Joyeux Noël Remember Despair !

Les personnages sont majeurs et la tuerie n'a jamais existé

Joyeux Noël :)

Une odeur de chocolat flottait dans l'appartement d'Akemi. Celle-ci préparait avec des petits-fours, aidée par Haru. La fête de Noël ne commençait qu'à vingt-heures, mais l'Ultime Lectrice était venue en avance pour qu'Akemi ne fasse pas un burn-out. La sonnerie de la porte les fit sursauter.

« C'est ouvert ! cria Haru. »

Daiki se faufila à l'intérieur de l'appartement. Sa tenue grise habituelle fa isait tache au milieu de la décoration haute en couleur d'Akemi.

« Daiki...Je croyais qu'on avait conclu un accord, lui rappela l'Ultime Romantique. Tu devais venir avec un pull de Noël, et tu n'en as pas.

— J'ai bien réfléchi. Vous n'avez pas de pull de Noël, n'est-ce pas ? Eh bien je n'en porterais pas.

— Mais on a fait un effort vestimentaire nous ! On est pas venu comme si c'était le premier octobre !

— Pourquoi le premier octobre ?

— Oh, j'en sais rien. »

La sonnerie retentit à nouveau. Daiki ouvrit à Gou, qui avait enfoncé un bonnet de Noël sur sa tête. Si Emi ne s'énerve pas parce qu'elle a mis une robe rouge, songea Haru, c'est que les miracles de Noël existent.

« Joyeux Noël tout le monde ! hurla-t-elle. Attendez...Depuis quand on est que quatre ? Ils sont passés où les autres ?

— Ils ne sont pas encore arrivés, expliqua l'Ultime Tireuse d'Elite. Ils ont déjà deux minutes de retard.

— Tant qu'ils n'arrivent pas une heure en retard..., intervint Akemi.

— Je ne pense pas que quelqu'un arrivera aussi tard, murmura une voix douce. »

L'Ultime Plongeuse poussa un cri en se rendant compte que Mai était à côté d'elle. La fille aux cheveux nuit eut un sourire gêné.

« Gou, je suis rentrée en même temps que toi...

— Oui pas j'avais pas vu...T'es petite je te rappelle. »

Blessée, Mai porta une de ses manches de kimono à ses yeux. Son vêtement brillait de mille feux, bien qu'il soit assez sombre. Quelqu'un ouvrit de nouveau la porte de l'appartement ; Akemi soupira.

« Ouais, c'est ça, prenez même plus la peine de sonner...De toute façon c'est un moulin ici, on entre et on sort quand on veut...

— Désolé Akemi, s'excusa Akio, gêné. »

Lui non plus n'avait pas fait d'effort vestimentaire : il était juste venu avec un pull rouge. L'Ultime Romantique ne releva même pas.

« Joyeux Noël à tous ! s'écria Moe en entrant dans l'appartement.

Happy Christmas ! réenchérit Aimi.

— Tu veux dire Merry Christmas, la corrigea Daiki. »

L'Ultime Créatrice de Poupées Traditionnelles lui tira la langue ; Akemi se sentait déjà au bord de la crise de larmes.

« Hé Akemi, regarde, regarde ma robe comme elle est trop belle ! »

Aimi tourna sur elle-même pour que sa robe d'un rose criard se soulève doucement. Un rire enfantin s'échappa de ses lèvres. Elle attrapa Haru par le bras pour lui montrer chacun de ses froufrous, chacune de ses coutures avec une joie non dissimulée.

« C'est moi qui ait tout fait toute seule !

— C'est bien, souffla un nouveau venu, tu veux qu'on te félicite tous ensemble ? »

Le visage d'Akemi tourna à l'écarlate à la vision de Kazuki en costard. Celui-ci poussa aussitôt Aimi pour s'approcher de l'Ultime Romantique.

« Tu es magnifique.

— Toi aussi..., murmura-t-elle entre deux bégayements.

— Akemi, je peux finir les petits-fours si tu veux, proposa Haru.

— Autrement dit : prenez-vous une chambre parce que vous êtes trop beurk, affirma Aimi, les bras croisés sur sa poitrine.

— Vous vous disputez déjà ? »

Isamu rit doucement ; Himari était accroché à son bras comme si sa vie en dépendait. Les sourcils de Daiki se froncèrent.

« Vous avez presque un quart d'heure de retard.

