Chapitre 10

Jungkook ne voulait pas entrer dans la chambre de Taehyung.

Mais il n'avait pas le choix. Son patron avait fait sonner sa cloche, et il devait donc lui apporter son petit-déjeuner.

Jungkook savait pourtant bien que son travail devait toujours passer avant ses sentiments personnels, mais il ne pouvait s'empêcher d'avoir peur de ce que monsieur Kim allait dire. Il savait comment les gens réagissaient à l'annonce de son homosexualité.

En général, les gens oubliaient que les personnes homosexuelles pouvaient aussi avoir des sentiments. Pour eux, seul l'acte sexuel était important, et c'est ce qu'ils trouvaient absolument immonde.

Dans un coin de sa tête, Jungkook espérait que Taehyung ne pense pas comme les autres. Qu'il comprenne qu'avant d'être seulement une sexualité, il était un humain avec une personnalité et des émotions.

Cependant, il savait que le renvoi n'était pas loin. Voire plus.

Peut-être que son patron avait déjà prévenu les autorités et qu'il serait condamné à mort dans les heures à venir ? Que ce soit le cas ou pas, Jungkook savait que personne ne pleurerait sa mort.  Et c'était peut-être mieux comme ça, au fond. Son décès ne rendrait personne triste.

De longues minute après la sonnerie de la cloche, Jungkook ouvrit donc la porte de la chambre de son patron.

- Tu en as mis du temps, dis donc ! l'accusa Taehyung.

- Je suis désolé, monsieur, lui répondit Jungkook sans lui jeter un regard.

Peut-être que si ses yeux ne rencontraient pas ceux de Taehyung, ce serait plus simple ?

Après avoir disposé le petit-déjeuner sur la table, le valet s'apprêtait déjà à partir, ne voulant pas rester une minute de plus, quand une voix l'interpella.

- Tu restes ici, Jungkook, lui ordonna Taehyung. Prends donc le fauteuil en face du mien, veux-tu ?

Dénichant l'ordre caché derrière sa question, Jungkook s'assit sur la chaise en question.

- Tu as des choses à me dire, il me semble, non ? commença l'autre.

- Quelque chose à vous dire ? Non, rien du tout, monsieur, mentit ouvertement Jungkook.

Un silence pesant s'installa dans la pièce, jusqu'à ce que Taehyung prenne une nouvelle fois la parole.

- Tu sais ce que je n'aime pas, Jungkook ?

- Non, monsieur.

- Les menteurs, lui dit Taehyung. Mais tu sais ce que je déteste encore plus ?

- Toujours pas monsieur, répondit Jungkook, sachant pourtant qu'il serait une nouvelle fois visé par la réponse de son employeur.

- Les gens qui mentent sans regarder la personne en face dans les yeux.

A ces mots, Jungkook leva immédiatement son visage, ses yeux se retrouvant en face de ceux de Taehyung.

- Qu'est ce que vous voulez que je vous dise, monsieur ? demanda le valet d'une voix désespérée. Que je regrette de vous avoir embrassé ? Je croyais que vous détestiez les menteurs.

- Je ne t'ai jamais demandé de me dire ça, contra son patron, je t'ai simplement demandé de me dire la vérité.

- Vous voulez savoir la vérité, monsieur ? questionna Jungkook, hargneux. Je ne regrette pas une seule seconde de vous avoir embrassé. Je suis tombé amoureux de vous, et peut importe ce que vous pouvez en penser, maintenant je n'ai plus honte d'aimer. Je l'ai caché trop longtemps, alors c'est le moment pour moi de l'assumer, peu importe où ça me mènera. Si vous voulez me renvoyer, faites-le, ce ne sera pas la première fois pour moi.

- Te renvoyer ? questionna Taehyung, surpris. Je ne vais pas te renvoyer pour ça, ton orientation sexuelle n'a rien à voir avec ton emploi.

- Eh bien, vous êtes probablement trop ouvert d'esprit pour la société dans laquelle nous vivons, alors ! Mes parents m'ont banni de leur vie quand ils ont appris cela, avoua Jungkook, des sanglots commençant à naitre dans sa voix. Je ne vois pas pourquoi ce serait différent avec vous, alors que je ne suis qu'un employé.

- Tu es devenu plus qu'un simple employé, confessa Taehyung, je t'ai confié des choses que je ne pensais jamais pouvoir dire à haute voix. Et pour tes parents, je suis désolé, s'excusa le châtain, alors qu'il n'avait pourtant rien fait.

- Je les aimais tellement ! sanglota le valet, tombant à genoux sur le sol, son visage enfoui entre ses mains. Je- je pensais vivre avec eux jusqu'à leurs derniers jours, qu'ils soient là le jour de ma majorité, peut-être même le jour de mon mariage, si les lois changeaient. Mais non... Ils m'ont jeté sans même savoir si j'avais de quoi vivre. Je suis certain qu'ils préfèreraient que je sois mort.

- Ne dis pas ça, Jungkook ! s'exclama son employeur. Aucun parent ne veut voir son enfant mourir.

- Et bien, j'imagine que mes parents sont une exception, déclara Jungkook d'une voix éteinte.

Taehyung descendit lui aussi de son fauteuil, se mettant à la hauteur de Jungkook, puis l'enlaça.

