viii. himalaya
viii. himalaya
«- 244,60 €.
- Merci.»
Je pris le chèque dans l'enveloppe cachetée que me remettait mon employeur et retournai à l'arrêt du car.
Travail, cours, travail, cours, paye, autobus, sommeil. C'était un bon résumé de ma vie en ce moment. «Bon 18 ans, Mary, chérie!»! Pour une surprise, c'en était une. Ne pas avoir de maison, ni d'argent! Ma majorité n'avait rien eu de magique comme celles de mes amies.
«Chérie, tu dois comprendre que c'est pour ton bien, ok?» m'avait sans cesse répété ma mère, ma propre mère. Me foutant hors du manoir familiale.
En même temps, Jacob avait eu droit au même traitement. L'aîné de la famille en premier, moi ensuite, qui m'était préparée légèrement avec un peu d'argent et allait ensuite venir Livia, la petite dernière qui n'était qu'en sixième, pour l'instant. C'était faux, évidemment, je n'étais pas paumée.
Je travaillais beaucoup, certes, mais avec mon argent, je me payais souvent du joli linge et de magnifiques accessoires. Ouais, la réputation que je devais garder pour avoir la cote ne reposait plus que sur mon apparence et non mes fêtes géniales d'avant, dans l'immense manoir.
Au moins, je mangeais à ma guise, je payais facilement mon loyer et je pouvais m'offrir de bels ensembles vestimentaires. La base, quoi. Bref, je devais, au minimum, ne pas ressembler à Himalaya.
Dommage pour Himalaya mais elle était au plus bas dans l'échelle imaginaire de la popularité. Ouais, vous avez bien lu; Himalaya. Comme la chaîne de montagnes asiatique, oui, oui. Déjà, la moitié des gens abandonnait à en connaître plus sur elle juste en entendant son nom hors du commun, voir bizarroïde. Elle habitait le manoir voisine à celui de mes parents. Oui, nous avions été voisines durant 18 ans et jamais, au grand jamais, je l'avais affirmé. Himalaya était la personne que personne ne voulait admettre son amie.
Tête en l'air, cheveux blonds avec des reflets roux ébouriffés, elle aurait sûrement pu être magnifique en se peignant et en n'aimant pas lire autant. Car oui, Himalaya était une fille qui ne parlait presque jamais, ses yeux turquoises rivés dans un bouquin.
C'était le genre de fille à compter les étoiles, à caresser le blé des champs et à courir suite à un papillon. Ses parents avaient été très évasifs quand les miens les avaient questionnés sur leurs emplois. Peu importe, ce devait sortir du commun, non?
Je l'avais déjà demandé à Himalaya, ce que faisaient ses parents. Moi, je le savais. Et jamais mes parents auraient voulus de tels voisins, aussi... Étranges.
Moi, j'appelais ça artistiques.
Fleuriste et peintre.
Le père d'Himalaya ne signait pas avec son nom véritable, il gardait son identité anonyme. Et ça me plaisait; l'anonymat. Moi aussi j'étais anonyme face aux gens dans la rue, quand ils ouvraient grands leurs yeux pour me voir, me promenant avec mes vêtements chers. J'aimais la sensation d'être intouchable au public.
Mais j'étais devenue le public, le jour de mes 18 ans.
Il fallait que je conserve la chose la plus précieuse que j'avais, présentement; ma réputation. Himalaya, elle, ne s'en souciait pas, une réputation, elle n'en avait rien à carrer. Elle avait son propre monde, appartenant juste à elle. Elle aidait à peindre, avec son père. Je ne l'avais jamais vu faire en tant que tel mais je l'avais vue plusieurs fois, un tablier noué aux hanches, couvert de tâches de peinture aquarelle, à l'huile ou simplement acrylique. Je savais aussi qu'Himalaya aimait, adorait, chérissait la photographie. Elle sortait souvent, sur son terrain, avec son petit chiot calé dans le creux de son bras gauche et l'appareil dans la main droite. Elle pouvait rester dehors, beau temps, mauvais temps, pendant des heures. À la taille de son zoom, je savais qu'elle travaillait le macro. Cette façon de prendre en photo les plus petits et infimes détails m'avait toujours intriguée. Comment pouvait-on regarder si loin, mais si près en même temps? Himalaya, elle, le savait.
Himalaya était mystérieuse. Ses yeux arrivaient à refléter l'enfance, à travers les nuances bleues qui miroitaient dans ses pupilles. Un regard insouciant, naïf et heureux. Certains la qualifiait d'imbécile heureuse. Elle ne méritait pas ça, je voulais la défendre, mais ma réputation m'en empêchant, je baissais le regard et regardait les autres parler dans son dos.
Pourtant, même en l'apprenant l'autre fois par Yin, Himalaya n'avait pas cillée. Pourquoi des mots viendraient perturber son petit univers personnel? Je l'avais toujours crue faible, fragile, comme de la porcelaine.
Qui étais Himalaya, derrière son voile enfantin?
***
Bonjour!
Personnellement, mon perso favori c'est, de loin, Hima. Gros crush sur elle. <3 Bref, bonne semaine et souhaitez moi bonne chance, c'est semaine d'examens!
Lou xx
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