— Pas vraiment, la contredit Isamu. On était là bien avant, mais...Himari a fait une crise d'angoisse dans les escaliers et tu habites au cinquième étage Akemi... »

Haru s'empressa de prendre son ami dans ses bras, l'air sincèrement désolée. Elle lui tendit une tasse de chocolat chaud ; Himari l'avala d'une traite.

« Moi aussi, je peux avoir un chocolat demain ? demanda innocemment Eita. »

La musique de son pull de Noël agaçait déjà Aimi.

« Non, tu ne peux pas, répondit sèchement Haru. Tu attends que les autres arrivent, comme tout le monde.

— Mais Himari a...

— Chut. On ne discute pas. »

La porte s'ouvrit à la volée – pour la millième fois en moins d'une demi-heure. Ren entra joyeusement ; à chacun de ses micromouvements, sa robe lilas se mouvait élégamment. Ses mains étaient protégées par la fourrure aux bords de ses manches.

« Joyeux Noël !

— Que les esprits de vos défunts ancêtres se réunissent en ce jour sacré pour que vous puissiez survivre à cette soirée, acquiesça Masaru. »

Son regard croisa celui de Haru. Plus personne ne parlait.

« C'est une blague ?

— Les esprits ne font généralement pas de blague.

— Ils existent des milliers de robes sur cette planète, et t'étais obligé de prendre la même que moi ?

— S'il vous plait, pas de dispute, murmura vaguement Akemi. »

La longue robe violette aux manches ouvertes de Masaru était le miroir de celle d'Haru, dont le visage avait fondu par dépit.

« C'est juste une robe, Haru, la réconforta Himari. Et puis, elle te va mieux qu'à lui.

— Si tu ne retires pas tes paroles, les vampires t'attaqueront dans moins de vingt minutes, le menaça Masaru.

— C'est pas de ma faute si Haru est plus belle que toi. »

Mai s'interposa avant qu'ils ne déclenchent la Troisième Guerre mondiale. Elle toussota, gênée, et changea de sujet :

« Tout le monde est là ?

— Bien sûr, si on considère que Yukiko et Emi ne sont pas tout le monde, pouffa Aimi avant de se cacher derrière Moe.

— Ils sont peut-être encore à l'aéroport, suggéra Eita.

— L'aéroport ? Je croyais qu'Emi était rentré de New York hier, intervint Isamu.

— Il a changé d'avis à la dernière minute, expliqua l'Ultime Scientifique. Emi reste Emi, même en Amérique.

— Je pense qu'ils sont sortis de l'aéroport depuis longtemps, mais qu'ils ont trainé dans les magasins, affirma Daiki.

— J'aimerais te dire que tu as sûrement tort, mais..., soupira Akemi. »

Ce n'est que vingt-cinq minutes plus tard que la porte s'ouvrit lentement. Yukiko eut un petit rire gêné.

« J'aurais bien hurlé Joyeux Noël en levant les bras mais si je le fais, je finis à poil. Donc...Joyeux Noël.

— Et moi, j'aurais bien aimé pouvoir te dire que tu t'es trompée de soirée, lança Akemi, à deux doigts de se taper la tête contre un mur. »

Yukiko portait des fausses oreilles d'elfe, légèrement cachées par son chapeau de Noël bleu. Sa robe de la même couleur faisait vaguement penser à celle d'un lutin du Père Noël – si les lutins du Père Noël portait des habits aussi courts, bien sûr.

« Où est Emi ? s'enquit Eita.

— Putain Akemi pourquoi t'as pris un appart au cinquième étage alors que le putain d'ascenseur de ses morts est en panne ? hurla quelqu'un depuis les escaliers.

— J'ai ma réponse. »

Emi entra à son tour dans l'appartement. Sa robe rouge était aussi courte que celle de Yukiko, et il portait un mini poncho de Noël sur les épaules. Haru comprit toute sa souffrance lorsqu'elle vit ses talons aiguilles.

« Mais vous êtes pas sérieux..., désespéra Akemi.

— Vous avez fait aucun effort vestimentaire, commenta Yukiko. Personne est dans le thème de Noël à part nous.

— J'ai mal aux pieds bordel de merde, se plaint Emi. Pourquoi j'ai pris ces chaussures déjà ?

— Parce qu'elles sont super belles ?

— Merci de me ramener à la réalité Yukiko. Qu'est-ce que je ferais sans toi dans ma vie ?

