Ekel

Lundi 12 janvier 1943

Encore une journée à s'ennuyer ferme dans cette taule insalubre. J'en ai plus qu'assez d'être entouré de chialeuses et de fillettes qui ne savent que chougner à longueur de temps. Histoire de me distraire, j'ai refait le portrait à un sale juif sur l'Appellplatz il y a deux jours. Il s'en est pris plein la tronche, ce rat. Les Kapos qui nous surveillaient ce jour-là ont dû nous séparer, mais je me suis délecté de chaque cri de souffrance qu'il poussait. Ce bâtard m'avait ouvert la lèvre inférieure, et mon menton est désormais décoré d'une ombre bleue violacée très moche. Ce que je ne regrette pas, c'est l'état dans lequel je l'ai foutu. Il est encore à l'infirmerie (officiellement du moins), et on ne risque pas de le revoir de sitôt. Il n'avait qu'à pas m'empêcher de dormir en parlant toute la nuit dans le Stube. En guise de punition, j'ai simplement eu quelques coups de fouet sur l'Appellplatz et j'ai dû faire maigre durant deux soirs, mais je m'en fous. Au moins les autres se taisent lorsque j'écris ces lignes. Sinon rien de notable. Ah, si, un s'est effondré lorsqu'il a transporté un chargement de pierre. Encore une femmelette de moins au camp.

Lexique :

Ekel : Dégoût

Kapo : détenu responsable (Funktionshäftlinge) d'un Kommando de travail, le plus souvent un droit commun (Berufsverbrecher) à triangle vert ou parfois un politique à triangle rouge, rarement un Juif à triangle jaune, ayant droit de vie et de mort sur les détenus. Il bénéficie de privilèges.

Appellplatz : place de l'appel qui a lieu matin et soir

Stube : pièce d'un Block, chambrée



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