Chapitre 4
Juliette
J'aimais bien aller à la plage avant. Avant que mes parents ne se mettent à se détester , à s'entre-déchirer . Ces moments en famille me ravissait . Puis, lorsque papa partit avec Sidney et que maman se mit à avoir des idées d'un féminisme extrême je mis à détester le sable fin bordant la mer turquoise, les vagues qui venaient mourir aux pieds des falaises des environs. " Nous ne sommes pas la première famille monoparentale. De plus, je suis, nous sommes beaucoup mieux sans lui! Pas vrai? " disait ma mère. En réponse mon frère shootait une canette de soda en s'éloignant de nous et moi je toisais ma mère l'air de dire " sans blague? ".
Nous n'étions pas aveugles mon frère et moi, jeunes mais pas aveugles. Même à travers les murs épais de notre appartement je pouvais entendre ses pleurs le soir , quand elle pensait que personne ne pouvait l'entendre. Les crèmes de beauté qui coûtent un bras et le maquillage ne pouvaient cacher ses cernes. Elle avait pris dix ans en quelques mois .
Puis elle s'était mise à parler de l'idée de nos donner une petite soeur sans avoir besoin de l'aide d'un homme. De peur d'être ménopausée avant ses 38 ans comme Madeleine, sa mère , et de ne pas pouvoir réaliser son rêve d'avoir une grande famille -rêve qu'elle s'était inventé suite au divorce - , elle envisagea le don de sperme. Un bébé éprouvette c'est chouette! Une crise de la quarantaine avant la quarantaine.
Et il y a eu le parasite et son père. Elle semblait heureuse pour la première fois depuis des années. N'importe qui n'approuverait pas mon choix, mon envie exacerbée par les vécu d'évacuer les parasites. Il ne comprenait pas ce que c'était une famille recomposée. Moi je l'avais vécu . Cinq fois.
Il y a eu Sasha, un mec de Montpellier et ses trois filles : Josie, Kristy et Fabie. Trois pestes qui avaient fait de ma vie un enfer. Ensuite ce fut un défilé : Tommy, Cyprien et Colin. Chacune des ces histoires commençait avec ma mère heureuse comme jamais et se clôturait avec des larmes et une famille encore plus brisée qu'avant.
Je trouvais que je faisais le bon choix avec ce plan machiavélique. En outre, n'est-ce pas rare que des ennemis deviennent des alliés importants? Des éléments importants de l'équation ?
Nous étions tous à la plage, pour profiter du soleil disait ma mère mais je savais qu'elle voulait juste montrer à qui avait des yeux et des testostérones son bikini de grand couturier. Je regardais ma mère et mon futur ex-futur-beau-père se peloter discrètement sous leur parasol. Une vraie adolescente énamourée! À quelques mètres, Alec lisait un livre, Charlie discutait avec Britt, sa nouvelle amie et le parasite regardait la mer sans oser s'en approcher. Moi... Eh bien moi je ne faisais rien à part m'imaginer plonger la tête d'Éden sous l'eau jusqu'à ce qu'il rende l'âme.
- Juliette chérie, tu peux prendre une bouteille d'eau au stand là-bas pour Charles?
"Cela calmera-t-il vos ardeurs? " j'aurais voulu dire mais je me contentai d'un sourire et d'un hochement de tête. Il n'avait pas besoin de savoir à quel point je le détestais. Je suivais le plan.
- Je l'accompagne, maman , s'incrusta Éden.
Éden avait sourit en disant cela mais je savais que cela lui coûtait de dire ce mot dont il avait oublié la saveur. Il avait crispé imperceptiblement la mâchoire. Ma mère sourit, mal-à-l'aise, son père resta médusé. Il suivait le plan .
- Ce n'était pas indispensable que tu lui dises cela! Je lui dis gentiment quelques minutes plus tard , lorsque nous faisions la queue devant un stand.
Il ne me regarda pas et garda les yeux résolument fixés sur une fille qui bronzait sur le sable.
- Si. Ce l'était pour la crédibilité de mes bons sentiments. Si je veux sortir d'ici et ne plus revoir ta tête , tous les sacrifices sont admis.
Bang! Dans ta face idiote! Et moi qui voulait être gentille.
- Je pourrais facilement te couper tes bijoux de familles et ton père horrifié par mes manières barbares plierait bagages, ta sœur et toi à l'intérieur.
Je pris la bouteille d'eau que me tendait le vendeur et lui tourna le dos . Si avant je doutais de vouloir mettre à feu et à sang -façon de parler ,bien-sûr - l'histoire d'amour à deux balles de ma mère, j'étais désormais plus que décidé, je me repentais de mon erreur. Eden + moi = dangereux amalgame. Je ne le supportais pas. Il ne me supportait pas. L'idée qu'il fasse un jour partie de ma vie me rebutait. Raison de plus pour que cesse cette comédie entre ma mère et son fiancé.
- Merci, elle me dit. Où est Éden?
- Je l'ignore maman, j'aimerais bien aller à sa recherche mais j'ai envie de profiter de la mer.
J'enlevai mon haut dévoilant mon bikini à pois jaune. Ma mère me sourit. Depuis l'arrivée des intrus, elle se comportait en une mère exemplaire faisant semblant de se soucier de nous. Elle semblait avoir oublié son commentaire sur Alec, son désintéressement envers nous et nos ressentis. C'était papa qui s'occupait de nous avant que sa Sidney ne l'envoûte . Maman, elle, s'occupait des apparences et du carnet de visites. Maman était complexée par les apparences. Fille d'un riche viticulteur, elle n'avait connu que le luxe. Mon père lui, était un homme qui avait fait fortune à la sueur de son front; fils d'immigrés Haïtiens il détonnait avec le caractère de ma génitrice.
- Tu me rejoins? Je pourrais m'amuser à te noyer!
- Désolée Juliette, ce n'est pas pour aujourd'hui.
-Tu sais que je te déteste?
Il hocha la tête l'air de s'en foutre complètement.
- Joli, ton bikini. Ça fait "snob et fille sage " . C'est quoi? Armani? Prada? Je doute que les bobos comme toi mettent du H&M!
- Et moi je doute que tu possède un cerveau. En fait, si mais il est dans ton pantalon comme les gens de ton genre!
- On avait dit qu'on allait s'aimer , pas vrai, Jul'?
- Je t'aime à la folie frérot ! Tellement que j'aimerais t'enfoncer tes dents si profondément dans ta gorge que tu te servirais d'une brosse de toilette pour les laver!
- Savage! Je sais que t'es capable de le faire chérie , mais uniquement dans ton journal intime à 200 balles.
Il sourit.
Connard.
- Souris, voilà maman et papa qui arrive! Et, fait comme si tu m'adorais!
Je n'avais même pas remarqué que j'étais crispée. Des envies de vengeance me tordaient les tripes.
- Je t'adore avec haine, Éden.
Et je l'enlaçai mouillant de ce fait son t-shirt. Il me repoussa rapidement en adoptant une mine courroucée.
J'étais satisfaite de sa réaction. À vrai dire, à l'intérieur je jubilais et sautais jusqu'au plafond.
- Et si on commençait avec la phase 2 , on a assez joué comme ça!
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