— Je ne sais pas, Emi, je ne sais pas. Épouse-moi.

— Les catastrophes ambulantes, vous vous calmez quand ? soupira Ren. »

Les deux meilleurs amis prirent un air choqué.

« Vous avez plus d'une heure de retard, leur apprit Daiki.

— Il a eu un problème avec l'avion ? s'inquiète Eita.

— Quoi ? Non, pas du tout. Avec les boutiques tu veux dire. Depuis quand tout ferme la veille de Noël ? s'énerva Emi.

— Depuis toujours ? suggéra Akio.

— Bref, on avait pas de tenue, donc on a cherché. Yukiko se trouvait grosse dans toutes les robes, et elle en voulait une bleue, sauf qu'il y en avait pas des bleus qui, je cite « me rendent pas grosse comme un dindon en surpoids », donc on en a pris une blanche, puis on l'a teinté en bleu. Ça prend du temps de teinter des vêtements, vous le saviez ?

— Elle est pas trop belle ? Vous avez vu comme elle brille ? s'écrit Yukiko. »

L'Ultime Patineuse Artistique fit un tour sur elle-même ; les paillettes de sa robe brillèrent comme une boule à facette.

« Sauf que Yukiko a mis la robe, l'a trouvé trop longue...

— Elle m'arrivait presque aux genoux !

— Donc elle a décidé que la mienne aussi était trop longue, et elle les a découpé.

— Mais pourquoi tu lui as pas dit d'arrêter Emi ? intervint Moe.

— Non mais elle avait une paire de ciseaux de la taille de mon bras dans les mains. J'allais pas prendre le risque de me faire couper la tête. »

Isamu s'apprêta à renchérir mais Emi, agacé par cette conversation à rallonge, sauta dans les bras d'Eita. Celui-ci le serra doucement contre son torse. Haru et Yukiko les bombardèrent de photos – sans le flash.

« Joyeux réveillon Eita...

— Joyeux Noël, Emi.

— Vous savez que vous n'êtes pas seuls dans cet appartement ? leur rappela Daiki.

— Daiki, ne gâche pas le moment bl ou on va pas s'entendre du tout, la prévint Haru en continuant les photos. »

Eita et Emi finirent par se détacher et par s'écarter du reste du groupe. L'Ultime Mannequin sortit quelque chose de la poche de sa robe. C'était une peluche en forme de tête de bonhomme en pain d'épice, réversible.

« T'as vu comme il est mignon ? J'étais triste de pas emmener mon poulpy, mais ça sert à rien d'en avoir deux...

— Il est adorable, confirma Eita.

— Regarde comme elle est mimi sa tête triste ! »

Emi le tourna au moins un milliard de fois pour montrer à l'Ultime Scientifique à quel point il était beau. Eita ne pouvait refouler son sourire stupidement heureux. A quelques mètres d'eux, Haru et Yukiko refoulaient quant à elles leurs rires démoniaques.

L'Ultime Lectrice tendit une branche de gui au-dessus des deux garçons. Yukiko se joint à eux et la pointa avec innocence.

« Oh, du gui ! Ça, ça veut dire que vous devez vous embrasser ! »

Un silence malaisant s'installa avant qu'Emi ne parte s'enfermer dans la salle de bain. Akemi lança un regard noir à Haru et à Yukiko.

« Qu'est-ce que vous lui avez dit encore ?

— Rien !

— Presque rien, rectifia Haru. Je crois qu'on a réussi à le mettre très mal à l'aise.

— Je vais aller le voir. Vous deux, contentez-vous de vous assurer que tout le monde reste en vie et arrêtez de faire des conneries cinq secondes.

— Oui maman, marmonna Yukiko. »

Le regard noir d'Akemi réussit cependant à la faire taire. L'Ultime Romantique toqua doucement à la porte de la salle de bain. Emi la déverrouilla avant de se rassoir par terre, une serviette sur ses jambes pour ne pas se retrouver nu.

« Salut, Akemi...

— Salut, murmura-t-elle en s'asseyant près de lui. »

La peluche réversible d'Emi était tournée du côté qui ne souriait pas.

« Désolé de faire tache dans ta soirée. T'as dû mettre tellement de temps à la préparer, et moi...

— Hé. C'est pas de ta faute. Sur ce coup-là, c'est Haru et Yukiko qui ont merdé.

