Jour 19, 23h14, à ma fenêtre
Bonjour et désolée pour l'attente ! Ce chapitre a été très dur à mettre en place, j'avais les idées mais c'était désorganisé et cul-cul. Là, je suis satisfaite, et j'espère que vous serez tout aussi satisfaits que moi ^^ (Comme d'habitude, il doit rester des fautes d'orthographe et de frappe, n'hésitez pas à me les relever si vous en voyez, merci d'avance !)
Bonne lecture !
Cette nuit, les étoiles sont belles dans le ciel. Elles brillent de mille feux.
Hier, alors qu'il était venu discuter depuis l'encadrement de ma porte, j'ai demandé à Ganon si quelqu'un pouvait laver la vitre de ma fenêtre car on n'y voyait rien. Remarquant que je ne réagissais pas à ses taquineries habituelles, il a haussé les épaules, déçu de ne pas avoir droit à son affrontement verbal quotidien, et peu après l'heure du repas, une Gerudo peu heureuse d'être reléguée aux tâches ménagères m'a fait la poussière tout en maugréant. En fin d'après-midi, toute ma chambre était propre, tout comme la fenêtre qui ne le sera malheureusement que pour un petit moment.
Pour la première fois depuis que je suis ici, je peux observer le ciel nocturne. Je suis assise à une petite meurtrière fermée grâce à une vitre en verre, sans doute pour empêcher que le froid n'entre trop. A mon arrivée, elle était couverte de crasse ; je l'avais nettoyée avec un bout de vieux tissu qui trainait par terre, mais je m'étais vite rendue compte que toute la saleté était à l'extérieur – la faute à la fumée et à la poussière venant des ruines de la citadelle, mais surtout au cratère volcanique, sur lequel Ganondorf a jugé bon de construire sa tour, qui relâche de temps en temps du soufre. Il est possible d'ouvrir cette fenêtre, mais bien évidement je n'ai pas la clé pour le faire. Alors quand j'ai vu la Gerudo commencer à faire le ménage, je lui rappelé d'une petite voix qu'elle devait aussi laver la vitre extérieure de ma fenêtre, puisque Ganondorf lui avait sans doute donné les clés. La femme m'a regardée, un sourcil levé, mais n'a pas fait de remarque et a sorti les clés qu'elle avait effectivement en sa possession. Elle a ensuite commencé à nettoyer la vitre comme son roi et moi le lui avions demandé. Elle lâchait de temps à autre pendant sa tâche des grognements écoeurés car en effet, toute cette crasse n'était guère ragoûtante.
A présent que ma vitre brille, je suis heureuse de pouvoir admirer le ciel noir piqué de multiples points blancs. C'est quelque chose que j'aime bien : ça me donne un semblant de liberté.
J'ai une vue sur toute la plaine d'Hyrule : je peux voir la rivière qui alimentait les douves du château couler lentement, le ranch Lon Lon aux fenêtres encore allumées à cette heure tardive, et, au loin, les reflets lac Hylia. J'ai aussi vue sur les ruines de la citadelle, et j'ai d'ailleurs aperçu tout à l'heure Link s'y engouffrer et se diriger vers le Temple du Temps. Il n'en était pas encore ressorti quand la nuit est tombée. J'imagine qu'il est retourné dans le passé ; je l'ai déjà vu faire plusieurs fois depuis la salle du trône avant de me faire enfermer définitivement dans cette chambre. Il disparait à l'intérieur du Temple, n'en ressort pas avant plusieurs jours, et en revient avec des choses qu'on ne trouvait que dans l'ancien Hyrule.
Comme je l'envie... Même pour quelques heures, j'aimerais pouvoir faire de même et revenir moi aussi à l'époque où j'étais insouciante et où tout allait bien... Si j'avais les moyens de remonter dans le temps, si j'avais encore en ma possession l'ocarina du Temps, je retournerai dans le passé et ferai en sorte que tout cela n'arrive pas.
Je me suis rendue compte que j'avais été stupide. Je n'aurais pas dû demander à Link de récupérer les pierres ancestrales. Je n'aurais jamais dû l'envoyer au Temple de Temps ouvrir la porte du Saint-Royaume. Pourquoi ai-je fait cela ? Je n'en sais rien. Cela me semblait logique, avec mon pauvre esprit inexpérimenté. Seulement, la vérité est que j'ai agi bêtement, j'ai été idiote. Ce qui est arrivé à Hyrule est ma faute.
2h45, à nouveau à ma fenêtre
Je n'arrive pas à dormir. Je n'aurais pas dû penser à ce que j'ai provoqué ; maintenant, je culpabilise trop pour trouver le sommeil. Depuis que je suis enfermée, ça m'est déjà arrivé plusieurs fois, de penser à des choses sombres et à ce que j'aurais pu éviter si j'avais été plus intelligente. Je crois qu'à force de reste là à attendre Link et à ressasser encore et encore mes pitoyables erreurs, je vais finir par perdre la raison.
