.
"Salut," dit finalement Harry.
Louis sentit un sourire étirer ses lèvres. "Salut toi."
"Qu'est-ce que tu fais là ?" Harry lâcha la porte.
"Je fais juste du shopping," répondit-il avec un haussement d'épaules. "Je savais pas que tu serais là aussi."
"Quelles étaient les probabilités ?" Demanda Harry. "De se retrouver ici ?"
"Assez minces." Il haussa les épaules. "Et quelles étaient les probabilités qu'on achète le même pull ?"
Harry sourit. "Assez élevées, apparemment. Il va bien t'aller."
"Il m'ira mieux qu'à toi." Il hocha la tête vers la cabine. "Je vais vite l'essayer."
"Laisse-moi voir," demanda Harry, déjà sur ses talons.
Il leva les yeux au ciel et attira Harry avec lui dans la cabine. Il enleva son t-shirt et croisa le regard de Harry dans le miroir, fixé sur son visage au lieu de son torse, comme il l'avait espéré. Il enfila le pull gris et regarda son reflet, ajustant ses lunettes.
"Il te va mieux qu'à moi," confirma Harry. Il tendit la main et enroula les manches au-dessus des poignets de Louis. "Mais tu pourrais prendre une taille en-dessous."
Louis haussa les épaules, regardant les doigts de Harry s'affairer. "J'aime bien comme ça."
Harry leva les yeux de ses poignets et sourit. "C'est sexy," commenta-t-il, avant de se pencher et d'effleurer ses lèvres.
"Exactement ce que je cherchais." Il rapprocha Harry, approfondissant le baiser. Les lèvres de ce dernier étaient chaudes et douces et désormais si familières. Elles se moulaient parfaitement dans la forme des siennes. Ce n'était pas vraiment juste.
Comment Louis pouvait-il juste quitter le magasin et prétendre ne pas avoir croisé Harry ? Il ne pouvait pas passer le reste de la journée à Exeter en sachant qu'il était là aussi. Peut-être qu'il le recroiserait.
Harry rompit leur baiser et enroula ses bras autour de sa taille, le faisant se mettre sur la pointe des pieds afin qu'il puisse enfouir son visage dans son cou. Il les balança doucement et toutes les alarmes se déclenchèrent dans la tête de Louis. Il ferma tout de même les bras autour du cou de Harry et rendit le câlin.
"Quels sont tes plans pour aujourd'hui, Curly ?"
Harry marmonna doucement. "Juste me promener en ville et reprendre le bus ce soir."
Louis hésita seulement une seconde. "Je te ramènerai."
Lentement, Harry s'éloigna de lui, se penchant en arrière pour pouvoir regarder son visage. "C'est vrai ?"
"Oui," confirma-t-il. "Je suis venu en voiture donc je te ramènerai."
"Merci, Lou," dit-il doucement. "J'apprécie."
"Pas de problème." Il l'attira dans un autre baiser.
Il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. Ça n'aurait pas de sens de ne pas passer la journée ensemble s'ils étaient tous les deux ici. Il ne pouvait absolument pas dire à Harry qu'il partirait seul après qu'ils se soient rencontrés comme ça. Les chances avaient été minces, en effet, et il pensait que c'était sûrement un signe. Après tout, son temps avec Harry arriverait bientôt à son terme. Donc s'ils étaient tous deux dans la même ville, ils pouvaient tout aussi bien passer leur temps ensemble. Ce n'était pas un problème. Louis ferait ça avec n'importe lequel de ses amis.
Juste des amis qui traînaient ensemble.
Et si ça incluait des baisers furtifs dans une cabine d'essayage, qu'il en soit ainsi. Ça ne changeait pas beaucoup la situation. Louis se sourit à lui-même et fit tourner l'une des boucles de Harry autour d'un doigt.
"Tu devrais prendre le pull," dit Harry.
