Partie 16
Jour des croisboiseaux, 18 du mois, année 749 après l'apparition des dragons.
Le soleil se lève. Finalement je n'ai pas eu de problème avec l'autre général tarée... (excusez mon language mais au point où j'en suis je n'ai plus d'honneur à récolter avec cette mission et je n'en ai, à mon avis, plus pour longtemps, alors je vous prierai majesté de juste bien vouloir lire ou écouter ce que je raconte car cela vous permettra juste de savoir. Il est évident que nous sommes foutus.) Je sais enfin pourquoi ils... enfin, "elle" m'avait laissé mon carnet et de quoi écrire. Elle voulait que je note tout pour pouvoir vous l'envoyer à la fin. Avant que votre royaume ne s'écroule sous leurs assauts. Cela me parait évident que mon geôlier va venir me chercher pour m'amener à cette mage afin qu'elle me montre l'étendue de la puissance qu'elle compte déverser aujourd'hui sur la capitale. Elle cherche simplement à vous décourager. Même si, entre nous, je me demande bien où vous trouvez votre courage. (si vous n'avez pas déserté entre temps.)
ça n'a aucun rapport mais comme ma vie est en jeu, je vais vous en raconter un petit bout. Je n'ai pas essayé de rappeler des gens dans la rue à travers les barreaux. Maintenant que je les comprends, je pourrais leur parler. Je vais surement essayer dans la matinée. Je suis curieux de savoir comment ils vivent pendant que notre peuple meurt à petit feu.
Finalement mon geôlier est venu assez tôt. Je l'ai suivi et il prit pour la première fois un chemin différent. La général me vit partir cette fois et me lança un "Je sais que tu reviendras ! Sinon c'est moi qui viendrai à toi !" ou quelque choses comme ça... Il me guida donc jusque dans une salle bien plus petite que celle du trône. Le plafond était bas mais il y avait un balcon de pierre et vu le nombre de marche que j'ai dû franchir, la vue devait être assez impressionnante. Néanmoins je ne m'en approchai pas de peur que le yördeul pense que je tente de m'enfuir. Des rideaux de velour rouge sortaient des colonnes apparentes des murs. Excepté ce détail la salle était sobrement décorée. Une large table de pierre trônait en son centre, la carte de notre monde y était gravée. J'essayai de me repérer dessus pour savoir dans quel coin du monde je me trouvais mais je n'y parvint pas. Il n'y avait aucune inscription, seulement les reliefs des montagnes et des villes. La porte du fond, différente de celle que j'avais utilisée pour entrer, s'ouvrit brusquement par un homme immense dans une armure tout aussi impressionnante. Il avait un visage grave, et me pointant du doigt il beugla :
"C'est lui ton jouet général des armées de Iopna et première mage du régiment ?
- Tu sais, tu n'es pas obligé de prononcer tous mes titres à chaque fois que tu m'adresses la parole cher Premier Général de la défense armé du pays. Mais, oui."
"jouet" ? Moi ? J'étais donc encore plus insignifiant que ce que je pensais. Je n'avais aucun intérêt militaire ou politique. J'étais juste un jouet que l'on range dans un coin, - ou dans un cachot, qu'elle différence au fond - et que l'on ressort de temps en temps quand ça nous amuse. D'autre personnages tout aussi impressionnant que le premier firent leur apparition et se placèrent autour de la table. Certains étaient d'espèces que je ne connaissais même pas. D'autres paraissaient humain malgré leurs tailles imposantes mais au fond je ne pouvais pas deviner ce qu'il y avait sous ces casques représentant des animaux divers. La mage dont j'étais le simple jouet prononça quelques mots en posant sa main sur la table, et de la fumée opaque et bleutée en sortie. La mage la mania légèrement avec ses mains et elle commença à prendre forme. Je voyais désormais notre monde en relief sur la table et en temps réel ! Je finis par reconnaître la capitale de notre peuple. Elle était encore immaculée de tout massacre mais je me doutais bien, avec ce que j'entendais, que ça n'allait pas durer. Mon geôlier était toujours avec moi. Il semblait s'ennuyer autant que moi... J'écoutais alors d'une oreille désintéressée leur stratégie d'attaque. Comme s'ils en avaient besoin... Je remarquais néanmoins qu'ils parlaient très souvent de ce qu'allait faire un général qui n'était pas dans la pièce.
