Chapitre 11
-On est trop belle ! s'exclama Gabriela en tournant sur elle-même devant le miroir.
Aurore sourit, heureuse de voir sa fille si excitée à l'idée de fêter Noël avec Davi. Elle se demanda un instant à quoi ressemblerait sa vie si elle et le blond ne s'étaient pas retrouvés dans la même classe. Aurait-elle finit par croiser Neymar au détour d'une rue, dans un supermarché ? Se seraient-ils adressé la parole ? Probablement pas. Avoir un enfant n'était pas dans leurs plans quand elle était tombée enceinte, avoir des jumeaux encore moins, mais une chose était sûre : sans eux, rien de tout ça ne serait en train d'arriver.
-Je peux mettre mes chaussures avec des paillettes ? demanda Gabriela.
-Mmh mmh, répondit Aurore.
La petite disparut à la recherche des dites chaussures, sans faire attention à sa mère, perdue dans ses pensées. C'était la première fois depuis des siècles qu'elle faisait un vrai effort pour s'habiller, et elle n'arrivait pas à savoir si elle était satisfaite du résultat ou non. Elle passa sa main sur le tissu de sa robe, et regarda ses chaussures ornées de « pierres précieuses » blanches. Elle avait simplement laissé ses cheveux lâchés, comme elle en avait l'habitude dès qu'elle ne travaillait pas.
De petites mains entourèrent sa taille, et elle baissa les yeux sur sa fille.
-T'es trop belle maman, t'inquiète pas le papa de Davi aussi va te trouver trop belle.
Aurore fronça les sourcils, regardant le reflet de sa fille dans le miroir, qui souriait à pleine dent.
-Moi je sais que c'est ton amoureux.
La française se mordit la lèvre. D'où est-ce que la petite sortait cette information ? Elle ne les avait jamais vus se parler, même la fois où elle était allée chez Davi, Neymar et elle ne s'étaient pas adressé la parole une seule fois en la présence des enfants.
-Davi a entendu son papa et sa tata qui parlaient et même si c'est un secret il me l'a dit. Et moi je te le dis parce que t'es ma maman donc ça compte pour du beurre.
Aurore soupira et se baissa pour être à la hauteur de sa fille. Elle attrapa ses petites mains et la regarda dans les yeux.
-Ce n'est pas mon amoureux pour l'instant. C'est pour ça que je ne t'ai rien dit.
-Tu veux pas être son amoureuse ? demanda Gabriela en fronçant les sourcils. Mais il est trop beau !
-C'est un peu plus compliqué que ça, répondit Aurore en faisant la moue.
-Il est super gentil aussi, et puis en plus si ça devient ton amoureux, Davi et moi on se verra encore plus, et on sera comme des frères et sœurs ! s'exclama Gaby, ravie.
Aurore s'était attendue à ce que Gabriela lui reproche de vouloir remplacer son père par Neymar—ce qui était plus qu'ironique—, mais au contraire, la nouvelle avait été très bien accueillie.
-On reparlera de tout ça plus tard, d'accord ?
La petite hocha la tête et Aurore décida qu'il était temps d'y aller. C'est seulement une fois dans la voiture qu'elle se rendit compte que sa vie allait changer du tout au tout ce soir. En théorie, elle était supposée laisser sa chance à Neymar, et prendre une décision, qui pouvait être celle de refuser de se remettre avec lui et de continuer sa vie de côté comme elle l'avait fait pendant les six années précédentes. Mais la vérité, c'est qu'elle avait déjà pris sa décision.
🎄
-Gaby ! s'exclama Davi en ouvrant la porte, lui aussi sur son 31.
-Laisse-les rentrer ! cria la voix de Neymar depuis l'intérieur.
Aurore rit en voyant le blond tirer la langue avant d'obéir à son père.
-Joyeux Noël ! lança se dernier en arrivant dans l'entrée, un sourire jusqu'aux oreilles.
-Techniquement, Noël est demain, répliqua Aurore, mi-sérieuse, mi-sur le ton de la plaisanterie.
-Oui, le père Noël va passer cette nuit, répondit Gabriela, se rangeant du côté de sa mère.