"C'est ce que je comptais faire." Il recula pour se rhabiller. Avant qu'il ne puisse remettre son t-shirt, Harry déposa un rapide baiser sur son épaule dénudée. "Garde ça pour plus tard," lui dit Louis en se tortillant loin de lui.
Ils quittèrent la cabine pour payer et Louis regarda la vendeuse glisser le jean et le pull dans un sac pour Harry. Il y avait quelque chose de bizarre dans le fait qu'ils aient tous les deux le même pull. C'était juste un morceau de tissu, mais ça semblait étrangement intime.
Il écarta la pensée aussi vite qu'elle était venue. Il y avait environ un millier de personnes qui avaient acheté ce pull et Louis n'avait un attachement émotionnel avec aucun d'entre eux à cause de ça. Ce n'était pas différent avec Harry.
"Qu'est-ce que t'as vu de la ville ?" Demanda-t-il une fois à l'extérieur.
"Juste High Street," répondit Harry. "Qu'est-ce qu'il y a d'autre à voir ?"
"Pas mal de choses, en fait. Je peux te montrer les endroits sympas."
Harry lui fit un sourire, sa fossette gauche était proéminente et Louis sentit l'envie de se pencher et de la lécher. Plus tard, se promit-il. Il aurait le temps ce soir de consacrer toute son attention à lécher Harry.
"T'as prouvé que tu étais un bon guide, en effet," acquiesça Harry.
"On peut prendre Queen's Street pour aller à l'université, c'est pas trop loin," suggéra-t-il.
"Oh." Le visage de Harry s'affaissa un peu. "C'est le seul endroit où je suis déjà allé."
Louis leva un sourcil. "T'y es déjà allé ?"
"C'est pas loin de High Street, donc j'avais fini par atterrir là-bas ?"
"Tu me poses la question ?" Il sourit à Harry, lui donnant un coup d'épaule pendant qu'ils marchaient l'un à côté de l'autre.
"Non je veux dire..." Harry évitait de le regarder. "Juste, tu peux barrer ça de la liste. Je l'ai vu."
"D'accord, on va commencer avec Exeter Quay. Faudrait pas que tu rates ça."
Harry sembla se détendre, son sourire devint plus intense. "Super."
"Tu vas adorer."
°°°
Il ne fallut pas longtemps avant que Louis laisse Harry lui tenir la main, et ce dernier considéra cela comme une petite victoire. Au début, Louis s'était éloigné avec désinvolture, prétendant qu'il n'avait pas remarqué qu'il essayait d'entremêler leurs doigts.
À Princesshay, ils s'étaient perdus de vue dans la foule, et après ça, Louis l'avait laissé prendre sa main sans un seul signe de résistance.
Ses doigts étaient maintenant liés à ceux de Louis alors qu'ils entraient dans un petit café du nom de Tea on the Green dans le centre de la ville, surplombant l'impressionnante cathédrale. Louis avait dit que c'était l'un de ses préférés, et dès qu'ils furent à l'intérieur, Harry pouvait dire qu'il n'était pas le seul à l'apprécier.
Ils s'assirent à une table dans un coin et commandèrent du thé à la crème Devon pour deux personnes.
"Qu'est-ce qui est différent du thé à la crème normal ?" Demanda Harry.
Louis haussa les épaules. "J'ai jamais su. Apparemment c'est de la crème caillée ? C'est hyper sucré mais puisque tu pars bientôt je me suis dit que tu devais au moins goûter ça."
Le cœur de Harry sursauta pendant une seconde. "Ouais, il me reste que deux semaines."
"Mais d'ici là t'auras vu tous les trucs touristiques, donc pas de regrets." Louis lui fit l'un de ses sourires qui transformaient ses yeux en petites demi-lunes. Il était joli comme ça, des cils noirs cachant la couleur vive de ses yeux.
"Ouais, pas de regrets," acquiesça-t-il. "Merci de m'avoir fait la visite."
