13. Communication
Julia passa la porte avec une certaine appréhension. Elle se retrouva dans une sorte de hall d'entrée. Des sacs étaient sur le sol ou accrochés à des crochets et les chaussures étaient rangées contre un mur. Deux portes se trouvaient en face de Julia avec des nombres gravés dessus. Julieta ouvrit celle où il était écrit:
Chambre n°18
Julia la suivit à l'intérieur de la chambre. Elles y trouvèrent Juliette, assise à un bureau et dessinant sur une feuille de papier. Elle ne regardait même pas ce qu'elle fessait, elle fixait le mur en face d'elle. Julieta arrêta Julia en lui faisant signe de se taire. Elles s'approchèrent de Juliette. Sa meilleure amie la secoua doucement quand elle vit qu'elle avait arrêté de dessiner. Juliette cligna de yeux plusieurs fois avant de leurs jeter des regards perdus et de regarder la feuille.
- Mais à quoi ça rime, ça ? soupira la jeune fille.
Sur le papier se dessinaient des formes indistinctes. Les traits de crayon partaient dans tous les sens. Ils semblaient n'avoir ni queue, ni tête. Juliette se leva et s'écroula sur un lit. Probablement le sien. Elle grogna de mécontentement. Julia observa la chambre. Il y avait cinq lit alignés contre le mur à des intervalles de plus ou moins trois mètres. Celui dans le fond - où Juliette était affalée - était défait et un bazar monstre l'entourait. Le second, quant à lui, était d'un ordre incroyable, les draps biens mis, les chaussures en-dessous du lit et la table de chevet était propre et brillante. Julieta s'en approcha, retira ses chaussures et s'assit sur le matelas. Julia regarda autour d'elle et devina facilement que les deux adolescentes étaient les seules à occuper la chambre. Elle resta debout ne sachant pas trop quoi faire.
- On a quoi à faire pour demain ? demanda Juliette en baillant et en se frottant les yeux.
- On a l'Épreuve du cercle.
Juliette se tendit comme la corde d'un arc.
- Ce n'était pas la semaine prochaine ? dit-elle d'une voix pleine d'appréhension.
Julieta secoua la tête, désolée. La jeune enchanteresse se releva d'un bond et se mis à faire les cents pas.
- Ca ne peut pas être demain, c'est impossible, je ne suis pas prête !
Julia ressentit une vive empathie pour Juliette. Sans qu'elle ne demande rien, sa magie coula comme de l'eau, se répandit sur le sol, grimpa au mur jusqu'au plafond pour exploser en des dizaines de papillons de toutes les couleurs. Les trois jeunes filles contemplèrent le spectacle avec des yeux émerveillés quand la porte de la chambre s'ouvrit en grand sur la surveillante Gonzalez.
- Mesdemoiselles ! Qu'est-ce ce que c'est que tout ce raffut ?
Son regard se posa sur Julia.
- Bonjour mademoiselle, je suis la surveillante Erica Gonzalez. Et vous ?
- Julianna Prince, madame, répondit Julia, légèrement intimidée par cette femme, certe maigre comme un clou mais à l'aura imposante.
- Prince ? répéta-t-elle, méprisante.
Julia hocha la tête. Elle sentait que la suite n'allait pas lui faire plaisir.
- Je n'ai pas envie de vous faire visiter, vos nouvelles camarades le feront à ma place.
Elle s'approcha dangereusement près de Julia.
- Une seule parole ou un seul geste suspect et je vous envoie chez la Grande Enchanteresse, compris ?
Julia hocha la tête, tétanisée. La surveillante partit de la chambre et elle souffla comme si elle avait retenu sa respiration pendant des heures. Ses mains tremblaient et elle avait sûrement blêmit. Elle resta plantée là jusqu'à que Julieta lui mette sa main sur son épaule.
- Eh, ça va ?
- Non ! Ca ne va pas ! Il y a une sorte de folle furieuse qui m'en veux pour je ne sais quelles raison et qui viens explicitement de me menacer ! Alors non, ça va pas !
Les papillons disparurent et Julia regarda la porte avec des envies de meurtres. Elle fit les cents pas dans la chambre. Elle avait besoin de parler à ses amis de toute urgence. Elle se creusa le cerveau à la recherche d'une idée qui pourrait l'aider à leur parler.
