57. Communauté zèbre

Cela fait plusieurs mois que je suis inscrite sur ces deux forums de zèbres, mentionnés dans certaines de mes lectures.

Aujourd'hui, alors que je n'y étais pas parvenue jusque là, j'ai enfin réussi à publier ma présentation. Enfin, j'ai tenté de la faire en me décrivant d'une manière assez complète, le plus justement possible. Malgré tout, je n'arrivais pas à être naturelle dans le choix de mes caractéristiques que j'exposais, ni même dans l'utilisation des mots que j'alignais maladroitement. C'est comme si je voulais que tout soit parfait pour paraître exactement telle que je suis, tout en faisant transparaître une belle image de moi-même. C'est assez paradoxal. Ma priorité était de ne surtout pas être jetée ! Pas une fois encore. Pas par ceux qui sont censés me comprendre.

Même si ce que j'ai écris me semble inachevé et totalement imparfait, je l'ai enfin publié. Mon petit résumé de ce que je suis est enfin visible aux yeux de tous. C'est difficile de parler de soi, à travers un écran, sans s'adresser directement à une personne en particulier. Habituellement, j'adapte le contenu et la forme de mon discours selon mon interlocuteur pour faire passer au mieux mes idées, pour que l'autre perçoive qui je suis vraiment, sans ambiguïté.

Cette première description de soi, cette mise à nu, est recommandée lorsque l'on débarque sur ce site : cela permet aux autres personnes du forum de connaître les nouveaux arrivants. J'aurai peut-être la chance de recevoir des mails de personnes comme moi. Qui sait ?

En attendant, je décide de traîner sur le forum, de flâner à travers les différentes pages qui me sont proposées ayant notamment pour intitulé "discussions autour de la douance", "jeux et humour", "écrits, poèmes et romans" ou encore "rencontres".

Bien évidement, à côté de la mienne, se trouvent d'autres présentations. C'est impressionnant de voir le nombre de personnes qui ont laissé une trace d'eux-mêmes. C'est surprenant, et rassurant à la fois, de voir tant de surdoués ! Je n'ai eu aucun échange avec l'un d'entre eux, mais le simple fait de savoir qu'ils existent, je me sens moins seule. Évidemment, je savais qu'ils existaient, mais de les voir tous réussi ici, c'est autre chose.

C'est donc par ici que ma visite commence. J'ouvre les présentations dont le titre m'inspire. A cet instant, je pense que c'est triste, d'ailleurs, d'une fois encore, devoir se fier à la couverture, à l'emballage, aux quelques mots choisis comme titre, pour savoir si je vais, oui ou non, cliquer. Est-ce toujours une question de hasard dans la vie ? Est-ce que les choix que nous faisons ne se joueraient finalement à pas grand chose ? Un simple mot utilisé et tout est différent ? Ah, effet papillon...

J'y trouve de tout, forcément. En majorité, des personnes qui semblent à l'aise avec l'écriture. En réalité, je crois qu'elles sont surtout à l'aise avec elles-mêmes et ça se retranscrit dans ce qu'elles disent d'elles-mêmes. Soudainement, je m'aperçois que je les envie. Certains, pourtant surdoués, semblent heureux, épanouis et disent aimer, chérir leur différence. Je trouve cela incroyable, mais inimaginable et inapplicable chez moi. Ma différence est ce que je haïs le plus et je crois que rien n'y changera.

Après quelque heures à lire un nombre incalculable de descriptions, je crois comprendre ce qui fait que certains sont à l'aise et bien dans leur vie : c'est parce qu'ils savent ! Ils ont conscience de leur différence et savent l'expliquer. Au fond, ils ont la preuve qu'ils sont réellement surdoués. Ce n'est plus une croyance, mais une vérité. Là voilà cette particularité qui les rends si attrayants à mes yeux ! Ils sont sûrs de ne pas être des imposteurs. Ils savent que ce sentiment si désagréable d'être différent des autres est bien réel. Ils savent enfin que leur souffrance associée à cette différence est légitime.

En réalité, ce n'est pas le chiffre en tant que tel qui m'intéresse. Savoir si je suis "plus" intelligence selon un test, qu'est-ce que cela m'importe ? C'est ce que le chiffre représente qui fait sens à mes yeux. Un chiffre trop élevé pour être considérée comme ayant une intelligence "normale" me permettrait enfin de comprendre ce que j'ai vécu, de l'accepter sans vouloir lutter contre à chaque instant. Ce serait le chiffre qui rassure, celui qui me dirait "Ne t'en fais pas, tu es simplement différente. Rassures-toi, tu es normale. Et surtout, rien n'est grave, tu devras juste apprendre à vivre avec, à aimer cette particularité qui te rend si unique, qui fait que les gens t'apprécient. Maintenant que tu as conscience de ce qui est à l'origine de tout de ce que tu vis et ressens depuis toujours, les choses seront plus faciles, tu verras".

Un court instant, je me crois à leur place et je peux ressentir cette sensation de liberté, de délivrance qui m'envahit pour très vite disparaître. Malgré tout, je ne peux empêcher ce questionnement.

Le diagnostic serait alors la solution ultime ? Le remède miracle à la souffrance ?

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