Ces vies perdues
Il existe dans le parcours de vie de chacun, des vies qui vont totalement modifiés la votre. A tel point que dés que ces vies en question prennent fin, votre cerveau va utiliser tout les stratagèmes possibles et imaginables pour rendre ses pertes les moins douloureuses possibles.
De ces vies, j'en ai connu deux . La première était mon oncle, frère de ma mère. Son existence a prit fin alors qu'il avait 38 ans et moi 16 par une subite et tout autant inattendue crise cardiaque. Mon oncle m'aimait d'un amour que je pense avoir été inconditionnel. Me traitant comme si j'étais sa propre fille, il m'a fait rire, m'a emmené partout où je voulais bien allé et était toujours là pour moi.
Quand il est mort, je suis passé par 3 phases. Tout d'abord, quand on m'a annoncé sa mort, j'ai eu une réaction tout ce qu'il y a de plus rationnelle, sensé et normale. J'ai pleuré. Je me suis enfuie dans la chambre de mes parents pour une raison qui m'échappe encore et qui m'échappera sans doute toujours et j'ai pleuré. Je voulais exprimé ma tristesse seule, à l'abri des regard indiscrets mais mon père est venu. Je ne me rappelle plus ce qu'il a dit ou/et fait, il voulait bien faire sans doute mais une chose est sûre, je ne voulais pas qu'il soit là
Ma seconde réaction a été le déni total. Le cerveau humain est d'un mystère étonnant et est capable de nier une partie ou toute la réalité rien que pour protéger son propriétaire. Mon cerveau a donc nier l'évidence. Mon oncle ne pouvait pas être mort. Il était jeune, en assez bonne santé à ce que je savais à l'époque. Alors oui, des personnes bien plus jeune que lui, des enfants, des bébés meurent tout les jours mais dites ça à un cerveau en total déni, vous. Mon esprit s'était inventé tout un plan, mon oncle faisait croire à sa mort car étant espion et en danger, il ne pouvait se permettre que ses ennemies trouvent sa famille et lui fasse du mal. J'ai même rêvé de lui, qu'il me disait que tout allait bien qu'il reviendrait bientôt.
Le déni est vraiment un phénomène qui m'impressionne dans l'ingéniosité du cerveau. Pour enfin savoir à quoi m'en tenir, j'avais décidé de voir le corps de mon oncle au funérarium. Il fallait que je sache la vérité. Que je fasse face à la réalité. Alors j'ai vu son corps allongé sur un lit, dans une petite salle où la famille se regroupe entrain de pleurer sur le corps du malheureux défunt. Mon déni était tel que à la vu de mon oncle affublé d'une moustache, un doute a subsisté. Je voyais son corps mais j'y croyais toujours pas. Mon oncle avait-il cette moustache avant de mourir? Non il en avait plus ou bien si il en avait. Je ne me souvenait même plus d'un détail aussi important du physique de cet homme que j'avais tant aimé.
Mon déni a prit fin lors de l'enterrement. Pour mettre fin à un déni, il faut un déclic. Quelque chose qui peut paraître ridiculement normal, ordinaire mais qui va remettre le cerveau dans la réalité. Au moment de l'enterrement, à la vu de ces dizaines de personnes que je connaissais ou pas d'ailleurs en train de pleurer à chaude larme la perte de mon oncle, mon déni s'est envolé. Mon oncle ne pouvait qu'être mort car jamais il n'aurait pu laisser tant de gens pleurer sa perte alors qu'il demeurait en vie quelque part. C'était fini d'un espoir faux et vain, je mettais le pied dans le grand bain qu'est la réalité et son parterre de souffrance. Dés le déni achevé, je n'ai pu que pleurer toutes les larmes de mon corps. MA peine était si intense que j'en venais à préférer le déni à la réalité.
La seconde vie dont je vous parlais est celle de mon grand-père, le père de ma mère. Il est mort à l'age de 77 ans alors que j'en avait 27. Mon grand-père était malade, il avait des polypes dans la vessie mais il est d'avis de tous dans la famille qu'il devait être malade depuis bien longtemps et qu'il n'a rien dit. Mon grand-père m'a élevé, il m'a gardé pendant mon enfance, m'a appris à rouler à vélo et m'a emmené faire de longues promenades à vélo que j'aimais tant.Mon grand-père m'a écouter dans mes instants de stress, m'a consolé quand j'ai raté le permis et m'a couverte quand je séchais les cours à la fac.
Dans le cas de mon grand-père, sa mort n'a pas été surprenante. On nous l'avait prédit. On lui avait dit au revoir en tout cas autant se faire que peu quand vous dites au revoir à un grand-père mourant, inconscient et que vous ne reverrez pas le lendemain. Mon cerveau n'a donc pas pu nier l'évidence, cette réalité terrible à laquelle je mettais préparer.
Sur le coup, je ne savais pas vraiment par quel procédé de génie, mon cerveau s'appliquait à mettre en place pour m'éloigner de la douleur. A l'annonce de la mort, j'ai juste ranger les courses. Aujourd'hui, je pense que mon cerveau s'est consacré à cette tache aussi stupide que peu utile de ranger les courses pour ne pas que je craque et que je m'écroule de tristesse.
Par la suite, j'ai eu des comportements masochistes, on va dire, j'accompagnais ma mère au funérarium tout les jours car mon père ne pouvait pas y aller et que mon frère refusait de remettre les pieds dans ce lieu. Je ne voulais pas laisser ma mère seule alors j'y allais et je voyais défiler des gens qui pour la plupart m'était inconnu au bataillon. Ma mère pleurait souvent mais moi non. Parfois, je m'autorisais quelques larmes quand ma tante, cousine de mon père, me prenait dans ses bras et pleurait. Elle avait le droit de pleurer alors pourquoi pas moi mais je m'arrêtais bien vite car j'avais l'impression que si je commençais, jamais je ne m'arrêterais.
Ma grand-mère me présentait à tous comme étant la petite fille adoré à son grand-père. Celle pour qui, il aurait pu tout faire, à qui il pardonnait tout. Je haïssais qu'elle fasse cela, qu'elle me donne un statut particulier devant ses gens qui certes connaissaient mon grand-père mais que je ne connaissais pas. En plus, cette petite-fille adoré ne faisait que regardait le corps de son grand-père sans grande réaction et elle ne pleurait pas. Je n'imagine pas la déception de ces gens face à si peu de réaction.
Mais comment réagir devant des corps qui pour ressemblent à des poupées de cire sur lesquelles on a apposé des sourires qui n'ont jamais été sur les visages ni de mon oncle ni de mon grand-père. Tout ça m'a toujours paru si irréel déjà au temps de mon arrière grand-mère paternelle. C'est comme si je voyais de pales copies des gens que j'avais tant aimé et non pas eux. Depuis l'enterrement de mon grand-père fin mars, c'est comme si j'évacuais toute la tristesse enfouie en moi qui n'a pas pu se libérer à sa mort et à son enterrement par petites doses, chez ma psy, dans mon lit, devant mon ordinateur.
Le cerveau est vraiment un organe passionnant et mystérieux. Je serais toujours ébloui par les techniques plus ou moins complexes qu'il met en place pour réduire la souffrance mais cette souffrance fini toujours par te tomber dessus tel un raz de marée violent, rapide et brutal ou tel la marée montante sur une plage de Bretagne rapide, mais doux et prévu. Le tout est de savoir l'évacuer en un bon lieu et moment.
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