vi. jeremy

J'entendis un chuchotement à ma gauche. Nous étions en plein cours d'espagnol et, comme d'habitude, les gens s'empressaient de me poser des questions.

«- Comó tú dices «Ta gueule» en español? me demanda une fille aux cheveux blonds, parfaitement coiffés. C'était Gemma Barns.

- Ta gueule, lui répondis-je. Me faire griller à chuchoter en espagnol allait me coûter des points. Et j'avais besoin de ces points.»

Pablo Juan, 17 ans. Je m'en vais sur mes 18, dans quelques semaines. Pas très grand, je suis d'origine mexicaine. Venant d'une famille de 6 enfants, nous sommes relativement pauvre. C'est pourquoi j'aspire à devenir dermatologue. Deux de mes sœurs faisant de l'exéma, le sujet m'avait toujours concerné. Et le salaire m'intéressait.

Pour remonter ma moyenne au bac, j'avais aussi prit espagnol et mathématiques. J'étais le meilleur dans les deux matières. Parfois, je me faisais dépasser par la jolie petite asiatique dans ma classe de mathématiques mais sinon, je restais dans le top 3.

Je savais bien qu'il y avait des rumeurs sur moi. J'avoue ne jamais les avoir entendues de mes propres oreilles, mais je savais à peu près ce qui se racontait: j'étais un voleur, piqueur, d'iPods.

Le plus amusant, c'est que je savais qui était le voleur. Mais je préférais de loin me taire. N'oublions pas, je suis relativement petit et le pire, j'ai beau aller en salle de gym aux deux jours, mes muscles restent quasi-inexistants. Pourtant, Jeremy ne m'impressionnait pas. Il était plus grand que moi, certes, mais il n'étais pas plus musclé et n'avait pas une carrure aussi imposante que Jared. Jeremy était un gars qui paraissait cool, vu de loin. Chemises, pantalons, cheveux bruns, mi-longs coiffés. Il paraissant sain d'esprit. Mais de près, ses horribles cernes violettes, parfois noires, creusaient ses orbites. Son regard était parfois vide, et il regardait au loin, sans but précis. Il semblait mort.

Bref, que Jeremy vole, ou ne vole pas, ça ne me concernait plus. Je l'avais prit la main dans le sac, en train de piquer la case d'une fille. Il était en train de prendre les boucles d'oreilles.

En même temps, ce n'était pas bien, mais en même temps, cette fille n'avait qu'à fermer sa case. C'était de la faute aux deux, pas la mienne d'être tombé sur lui par hasard. Heureusement, Jeremy ne m'avait pas vu.

Je savais que Jeremy avait besoin d'argent. Plusieurs supposait qu'il voulait du fric pour s'acheter drogues, alcool et clopes. Et comme plusieurs, je croyais aussi à ces rumeurs. Jeremy n'avait jamais l'air très bien dans sa peau, fatigué, les yeux rouges. Il m'avait déjà fait penser à Théo et j'avais essayer de les différencier... Et ma conclusion? Même Théo était moins pire que Jeremy.

Théo était crasseux, ouais, mais Jeremy n'était pas une question de propreté. Il portait de jolies chemises et de beaux pantalons beiges, relativement chics. Ses cheveux étaient relevés en chignon, et ils n'étaient pas gras. Jeremy avait même une petite-amie. Sauf que cette dernière avait 2 piercings à la lèvre et des dreads. Ouais, une semi-hipster, semi-emo. Elle portait souvent des lentilles mauves ou jaunes. Et oui, comme les yeux perçants d'un chat. Je ne savais pas comment elle pouvait aimer un drogué, fumeur et alcoolique mais tout les goûts sont dans la nature, n'est-ce pas?. Bref, si elle était amoureuse avec de Jeremy et ses yeux rougeâtres, grand bien lui fasse, à elle et son petit-copain. Malgré tout, je doutais grandement du goût de leurs baisers.

Bref, revenons au sujet; Jeremy. Je continuais, outre son air propre et soigné, à croire que Jeremy était accro à quelque chose malgré lui. Peu importait, que ce soir alcool, drogues ou clopes, Jeremy avait besoin d'argent pour s'en procurer.

Moi même  qui avait déjà été accro à la sensation de la fumée de la cigarette emplissant mes poumons, je lui avais déjà laissé un 20 € par compassion. Il n'avait jamais su qui j'étais. Et, j'espérais sincèrement que personne ne découvre qui était la personne qui avait aidé Jeremy... Personne ne voulait être associé d'une telle manière avec Jeremy, voyons.

Mais revenons à 6 ans en arrière, quand nous étions jeunes et naïfs, quand l'alcool était une chose d'adultes. Quand nous avions 11 ans. Seulement, j'allais au même petit collège miteux que Jeremy. Et nous étions de très bons amis. C'est vrai que, nos chemins s'étaient séparés, au cours d'une querelle relativement sérieuse. Mais dans nos cœurs, et je le savais pertinemment, nous nous préoccupions l'un de l'autre... À distance uniquement.

J'espérais maintenant, tout simplement, que Jeremy se sorte de ses dépendances, avec succès.

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Coucou!

Je poste aujourd'hui car je travaille toute la semaine, c'est donc mon seul moment libre! J'espère que vous aimez le livre en général. Que pensez-vous de la relation entre Pablo et Jérémy?

Lou xx