"C'est pas encore fini." Comme à leur habitude, Louis frappa doucement ses pieds contre ceux de Harry sous la table et ils continuèrent pendant un moment, avant que Harry ne passe un pied autour de sa cheville. C'était déjà familier, et ça étonnait Harry à quel point leurs corps s'emboîtaient parfaitement.
"Qu'est-ce que t'as prévu quand tu rentres chez toi ?" Demanda Louis après qu'on leur ait servi des scones et du thé.
"Une semaine avec ma famille," répondit-il en étalant de la crème et de la confiture sur la moitié de son scone. "Ma mère et ma sœur me manquent. Et puis après je rentre à Manchester. Les cours reprennent bientôt."
"Hm," marmonna Louis, se concentrant son propre scone. "Et qu'en est-il de ton ami ? Enfin," ajouta-t-il, visiblement un peu troublé, "cet ami. Tu lui as parlé ?"
Harry déglutit difficilement et décida de boire son thé d'abord. Nick était la dernière personne à laquelle il voulait penser quand il était avec Louis. C'était vraiment bizarre, car qu'il ne pouvait tout simplement pas aimer Nick de la manière dont il voulait que Harry l'aime.
Et Harry aimait Louis de toutes ces manières.
Cette réalisation le frappa de plein fouet et il dut poser sa tasse. Sa main tremblait légèrement, mais il ne renversa pas de thé.
Il était amoureux de Louis, et il l'était depuis un moment. C'était clair comme le jour et il n'avait aucune idée de comment il ne l'avait pas réalisé plus tôt. Louis était tout, il avait tout ce dont il voulait et avait besoin.
Il lança un inquiet regard à Harry, de la confusion visible dans ses yeux et Harry se ressaisit, essayant de se souvenir de la conversation. Rien n'était différent, tout était comme avant. A part le fait qu'il était désormais conscient de ses sentiments.
"Non," dit-il, surpris que sa voix ne soit pas étouffée. Il semblait plutôt normal pour quelqu'un qui venait juste d'avoir une réalisation qui allait changer sa vie. "J'ai même pas eu de ses nouvelles."
"Tu sais, j'y ai réfléchi un peu," dit Louis en se penchant. "Parce que ta situation est vraiment similaire à celle de Liam."
Harry pouvait seulement hocher la tête, attendant de voir où Louis allait avec ça.
"Peut-être que les choses seront différentes quand tu rentreras," songea-t-il, le regard plongé dans sa tasse de thé. La vapeur dansait sur ses lèvres. "Et qu'il y aura une fin heureuse pour vous deux."
"Tu penses que parce que je suis parti si longtemps je vais me rendre compte que je l'aime vraiment une fois de retour à Manchester ?"
"Eh bien," Louis haussa les épaules. "J'y ai juste pensé, parce que Liam refusait de reconnaître ses sentiments pour Zayn. Peut-être que tu fais pareil."
Pendant un long moment, Harry resta silencieux. Les chevilles de Louis étaient toujours emmêlées aux siennes et quelque chose à ce sujet était si absurde, car, comment son corps pouvait-il montrer une connexion étroite entre eux, alors qu'il exprimait de telles pensées ?
Comment pouvait-il ne serait-ce que penser que Harry avait des sentiments pour quelqu'un d'autre, alors qu'il était avec Louis en ce moment ? Quand les chances pour qu'ils se rencontrent étaient si minces, mais qu'ils avaient quand même réussi à se trouver ?
"Je pense pas," murmura-t-il. Il se força à garder son regard fixe sur le visage de Louis pour ne pas détourner les yeux, ajoutant : "Je suis à peu près certain de savoir ce que c'est que d'être amoureux. Et c'est pas ce que je ressens pour lui."
Louis le regarda une seconde, puis détourna les yeux et haussa les épaules. "D'accord, alors."
Le silence s'installa entre eux et Harry n'avait plus vraiment envie de manger. Louis était apparemment loin, très loin d'être amoureux de lui s'il pensait que Harry pouvait peut-être trouver l'amour avec quelqu'un d'autre.