- Alors si tes parents ne s'en préoccupent pas, sache que moi, je te veux vivant, lui souffla-t-il dans l'oreille d'une voix douce.

Taehyung essuya d'un geste affectueux les dernières larmes coulant sur le visage du valet.

Puis, d'une posée sous son menton, il releva le visage de Jungkook pour que ses yeux rencontrent les siens.

- Tu n'as pas à avoir honte de ce que tu es. Et puis, je- je suis comme toi.

- Comment ça, comme moi ? demanda Jungkook, déstabilisé par le regard sérieux de son patron.

- Moi aussi, j'aime les hommes, avoua-t-il finalement.

Cette annonce fut comme un choc pour le valet. Alors, il n'était plus tout seul ? Il n'était plus le seul à être différent des autres, maintenant.

- Mais surtout, je t'aime toi, lâcha Taehyung comme une bombe.

Puis il rapprocha son visage de celui de Jungkook jusqu'à ce que leurs lèvres se touchent. Jungkook, bien que toujours secoué, répondit immédiatement au baiser. Rapidement, leurs langues s'ajoutèrent à l'échange et se lancèrent dans une danse qui sembla durer de longues minutes.

En manque d'air, Jungkook se recula finalement.

Pourtant, son regard resta toujours ancré à celui de Taehyung.

- Vous- enfin, vous venez bien de m'embrasser ? demanda Jungkook, en quête d'une réponse qu'il connaissait déjà.

- Si ce n'était pas un baiser, alors je ne sais pas ce que c'était, rigola Taehyung, un sourire aux lèvres. D'ailleurs, il serait peut-être temps que tu arrêtes de me vouvoyer et de m'appeler "monsieur". Je sais bien que tu fais ça par automatisme, mais je n'ai pas envie d'avoir l'impression d'être au-dessus de toi. Nous sommes au même niveau.

- Oui, bien sûr, comme vou- tu veux ! répondit le valet d'une voix enjouée.

C'était une immense étape. Surtout sachant que dans une grande majorité des couples, dont au moins un appartenait à la noblesse, le vouvoiement était souvent de rigueur. Et ce, pour toute la vie.

Tout à coup, l'expression que Taehyung portait il y a quelques secondes lui revint en tête.

- Mais ! s'exclama-t-il. Tu viens de sourire, j'en suis certain !

- Peut-être bien, oui, répondit Taehyung. Je n'y ai pas fait attention. C'est probablement parce que tu me rends heureux.

Les joues de Jungkook se colorèrent de rouge à ses mots. Cela faisait seulement quelques minutes qu'il savait ses sentiments réciproques, et Taehyung réussissait déjà à l'embarrasser.

- Ne dis pas ça, tu vas me faire rougir !

- Il me semble que tu es déjà tout rouge, non ? questionna le fils Kim, taquin.

- Arrête ça, rigola Jungkook en plaquant ses mains sur son visage.

- D'accord, d'accord, j'arrête, accepta Taehyung, plaçant ses deux mains devant lui pour faire comprendre qu'il n'était coupable de rien.

Les deux se relevèrent finalement pour se rassoir sur leur fauteuil, et alors que Jungkook allait prendre place dans le siège en face de celui de Taehyung, celui-ci lui attrapa le poignet pour le placer sur ses genoux.

- Oh ! fit Jungkook, à la fois surpris et heureux.

- Maintenant que j'ai confessé mes sentiments, il faut bien que je profite du fait que mon amour soit réciproque, dit Taehyung en resserrant ses bras autour de la taille du valet.

Taehyung agissait d'une façon absolument adorable, si Jungkook devait dire ce qu'il en pensait. Il ne connaissait pas ce côté joueur et affectueux de lui, mais il l'adorait déjà.

Peut-être que, cette fois-ci, leur amour durerait longtemps.

Pour toujours peut-être ?

Mais "toujours", c'était jusqu'à quand ?

- J'aimerais te parler de quelque chose, commença le valet d'un ton sérieux.

- Oui, dis-moi, répondit Taehyung en perdant son ton taquin, comprenant que le sujet dont allait parler Jungkook était important pour lui.

- Est-ce que tu te souviens du moment où je t'ai parlé de mes parents, quand je t'ai dit qu'ils m'avaient viré de chez nou- chez eux, quand ils avaient découvert mon homosexualité ?

- Oui, bien sûr.

- Tu as dû te demander comment ils l'avaient découverte, non ? demanda Jungkook.

- Oui, évidemment. Mais je me suis dit que tu n'avais pas forcément envie de m'en parler.

Jungkook savait qu'il pouvait faire confiance à son patron. Qu'il n'irait jamais rien dire à personne.

- Je veux que tu le saches. Je te fais confiance.

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DU CUTE ! DE L'AMOUR ! QUE DEMANDER DE PLUS ?

Non, plus sérieusement, j'espère que ce chapitre vous a plu ! C'est un immense pas dans l'histoire.

D'ailleurs, on se rapproche énormément de la fin... il ne reste que 4 chapitres en comptant l'épilogue.

J'ai hâte de vous poster le prochain chapitre, qui nous permettra d'en savoir un peu plus sur Jungkook et Jimin ;)

À mercredi !

Elsa ^^

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