Seul
Je ressens quelque chose depuis toujours. Quelque chose qui m'enrage intérieurement, et que je cache, comme d'habitude.
Depuis que je suis tout petit, je comprenais déjà quelque chose, un principe qui s'installait depuis toujours : la supériorité et l'autorité des autres sur moi.
Je ne comprenais pas pourquoi les adultes parlaient entre eux normalement, et différemment tout en me prenant de haut avec moi, et avec tout les autres de mon âge. J'ai donc compris rapidement qu'un enfant reste inférieur qu'un adulte.
Ça vous paraît logique, me direz-vous. Mais pas pour moi d'il y a quelques années. Ce que je comprenais encore moins, c'est la réaction des autres enfants de mon âge, qui pour eux, voyaient cela comme tout à fait normal.
Étant le seul à me poser toutes ces questions, je ne savais pas si j'étais complètement à côté de la plaque en pensant de cette façon, ou si les autres étaient tous des imbéciles à ne se rendre compte de rien.
Aussi, lorsque j'étais en primaire, dans la cours de récrée, je voyais tout le monde jouer les uns avec les autres. Et moi je restais seul. Et plusieurs personnes, et surtout mes professeurs, venaient me demander pourquoi je restais ainsi isolé.
Et bien tout simplement, quel intérêt ? Moi quand je reste seul, j'imagine déjà mon avenir, quels seraient les meilleurs options de vie pour moi, quel intérêt à perdre son temps avec d'autres gosses qui ne passent que leur temps à courir pour passer le temps ?
Car les enfants, ne comprennent pas la véritable notion du temps. Le seul but de leur vie présente, et de s'amuser et jouer, après tout.
Puisque je restais seul, je me suis fais une réputation : le timide. Tout le monde le croyait, même mes professeurs. Je ne parlais pas beaucoup, non pas car je n'en étais pas capable, mais car ce n'était qu'une perte de temps pour moi.
Cette réputation que je portais sur mes épaules par les autres m'a poursuivie pendant plusieurs années, qui m'ont semblées interminables.
Un jour, j'en ai eu un peu marre d'être seul. Alors j'ai réussi à me faire quelques amis. Enfin, "amis", c'est assez vite dis...
Je me souviens de cette fille avec qui je traînais, qui me criait dessus quand je ne faisais pas bien quelque chose, ou ce qu'elle voulait, elle ne me laissait même pas être ami avec d'autres personnes avec qui ELLE se disputait, car oui, moi je ne me mêlais pas aux disputes, quel intérêt ?
Mais je restais avec elle, de peur à me retrouver à nouveau seul.
Bien sûr, j'ai rencontré d'autres personnes ensuite, heureusement, même si heureusement est vite dit aussi : une fille qui me détestait (je n'est jamais compris pour quelle raison), une autre un peu plus sympa qui me collait trop et dérangeant mon espace dans ma bulle, une autre qui était sympa mais qui passait son temps à mentir et était incapable de tenir un secret...
Et j'en passe, mais la plupart je ne les considérait pas vraiment comme des amis, mais juste comme des "anti-solitude".
Mais entre-temps, il s'est passé beaucoup d'autres choses : mon harcèlement de tout les enfants de la classe contre moi, à cause d'une fausse et idiote rumeur qui s'est propagée comme la peste. Et qui d'ailleurs, j'ai du régler moi-même, car bien sûr, les professeurs ne sont là que pour décorer...
J'ai pris mon courage à deux mains et je leur ai cracher à la figure tout ce que je ressentais à cause d'eux et de leurs moqueries. Ils sont finalement tous venus s'excuser, mais je crois que je leur ai pardonné beaucoup trop facilement.
Je me souviens aussi de ce jour, où je croyais enfin être débarrassé de cette réputation du "timide", est où venu ce cours de morale. Ce cours qui consistait à faire un panneau personnalisé, et le faire passer à toute la classe où chaque personne devait écrire un compliment sur la personne.
Je me souviens encore de mes larmes que je tentais de contenir du mieux que je peux quand j'ai reçu le mien : sur une classe de vingt-cinq élèves, douze avaient écris ne serait-ce que quelque chose.
Et parmi les douze, trois. Trois avaient écris un vrai compliment. Les neuf autres, le même mot était revenu : timide.
Je me suis aussi souvenu de ce jour : le spectacle de la chorale. Mon école organisait un spectacle de chant chaque année, et nous pouvions chanter des solos, nous pouvions chanter seuls sur scènes.
J'ai décidé de le faire, non pas parce que j'aime chanter, mais pour leur prouver, leur prouver à tous que j'en étais capable. Je l'ai donc fais. Je me souviens très bien aussi des félicitations personnelles que certaines personnes sont venues me dire.