Davi hocha la tête. Neymar fit mine d'être blessé en portant sa main à son cœur.
-Tu les retournes tous contre moi, il dit à Aurore.
Gabriela et Davi échangèrent un regard, intercepté par Neymar.
-Qu'est-ce que vous mijotez, tous les deux ?
-Rien, ils répondirent en chœur, ce qui confirma à Neymar que c'était un mensonge.
Finalement, ils s'installèrent tous autour de la table basse du salon. Davi et Gabriela en train de dessiner, et Neymar et Aurore en train de discuter. Enfin, étant donné que les deux enfants les écoutaient, la discussion tournait autour de ces derniers. C'était Davi qui avait lancé le sujet du carnaval qui arrivait à grand pas et l'idée de se déguiser en Peter Pan.
-Mais moi je veux me déguiser en Alice de Alice aux pays des merveilles ! gémit Gaby. Peter et Alice ils se connaissent même pas !
-Peut-être que si, répliqua Neymar en haussant les épaules.
-Ou vous pouvez vous déguiser tous les deux en dinosaures, proposa Aurore.
-Ouais ! s'exclamèrent les deux petits, les yeux brillants.
Ils passèrent à table, et la discussion sur le carnaval continua, avant de passer sur l'école, et le fait qu'ils savaient maintenant tous les deux écrire leurs prénoms—qui, d'après eux, étaient beaucoup trop long. Finalement, les petits se firent excuser de table entre le plat principal et le dessert, laissant les deux adultes seuls. Neymar invita Aurore à s'asseoir sur le canapé, et celle-ci s'exécuta en se mordant l'intérieur de la joue.
-Merci encore d'avoir accepté de passer Noël ici, il lui sourit en s'installant à côté d'elle. Et de me donner une chance.
Elle sourit à son tour.
-Noël en famille, elle dit, reprenant ses propres termes.
Il attrapa une de ses mains et en voyant qu'elle ne se dégageait pas, la serra.
-J'ai pris ma décision, elle dit doucement.
Neymar hocha la tête, attendant le verdict.
-Je suis désolée d'avoir mis autant de temps à m'admettre à moi-même que je suis toujours amoureuse de toi, et surtout, que je veux toujours être avec toi.
Le brésilien sourit.
-Merci. Tu ne le regretteras pas, je te le promets.
Il passa sa langue sur ses lèvres, réfléchissant à toute vitesse, avant de soupirer pour lui-même et de se pencher, posant ses lèvres sur celle d'Aurore.
Ça faisait plus de six ans depuis la dernière fois et pourtant, c'est un sentiment d'habitude qui les envahit tous les deux. Ils se connaissaient, leurs lèvres aussi, ils étaient loin d'être des étranges l'un pour l'autre, c'était juste comme au bon vieux temps. Et c'est le sourire qui apparut sur leurs lèvres à tous les deux qui arrêta ce baiser de retrouvailles.
-Ça m'avait manqué, souffla Neymar. Tu m'avais manqué.
Sans qu'il ne s'y attende, et surtout, sans voir de raison valable, Aurore se mit soudainement à pleurer devant lui, le prenant au dépourvu.
-Hey, qu'est-ce qui se passe ?
-Désolée, elle lança, je...désolée. C'est juste que j'ai tellement donné, tellement travaillé pour élever Gabriela par moi-même et...
Il secoua la tête.
-C'est moi qui suis désolé que tu aies eu à faire tout ça. Je suis là maintenant. Je sais que tu as arrêté tes études et je suis partagé entre la culpabilité et le respect. Parce que toutes les mamans n'auraient pas abandonné leur rêve de devenir avocate pour être serveuse dans un diner.
-Ils m'ont aussi proposé un job chez Burger King, mais j'ai dit non, parce que je ne voulais pas sentir la friture toute la journée mais aussi parce que ça me faisait penser à toi, elle sourit entre ses larmes, et Neymar rit.
-Le diner est beaucoup mieux, ils ont des milkshakes à la mangue.
-Je sais, elle hocha la tête.
Il passa ses pouces sous ses yeux pour essayer ses larmes, et elle remercia silencieusement.
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