absence
(abscence noire
de mes nuits de peur
et de mes nuits de honte)
j'ai ouvert un tiroir sur les souvenirs oubliés et les lumières du couloir se sont allumées.
l'ascension d'orion n'aura pas duré longtemps
et dans la pénombre de sous mon lit j'ai continué à chercher, racler
les murs violets et maigres, violets et morts
à la recherche constante d'encore un peu d'amour, les murs n'ont que ça à offrir
de l'amour mort, de l'amour chaud
et je dépouille, j'arrache, déchire
l'amour à mort
dans le couloir, les lumières se remettent à clignoter, puis s'éteignent à nouveau
le parquet grince, et j'entends les grands pieds s'accrocher aux échardes du bois gris.
apollinaire que j'avais laissé un peu plus loin, dans l'armoire verte demande tout bas :
"lou, c'est toi ?
lou attends moi !"
ses petits pieds à lui ne font presque pas de bruit quand il se met à courir,
et puis la course s'arrête net, dans le sifflement du tissu qui tombe :
ce n'était pas lou.
les grands pieds passent à côté du lit, les grands pieds du loup
les grands pieds du loup gris
gris et gris, gris
et gris
et le ciel a tangué
a vibré dans les aiguës, puis j'ai vu un petit bout d'éridan
percer le plafond
transpercer lou
non, le loup
et les pieds gris gris gris, camaïeu gris
ont vu rouge.
je suis sortie de sous mon lit,
pablo était déjà à table, apollinaire déjà dans l'acide
et le loup aux grands pieds allaient y nager.
pablo m'a souri,
de son sourire cubique qui ferait jalouser les demoiselles d'Avignon
son sourire sanglant sanglot, on sait pas trop
et puis moi j'ai eu peur, j'ai toujours peur
meurt.
1945 est passé vite, pablo dévore, bouffe encore
et essaye de m'attraper la cheville
le loup était déjà plus là, il restait plus que moi
pablo
et son odeur un peu jeremy dans le frigo, son odeur nauséabonde d'artiste maudit pourri
le spleen n'a jamais été aussi dégueulasse
oui le spleen a un goût de fange
celle qu'on recrache par les yeux
et les 1000 chats du tsar y goûtent jusqu'à devenir boue
gadoue.
par la fenêtre le ciel brûle violet
je vois les flammes de guernica dans les yeux de pablo
pablo ferme les yeux, s'il te plaît
s'il te plaît me laisse pas voir le chaos que t'es que j'suis
dans tes yeux trop clairs, trop sombres
et tes mains pleines de sang
s'il te plaît pablo lâche moi, tu me dégoutes
et il m'a lâché,
les plus polis gagnent au jeu de la vie.
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