— Non. Elles ont rien fait de mal, c'est juste...C'est juste moi...J'en ai marre de toujours réagir mal à tout.

— Il y a pas une bonne façon de réagir, tu sais. Il y a juste ta façon de réagir. Et ne me dis pas que tu n'aimes pas ta façon de réagir. C'est Noël, Emi.

— Le réveillon.

— C'est Noël, Emi. Tu n'as pas le droit d'être méchant avec toi-même le jour de Noël. D'accord ? »

L'alarme incendie se mit à hurler dans l'appartement. Akemi se précipita dans la cuisine : le feu s'était déjà bien répandu. Tout le monde était figé, mis à part Haru qui réussit à sortir son téléphone.

« Appelle les pompiers ! hurla Gou.

— C'est quel numéro déjà ? paniqua l'Ultime Lectrice.

— Le 16 !

— Le 17 !

— Le 15 !

— Le 18 !

— Le 112 !

— Le 119 ! »

Haru se retint de fondre en larmes.

« Personne ne connait le numéro des pompiers ? »

Devant le silence général, elle tapa un des numéros au hasard. Elle resta au téléphone quelques minutes avant de raccrocher.

« La police va nous envoyer les pompiers. En attendant...On sort. »

Tout le monde courut dans les escaliers, excepté Eita qui récupéra d'abord Emi, qui était resté dans la salle de bain. Ils se retrouvèrent tous en bas de l'immeuble ; la sirène des pompiers se faisait déjà entendre au loin.

Emi s'assis sur le trottoir, son poncho sur ses jambes. Ses pieds s'étaient désintégrés dans la descente. Il posa la tête contre l'épaule d'Eita, qui passa un bras autour de ses épaules. La peluche d'Emi était tournée du côté souriant.

« Mon...Mon appart... »

Akemi s'effondra sur le sol et fondit en larmes. Kazuki tenta de la prendre dans ses bras, mais elle le repoussa.

« Bordel de merde mon appart est en train de brûler alors que c'est Noël, et je sais même pas pourquoi !

— C'est sûrement parce que..., intervint Gou.

— Et je veux pas savoir pourquoi ! Pourquoi vous...Pourquoi y'a qu'avec vous que ça arrive ? Pourquoi ça finit toujours mal avec vous ?

— Y'a le feu ? s'étonna Emi. »

Les sanglots d'Akemi redoublèrent. Près d'elle, Haru tentait de calmer Himari, parti dans une seconde crise d'angoisse.

« Tiens, Akemi, je pense que tu vas en avoir besoin, affirma Ren. »

L'Ultime Romantique attrapa la bière qu'il lui tendait et l'avala cul-sec. Le chagrin secoua de nouveau son corps.

« Ça me fait rien du tout j'en ai marre...

— T'en veux une deuxième ?

— Ren, c'est vraiment une très mauvaise idée, le coupa Kazuki.

— Oh c'est bon, détends-toi, c'est juste de la bière...C'est pas comme si je faisais boire de la vodka à ta copine...

— Ce n'est pas ma...Tu me soules. »

Deux camions de pompiers s'arrêtèrent enfin devant l'appartement. L'un d'entre eux courut vers le groupe.

« Est-ce qu'il y a des gens là-haut ?

— Non.

— Très bien. Personne n'est blessé ici ?

— Si je dis oui, est-ce que vous m'emmenez ? demanda Yukiko.

— Ne faites pas attention à elle, elle est bourrée, mentit Haru, cramoisie par la gêne. Mais on va tous bien. »

Yukiko poussa un soupir de frustration quand le pompier repartit en direction des camions. Akemi sortit enfin de sa crise de larmes, et Himari de sa crise d'angoisse.

« Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? murmura-t-elle, le visage pétrifié.

— On va appeler beaucoup de Uber et finir la soirée chez moi, affirma Haru.

— Et mon appartement ?

— Je monterais voir les dégâts, proposa Ren.

— Je viendrais aussi, renchérit Akio.

— Mais pour l'instant, évite de penser à ça. C'est Noël, non ?

— Le réveillon, rectifia Emi en entrouvrant les yeux. C'est le réveillon.

— Dors, Emi, dors, chuchota Eita. »

Peut-être que leur Noël n'était pas parfait, peut-être que leur Noël était complétement catastrophique, mais au moins, ils étaient vivants. Au moins, ils étaient ensemble.

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