- Je dois parler à James, souffla-t-elle. Je dois parler à mon meilleur ami.
Elle tremblait de tous ses membres. Son souffle s'accélèra et elle tomba à quatre pattes sur le sol pour ensuite s'asseoir sur les fesses, la main sur sa poitrine. Elle chercha de l'air. Juliette se précipita vers elle tandis que de la magie pourpre apparaissait sur les mains de Julieta.
- Calme-toi, Julia, tout va bien... tenta de la rassurer la première.
Julieta dit quelque chose que Julia ne comprit pas et sa magie la frappa à la tête. Elle se sentit perdre pied puis tout devint noir.
***
Julia se réveilla uniquement à cause du diable qui la secouait dans tout les sens.
- Julia ! Lève-toi, l'Épreuve du Cercle commence cet après-midi , il faut te lever.
La jeune fille se releva. Les voix, étrangement, chuchotaient sans vraiment lui parler. Elle se leva et s'étira.
- Cet après-midi ? C'est dans longtemps, non ? Et en quoi ça consiste ?
Julieta s'approcha d'elle et retira les draps qui tenaient Julia au chaud. Elle frissonna mais cela ne la dérangeait pas, elle n'était pas frileuse. Elle se leva et les deux enchanteresse la prirent pas les mains pour l'amener devant une commode du style coiffeuse. Juliette s'attaqua aux cheveux de Julia qui étaient toujours roux, bien que de plus en plus foncés.
- En fait, tu te trouve dans une salle entièrement noire. Toutes les autres qui ne font pas l'Épreuve sont contre les murs, retenues par la magie de la Casa pour ne pas aller aider celui qui se trouve dans le Cercle. Cette épreuve est faite pour nous aider à "supprimer les Voix". Ceux qui ne sont pas assez entrainées ou assez fortes meurent.
Elle avait dit cela avec tellement de naturel que ça en choqua Julia.
- Comment peux-tu dire ça comme ça ? s'exclama-t-elle.
- Avec le temps, on s'y fait, dit Julieta d'une voix calme et lasse.
- Et pour répondre a ton autre question, intervint Juliette, j'ai un ami qui peut t'aider à contacter tes amis.
Une lueur d'espoir brilla dans les yeux de Julia.
- Mais on doit aller le voir ce matin parce que la Grande Enchanteresse prévoit de t'enlever.
***
Choquée, Julia ne réagit pas directement. C'est Juliette qui la sortit de sa paralysie en lui attrapant le bras.
- Viens, on fait plus ou moin la même taille, je vais te passer une de mes robes.
Elle l'entraîna devant sa garde-robe. Les tenues étaient toutes plus belles les unes que les autres. Juliette se tourna vers elle en souriant.
- Ferme les yeux et choisit au hasard, dit-elle.
Julia fit donc ce que la jeune fille lui recommandait et se laissa guider par le toucher. Elle en attrapa une et rouvrit les yeux. Elle avait devant elle une robe longue argentée dont le haut était fait de mailles et le bas, d'arabesques baroques mais élégantes. Elle la revêtit et les deux enchanteresses poussèrent des acclamations émerveillées.
- Tu es magnifique !
- Divine, même !
Julia se regarda dans le miroir et pour la première fois depuis Clarissa, elle se trouva belle. Pas autant que Lise, Piper, Lara, Jenny ou April, mais belle dans le sens ou elle aima chaque partie de son corps. Et comme une cascade, ses cheveux redevinrent brun. Et Julia sourit à ses nouvelles amies.
- Allons voir cet ami, déclara-t-elle.
***
Le trajet pour aller jusqu'à la partie des garçons se révéla plus hardi que prévu. L'homologue de la surveillante Gonzalez, le surveillant Fernández getait chaque sons qu'il pouvait entendre. Empruntant des couloirs et des passages secrets, les trois filles arrivèrent à une petite pièce circulaire. Dedans, il y avait juste deux fauteuils et une armoire remplie de divers flacons et bocaux. Un garçon feuilletais un livre. Il avait des cheveux bruns coiffés sur le côté. Il releva une tête couverte de taches de rousseurs et sourit pour montrer deux adorables fossettes.
- Juliette ! Julieta ! Vous en avez pris, du temps.
