Chapitre 1 : Histoire d'avenir (et de fric)
PDV Alexandre
Un an. Il y a exactement 365 jours, à la même heure, mon frère aîné est venu défoncer la porte de la maison, m'a annoncé qu'il envoyait balader sa future carrière de rock star -dommage, elle le gardait loin de moi- et que nous allions commencer à vivre ensemble -j'aurais préféré qu'il s'agisse d'une blague, même si elle n'était pas drôle-. Sur le coup, j'ai refusé d'y croire, autant parce que sa décision me choquait qu'elle ne me donnait franchement pas envie -si vous n'aviez pas saisi-.
Ce jour en est d'autant plus « inoubliable » qu'il fut marqué par la disparition d'Oscar. En effet, ce dernier ne rentra pas le soir, ni le lendemain, ni les jours qui suivirent d'ailleurs. Il ne répondit alors plus au téléphone, aux messages, aux emails, ne donna plus aucune nouvelle... Au début, je voulu croire à une mauvaise blague, mais à mesure que je n'arrivais pas à trouver la moindre trace de son existence, l'hypothèse d'un enlèvement émergea et se concrétisa dans mon esprit, le visage de l'inconnu qui l'avait touché me revenant sans cesse en tête.
Je paniquais un peu, non que je m'inquiétais pour lui, après tout il se contentait juste de bosser à mon compte -certes, j'ai du lui accorder un câlin ou deux-, mais plutôt que je ne voulais pas me retrouver concerné à une sale affaire. Alors dura une enquête de cinq mois qui ne donna aucun résultat, et cela m'énervait, et comme cela m'énervait, alors je refusais d'arrêter, et comme je refusais d'arrêter, cela m'énervait davantage, je tournais en rond. Boucle vicieuse, comme dirait l'autre.
D'ailleurs, cette enquête aurait très probablement continué aujourd'hui si mon paternel, ressuscité de je ne sais où, n'y avait pas mit un brusque arrêt. Son excuse : celle qu'il était grand temps de me préparer à reprendre son entreprise, et pour cela, il confectionnerait des cours de comptabilité et de gestion rien que pour moi, à la maison, par des personnes professionnalisées. Comme quoi, il préfère encore voir son argent terminer dans les mains de ses idiots de fils que dans les sales pattes d'anciens d'immigrés. Super...
Cela s'appelle du second degré, les gens ~
Mis à part le fait que j'eus la très grande envie de lui dire d'aller bien se faire foutre, mon vœux de dégager mon frère, qui passait la journée à se prélasser sur le canapé en matant des gonzesses à la télé, se décupla. Ainsi, je m'en donnais à cœur joie, prétextant avoir besoin de calme et d'espace afin de suivre correctement mes cours, et obtenant grâce à cette excuse le soutien total de mon géniteur, et je me retrouvais hautement satisfait de la mine dégoûtée et rancunière qu'affichait alors mon aîné. Le manège dura les six mois qui suivirent, l'ennui mortel des cours compensé par la joie de pouvoir enfin me débarrasser d'Evan.
Mais ce fut trop court, beaucoup trop court, du moins à mes yeux.
Je me rappellerai toute mon existence de ce jour maudis, ou je fus tiré de ma petite grotte confortable pour déménager dans un bureau, certes luxueux, mais froid et ennuyant, au sommet d'un gigantesque complexe de 98 étages. Me voilà ainsi propulsé -par un Jetpack presque aussi puissant que celui de buzz l'éclair- au plus haut de la chaîne alimentaire, ou du moins commerciale. L'unique bonne nouvelle sur le coup, c'est qu'un suicide à cette hauteur avait de bonnes chances de réussir. La mauvaise, c'est que je ne comptais pas mettre fin à mes jours de si tôt.
Et ainsi débutèrent les six mois de torture.
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