Malheureusement, tout ne resta pas rose bien longtemps ...

Pourtant, la journée avait bien commencée : Je m'étais réveillé confortablement installé dans les bras de mon petit-ami, j'étais ensuite descendu préparer son petit-déjeuner, après avoir salué mon père qui partait prendre son service. J'avais déposé des pancakes frais dans une assiette, et j'avais pris toutes les confitures que j'avais pu trouver, avant de les remonter dans ma chambre où, par miracle, Derek dormait encore.

Je l'avais regardé pendant une bonne demi-heure, me réjouissant du fait qu'il allait mieux, puis je l'avais réveillé, histoire que nous puissions manger, malgré qu'il soit plus de quinze heure.

Ça m'apprendra de partir trois jours et de rendre mon copain malade !

Par la suite, nous avions pris notre douche tous les deux, puis Derek s'était mis aux fourneaux pour préparer le dîner. Il voulait cuisiner mon plat préféré : des lasagnes. Durant la cuisson, nous nous étions assis face à face sur la grande table de la salle à manger.

Seulement, alors que Derek venait juste d'achever la préparation du repas, la porte de la maison s'est brusquement ouverte, et l'ensemble de la meute m'a sautée dans les bras. 

Je crois bien que si je ne l'avais pas arrêté, Scott m'aurait bien cassé une ou deux côtes !

Et même si leur réaction m'a fait chaud au coeur, je gardais une certaine animosité. Animosité qui s'est accentuée lorsque Scott et Isaac ont demandé à Derek de lui parler en privé, et que ce dernier les a suivi. Brusquement, la sensation d'être mis à l'écart est devenue encore plus forte.

 Énervé et blessé, je rejoignais ma chambre en courant et claquai la porte. Sentant les larmes affluer dans mes yeux, je m'asseyais sur mon lit et soufflais un bon coup.

Il m'avait pourtant dit que tout s'était arrangé... Apparemment, ce n'est pas le cas.

Me souvenant de la présence de la carte dans ma voiture, je sortais de ma chambre, puis de la maison, pour la récupérer. Une fois cela fait, je regagnais mon salon -où était installée la meute-, et lançai la carte sur la table basse.

   - Je crois que ça pourrait vous servir. dis-je d'un voix lasse. Ah et, je vais retrouver mon père, je ne sais pas à quelle heure il finit, alors ne m'attendez pas. rajoutais-je avant de partir.

Et pour parfaire le tout, je bloquai mes émotions afin que Derek ne puisse plus les percevoir. 

  Mon père fut surpris de me voir débarquer dans son bureau, mais il ne dit rien, se contentant de me serrer brièvement dans ses bras.

   - Est-ce que ça va ? demanda-t-il enfin, après que je me sois installé sur l'une des chaises meublant son bureau.

   - Ouais ... dis-je d'un ton peu assuré.

Je mentais, et il le savait pertinemment.  Je ne le remercierai jamais assez de ne pas insister.

  Mon père a eu un peu de mal au début avec cette histoire de loups-garous, et de meute de laquelle je faisais inconsciemment partie. Alors forcément, quand Derek et moi lui avons annoncé que nous sortions ensemble, il était loin d'être ravi...

Mais s'il y a bien une chose que je sais sur mon père, c'est qu'il ferait tout et n'importe quoi afin que je sois heureux. C'est pour cela qu'il a plutôt vite accepté notre couple.

Mais je suis sûr qu'il commence à douter, qu'inconsciemment, de par son comportement avec moi, Derek fait regretter sa décision à mon père.

Et ça pourrait très mal se terminer.

Et je ne veux en aucun cas que ça arrive.

J'ai peur pour mon géniteur : mon petit-ami est un loup-garou, il serait donc capable de le tuer d'un coup de griffe... Mais en fait, j'ai surtout peur pour Derek : le shérif Stilinski serait capable de rechercher toutes les méthodes les plus douloureuses possibles pour tuer un homme/loup...

Ce que je souhaiterai à tout prix éviter.

   - Allons manger un morceau ! dit alors mon père, me sortant de mes pensées. 

Tant pis pour mes lasagnes, j'ai trop faim. Même si cela ne fait que quatre heures que j'ai mangé mon petit déjeuner...

Ah la nourriture... La seule chose qui  ne pourra jamais me laisser tomber.

Mon père m'emmena donc dans le seul fast-food de la ville, et m'autorisa à prendre ce que je voulais... Autant dire que je me suis fait plaisir : deux hamburgers, deux paquets de frittes et un dessert. Avec ça, je suis calé jusqu'à... demain matin.

   - Et dire qu'avec tout ça, tu ne prendras pas un gramme... souffla papa.

Je lui souris grandement. J'aimais cette particularité de mon hyperactivité : je pouvais manger le truc le plus gras ou sucré au monde et ne pas prendre ne serait-ce qu'un petit gramme. Toutes les personnes qui me connaissent me jalousent. 

Surtout Lydia.

J'adore voir ce petit éclat d'envie dans ses yeux quand elle me regarde engloutir ma nourriture.

Ah, la meute... Ces idiots me manquent.

Derek me manque.

Je fus sorti de mes pensées par le vibreur de mon portable. Je posai donc délicatement mon hamburger à peine entamé dans son emballage, puis me dépêchai de sortir mon téléphone et de répondre sans même regarder l'identité de l'appelant.

   - Allo ?

   "Tu as recommencé."

La voix de Derek était basse, dénuée d'émotions.

   - Toi aussi. répondis-je.

Je l'entendis souffler. 

Pour avoir un peu plus d'intimité, je me levai et partais aux toilettes, sous le regard suspicieux de mon père.

   "Je suis désolé, je ne voulais pas ... dit-il alors."

   - Moi aussi Dee'. Moi aussi je suis désolé.

Et après avoir pris une grande inspiration, je rouvrais cette petite trappe que j'imaginais qui fermait mes sentiments à mon compagnon. Je l'entendis retenir sa respiration, puis un doux ronronnement sortit de sa gorge.

Mon grand loup se transformait en petit chat. J'adore quand il fait ça... 

   - Et bien chaton, que t'arrive-t-il ? demandais-je en rigolant doucement.

Je l'entendis grogner et devinais que c'était pour le surnom. Ça m'avait toujours amusé de l'appeler par ces petits surnoms, tous plus niais les uns que les autres.

Lui, se contentait de "Mon Ange" tout en répétant inlassablement que c'est ce que je suis pour lui...

   "Je suis juste heureux."

Mon coeur rata un battement.

Derek n'a jamais été le genre de garçon à dire ce qu'il ressentait si facilement...

Alors forcément, quand ça arrive, je suis toujours un peu surpris. Je savais qu'un sourire débile fendait mes lèvres en ce moment même.

  Soudain, je ressentis comme un coup dans mon coeur, qui me fit gémir. 

J'avais une très mauvaise impression...

   "Stiles ?! Mon Ange qu'est-ce qu'il se passe ?! cria Derek à travers le téléphone"

Il l'avait senti.

   - Dee'... La meute... La meute est avec toi ? demandais-je difficilement, ma respiration se faisant de plus en plus rare.

   "Oui, bien sûr, nous sommes tous ici, chez toi. Nous t'attendons. Pourquoi ?"

   -  Toute la meute ? insistais-je.

Il y eu un blanc, puis il me répondit :

   "Lydia est partie il y a une dizaine de minute, elle avait un rendez-vous avec un mec..."

Je me retenais tant bien que mal contre le mur, essayant de ne pas tomber.

   - Derek, je crois qu'il lui est arrivé quelque chose...