Juliette s'affala à ses côtés en soupirant.
- Pff, si tu savait les risques que l'on prend pour venir te voir, gros nul. Soit, je te présente Julia Prince, elle a besoin du sort de Communication psychique pour parler à ses amis.
Le garçon se leva et fit une révérence à l'hybride.
- Bienvenue dans notre noble demeure, je m'appelle Emilio López.
Julia fit l'aller-retour entre lui et Juliette et sourit.
- Je peux avoir le sort, s'il-te-plaît ?
Emilio sortit une feuille de papier de la poche de sa chemise. Julia attrapa le bout de papier et elle et Julieta s'éclipsèrent, laissant les deux adolescents ensemble.
- Il se passe quoi entre eux deux ? demanda-t-elle une fois dans la chambre.
Julieta eut un petit sourire.
- Juliette vit ici depuis sa naissance. Etant enfant, elle avait le droit d'aller dans tous les endroits de la Casa. Un jour, elle rencontra Emilio. Ses Voix, chez lui, s'étaient déclarées très tôt. Juliette était sa seule amie et vice-versa, jusqu'à mon arrivée et celle de Mercusio.
Julia hocha la tête. Elle s'assit sur le bord de son lit et sentit la brulure du stress lui incinérer les entrailles.
- Donc je vais me faire enlever ?
Le visage de Julieta se ferma et elle parla avec une voix grave.
- Tu devra absolument contacter tes amis après l'Epreuve. Sauf si tu meurt.
- Cela pourrait effectivement compliquer la chose, répliqua sarcastiquement la sorcière.
Une dizaine de minutes plus tard, Juliette revint, un sourire rêveur scotché aux lèvres. Sa meilleure amie ricana. Seulement, la surveillante Gonzalez entra dans la chambre et leur ordonna de la suivre. Dans le couloir, les adolescentes avaient toutes la tete basse. Julia en entendit une chuchoter que ses Voix s'étaient calmées et sa voisine lui dire de se préparer à souffrir. Elles arrivèrent devant une lorde porte en bois massif vernie et couverte de feuilles d'or. La surveillante leva ses mains et elles s'ouvrirent à grand battants. Les enchanteresses furent attirées contres murs à des intervalles de deux mètres environs. Julia paniqua mais le regard confiant de ses nouvelles amies l'aida à se calmer. Un cercle en or était posé sur le sable noir. L'autre moitié de la salle était occupé par les garçons. Et la Grande Enchanteresse entra. Julia voulu se décrocher du mur mais les sorts étaient vraiment trop puissants. La femme la regarda avec arrogance. Julia remarqua deux enfants qui ne semblaient pas être pris au piège par le sort. C'étaient un petit garçon et une petite fille qui devaient être âgés de six ans à peine. Ils se tenaient la main. Julia reporta son attention sur la Grande Enchanteresse. Elle tira un garçon par la manche et le plaça au centre du cercle. Le malheureux tremblait de tous ses membres.
- Mes chers élèves, commença-t-elle, nous voici à la fin du Cycle et comme la tradition l'oblige, quatre adolescents chanceux ayant toujours leurs Voix actives doivent passer le Cercle pour les aider à les faire taire et disparaitre. Pour la plupart, ils passeront l'épreuve sans aucun soucis. Seul une minorité d'enchanteurs meurs lors du passage. Le premier à passer est...
Le surveillant Fernández lui chuchota quelque chose à l'oreille.
- Mercusio Zeveneen.
Julia se souvint de Julieta qui lui apprenait qu'un certain Mercusio était le meilleur ami d'Emilio. Il regarda droit devant lui, inspira un grand coup et posa ses mains contre la paroi invisible. Cela dura une dizaine de minute, pleine de hurlements de douleurs, pour qu'il finisse par passer. A peine fut-il sortit qu'il s'envola et quitta la salle. La Grande Enchanteresse attrapa Juliette par le bras. Julia vit Emilio et Julieta se tortiller dans tous les sens.
- Elle est trop faible, elle ne survivra pas, souffla Julieta. Elle doit s'entraîner des heures avant de faire l'Epreuve, d'habitude il lui faut des heures et des heures pour ne ce fus ce que survivre au passage, elle ne va pas survivre.