Quelque chose s'était très mal passé et Harry sentait qu'il n'avait aucun contrôle sur tout ça. C'était frustrant et ça faisait mal ; plus qu'il ne l'avait imaginé. Mais ça faisait plus mal qu'il ne le pensait parce que jusqu'à il y a encore quelques minutes, il ne savait même pas que Louis avait ce genre de pouvoir sur lui, qu'il pouvait le blesser sans même s'en rendre compte.
Jusqu'à il y a encore quelques minutes, il ne savait pas qu'il était amoureux de Louis.
"Ça va ?" Demanda Louis, son ton inquiet.
Il sourit et haussa les épaules. "Ouais, bien sûr. Je pense que c'est tout le sucre des scones qui me fait cet effet."
Louis rit, déplaçant doucement son pied sur la cheville de Harry. "Et moi qui voulais t'en proposer un autre."
"Non merci," répondit-il. Il se dit qu'il devait juste agir normalement avec Louis, sinon les choses se dégraderaient plus tôt que prévu. Il ne pouvait pas laisser Louis savoir qu'il était amoureux de lui ; pas avant qu'il ne sache s'il avait vraiment une chance avec lui. "Je préfèrerais te manger toi."
"Evidemment," sourit Louis, et il tendit la main pour écarter une boucle du front de Harry. Cela fit accélérer son rythme cardiaque. Il attrapa la main de Louis et la prit dans la sienne.
"C'est l'heure de rentrer ?"
Louis rit et se pencha pour embrasser les lèvres de Harry. "Déjà ? Je pensais te montrer le reste de la ville puis t'emmener dans un endroit sympa pour manger ce soir."
"Hm," réfléchit Harry, et c'était facile de retrouver ses habitudes. Il dut se forcer pour ne pas faire un sourire stupide à la pensée que Louis voulait passer plus de temps avec lui. Temps qui n'était pas consacré à coucher ensemble. "Ça me va aussi."
Harry se calma un peu quand Louis lui sourit et serra légèrement sa main. Tout allait bien. Il avait encore des chances que tout ça se termine bien pour lui. Louis n'était pas complètement opposé à l'idée d'être plus qu'un amour de vacances.
Louis voulait passer du temps ensemble. Ça devait vouloir dire quelque chose. Harry s'accrocha à ça, ça devait vouloir dire quelque chose.
°°°
Il était près de vingt-et-une heures quand Louis gara sa voiture sur sa place du parking de l'hôtel. Des lumières provenaient de chaque fenêtre, illuminant la cour et le parking.
Harry était bizarrement silencieux à côté de lui, pas de façon alarmante, mais c'était assez étrange, bien que très confortable. Ses paupières tombaient mais il se tenait éveillé en fouillant dans la playlist de Louis.
Son iPod était en mode aléatoire et Harry avait passé toutes ses chansons, offrant à Louis beaucoup de froncements de sourcils durant le court trajet en voiture depuis Exeter. Louis l'avait ignoré du mieux qu'il avait pu. Habituellement, il détestait les gens qui passaient la musique ; pourquoi ne pouvaient-ils pas laisser une chanson en entière ? Mais avec Harry il s'en fichait un peu. C'était assez drôle d'observer ses réactions aux genres de musique qu'il trouvait.
"Sérieusement ?" Demanda Harry, paraissant offensé d'avoir trouvé Oops... I Did It Again de Britney.
Louis avait haussé les épaules. "Il s'est pas vendu à des millions d'exemplaires sans aucune raison, espèce de nazi de la musique."
Riant, Harry avait pincé la cuisse de Louis et avait laissé sa main reposer là. Normalement, comme si elle était censée être là.
Louis sortit de la voiture et il ne se posait même pas la question de savoir si Harry le suivrait. Il n'avait pas besoin de lui demander de rentrer, ça avait été clair dès le début où cette nuit se terminerait. Harry n'avait pas été aussi tactile toute la journée sans raison.
