i. théo

Théo, vient de rentrer dans la classe. Je vous jure, ce mec, il a toujours l'air dingue. Avec sa mine blasée et ses cheveux arrangés n'importe comment, tout le groupe est quasi-sûr qu'il vient de prendre quelque chose qui est illégal, ou du moins, une bonne dose d'alcool.

«Regarde ses cernes, on dirait du maquillage! me dit Clara, ma meilleure amie.»

C'est vrai, elles sont mauves et, clairement, il n'a juste pas dormit. Trop occupé à flâner dans les rues sûrement. D'après les rumeurs, il fait la tournée des bars chaque nuit, se couche vers 4 heures du mat' et qu'il se réveille juste pour les cours de l'après-midi. Jamais nous l'avons vu le matin, le lâche.

Ah, j'oubliais, je m'appelle Harold. Pas très grand, 1m67, cheveux blonds et yeux bleus, le classique quoi. J'aime bien le golf, le dessin et marcher avec Clara. Meilleurs amis depuis 3 ans, je sais tout d'elle.

Revenons-en à Théo, l'étrange mec du groupe 102. Je crois bien que même le professeur évite sa table. Il garde les questions pour les autres élèves. La chance, quand même! Théo se fait remarquer par tout le monde et, en même temps, il reste invisible. Personne ne voudrait d'un ami comme Théo, sa réputation en dit long sur lui. Les rumeurs veulent qu'il ait même dealer quelques substances... De toutes façons, on peut supposer bien des choses avec ses yeux vides et son air épuisé. Aucune fille ne veut le fréquenter, ni les gars par ailleurs.

Certains poussent un peu et prétendent qu'il aurait un dossier criminel. Heureusement pour ces fouteurs de trouble, Théo est supra discret et jamais il ne réplique. Sage comme une image en classe, ne parle jamais.

Comment est-ce que c'est possible ne jamais parler? Surtout avec Élise à côté de lui. Cette fille est un moulin à paroles.

Théo vient de se retourner vers moi. Ses yeux, vus de face, sont encore plus rouges que dans mes souvenirs. Une chose est sûr, et on va se le dire franchement, ce mec a consommer je-ne-sais-pas-quoi; mais vaut mieux que je ne le sache pas.

«- Passe moi ton devoir, chéri, me demanda Clara.»

Je lui glissai ma feuille de papier tâchée de chocolat et barbouillée de feutre rose. Bien qu'elle m'appelait «chéri» depuis 3 ans, jamais nous n'avions été en couple. Sincèrement, ça m'arrangeait. Les filles et moi, c'était pas mon truc. Mes parents attendaient encore que je ramène une petite-copine, et sans rien vous cacher, ils allaient attendre longtemps. Par contre, j'étais amoureux. Amoureux d'une fille? Non.

Mes parents attendaient leur belle-fille depuis si longtemps que j'allais à coup sûr les décevoir. Je m'attendais au regard de «Comment ai-je pu avoir un fils comme ça? Je t'avais pourtant bien élevé!», et ce regard, je l'évitais comme la peste.

Depuis maintenant quelques mois, j'avais dû m'admettre que les filles ne m'attiraient pas. Malheureusement, l'avouer à mon entourage restait une autre histoire. Mes parents étaient parmi ceux avec un esprit très fermé. Pour eux, les homosexuels étaient que des gens bizarres, sûrement dans une passe ou quelque chose comme ça.

Je m'égare.

Revenons à nos moutons; ou plutôt, à Théo. Assis en arrière de la classe, il regardait ailleurs. Ses yeux passant du professeur au mur, du mur au tableau à craie, du tableau à la porte. Il semblait déconcentré. Je ne serais pas surpris que ce soit un des effets de la drogue qu'il a consommé à coup sûr.

Son visage était décontracté et ses yeux bouffis contrastaient avec ses cheveux bruns en pagaille.

Je me l'imaginais très bien, en capuchon noir, dans une ruelle suspecte avec deux ou trois mecs dans le genre. En train de rigoler pour rien, relaxant dans la nuit noir. Ouais, je me l'imaginais comme un moins-que-rien.

Est-ce que Théo avait des parents? Moi-même, j'habitais encore avec mes parents, ma maison familiale près de l'école. Mais pour Théo, comme pour plusieurs autres, devait-il habiter un petit appartement miteux?

À vrai dire, j'en savais strictement rien.

Je me fiais surtout aux rumeurs. En même temps, elles étaient si nombreuses que personne ne pouvait ignorer ce paquet de chuchotements quand on passait près de Théo.

J'espère néanmoins qu'il va se sortir de son enfer.

Driiiiiiiing!

Clara se leva, allant avec Mélodie, une de ses meilleurs amis. J'hésitai. Pour une fois, je pourrais me le permettre, non?

«- Eh, si t'as des problèmes viens m'en parler mec, lançai-je à Théo.»

Son visage s'illumina en une seconde. Je crois bien que c'était la première fois que je le voyais sourire.

«- Merci Harold.»

Sa voix était douce, contrairement à tout ce que j'aurais pu imaginer. Une petite voix, pas rauque du tout. Pas grave, pas aiguë, juste... Douce.

Qui se cachait derrière le physique repoussant de Théo?

***

Holà!

J'ai fait une update avant dimanche puisque j'aurai peut-être pas le temps de la faire cette semaine. Sinon, un vote fait toujours plaisir et laissez vos opinions en commentaires!
D'ailleurs, que pensez-vous de Théo?
Et d'Harold?

Lou xx