Une idée germa dans l'esprit de Julia. L'hybride mobilisa toutes ses forces pour bouger. N'y arrivant pas, elle choisit une autre tactique.
- Je souhaite faire l'Epreuve à la place de Juliette Brizna.
Toutes les têtes se tournèrent vers elle. D'un mouvement du poignet, la Grande Enchanteresse la libéra.
- Tenez donc, l'hybride viens au secours de sa petite camarade, susurra la surveillante. Elle a hérité du courage stupide de sa mère.
Les murmures grandirent jusqu'à que la femme de glace lève la voix.
- La rumeur disait vrai, voici, chers élèves, une hybride. Le croisement entre une enchanteresse et un sorcier. Oui, la légende disait vrai, ces infâmes créatures humaines existent et vivent cachés des non-enchanteurs, tout comme nous. A partir de demain, les professeurs d'Histoire vous apprendrons la véritable origine de nos pouvoirs. Mais maintenant, accueillons dans le Cercle, Julianna Prince !
On la poussa dans le dos pour entrer dans le Cercle. Julia avait l'impression d'être un animal de foire. Elle posa ses mains sur la paroi et poussa, comme avec sa mère et sa marraine. Elle sentit toute son énergie disparaître dans le sol. Ses muscles la tiraillait et d'un coup, ses Voix se turent. Julia en fût tellement surprise qu'elle interrompit son action. Elle eut soudainement conscience de tout son pouvoir, elle vit la magie couler dans ses veines, elle vit le bien et le mal qu'elle pouvait faire. Julia regarda la Grande Enchanteresse qui ouvrit soudain de grands yeux. Les mains de l'hybride brillèrent. Elle décrivit un cercle dans l'air et frappa la paroi par trois fois pour finir par exploser en mille morceaux. Julia, avant que personne ne réagisse, fut emportée en dehors de la salle. Julia se tint la tête à deux main. Elle se releva et couru jusqu'au dortoir. Elle sortit le papier avec le sort de Communication et le plaça devant elle.
Coniunctionem psychica
Ps: Mettre l'index et le majeur de la main droite sur le front. Penser à la personne à contacter.
Julia regarda la porte. Elle la ferma à clé et commença la procédure. Elle fit ce qui était inscrit sur le papier. D'un coup, une lueur blanchâtre apparut devant elle. La lueur pris une forme humaine. La forme de James.
- Jamesie ?
***
James déprimait dans son dortoir. Alex était partit avec Lise à la bibliothèque. C'etait le week-end et en temps normal, il devrait être entrain de faire ses devoirs avec ses amis et se chamailler avec Julia. Cette dernière lui manquait terriblement. Il avait besoin de lui parler, de la voir, d'entendre son rire et par-dessous tout, il avait besoin de la serrer dans ses bras. Soudain, une lueur étrange attira son attention. Il se leva en serrant sa baguette magique dans ses mains. La lueur pris une forme humaine qui se précisa.
- Jamesie ? dit-elle.
- Ju... Julia ? demanda-t-il, plein d'espoir.
- C'est moi, Jamesie, articula-t-elle avec peine, la voix brisée.
Il leva sa main comme sa meilleure amie et ils les posèrent paume contre paume. James fût tellement heureux qu'il versa une larme de joie, comme Julia.
- Oh mon Dieu, tu m'as manqué, souffla le garçon. Où es-tu ?
Julia le regarda dans les yeux.
- A la Casa Grande. Je sais que nous sommes en Espagne mais je ne sais pas où précisément. Écoute-moi, James, vous ne devez pas essayer de me retrouver, la Grande Enchanteresse vous abhorre et des sorts semblables à ceux qui entourent Poudlard sont installés ici. Je n'ai pas beaucoup de temps devant moi, elle va bientôt venir me chercher. Bref, je reviendrai, je trouverai un moyen, peu importe comment.
- Comment ça ?
Un bruit de bois brisé le fit frémir. Julia fit apparaître quelque chose de brillant devant lui. Quelqu'un la frappa et elle tomba devant ses pieds.
- Julia !
- Ne t'occupe pas de moi, préviens ma mère et Olivia, donne leurs ceci. A bientôt Jamesie.
Et la communication coupa. James resta planté là avec l'objet que Julia lui avait donné. Alex entra.
- C'est quoi ?
- Un moyen de retrouver Julia.
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