Chapitre 9 : Nuit avec un démon

Point de vue de DAEL :

Lorsque j'arrive dans la salle suivante, il y a déjà six trous dans le sol et la voie est libre. Frisk n'y est pas dedans...
Où est-ce qu'il est passé ? Il est encore dans un des trous ? Ou alors il a continué ?
Dans les deux cas, ça peut être un problème si je ne le trouve pas vite...
"Aminakev. C... Frisk." Je murmure en soupirant.
Ma tête résonne pendant un court instant. J'ai l'impression qu'on me cogne la tête à coup de marteau. Enfin, presque, les coups de marteau font bien moins mal que ça...
Au moins, ça marche. Je sens la présence de Frisk un peu plus loin. Le problème est que cela vient de ma droite et de la même hauteur que moi, ce qui veut dire qu'il y a trois salles qui nous séparent et que Toriel va bientôt arriver... Comment ça ce fait qu'il ait autant d'avance ?

Je cours à sa suite. Dans mon dos, pousse deux ailes tandis que mon œil droit brille légèrement d'une lumière jaune-verte. La Folie est une magie pratique, c'est certain. Oui, pourquoi ne pas continuer à l'utiliser pour aller encore plus vite alors ? Il faut juste occulter cette voix et garder le contrôle... c'est plutôt simple... la plupart du temps...
À la vue de mes ailes, tous les monstres qui sont censés m'attaquer, ne le font tout simplement pas. Pourquoi un monstre en attaquerait-il un autre après tout ? Ou alors, c'est qu'ils sont... non non non, c'est impossible... absolument impossible...

J'arrive à un croisement. À gauche se trouve la maison de Toriel et tout droit un passage permettant juste de récupérer le couteau en plastique.
Je range mes ailes dans mon dos, elles n'ont plus d'utilité pour l'instant et il vaut mieux que je continue à ressembler à un humain normal... enfin, je pense...

La présence de Frisk étant juste à gauche, je prends ce chemin toujours en courant.
Au pied de l'arbre étrange qui perd toujours toutes ses feuilles, se trouve Frisk et Toriel. Ils semblent être en plein milieu d'une conversation.
—"... fais attention mon enfant." est la seule chose que j'entends avant que Toriel ne remarque ma présence. Une fin de phrase assez étrange... et qui n'est pas censé arriver normalement d'ailleurs...

—"Ah, te voilà mon enfant." Elle le dit sur un ton joyeux, mais je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est étrange... pourtant, je ne suis pas censé être paranoïaque, juste fou, c'est déjà bien assez...
"Oui, je suis à priori un peu en retard. Désolé."
—"Mais non, surtout que vous ne deviez pas bouger de là où je vous avais laissé. Tu n'es pas blessé ?"
"C'est vrai. Ne t'inquiète pas Toriel, je ne suis pas blessé. Je suis bien plus robuste que ce qu'on pourrait croire en me voyant." Un petit sourire censé être enfantin et réconfortant éclaire mon sourire en même temps que je prononce cette dernière phrase.

L'effet semble mitigé, elle semble à la fois heureuse que je n'ai rien et légèrement effrayé tandis que Frisk ne semble qu'effrayé... Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Enfin, plutôt, qu'est ce qui ne va pas chez moi et qui est visible...

—"Maintenant que vous êtes tous deux là, venez petits-êtres, j'ai une surprise pour vous !"
Elle part rapidement vers la maison, Frisk et moi juste derrière.
Je profite du fait qu'il s'arrête pour sauvegarder pour regarder à nouveau son statut, qui n'a pas changé. Il a bien tué personne, c'est un soulagement. Par contre, comment il a fait pour passer tous ces monstres aussi rapidement sans les tuer ? Surtout qu'il a le ruban délavé dans ses cheveux, donc, il ne portait pas le pansement et ne pouvais pas être sûr de fuir dès le début des combats...

