xii. harold

xii. harold

Non, jamais de la vie, j'allais en vouloir à Clara. Je n'étais pas rancunière, pas le moins du monde. Elle avait choisi de vivre une vie comme ça, moi non. Mais je n'allais pas la laisser m'insulter.

Je m'appelle Erin McDonald, ma mère est écossaise, mon père français. Pourquoi un nom super cliché écossais? J'en sais rien, et à vrai dire, ceux qui insultaient mon nom, j'crois bien qu'ils étaient juste jaloux en fait. Pour ma part, j'aimais bien. J'avais des cheveux noirs, tressés jusqu'en bas de mon dos. Mais ce que je préférais chez moi, c'était mes yeux; vert comme le gazon, parfois gris comme le ciel, entourés de longs cils noirs. J'étais extrêmement franche, pas narcissique. J'aimais mes yeux et je n'aimais pas mon asthme, qui réduisait à zéro mes chances de devenir une athlète olympique, comme prévu.

Pourtant, je continuais à pratiquer, pratiquer, espérant comme par magie que mon asthme allait disparaître mais jamais j'allais me rendre à l'évidence que mon rêve serait impossible. Jamais.

Comme dit précédemment, j'étais franchement franche. Je n'aimais pas ceux et celles qui se prenaient pour quelqu'un qu'ils n'étaient pas. Comme Clara et son meilleur ami.

Harold.

Il y a tant de choses à dire sur Harold, à commencer par son physique, à finir par ma propre opinion sur lui, en passant par les rumeurs immondes circulant sur lui.

Harold était blond, des yeux bleus comme le ciel lui illuminaient le visage, pas très grand, environ 1m70, je dirais. Harold était dans l'équipe de golf, toujours en souliers chics, en pantalons un peu serrés et en chemisier (rose, mauve, vert pâle, bref, couleurs pastels de préférences).

Oui, Harold n'étais pas laid, ni beau. Juste acceptable comme dirait Gemma ou bien Clara. Moi, je ne l'aimais pas, Harold. Parce qu'il était populaire, et pas pour les bonnes raisons: pour des mensonges.

Il s'était annoncer officiellement gay, il y a de cela quelques mois. Et bam, il était devenu populaire en portant plus régulièrement des chaussettes roses. Il était faux, insensé, son regard fier d'être homosexuel et populaire.

Mais il n'avait aucune raison d'être fier.

Il avait engendré une mode, de devenir homosexuel ou même bisexuel, pour devenir un tantinet plus populaire que la moyenne. Depuis son annonce, plusieurs filles de ma classe étaient devenues en un instant lesbiennes. Je les félicitais de leur subtilité inouïe.

Mais le pis, c'est qu'elles étaient devenues populaires. Elles avaient eu ce qu'elles recherchaient. Sur les réseaux sociaux, dans le bahut, même au petit restaurant du coin. Notre monde était foutu. Être homosexuel faisait d'un être humain, un être humain. C'était banal, ce n'était pas la fin du monde, ni une passe adolescente. C'était de l'amour, tout simplement mais Harold en avait changé le sens, l'associant à la popularité.

Depuis son annonce, pourtant, quelques rumeurs disant qu'Harold serait en amour avec une fille avait baissé considérablement son niveau de popularité. Allait-il se décider à la fin!? Je n'aimais pas comment il avait changé le sens des mots ainsi, et ensuite, annuler sa décision, revenir sur ses propres pas. Je n'aimais pas Harold.

Harold, selon moi, recherchait la popularité, et non l'amour. C'est vrai, même moi j'y est crut pendant les premiers jours, quand il semblait libéré d'un poids qui avait pesé sur son dos depuis longtemps. Mais en lisant la supériorité dans son regard, j'avais compris. J'avais compris qu'Harold n'était qu'un être factice et mensonger. Harold ne respectait ni son entourage, ni lui-même. Et c'était la combinaison parfaite pour se détruire.

Comme prévu, j'avais, moi, la petite Erin, remarqué que le regard d'Harold se faisait de plus en plus sombre avec les jours qui s'enchaînaient. Qu'est-ce qui le tracassait donc ainsi?

Le remord d'avoir enchaîné cette horrible mode illusoire? Ou simplement le fait d'avoir menti pour rehausser son prestige, sa sainte réputation?

Harold ne perdait rien à attendre, et j'espérais fortement qu'un jour, notre école soit de nouveau une école où la popularité ne se résumerait pas à être homosexuel. Car présentement, notre petit monde scolarisé me faisait horriblement honte, et tout ça à cause d'Harold.

Chaque soir, je me demandais; si je voulais devenir populaire, est-ce que je devais partir la mode d'être semi-écossaise, ou d'avoir de longs cheveux? Ça m'arrangerait bien.

Et notre cher Harold, qui avait hypocritement profité de son orientation sexuelle, j'espérais qu'il ne se fasse jamais poussé de longs cheveux noirs ou qu'il ait une nationalité écossaise. Il avait eu son temps pour briller d'une mauvaise façon avec de mauvaises raisons.

Mais il restait Harold, et personne ne pouvait insulter l'intouchable Harold, sous peine de faire passer nos mots colériques pour de la discrimination envers l'amour, l'amour d'autrui, tout simplement.

En y pensant, je pourrais devenir homosexuelle, ça m'arrangerait des problèmes et je deviendrais comme Harold, un être factice sans intérêt.

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