Énième gala de charité où Neymar se faisait trimballer contre son gré. Il aurait dû s'y habituer, pourtant, ce n'était vraiment pas le cas. À chaque fois que son père annonçait qu'un gala allait avoir lieu, il n'avait qu'une envie : ne pas y mettre les pieds et juste s'enrouler sous sa couette avec un film. Mais il savait qu'il ne pouvait pas faire ça. Premièrement, parce que son père, Neymar Sr ou Pai comme on l'appelait de plus en plus souvent, ne serait absolument pas d'accord ; il dirait qu'il avait tous les autres soirs pour ne rien faire et qu'il devait être présent pour sa carrière qui débutait à peine. Et la deuxième raison, c'est que Pai avait raison. S'il voulait devenir un grand footballeur un jour, il fallait tout faire pour que ça fonctionne, même les choses qui lui paraissaient insupportable.

-Et voilà mon fils Neymar Jr, lança justement son père à un couple « d'amis » d'après les dires de son père—drôle d'amis, étant donné qu'il n'avait jamais entendu parler d'eux en dix-huit ans. Il sourit et tendit sa main qu'ils serrèrent chacun leur tour.

-Ravi de vous rencontrer.

-Le sentiment est partagé, répondit l'homme. Alors, vous êtes footballeur ?

Neymar ouvrit la bouche pour répondre, mais pas une syllabe n'eut le temps de franchir ses lèvres que son père intervenait à sa place.

-Bien sûr, il joue au FC Santos depuis quelques temps.

-Félicitations, je vous souhaite le meilleur, lui lança la femme.

-Merci beaucoup. Veuillez m'excuser, il ajouta avant de s'éloigner, soupirant. Il n'aimait vraiment pas être ici et devoir discuter avec ces gens. Il savait que c'était pour la bonne cause, mais ça ne l'empêchait pas de détester ça.

Il ferma les yeux un instant et quand il les ouvrit de nouveau, une jeune femme qui slalomait entre les invités depuis le début de la soirée s'arrêta devant lui, tendant son plateau.

-Euh, je peux vous demander ce que c'est ? il demanda, méfiant.

-Pourquoi, vous avez peur de vous faire empoisonner ? rétorqua-t-elle, moqueuse.

Il lui sourit et en profita pour l'observer : elle était plutôt petite, même avec les talons qu'elle arborait aux pieds, mais en un sens, il ne l'imaginait pas être grande, sa taille collant avec son visage : la peau claire, les yeux foncés, et un sourire narquois sur les lèvres. Ses cheveux châtains étaient attachés en un chignon parfait au-dessus de sa tête, mais d'après la taille de celui-ci, Neymar pouvait clairement dire qu'ils étaient longs.

-Vous avez la peau claire, pour une brésilienne.

-Peut-être parce que je n'en suis pas une ? elle lui lança, un sourire haussé. Alors, vous en voulez ou non ?

-Vous ne m'avez pas dit ce que c'était.

-Je fais des études de droit, pas de cuisine, alors je n'ai aucune idée de ce que ça peut bien être. Mais si vous goûtez, vous serez probablement fixé.

-Je ne peux pas manger n'importe quoi.

-Comment ça, vous avez peur de grossir ? elle rit. Je me trompe peut-être, mais sous votre tee-shirt, ça me semble être des abdos et non pas de la graisse.

Il ne répondit rien, trop occupé à la regarder, un sourire aux lèvres. Se demandant quel genre de fille elle était, et où les autres filles de son genre se cachaient, parce que jamais il n'en avait croisé auparavant.

-Oh, je sais qui vous êtes. Vous êtes un footballeur, n'est-ce pas ?

Il hocha la tête, étonné. On ne le reconnaissait pas souvent, même à un gala de charité, et en général, quand on le reconnaissait, ce n'était jamais la gente féminine.

-Vous aimez le football ?

Elle haussa les épaules.

-Je ne regarde que la Coupe du Monde. Mais ma belle-sœur est fan de vous. Et c'est elle qui aurait dû être à ma place si elle n'était pas malade et ne m'avait pas supplié de la remplacer. Elle sera trop jalouse.

Neymar ne put s'empêcher de rire. Cette fille était géniale. Définitivement géniale.

-Vous n'en voulez pas, donc. Tant pis pour vous.

Elle haussa les épaules et commença à s'éloigner, mais Neymar la rattrapa.

-Hey, comment vous vous appelez ?

-Pourquoi vous voulez mon prénom ?

-Pour vous rechercher sur les réseaux sociaux et faire comme si je tombais sur votre profil par hasard, il répondit honnêtement.

-Je ne suis sur aucun réseau social mais j'ai un numéro de téléphone.

Il hocha la tête.

-Très bien, qu'est-ce que je dois faire pour l'avoir ?

-Me le demander, elle lui répondit, amusée.

-Oh, il dit, se sentant soudainement stupide. Désolé, c'est juste que d'habitude, c'est plus compliqué que ça.

-Vous me plaisez alors je ne vois pas pourquoi je rendrais les choses compliquées, elle haussa les épaules et il lui tendit son téléphone.

Elle le prit et plissa les yeux en voyant la coque.

-Vous avez une coque à votre effigie, elle dit, et Neymar pouvait clairement voir sur son visage qu'elle s'empêchait d'éclater de rire.

-Je ne vois pas pourquoi vous vous moquez, il dit, toujours en souriant.

Elle secoua la tête et entra son numéro avant de lui rendre le cellulaire.

-Merci, il lui lança.

-Je n'ai encore rien fait, elle haussa les épaules.