Dès qu'on entre dans la maison de Toriel, nous sommes accueillis par une alléchante odeur de cannelle et de caramel, la tarte est donc prête.
—"Vous ne sentez pas quelque chose ?" Nous demande Toriel.
Frisk et moi répondons quasiment en même temps, même s'il a été légèrement plus rapide.
—"Une très bonne odeur. Une odeur que j'ai déjà sentie, mais je ne sais pas quoi..."
"Oui, une odeur extrêmement alléchante. De la cannelle et du caramel je dirais ?"
—"Oui, c'est ça Dael. J'ai préparé une tarte à la cannelle et au caramel. J'ai pensé qu'il faudrait fêter vos arrivées. Tu as un bon flair mon enfant."
Je lui ai déjà dit mon... nom ? Je ne m'en rappelle absolument pas...
"Merci Toriel."
—"Je veux que vos nouvelles vies ici se passe aussi bien que possible. De ce fait, je vais me passer de tartes aux escargots pour ce soir."
La tarte aux escargots à un goût assez spécial, un "goût acquis" comme on dit... donc, tant mieux qu'elle est faite des courses pour ce soir.
—"Venez, j'ai une autre surprise pour vous."

Elle part vers la droite, vers les chambres. On la suit, elle nous prend la main, même si elle a hésité légèrement avant de prendre la mienne, et nous amène jusqu'à une des portes.
—"Une chambre rien que pour vous. Je ne pensais pas qu'il y aurait deux humains, donc il n'y a qu'une chambre. J'espère que ça ne vous dérange pas."
"Aucun problème pour moi, mais si ça embête Frisk, je peux dormir dehors. Ça ne me dérangerait pas."
—"Non non ! C'est bon ! Ça ne me dérange pas !" Il a l'air paniqué... pourquoi ?
—"Tant mieux alors." Dis Toriel d'un ton enjoué.
—"Ça ne sentirait pas le brûlé... ? Hm, faîtes comme chez-vous !"
Elle part en courant vers la cuisine.  

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Toriel n'ayant qu'une seule chambre et la chambre n'ayant qu'un lit, moi et Frisk devons dormir dans le même lit. Ça le dérange plus que ça me dérange apparemment. Sûrement parce que je n'ai pas réellement besoin de dormir. Enfin, pas tous les jours en tout cas. Ou alors parce qu'il a encore peur de moi... Ou du moins, c'est ce que me fait penser le visage qu'il fait, vu qu'il ne me dira rien...
Je me suis mis le plus collé au mur du lit, Frisk préférant être le plus proche de la porte au cas où... une belle marque de confiance...

"Bonne nuit Frisk !" Je lui souhaite en souriant.
—"Bonne nuit Dael." Marmonne-t-il, plus par politesse qu'autre chose.

Frisk ayant l'air de s'être endormi, je rajoute :
"Et bonne nuit Chara." Un ton plus bas, ne voulant pas réveiller l'endormi.
Un court instant de silence plus tard, je reprends sur le même ton.
"Euh... par contre, je ne te vois pas et ne t'entends pas... Mais, je sais que tu es là et que tu entends ce que je te dis, même si tu ne dois pas vraiment m'apprécier vu que je semble être un humain..."

Le corps de Frisk semble s'agiter un peu.
Il tremble légèrement ? C'est pas exactement ça...
Une crise de somnambulisme plutôt ? Non plus...
"Chara ?"
—"Exactement ! Je suis Chara ! Je suis le démon qui vient quand on appelle son nom !"
Un sourire encore plus radieux que d'habitude étend mes lèvres.
"Ah ! Je suis content de pouvoir enfin te parler, Chara." Ce dernier mot prononcé dans un souffle.
Il semble frissonner... de dégoût ? Sûrement...
—"Ne. Prononce. Plus. Jamais. Mon. Nom. Comme. Ça !" Il semble énervé.
"Oups. C'était instinctif, désolé." Je rigole légèrement, très légèrement, gêné. "Par contre, tu devrais éviter de crier, tu vas faire venir Toriel."
—"Tu as peur de ma mère ou quoi ? Tu es si pathétique que ça ?"
"Je n'ai surtout pas envie d'expliquer pourquoi je parle à son fils adoptif censé être mort depuis de nombreuses années..."
—"Alors, fait moi taire si tu l'oses !"
"Je n'essaierai pas... donc, vas-y, fais la venir. Je te laisserai lui expliquer. Toi ou Frisk..."

Il semble réfléchir un petit moment avant de secouer la tête.
—"Tu as raison. Il vaut mieux ne pas la déranger..."
"On est d'accord. Parfait alors."
—"Je te hais quand même ! Ça ne change rien !"
"Ouep, ça je sais... Tu peux me dire pourquoi ?"
—"Pourquoi ? Pourquoi ? Tu sais pourquoi !" Il semble fou quand il dit ça. Enfin, fou comparé à une personne normale, pas par rapport à moi...
"Si je le savais, je ne te le demanderais pas..." Je lui dis sincèrement. "Il y a bien trop de possibilités..." Je rajoute dans un murmure.