Au bout de longs échanges, parfois querelleur, une femme avec une queue de serpent en guise de jambe qui n'avait pas vraiment ouvert la bouche jusqu'alors lança :
"Mais où est-elle d'ailleurs ? Depuis tout à l'heure vous dites que l'on va s'adapter à ce qu'elle fera en prévoyant ses actes mais comment vous pouvez savoir qu'elle fera tout ça dans cet ordre précis ?"
Tous se turent et la regardèrent. Certains retenaient leurs rires. L'homme dans l'armure doré avec un casque en forme de tête d'oiseau lui répondit :
"Ces paroles prouvent que vous êtes depuis peu à ce poste.
- Effectivement, mais tout ceci me semble absurde. Vous m'aviez dit qu'elle était dans la ville qui plus est. Pourquoi ne prend-elle pas par au réunion stratégique ?
- Parce que ça l'ennuie... continua la mage qui semblait diriger tout le monde depuis le début. C'est une gamine après tout.
- Faites comme tout le monde, continua une dame aux oreilles étonnamment longues et pointues, considérez-la comme une arme dangereuse qu'il faut manier avec soin, pas comme une personne.
- Cela fait plus de quatre ans que nous nous battons au côté du Premier général du bataillon d'extermination, enchaîna l'homme imposant au visage grave, nous savons à peu près comment elle fonctionne.
- Et vous pensez sérieusement qu'elle pourra faire face seule contre une dizaine de soldat bien entraînés ?
- Elle a déjà fait ses preuves face à une centaine de soldat bien entraînés, et ceux là n'étaient pas moralement à bout."
Leurs discussions continuèrent, ma voisine de cellule est donc si dangereuse que ça ? Je pensais qu'elle possédait ce titre, puis suite à une bavure elle avait été mise en prison où elle était devenue folle...
Finalement, au bout de plusieurs minutes supplémentaires, les grands généraux se dispersèrent. La mage vint de nouveau me voir :
"Je vous avais promis que je vous expliquerai la raison de la destruction de votre peuple. Je tiens mes promesses comparé à vous.
- Je ne vous ai jamais rien promis.
- Quand je disais vous je le disais de manière générale.
- Le peuple n'avait pas promis de se laisser faire, le roi avait décidé tout seul que je sache.
- Si on veut... donc vos souverains sont des menteurs. Suivez-moi."
Mon geôlier et moi lui emboîtèrent le pas. Le temps de nous en aller, je jetai un coup d'œil en direction du balcon. La vue était dégagée. Une cité resplendissante se trouvait sous mes yeux, un port au loin, où des navires de toutes tailles étaient appareillés, des toits allant à des teintes de rouge au mauve, des rues pavées et des personnes de toutes sortes portant des costumes très variés. C'était une ville magnifique et riche. Je n'eu malheureusement pas le temps de m'attarder sur ce paysage. Tandis que nous passions dans les différents couloirs, je lui demandai :
"Pourquoi détestez-vous autant mon peuple ?"
Elle ne répondit rien quelques longues secondes puis :
"Parce que je ne vous pardonnerais jamais les atrocités que vous avez commises.
- Vous parlez des dragons ?
- Les dragons ne sont qu'un point de détail de votre immense catalogue."
Je me tus alors. Et suivis ses pas résonnant contre la pierre. Nous finîmes par arriver dans une longue salle au plafond haut. Elle ressemblait plus à un immense couloir avec, de chaque coté, d'immenses bibliothèques allant presque jusqu'au plafond d'un blanc sali par la poussière. La mage sortie quelques cartes. Me pointant du doigt une forêt elle me demanda : "Tu connais cette endroit ?" Je fixai donc la carte plus attentivement, mais rien ne m'était familier. Je regardai la date de cette dernière et vis qu'elle avait plus de 200 ans. Le lieu ne me disait rien... Il avait sûrement changé depuis. La mage rajouta pourtant : "C'est ici que l'on vous a récupéré avec les troupes qui t'accompagnait." Les soldats... qu'étaient-ils devenu ? Je les avait totalement oublié ! Je lui demandai, et la réponse ne me plu pas, mais elle ne m'étonna pas pour autant : tous morts. La mage insista de nouveau sur sa carte.
