Nous sommes en septembre, les choses ont suivies leur cours. Robin habite désormais chez moi et il fait souvent l'aller-retour pour la gestion de son restaurant. Des fois, cela me fait peur, tout va trop vite entre nous. Ça ne m'étonnerait même pas qu'il me demande en mariage, tant il semble amoureux.

Avec Nabila, nous avons mis des jours à élaborer un plan pour piéger Mickaël et c'est aujourd'hui que tout va basculer. Ma collègue est sensée le rencontrer dans un bar après sa dernière cliente de la journée, c'est à dire vers 18h00. Il va falloir que j'aille chercher Marion et j'ai peur de sa réaction.

- Tu pars déjà ? Me demande Nabila.

- Oui, Monsieur Schemberg m'a autorisé à quitter plus tôt.

Habituellement, nous finissons à 15h00 le samedi mais je n'arrivais pas à me concentrer.

- On voit les chouchoutes, moi je n'ai pas pu ! Râle-t-elle en tendant un badge visiteur d'un geste sec.

L'inconnu en face d'elle écarquille les yeux mais ne dit rien. Nabila le fixe avec un air hautain.

- Un problème Monsieur ?

Il secoue la tête et s'éloigne, agacé.

- Tu vas te faire virer si ça continue, ne t'étonne pas que le patron ne soit pas cool avec toi, je lui chuchote à l'oreille.

- Pff, peu importe ! Je veux ouvrir ma boîte, ma chérie.

- Ça fait des mois que tu me le dis, où en est ton projet ?

Elle soupire, visiblement de mauvaise humeur en cette fin d'après-midi.

- Je te le dirais quand je saurais !

- Bon, je ne t'ennuies pas plus longtemps. On fait comme on a dit, pour ce soir ?

- Oui, Julie ! Je ne suis pas débile non plus !

Je lui pince le bras et m'éloigne, l'entendant bougonner encore.

Il est midi, mon estomac est tordu mais pas de faim. Le stress me joue des tours, j'ai horriblement mal au ventre. Ma meilleure amie me manque, je ne l'ai pas vu depuis deux mois, on ne s'est pas adressé un seul message et la je reviens pour lui annoncer la pire nouvelle au monde.

Elle qui pensait être tombé sur la perle rare après avoir supporté les frasques d'Adam. En y pensant, c'est peut être moins grave que de coucher et se marier avec ma mère... à cette pensée, je secoue la tête vigoureusement pour qu'elle s'écarte.

Je fais la route du retour la tête dans les nuages, et manque de percuter un scooter.

- Connard !

Il me fait un doigt d'honneur avant de s'éloigner. Mais je sens bien que c'est moi qui ne suis pas assez attentive. En entrant dans mon appartement, je vois que Robin m'a laissé un petit mot.

"Je suis parti au restaurant, des petits soucis de caisse. Je t'expliquerais ce soir ! Je t'aime"

Super, je suis toute seule pour aller jusqu'en Normandie en plus. Je me tourne les pouces jusqu'à l'heure du départ.

15h00, je décide de partir. Le temps est gris, un peu brumeux et je désespère de ce mois d'août morose. Comme d'habitude, je me tape des bouchons tout le long de la route, ce qui fait que j'arrive vers 17h00 devant la maison de Marion et Mickaël. Tremblante, je sonne au portail et une voix résonne alors.

- Oui ?

- C'est... C'est Julie.

J'ai l'impression que les minutes se transforment en heure. Puis, elle se décide à ouvrir les portes et je m'y engouffre aussitôt, de peur qu'elle change d'avis. Elle m'attend à l'extérieur mais je n'arrive pas à sonder son regard.

- Tu m'as trop manqué, lance-t-elle avant de me serrer dans ses bras.

Marion me fait entrer chez elle, un énorme sourire aux lèvres. Je constate qu'elle à prit un peu de poids mais ne dit rien, de peur de la vexer. Nous passons les minutes qui suivent à nous raconter les dernières nouvelles et les potins. Lorsque je reçois un message de Nabila.

"Je suis dans le bar, qu'est ce que tu fous ?!"

Merde, il est déjà l'heure du rendez-vous ! Précipitamment, je me lève.

- Marion, il faut que je te montre quelque chose mais nous devons partir immédiatement !

- Comment ça ?

J'attrape son bras et la force à se lever du canapé.

- S'il te plait, fais moi confiance.

Ma voix déraille, la pression me rend folle. Nous nous installons dans ma voiture et le trajet jusqu'en ville se fait en un éclair. Je sens que mon portable n'arrête pas de vibrer, Nabila doit avoir envie de me tuer. Lorsque nous arrivons au bar, Marion me lance un regard d'incompréhension. Puis, de l'extérieur, nous apercevons son futur mari, en face de ma collègue.

- Qu'est-ce que...

Elle se tourne vers moi, les yeux brillants.

- Tu as fait tout ce chemin pour me montrer ça ?

Des larmes commencent à perler aux creux de ses paupières et je baisse la tête, complètement déconfite.

A quoi t'attendais-tu, pauvre cruche ?

Marion pousse la porte du bar, tremblante et je la suis. Je sens que la situation va vriller. Un serveur d'avance vers nous, un coca et un verre sur son plateau. La scène se déroule comme si on avait effectué un ralenti. Je vois ma meilleure amie récupérer le soda, s'avancer vers Mickaël, et, le visage ravagé par la haine, lui verser tout le contenu sur sa tête.

- Ma chérie ?!

Il est si étonné qu'il ne réagit pas au contact du liquide froid.

- Toi et moi, c'est fini ! Ne t'avise pas de remettre un pied dans la maison ! On devait se marier, putain ! Hurle Marion.

Sa voix se brise dans un sanglot et elle fuit en courant, pour cacher ses larmes.

Dans tout le tumulte, Nabila est partie et je constate que je me retrouve seule dans l'établissement, face à Mickaël qui me fixe. Son regard est noir et je comprends très vite que je vais passer un mauvais quart d'heure.

☆

Les choses se gâtent... alors qu'en pensez vous ? :)