—"Tu nous as tués... et de nombreuses fois en plus... Évidemment qu'on te hait !"
Ah... donc c'est pour ça... et merde... si c'était juste parce que je suis un humain, ça aurait été bien plus simple...

"Donc vous vous en rappelez ?" Je lui demande tristement.
Il ne répond pas, il n'y a pas besoin de réponse...
"Je... Je suis désolé... Je suis sincèrement désolé..."
—"Et tu crois que ça change quoi que ce soit ?"
Il fait sa tête effrayante. De ses yeux et sa bouche semble sortir un étrange liquide noir, de la Haine pure...
"Non. Je sais que ça ne change rien..."
Ses yeux, ou plutôt ses deux trous noirs de Haine me fixent.
"J'ai fait ça dans un seul et unique but, mais tu t'en fiches sûrement... "
Dans ma tristesse, mon corps semble devenir un peu plus instable. Une espèce de queue touffue pousse dans mon dos, une queue de loup toute blanche... qui se replie autour de moi...
"Je pensais que vous ne vous vous souviendriez de rien, mais je me suis trompé..."
Des oreilles de loup de la même couleur se rajoutent... qui se baissent instantanément...
"Donc, si je peux me faire pardonner. Dites-moi comment. Je le ferai."
—"Et si je te dis de te tuer ?"
"Je le ferai. Même si je préférais attendre cette fin avant de mourir, je le ferais sans problème. J'y suis totalement préparé..."

Il ne dit plus rien. Il se contente de me regarder fixement. Il semble bien plus étonné que haineux. Une expression assez... mignonne ?

—"Qu'es-tu ?"
"C'est compliqué... mais, en résumé, je suis né humain... donc je fais partie de ceux que tu hais tant... avec raison..." Je soupire amèrement.
—"Pourtant, tu as l'air actuellement plus monstre qu'humain... et t'as l'air presque inoffensif..." Il semble s'être calmé ? En tout cas, sa haine envers moi semble bien plus faible qu'avant... "Si on n'avait pas eu ces rêves, j'aurais pu y croire..."
"Sans ça, tu aurais presque eu l'air mignon..." Murmure-t-il presque inaudiblement. Merci à mes oreilles de loups d'augmenter mon ouïe.

"Du coup ? Que veux-tu que je fasse ?"
Il semble réfléchir.
—"Déjà, ne nous tue plus."
"C'est déjà ce que je comptais faire. Ne t'inquiète pas pour ça." Je lui souris tristement.
—"Mouais, c'est ça... je ne te fais absolument pas confiance..."
"Même si je le jure sur mon existence ?"
—"Les humains sont des menteurs éhontés... ça ne changerait rien..."
"D'accord... Je te le jure quand même. Je te jure, sur mon existence, que je n'essayerais plus jamais de vous tuer."
Une espèce de lumière grise scintillante m'entoure. Je sens que mon âme est menacée par je ne sais quoi, signe que la promesse est bien "ancrée" dans mon âme...

Il semble effrayé, de nouveau, en voyant ça...
—"C'était quoi ça ?" Crie-t-il presque.
"Euh... rien de grave. Une preuve de ma promesse, c'est tout. Là, j'ai jeNeSaisQuoi qui menace mon âme et si je romps ma promesse, elle sera détruite et mon existence serait anéantie. C'est tout..."
—"Comment ça c'est tout ! Tu dis que tu ne veux pas mourir avant d'atteindre je ne sais quel but et tu mets en jeu ton existence pour une promesse que tu n'es pas sûr de tenir ? Tu es stupide ?"
"Non. Je suis fou... et je sais que je vais la tenir... Tu t'inquiètes pour moi ou quoi ? Je croyais que tu me haïssais ?"
—"Je te hais ! Je te hais pour ce que tu as fait ! Pour tout ce que tu nous as fait !"
J'ai l'impression qu'il essaye de se convaincre en même temps... mais, c'est sûrement parce que j'ai "changé" comparé à la tête qu'il se rappelle. S'il s'en rappelle clairement du moins...
Il va sûrement redevenir "normal" dès que mes "attributs de monstres" s'en iront... autant profiter qu'il soit calme pour parler le plus possible.
"Tu veux que je fasse autre chose en plus ? Vu que tu m'as fait promettre de ne pas faire quelque chose que je comptais déjà ne pas faire..."