"Je ne me souviens pas être passé par une forêt en tout cas. Peut-être que le terrain à changé depuis, il n'y avait aucun arbre sur notre route.
- Bien, pourtant il devrait y en avoir, à quoi cela est-il dû à votre avis ?
- Je rêve ou vous êtes en train de me dire que les dégâts collatéraux que vous faites quand vous nous attaquez sont de notre fautes ?
- Ce n'est pas du à la guerre, ni à mon peuple. Et manquez moi de respect encore une fois et je me débarrasse de vous une fois pour toute ! Et vous n'aurez jamais la réponse à cette question qui vous torture tant.
- Ex... Excusez moi. Mais je ne pense pas qu'une arme de mon peuple soit capable de faire une choses pareille.
- Et vous avez raison. Mais ce n'est pas du à une arme, c'est du à votre peuple.
- Mais de quelles manière ?!
- Leurs façon de vivre, de cultiver, d'élever, tout est fait pour en tirer le plus gros bénéfice mais vous ne pensez jamais aux dommages collatéraux comme vous aimez les appeler. Vous ne pouvez pas changer les mentalités, votre peuple s'était trop étendu, votre roi n'était écouté que par ceux qui étaient proche géographiquement parlant. Vous détruisiez tout. As-tu la moindre idée du nombre d'espèces animale que vous avez anéanti ? Du nombre de source où la magie jaillissait que vous avez taries ? De peuples que vous avez chassés voir assassinés de cette manière ? Votre roi l'avait reconnu et l'extermination de votre peuple avant qu'il ne cause trop de dégât était la chose la plus évidente qui soit.
- Mais... la surface désertique était énorme ! On m'avait dit qu'une forêt se trouvait ici, votre carte en atteste ! Nous n'avons pas détruit ça du jour au lendemain, en pleine guerre !
- Vos rois qui ont suivi le sage ont du se rendre compte du problème et le cacher. Augmentant ainsi de plus en plus le nombre de vos victimes, coincé dans votre territoire devenu incultivable, la moitié de votre population mourrait de faim, nous n'avons fait que très peu d'attaque au final mais suffisamment pour vous désorganiser et amener la paranoïa dans vos rangs."
Je ne savais pas comment réagir face à ces révélations. J'hésitais entre crier que tout était faux et être septique ou terrorisé. Une expression désordonnée s'affichait peu à peu sur mon visage. J'étais perdu. Elle rangea la carte dans le mur et me fit signe de la suivre.
Nous étions désormais sur un immense balcon, la vue était incroyable mais je ne pouvais pas la regarder, j'étais... Je ne sais pas.
"Croyez moi ou non, je m'en fiche, je ne fais que vous dire ce que je sais comme promis.
- Vous... Vous avez vécu à cette époque ?
- Laquelle.
- Quand le roi a abdiqué, à cette époque, comment était mon peuple ?
- La plupart se croyaient supérieur à tout. Ils considéraient la nature comme un bien, et non comme un don. Et surtout, ils considéraient comme monstre ceux qui leurs ressemblaient sans être humain. Bref, des enflures. Tu comprends maintenant pourquoi je vous déteste ?
- Parce que mes ancêtres vous on détesté ? Alors c'est légitime de leurs rendre ?
- Non ! Vous avez volé les terres de ma famille en les détruisant ! Vous avez anéanti tout ce qui était mon environnement ! Vous avez décimé sans le savoir des amis qui ne voulaient pas quitter la terre qui les avait vu naître. Et vous avez assassiné des gens de mon peuple car vous les trouviez monstrueux. Vous êtes des monstres.