Ils avaient fait les choses simplement pour le dîner. Rien d'extraordinaire, un bon restaurant familial qu'ils avaient trouvé en retournant à la voiture. Ils avaient partagé l'addition, même si Harry avait insisté pour payer. Mais laisser Harry payer aurait fait penser que c'était un rendez-vous et Louis n'aimait vraiment pas l'idée de voir cette journée comme tel.
Il laissa Harry entrer en premier après avoir ouvert la porte et alluma les lumières juste à temps pour voir Harry enlever ses bottes et retirer sa veste. Louis se débarrassa de la sienne avant de se précipiter vers Harry pour l'embrasser.
C'était simple. Harry réagit immédiatement, son corps se moulant contre le sien, se détendant instantanément. Il soupira dans le baiser, ses mains remontant doucement vers les bras de Louis, le bout des doigts caressant tendrement sa peau.
"J'attendais de t'avoir comme ça depuis que t'as enlevé ton t-shirt dans la cabine d'essayage," admit-il calmement. Il retira soigneusement les lunettes de Louis et les déposa sur le placard à chaussures. "T'es tellement magnifique, Lou."
Louis se mit sur la pointe des pieds pour se rapprocher. "Tu me fais rougir," dit-il d'un air moqueur, souriant dans leur baiser.
"Rien ne te fait rougir, amour." Harry recula légèrement, rompant à contrecœur le baiser. "Je suis sérieux, Louis," insista-t-il alors. "J'ai jamais rencontré quelqu'un qui me fait autant envie que toi."
Et si Harry n'arrêtait pas de parler, il détruirait le moment. Il transformerait ce moment si léger et amusant, même plus qu'amusant pour Louis, en quelque chose de sérieux. Louis ne l'apprécierait plus autant s'il continuait à faire en sorte que ça soit autre chose que du sexe.
Louis choisit de le faire taire en le distrayant. Il retira son t-shirt et l'embrassa durement, le guidant jusqu'à la chambre. Ses mains étaient exigeantes, rudes, ne laissaient aucune place aux caresses et à la douceur. La tendresse de Harry n'était pas ce qu'il voulait, et ce n'était certainement pas ce dont il avait besoin.
Il n'avait pas besoin de conversations réconfortantes, et il n'avait pas besoin que Harry regarde son corps avec des yeux doux et de l'émerveillement au visage, ses doigts faisant trembler ses muscles. Ce dont il avait besoin, c'était que leurs vêtements tombent au sol et que leurs mains retrouvent frénétiquement leur peau nue.
Harry les lui donnait tout de même, les regards, le frémissement, la conversation. Finalement, il réussit à ralentir le rythme brutal de Louis, à ralentir la cadence et à faire en sorte que Louis se cambre à chaque contact. Il prit son temps, lentement et doucement, respirant la peau de Louis, marmonnant des bêtises dans ses courbes.
Les paupières de Louis étaient lourdes, et il ne pouvait que fixer le plafond et se laisser faire, laisser Harry l'explorer avec ses lèvres et sa langue, suivre la trace humide qu'il laissait avec ses doigts. Ses mots doux se perdirent sur sa peau et ses regards ne furent jamais rendus.
"Louis," répéta Harry à voix basse, encore et encore, quand il remonta son corps et pressa ses lèvres gonflées et rouges sur sa joue. "Louis. Lou."
Il ne pouvait que fermer les yeux et se laisser faire. Les doigts de Harry glissaient sur sa peau nue, son érection pressée contre la hanche de Louis le mouillait. Au lieu d'enfin s'occuper d'eux, il continuait à lui murmurer à l'oreille, le faisant frissonner d'envie.
"T'es magnifique comme ça, Lou. Putain de magnifique." Ses doigts dessinaient des cercles sur les abdos de Louis, son souffle s'écrasant sur sa joue. Finalement, il saisit le membre de Louis, et le caressa lentement mais fermement, sa main se déplaçant pile de la bonne façon pour tirer un faible gémissement de la part de Louis.