Quand je sens ce poids trop peser sur ma conscience, et que ça devient lourd, tellement lourd que je crois en devenir folle, je commence à rêver d'un monde utopique et je souhaite – c'est lâche, je sais – pouvoir m'envoler par cette étroite fenêtre et planer dans le ciel jusqu'à l'horizon, là-bas, par-delà les montagnes. Qui n'a jamais rêvé d'être un oiseau et de voyager en compagnie des nuages ? Moi, j'en rêve tous les jours depuis petite, encore plus depuis que mon royaume est en ruine, et encore plus depuis que je suis prisonnière. Je me demande ce que ça ferait de pouvoir voyager librement.
Quand j'étais plus jeune, j'allais quelque fois à la bibliothèque du château. Là-bas, il y avait un livre avec de belles images qui racontait l'histoire d'anciens peuples aujourd'hui disparus. Dans cet ouvrage, il y avait une image de ruines majestueuses qui se perdaient dans une végétation luxuriante. Ce serait les constructions laissées par un ancien peuple de barbares ayant vécu dans la jungle, mais rien n'est sûr, même les auteurs du livre ne le savaient pas exactement. Je me souviens avoir trouvé cette incertitude fascinante, car cela signifiait qu'il restait encore une multitude de choses à découvrir dans notre monde, et que peut-être un jour, je découvrirai moi-même un de ces secrets. J'ai toujours rêvé d'aller voir ces ruines, mais il parait qu'elles se situent tout au sud du pays, très loin, près de la mer.
La mer....
On raconte qu'au-delà des montagnes de notre vallée d'Hyrule, et par-delà la jungle dont je viens de parler, il y a la mer. On m'a dit que c'est un grand miroir d'eau salée qui s'étend à l'infini. A l'infini ! Encore plus grand que le lac Hylia ! Ce doit être magnifique... J'aimerais, au moins une fois dans ma vie, la voir et naviguer dessus. La goûter, aussi – est-elle aussi salée que ce que les voyageurs décrivent ? Et puis m'y baigner... Les femmes disent que cette eau a de bonnes vertus pour la peau. J'ignore si c'est vrai, mais même si cette rumeur se révélait fausse, j'aimerais quand même y plonger.
J'aimerais explorer Hyrule. Découvrir des grottes secrètes, des lacs cachés ! Ce doit être si exaltant ! J'ai beau être princesse, je connais très peu mon royaume. Je n'ai pu le parcourir que lorsque j'étais en Sheik, et comme le temps me pressait, je n'ai jamais pu voyager en profitant pleinement des magnifiques paysages d'Hyrule. J'espère avoir l'occasion de le faire un jour.
Peut-être que quand tout cela sera fini, je pourrais enfin réaliser ce rêve, et partir à la rencontre de mon peuple aux quatre coins du royaume ?
3h27, toujours à ma fenêtre
Je n'arrive toujours pas à dormir, rêver ne m'a pas soulagée. J'ai honte de ce que j'ai écrit. Qu'est-ce que je me suis mise à raconter ? Je suis vraiment en train de perdre la tête. Je sais bien que ce ne sera jamais possible.
Je suis fatiguée. C'est pour ça que je délire ; il faut que je dorme, pour être forte lorsque je reprendrai les rênes du royaume. Il y aura beaucoup de choses à faire, trop de choses à faire. Je dois réparer mes erreurs, c'est ma faute ce qu'il s'est passé. Je n'ai pas le droit de m'amuser.
Et pourtant, je continue à rêver... A rêver que je n'ai plus aucunes responsabilités, et je me mets à imaginer des contrées lointaines, des animaux merveilleux et des tribus fantastiques. J'imagine un endroit paradisiaque où ma mère serait encore là et pourrait me border, le soir, même si j'ai passé l'âge. Un endroit où mon père serait un homme doux et attentionné qui passerait du temps pour s'amuser avec moi. Un monde qui ne serait pas le royaume d'Hyrule et où je ne serais pas la princesse, dernière héritière du trône.
Non. Je suis stupide de rêver. Cela ne me mènera à rien.
Il faut que Link vienne. Je n'en peux plus, je suis fatiguée de tout cela. Comme Ganondorf, je suis lasse, et c'est pour cela que j'écris n'importe quoi. Il faut que Link vienne, avant que je ne me perde dans mes propres utopies.
Pourtant... Pourtant, ce serait bien, un lieu de tranquillité où je serais libre de faire ce que je voudrais, quand je le voudrais. Un endroit où je pourrais me faire des amis et m'amuser toute la journée, même si à dix-huit, je ne suis plus censée être une enfant.
Sauf que je n'ai jamais eu l'occasion de l'être, j'ai toujours dû être une adulte. J'ai volé l'enfance de Link, et mon royaume et Ganondorf ont volé la mienne.
En réalité, Link et moi sommes deux enfants perdus, deux personnes qui n'ont pas pu grandir normalement. Seulement, dans le monde réel, et pas dans l'univers dans lequel j'aimerais m'enfuir, ce n'est plus l'heure de jouer.
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