Je ne dis rien. J'attendais. Je n'attendais rien de particulier mais j'attendais car je ne savais pas quoi faire d'autre. Et mon attente fut récompensé en quelque sorte. Je vis un masse de cheveux bleu clair sortir sur le balcon en se cachant les yeux. Elle dit de sa voix aiguë et rauque :
"éh ben ! Il m'avait pas manqué celui-là ! Il me brûle les yeux..."
C'était bien elle, armée de deux objets qui paraissaient complexe et lourd, peut-être magique dont j'ignorais tout. La mage se taisait et baissait la tête en guise de respect.
"Oh ! Tu m'as gardé ma proie Rihrih ? C'est gentil de ta part !" La gamine s'approcha de la mage et l'embrassa, un baiser qui ne semblait pas vraiment partagé. En ont-ils si peur qu'il la laisse faire tout ce qu'elle veut ? Ou alors est-elle tout simplement leur supérieur hiérarchique ? La mage est général et la folle est "Première général"... Et "Rihrih", ça ressemble plus à un surnom qu'à un nom. Je devrais faire attention à ne pas l'utiliser si ce n'est pas son nom, elle me tuerait sûrement. La fillette posa son doigt sur moi, attendit quelques instants puis me chopa au cou. Elle me souleva presque et me chuchota à quelques centimètres de mon visage :
"Je vais partir ma proie... Mais je vais revenir, tu as intérêt de m'attendre ! Et que je reviendrai... tu vas courir. Courir comme tu ne l'as jamais fait pour que je puisse te poursuivre. Et si tu ne cours pas, crois-moi, je vais te faire courir, et ça, ça ne va pas te plaire..."
Elle me reposa rapidement et fit une sorte de mini bond en arrière et cria avec un sourire :
"Compris ?"
Je hochai de la tête, en tremblant. Elle m'avait coupé la respiration et je fus surpris sur le coup. Je ne pouvais réagir autrement que par soumission. Et elle s'en alla.
Je n'osais pas regarder la mage, elle devait sûrement être furieuse que je puisse la voir en position de faiblesse devant l'autre tarée. Je l'entendis s'éloigner à son tour, après quelques pas elle s'arrêta et dit froidement : "au pied." Elle était en colère...
Le soleil est bien bas majesté, s'il ne vous restait que quelques jours à vivre, que feriez vous ? Une question qui risque de vous occuper l'esprit une fois que vous recevrez mon carnet... Moi je regarde mon futur assassin à l'œuvre. Cette folle combat seule face à une partie de nos troupe que vous aviez du lancer à ma poursuite peut-être... Même si honnêtement je ne pense pas que j'étais si important à vos yeux. Au final je qualifierais plutôt ça de massacre que de combat. La folle décime à tour de bras sans prendre un seul coup. Ses armes sont des mécanismes visiblement assez complexes qui font un vacarme assourdissant. Je vais devoir fuir cette chose, comme elle me l'a "gentiment" demandé.
Vous vous demandez peut-être pourquoi je suis si certain que vous êtes en train de lire ce que j'ai écrit en ce moment. La mage m'a dit pourquoi elle m'avait laissé mon carnet. Je devais écrire pour vous expliquer de quoi on vous accuse, vous montrer leurs puissance et surtout amener la peur en vous, car il était prévu que vous le receviez une fois ma mort venue. Mais finalement, les généraux ont avancé la date de l'attaque, alors elle m'a tout révélé et m'a demandé d'écrire mes derniers ressentit afin de vous l'envoyer quand même. Vous le recevrez peut de temps avant l'attaque. Je pourrais donc rajouter ironiquement que je n'attends pas de réponse à cette lettre. Je vous demande donc de réfléchir à ce que vous allez faire, mourir (volontairement) au combat, vous faire capturer, affronter cette folle ou fuir ? Si vous voulez mon avis, la fuite n'est pas la meilleur idée, ils vous traqueront où que vous soyez... Enfin, j'aurais une belle vu sur la scène si vous affrontez la... "Première Générale du bataillon d'extermination". Grace à la magie de cette chère dame-louve, je peux voir tout ce que fait ma futur prédatrice...
Sur ces belles paroles je vous laisse, veillez agréer la considération de mes sentiments distingués Votre Majesté Alias Le Futur Cadavre.
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