Ses mots se perdirent contre sa tête. Harry continuait de parler, doucement et tendrement, juste dans l'oreille de Louis, mais ce dernier ne pouvait pas tout comprendre. Il avait entendu "tellement beau" et "parfait" et quelque chose qui ressemblait étrangement à "caramel", ce qui le fit presque rire, avant d'entendre "à moi", et cela le fit ramener à la réalité.
Quand il rouvrit les yeux, Harry était penché au-dessus de lui, se balançant légèrement, les yeux vitreux. Il prit une profonde inspiration et essaya de se calmer. Harry était joli, tellement mignon et il avait l'air tellement anéanti lui-même, les boucles collées à son front, les lèvres enflées et mouillées, les joues joliment rosées. Louis tendit la main vers son sexe, mais recula quand Harry siffla, et il le trouva mou.
"Tu as... ?" Il déglutit, baissant les yeux pour voir le sperme sur sa cuisse.
Harry sourit timidement et attrapa le t-shirt de Louis au bout du lit. Il le nettoya et se pencha pour l'embrasser à nouveau, lentement et langoureusement, jusqu'à ce que Louis se cambre.
Quelque chose là-dedans était si intense ; probablement car Harry était complètement concentré sur lui, ou peut-être que c'était le fait qu'il était venu sans le moindre contact, juste en regardant Louis prendre du plaisir. Il ne savait pas. Mais il savait qu'il ne pouvait pas en rester là. Il devait faire oublier le sérieux de la situation.
"C'est vraiment honteux," remarqua-t-il, d'une voix légère, "que t'ais réussi à te faufiler à plusieurs reprises dans mon lit, alors que t'as jamais tenu ta promesse de cuisiner pour moi."
Harry resta silencieux pendant un moment, et à la surprise de Louis, il ne se leva pas pour sortir du lit, comme il le ferait habituellement. Au lieu de ça, il posa sa tête sur son torse et frotta son pouce sur sa taille dans de doux mouvements circulaires.
"Je pourrais préparer le petit-déj demain matin."
Et Louis ne devrait pas. Il savait qu'avec la tête de Harry reposant sur son torse, il allait remarquer que son cœur battait anormalement, il allait remarquer son corps se crisper légèrement. Mais Harry ne fit pas de commentaire, il attendit simplement. Louis leva son bras et le posa autour du dos de Harry, sa main reposant entre ses omoplates.
"Ça m'a l'air d'être un bon compromis," répondit-il finalement. Il ne pensait pas à ce qu'il avait vraiment accepté à ce moment-là. "Il a intérêt à être bon."
La voix de Harry était grave lorsqu'il répondit, "Tu le regretteras pas."
Tout en écoutant la respiration de Harry ralentir, Louis continua de regarder le plafond jusqu'à ce qu'il ait mal aux yeux. Il tira la couverture sur leurs corps épuisés et osa caler sa joue contre les cheveux de Harry. Ils étaient chauds et doux et quand Louis ferma les yeux. L'odeur de Harry l'endormit.
Il avait le sentiment clair qu'il le regretterait.
°°°
Louis se réveilla le lendemain matin avec la pluie tapant contre sa fenêtre. Il était allongé sur le ventre et Harry était enroulé autour de son dos, une main ferme sur sa hanche, son souffle chaud dans son cou. Il était déjà réveillé, Louis pouvait le dire par la façon dont il respirait et ses lèvres parcouraient paresseusement sur sa peau.
"Hey," dit doucement Harry avant même qu'il ait ouvert les yeux. Louis décida de rester comme ça un peu plus longtemps.
"Quelle heure ?" Demanda-t-il.
Les lèvres de Harry bougèrent vers son épaule. "À peine neuf heures."
"On peut encore dormir," demanda-t-il.
"Je te dois un petit déjeuner."
