𝐀𝐕𝐄𝐑𝐓𝐈𝐒𝐒𝐄𝐌𝐄𝐍𝐓 𝐀𝐔 𝐋𝐄𝐂𝐓𝐄𝐔𝐑
Salutations, imprudent·e voyageur·se ! Dans cette vallée, il fait sombre, et partout cinglent des scories de neige...il vaudrait mieux ne pas y mettre les pieds.
Mais la vie aime jouer des tours, n'est-ce pas ?
Elle tourbillonne, s'étouffe en tempête.
Ce livre n'est rien de plus qu'une longue rêverie sans but, sans issue, ni même de réveil. Le songe interminable d'une laide au bois dormant, derrière le mur de ciment et de briques maçonnées, au creux d'un manoir désertique. Il n'y a plus beaucoup d'espoir dans un crâne cendreux.
Ces lignes ont été écrites il y a bien longtemps, sans grande considération pour la cohérence et le suspense et le plaisir des yeux. Tout s'y déroule comme une farandole peu commode, en phrases trop longues et trop lourdes, que je voulais bruissantes d'un poids bizarre.
Si tu cherches des bruits de course, des retournements de situation à t'en donner le tournis, des personnages sombres et hypocrites, alors fais demi-tour, ne t'engouffre pas dans la tempête, rentre au village, allume un feu, et oublie bien vite le harpon étouffé du donjon du manoir, qui perça un instant la tourmente dans l'ombre des montagnes. Tout se perdra au creux de ton esprit et Noireroche restera seule.
Si j'ai dépoussiéré ce roman aujourd'hui, c'est parce qu'il a une importante valeur affective à mes yeux. J'y ai déposé quelque chose qui grouille, en couches de peinture, sans considération de beauté ou de rythme. C'était un cri plus qu'autre chose. Un cri rauque, laid, biscornu, mais un cri quand même, et brut, — et il me tient encore à cœur aujourd'hui.
Attend-toi à une histoire contemplative, un univers bizarre qui coule comme de la mélasse, des gargouilles, des fous, des oiseleurs, un montreur de curiosités, et l'anormalité qui devient norme, enfin un poète jeté là-dedans, très seul et très perdu, au milieu des fantômes, quand au-dehors même la nature l'enferme. Je ne prétends même pas à plaire. Je ne prétends même pas que tout ceci plaira à quiconque. Les manoirs sont suffisamment isolés pour ignorer la tempête au-dehors.
Ne t'attend pas à quelque chose de beau.
J'ai déjà donné.
Être étrange, c'est le beau qui doit surgir en force. Et le combat d'être hors-norme, — c'est là que réside la vraie beauté.
Je crois qu'enfin, on pourra mettre la normalité derrière une vitrine.
POTATO WIZZAЯD
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