La lutte

Un jour, c'est ainsi que la plupart des humains commencent, je vais suivre cette norme en dépit du fait que la notion de jour est pour moi obscure, un jour alors que j'étais dolent dans le fond de mon aquarium, la tête dodelinante, je vis la murène. 

Gigantesque, avec ses yeux perçants dont je ne décelais aucune intention amicale, mais dont j'ignorais s'il y avait réellement de l'animosité à mon égard. Ces yeux étaient vitreux, la manière dont elle laissait ouverte ses mâchoires avec précision était équivoque, j'avais la désagréable sensation qu'elle essayait d'imiter ce que vous humains faites: le rire.

Je me rétractais du mieux que je pouvais même si je savais pertinemment que les murènes aiment autant que moi les creux des pierres et les endroits sombres. C'est ainsi que commença l'aventure, on me pardonnera de la mauvaise utilisation du terme, je l'espère, j'apprends comme je peux. Durant cette aventure, il était hors de question d'effectuer le moindre mouvement pouvant avantager ma colocataire, c'est pour cette raison que je ne pus pas continuer ma progression ici ni approfondir mes recherches sur l'humanité et les mollusques. 

L'humain semblait l'aimer, il caressait de temps à autre avec ce tissus étrange collant à ses membres vertébrés la murène très affectueuse elle l'était toujours quand il s'agissait de lui. Elle se tordait dans tous les sens, ondulait comme vos animaux terrestres couverts pour la plupart de poils, avec oreilles pointues et une longue queue. Cela semblait plaire à l'humain.

Il semblait que son intérêt à mon sujet décroissait à mesure que je perdais de la masse, la murène avalant ma nourriture.

J'étais effrayé, affamé, un poulpe famélique qui contemplait l'affection dont la murène bénéficiait. Je connaissais sa force, mon instinct compensa en férocité. Au moment propice mes tentacules la saisirent, elle m'en dévora un à cause de ma mégarde, mais les autres avec solidité la maintinrent. 

Elle gesticula longuement, nous luttèrent, progressivement je l'attirais vers ma bouche. Ses mâchoires pharygiennes se brisèrent sous mon étreinte. Son agonie fut à mon grand regret de longue durée, je l'ingérais petit à petit en sentant ses muscles tressaillirent, lorsque sa mort ne faisait plus aucun doute qu'une infime partie de ce qui fut prédatrice se trouvait dans mon jabot, je me mis à penser à l'humain. . 

Avait-il prévu cette issue ?  

En tout cas, après la mort de la murène il eût la présence d'esprit de ne plus me nourrir. . . 

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