"Pas avant onze heures, petit." Louis se blottit plus près de Harry. Ça faisait du bien, et Louis n'avait rien eu de tel depuis bien longtemps. De temps en temps, et avec la bonne personne, dormir dans les bras de quelqu'un était vraiment agréable.
"Est-ce que t'as quelque chose à cuisiner dans ta cuisine, déjà ?" Harry semblait sceptique.
"Je parierais pas dessus", répondit Louis. "Mais on peut toujours piquer quelque chose de la cuisine de l'hôtel."
Harry marmonna paresseusement. "Qu'est-ce que tu veux ? Des œufs et des toasts ? Du bacon ? Du porridge ?"
"Du porridge ? Sérieusement, Harold ?" Louis lâcha un bruit de dégoût. "Et pourquoi on se rendort pas ?"
Harry rit doucement. "Juste..." Il soupira dans le creux de son cou et commença à bouger ses hanches, son bras passant autour de sa taille pour le rapprocher. Ses doigts s'étalèrent sur le ventre de Louis et ce dernier pencha la tête en arrière, donnant à Harry plus d'espace pour l'embrasser et lui sucer la peau.
C'était paresseux. Ils bougeaient tous les deux lentement et Louis pressa son visage dans l'oreiller, étouffant ses gémissements, tandis que la main de Harry s'enroulait autour de son érection, la sienne glissant entre les cuisses de Louis. Harry gémit doucement juste à côté de l'oreille de Louis, son souffle s'écrasant sur sa peau lisse et humide.
Après ça, Louis se sentait détendu, collant et sale, mais il s'en fichait. Il se sentait pétillant et chaud. Harry se cala derrière lui, tenant Louis près de son torse, le nez enfoui dans ses cheveux.
Louis soupira et tourna dans les bras de Harry, frottant son visage contre son torse. Avec la pluie jouant doucement un rythme constant, une douce mélodie, c'était trop tentant, il était trop à l'aise pour ne pas le faire. Il sentit le sommeil l'envahir à nouveau, et l'idée de se rendormir comme ça semblait encore meilleure maintenant. Il était complètement emmitouflé par Harry, leurs corps étaient épuisés et détendus.
"Juste pour votre information, le porridge peut être très bon," dit Harry après un moment passé à passer ses doigts dans ses cheveux, sa voix était déjà endormie. "Il faut juste ajouter les bonnes saveurs. La rhubarbe va bien, et la cannelle aussi."
Louis rit doucement, emmêlant ses jambes avec celles de Harry pour se rapprocher encore plus. "T'es bizarre."
"T'aimes ça," répliqua-t-il immédiatement.
Les yeux de Louis s'ouvrirent, fixant l'hirondelle encrée sous sa clavicule gauche et il sentit son souffle dans ses cheveux. Il était aussi près que possible physiquement et Harry l'encerclait complètement.
Il ne bougea pas d'un pouce, bien qu'il ressente l'envie de courir, ce picotement au bas de sa colonne vertébrale de nouveau douloureusement proéminente, lui démangeant de sortir des bras de Harry et de s'éloigner le plus loin possible. Il ne pouvait juste pas bouger.
T'aimes ça, la voix de Harry, décontractée, endormie et détendue, le répétait en boucle dans sa tête, encore et encore.
"Non," murmura-t-il doucement, sachant que Harry ne pouvait pas entendre, ne l'entendrait pas dans son sommeil. Ça avait probablement été noyé par la pluie, de toute façon. Mais Louis devait juste le dire. Juste le penser n'était pas suffisant.
"Non, c'est pas vrai."
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I'm back !
Je suis enfin vraiment en vacances donc je vais pouvoir reprendre une cadence de publication un peu plus normale, surtout que les prochains chapitres font quasi le double des chapitres actuels donc je vais les couper en 2 DONC je pourrai poster plus rapidement. (Du coup il reste 5/6 chapitres pour ceux que ça intéresse).
RDV sur Twitter pour avoir des updates sur mon avancée dans la traduction des chapitres: LesTradLarry
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