Chapitre 1 : Une Ange, un Démon et Mariah Carey
Damian
Dites-moi que je rêve.
Non. Mieux que cela. Dites-moi que tout cela n'est qu'une vaste blague, une farce montée de toutes pièces par Paillettes. C'est forcément cela. Ce ne peut être autre chose.
Lorsque j'ouvre à nouveau les yeux, le constat reste le même. Mon séjour, mon magnifique salon si ordonné et classe est envahi par... Je n'ai pas les mots. Du rouge. Du vert. Des LED et des guirlandes. Des boules et des nœuds, l'odeur du pain d'épices et du chocolat à la cannelle : Gabrielle n'a pas lésiné sur les moyens. Mon bel espace, mon antre de la luxure est dorénavant une annexe de l'atelier de Nicklaus. Pour couronner le tout ? La musique. À l'instant où j'ai pénétré dans l'appartement, Gaby a frappé dans ses mains, lançant sa nouvelle playlist. Merde, Mariah ! Nous avions un accord, toi et moi, non ?
Les bras croisés, les mâchoires serrées, j'essaie de garder mon calme. Ne lui hurle pas dessus. Ne dis rien. Ne...
— Alors ? Qu'est-ce que t'en penses ?
Ma jolie blondinette sautille jusqu'à moi, un immense sourire lui barrant le visage. Et moi ? Je fonds quand elle se hisse sur la pointe des pieds pour déposer un baiser chaste sur mes lèvres. Merde ! N'est-ce pas mon rôle, de torturer à tout va ? Non parce que, clairement, depuis que Gabrielle est entrée dans ma vie, je me pose de sérieuses questions.
Tout a commencé comme un jeu entre elle et moi : je voulais la pousser à bout, la contraindre à repartir d'où elle venait afin de retrouver ma liberté. Jouer les nounous pour la sœur de Lucifer ? Et puis quoi encore ! Les Anges, j'en culbute à tout va. Pardon, j'en culbutais. Au passé. Parce qu'en un clin d'œil, ma jolie colocataire a mis le feu à mon existence. Et depuis l'instant où ma bouche a frôlé sa peau de pêche, je n'ai plus posé les yeux sur les autres. Quelques contrariétés et un mariage plus tard, nous voilà, heureux et amoureux comme au premier jour. Peut-être même davantage.
Voilà pourquoi j'ai cédé quand Gaby a parlé de fêter Noël. J'avais tout un tas de contre-arguments, de blagues douteuses et de remarques acerbes à ce sujet. Cependant, j'ai choisi de la fermer et d'acquiescer, comme un idiot. J'aurais dû me douter de l'ampleur du désastre. Après tout, j'ai déjà assisté à plusieurs de leurs fêtes, là-haut. Je savais donc qu'elle ne se contenterait pas de quelques sucres d'orge et d'une nuisette rouge. Pourtant, j'aime le rouge, d'ordinaire. Surtout ce petit déshabillé en dentelle qu'elle...
— Damian ? Est-ce que tu m'écoutes ?
Inutile de feindre un intérêt quelconque pour ce qu'elle dit. Pas quand j'affiche un sourire en coin et la dévisage avec envie.
— Bien sûr que non.
Avant qu'elle n'ait le temps de protester, je l'attire contre moi. Pas besoin de mots : la bosse qui déforme mon pantalon est bien assez éloquente. Aussitôt, ses joues s'empourprent. Ah, enfin, elle a saisi le message : moins de Mariah Carey et plus d'action !
— Damian, je...
— Tu quoi, mon Ange ? lui chuchoté-je à l'oreille.
Joueur, je butine la peau de son cou, dévore chaque parcelle de son épiderme jusqu'à sa clavicule, tandis que, d'une main habile, je fais glisser la bretelle de sa robe sur son épaule.
— Ce n'est pas le moment...
— Chuuuut.
Elle noue ses bras sur ma nuque, m'offre enfin un baiser. Ses lèvres ont un goût de sucre et de fruit défendu. Mon cerveau a encore du mal à réaliser : l'Ange qui vit sous mon toit est désormais ma femme. Nous avons brisé les règles, balayé l'ordre établi et ruiné les plans d'Héra. Alors pourquoi ne pas bousiller les traditions de cette fichue fête ? Si on songe à toutes les frasques que l'actuel Père Noël et moi avons pu faire, avant sa nomination... Lucifer, Nicklaus et moi sommes à l'origine de beaucoup de scandales que les Royaumes se sont dépêchés d'étouffer. N'empêche que le rouge, c'est carrément sexy. Et sans nous, Nick se baladerait encore dans sa robe de bure toute moche. Mais ça, hors de question d'en débattre avec Gaby. J'ai d'autres projets pour nous deux.
C'est ça, ma douce. Laisse-toi aller. Mes paumes flattent sa silhouette, parcourent ses courbes délicieuses avant de se faufiler sous sa jupe. La seconde d'après, la voilà dans mes bras, ses jolies gambettes nouées autour de mes hanches.
— Damian, nous devons...
— Tu n'as toujours pas saisi, Paillettes. Ici, c'est moi le patron. Rien ni personne ne peut me contraindre à...
Ce n'est pas le regard noir qu'elle me lance qui me coupe la chique, ni même la perspective d'avoir droit à un de ses sermonts sur ma prétendue fierté masculine mal placée. Non, si mes projets de corps à corps torrides se meurent en un quart de secondes, c'est à cause des trompettes qui résonnent à travers l'appartement, couvrant même la voix de Mariah, pourtant si haut perché.
Bordel de...
La seconde suivante, Haroun se matérialise près de l'entrée. Je ne relève pas son costume de lutin débile ni la manière dont il se dandine d'un pied sur l'autre, visiblement mal à l'aise. Il sait ce qu'il encourt à débarquer ainsi sans prévenir. La dernière fois qu'il l'a fait, j'étais dans une position pour le moins délicate avec deux mannequins Victoria's Secret. Il a compris la leçon, je crois, car jamais il ne s'est permis de récidiver. S'il l'avait fait pendant que Gaby et moi...
— Monsieur, madame, j'ai l'honneur de vous annoncer l'arrivée de vos convives ! récite-t-il d'une voix chevrotante.
Merde. Depuis quand a-t-on le droit à une telle mascarade ? J'ouvre la bouche, prêt à protester devant le ridicule de sa mise en scène lorsque les portes de mon ascenseur s'ouvrent et laissent apparaître la dernière personne que je pensais voir chez moi un jour.
Elohim.
Pour couronner le tout et achever de me retourner le cerveau, il est souriant et tout à fait à l'aise.
— Papa ! s'exclame Gabrielle avant de courir à sa rencontre.
À quel moment a-t-elle rajusté sa robe et remis de l'ordre dans ses cheveux, effaçant ainsi toute trace de notre presque dérapage ? Moi, je remercie les dieux infernaux d'être derrière le canapé : le dossier dissimule le bas de mon corps et donc, mon pantalon à moitié débraillé. Je profite des effusions d'amour de Gaby pour retrouver une contenance – et une tenue décente. C'est sans compter sur Lila qui, accrochée au bras de son époux, m'adresse un sourire convenu avant de câliner sa fille.
Damian et sa libido: 0 – Gaby et sa passion pour les fêtes stupides : 1
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