Des félicitations ? Des insultes, oui. Tu sous-entendais quoi, en venant me le dire à moi personnellement ? Que moi j'en étais moins capable que les autres ?! Que j'ai dû fournir un effort supplémentaire pour y arriver ?!
Ensuite, j'ai changé d'école, un endroit où je ne connaissais personne. C'est comme si je reprenais une bouffée d'air frais, un renouveau. J'ai rencontré des personnes vraiment gentilles et honnêtes.
Mais c'est comme ci...Ça ne me suffisait pas. J'ai besoin de plus. Je ne veux pas simplement cacher sous une couverture mon passé, je veux pouvoir enfin me battre contre lui.
Mais le passé reste le passé, qu'est-ce qu'on y peut ? Si je ne peux plus me tourner vers le passé, au moins tenter une autre alternative : le futur.
C'est donc la décision que j'ai pris, viser un meilleur futur. Mais quelque chose ne va toujours pas. Je ne veux pas que mon passé est raison de moi. Je veux régler mes comptes avec lui, même s'il est trop tard.
Il y a des fois, où j'ai simplement envie de monter sur une grande scène, avec comme public toutes les personnes que j'ai connues auparavant, et leur crier toute ma rage et mon ressenti à leur égard, sans plus rien leur cacher sur ce dont je suis vraiment et ce dont je suis capable.
Et puis aujourd'hui, j'ai toujours peur de ressentir à nouveau ce sentiment de solitude. Donc, pour ne pas à nouveau faire fuir les autres, je cache mes problèmes : j'en ris avec les autres, même si ils ne me font presque jamais rire autant quand je suis seul. J'ai donc parfois l'impression qu'on ne me prend plus au sérieux. Ce n'est peut-être pas qu'une blague quand je dis que je suis hypocrite.
Je me sens terriblement seul.
Cette impression de savoir des choses que les autres ne voient pas, cette vision de la vie que j'ai et que les autres ne comprennent pas. Ces innombrables questions que je suis le seul à me poser, à mon impression.
J'ai un rêve, un rêve de grand idéaliste peut-être, mais un rêve : j'aimerais parfois détruire ce monde, pour le reconstruire ensuite, à ma façon.
Un monde où on ne vivra plus dans des cases, un monde où on ne vivra plus dans le mensonge, et où la vérité régnera. Où les gens ne seront plus des automates, où plus comme d'après les "rois du monde", tout le monde est égaux, mais où la loi du plus fort reste aussi importante que dans la nature.
Un monde où la tête des gens ne seront plus rembourrée par des idées permettant de, sois-disant, garder l'ordre dans ce monde. Bien sûr, c'est beaucoup plus complexe que ça, j'en parlerai sûrement plus une autre fois.
Nous vivons malheureusement dans un monde, où on nous a à tous imposé des idées, qui ne sont malheureusement pas adaptées à tous. Où tout le monde doit suivre ces règles.
Un monde où il y a des gens dans un statut social plus élevé, et d'autres moins. Car vous vous dîtes sûrement qu'au Moyen-Age c'était pire ? Et bien croyez-moi pas du tout, c'est exactement la même chose aujourd'hui, sauf que ceux se trouvant tout en haut de la pyramide arrivent beaucoup mieux à nous le cacher.
Et si tu es différent des règles imposées, tu es rejeté.
Les gens ont peur d'être rejeté. Car si ils essayent de s'opposer seul à ces règles, ils seront repousser par le pire fléau de ce monde : l'effet de masse. Rien n'est plus dangereux que des nombres incalculables d'êtres humains tous envoutés par une idée fixe.
Il y a deux catégories de personnes dans ce monde : ceux qui sont et seront toujours aveugles à cela. Qui ne se poseront jamais plus de questions et continueront de vivre toujours comme on leur dit.
Et puis, il y a les clairvoyants. Toutes les personnes qui retireront le voile qu'on leur a mis devant les yeux, et verront ce monde tel qu'il est vraiment. Moi j'ai retiré ce voile très tôt, voire peut-être même un peu trop tôt.
J'ai vu ce monde tel qu'il est. Mais moi, je ne veux pas finir comme la première catégorie de personne.
Alors je veux créer ce monde, ce monde où tout ça sera fini.
Mais étant seul, entouré presque qu'avec des personnes aveugles de ce monde, on ne me comprend jamais, et on me recale à chaque fois.
Je me sens seul.
Seul à penser de cette façon.
Seul face à cette haine que j'éprouve face à toutes ces personnes qui croient avoir raison avec leurs idées reçues mais qui n'ont aucune capacité de réflexion, persuadés que si tout le monde le fait, c'est que c'est vrai.
Seul contre ce monde entier.
Deidachat
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