43. Je pense trop
Aujourd'hui, entre deux monologues de Lorenzo, je me décide à jeter un coup d'œil sur internet, à la recherche d'un livre à offrir à mon père. J'en cherche un sur le thème du cerveau droit. En plus de trouver ça passionnant, il s'y retrouve aussi beaucoup.
On se ressemble beaucoup lui et moi, alors je suis contente de pouvoir partager tout ce que je ressens avec lui. C'est souvent que l'on échange sur ma différence, sur ce que je vis mal, sur ce que je ne comprends pas concernant les autres ou le monde en général. C'est souvent qu'il doit supporter mes excès de colère lorsque le débat arrive, sans que l'on s'y attende, sur un terrain qui m'est très sensible.
A force de chercher, de fil en aiguille, je me retrouve à lire le résumé du livre « Je pense trop : Comment canaliser ce mental envahissant » qui me parle beaucoup. Sans plus attendre, je l'ajoute au panier et valide la commande. J'espère que ce livre lui plaira.
*
Cela fait déjà plusieurs mois que je le vois posé calmement sur la table basse du salon. Il n'a pas bougé d'un millimètre. C'est comme si personne n'osait l'ouvrir. Un peu vexée en constatant qu'il n'a l'air d'intéresser personne, je me mets à penser que, finalement, ce n'était pas une bonne idée pour un cadeau : mon père lit très peu avec toutes les activités qu'ils mènent de front. Pour me rassurer, je me dis que celle qui, dans cette famille, adore lire, c'est moi.
Je l'embarque sous le bras et me dirige vers ma chambre. J'étais très curieuse de savoir ce qu'il contenait alors, contrairement à ce que je fais habituellement, je ne l'ai pas posé sur ma bibliothèque, au dessus d'une pile de plusieurs bouquins (d'ailleurs, il faudrait que j'arrête de les empiler comme ça), mais je me suis posée confortablement sur mon lit et je l'ai ouvert.
Là, ce fut le choc ! Dès les premières pages, ce livre parlait de ma souffrance, de ma différence. Il parlait de moi. Ces mots auraient pu être écrit de ma propre plume. Ça en est très troublant ! Au fur et à mesure, l'auteure rapporte des paroles que certains de ses patients ont eues. Systématiquement, je m'y reconnais : "Je pense trop", "Dans ma tête, ça ne s'arrête jamais", "J'ai l'impression de venir d'une autre planète", "Je me sens incompris".
Très rapidement, je me retrouve face à la réalité, face à une réalité qui n'était pas la mienne jusqu'à présent lorsqu'elle pose des mots sur cette différence : "surefficients intellectuels", "surefficience mentale", et même "surdoué" et "haut potentiel".
Le monde autour de moi s'arrête. Tout se fige soudainement, contrairement à mon esprit, qui lui, va encore plus vite qu'à son habitude pour analyser le plus rapidement possible ce qu'il vient de lire. Mais chaque pensée qui me vient contredit la précédente, continuellement, pendant un temps qui me semble interminable. Je ne parviens pas à faire le tri dans toutes ces informations si paradoxales l'une de l'autre. Je ne comprends pas ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Surdouée, moi ?
Ce rejet catégorique se heurte brutalement au fait que, avant ces appellations, je me reconnaissais parfaitement, c'était ma description la plus fidèle qui n'est jamais été faite ! Malgré tout, je ne peux pas y croire, je ne veux pas y croire. J'ai dû mal lire, j'ai forcément mal compris.
J'ai finalement l'étrange sensation d'arriver à l'aboutissement de quelque chose, comme si j'avais trouvé l'explication de mon mal-être. Mais cela me semble tellement improbable... Les doutes ne cessent de m'envahir. J'essaye tant bien que mal de me calmer mentalement, de me raisonner, de trouver un peu de clarté.
Et puis soudain, je repense au moment où j'ai passé le test du QI, il y a plusieurs années déjà.
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Si le thème de la douance vous intéresse et que vous voulez en savoir plus, je vous conseille vraiment ce livre qui est très clair et très complet. Il a été écrit par Christel Petitcollin.
Sinon, j'ai d'autres références dans ma bibliothèque, n'hésitez pas à me demander 😊
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