—"Euh... répondre à nos questions. Tu peux faire ça ?"
Il semble vraiment pas convaincu que je vais accepter ça. Ce qui est assez normal en fait...
"Vous pouvez poser toutes les questions que vous voulez. Et je promets de répondre à toutes celles que je peux répondre."
À nouveau, la lumière grise scintille et une nouvelle chose menace mon âme.

—"Qu'est-ce que tu ferais si on décidait de tuer tout le monde ?"
Directement la question qui fâche...
"Je vous aiderai sans problème. Ce n'est pas la fin que je veux mais, je vous aiderai."
—"Tu es un monstre ou un humain ?"
"Je suis né humain. Mais ça fait longtemps qu'on me considère plus comme ça, très longtemps. En fait, chacun me dit "humain" ou "monstre" selon ce qui sonne le plus horrible à leurs yeux. Donc, je suis entre les deux, j'imagine." Je lui souris tristement.

—"Pourquoi as-tu fait tout ça ?"
"Pour vous sauver. Pour tous vous sauver."
Son regard devient extrêmement incrédule, logique...
—"Tous nous sauver... en nous tuant ? C'est extrêmement stupide..."
"Ouais, je suis d'accord. Et, je ne voulais pas vous tuer... Mais heureusement, je n'ai plus à le faire. La première étape est finie."
—"La première étape ? Combien il y en a ? Et c'est quoi ?"
"La première étape, c'était de vous réveiller. De vous libérer de leurs griffes et c'est fait. La deuxième ne dépend que de vous deux, il faut que vous nous mener vers cette fin. Et la troisième, ne dépendra que de moi et je ne peux pas dire ce que c'est..."

—"Et ça, c'est le maximum que tu puisses dire ?" Il a un air exaspéré sur le visage.
"Ouep... sinon, je devrais vous expliquer des choses que je ne dois pas vous dire avant la fin..."
—"Pourquoi tu ne peux pas ?"
"Pour deux raisons. La première est que cela pourrait compromettre la fin que je cherche. La deuxième... je n'ai pas le droit de vous le dire..."
—"Et pourquoi ça ?"
"Parce que ça peut amener à une fin, à une très très mauvaise fin..." Je soupire.

Il me regarde et ne semble pas savoir quoi dire... Normal, il ne sait pas tout ce que je sais et il comprend déjà que c'est une situation étrange et sûrement dangereuse dans lequel je suis... dans lequel on est...
—"Dernière question, pour l'instant du moins. Tu te rappelles quoi ?"
Mes souvenirs ? Mort, morts, destruction, paix, poussière, génocide, héroïne fondue, silence glacial, surface, monde détruit, observer les massacres, tuer par obligation...
"De tout, d'absolument tout... Je me rappelle chaque seconde... Et vous ?"
—"On se rappelle nos 436 morts de tes mains et quelques fois des quelques minutes qui ont précédés. C'est tout."
Sur les 1999 timelines précédentes, ils sont morts 1971 fois... Et ils se rappellent que des 436 fois où je les ai tués ? C'est une blague ? Un cauchemar ? Non non, bien pire, c'est "juste" la réalité...
"Je... vois... normal que vous m'en voulez tant alors..." Je soupire presque inaudiblement...

Le visage de Chara semble fondre et redevenir celui de Frisk... euh... d'accord...
Son corps tombe en position couchée, de nombreuses gouttes de sueurs coulent le long de son corps. Ses yeux sont grands ouverts et sa bouche marmonne des bruits inaudibles, même pour mon ouïe améliorée, pourtant, il reste endormi... Il doit faire un affreux cauchemars. Il faut que je le calme, je n'aime vraiment pas le voir comme ça...

Mes parties lupines s'enlèvent. Du fond de ma gorge sort un air mélodieux, un ancien chant en une langue qui n'est plus censé exister. Cette "berceuse magique" est censé apaiser le cœur et l'âme de ceux qui l'écoute. Sa puissance est assez élevée, c'est pour ça que plus personne ne sait la chanter d'ailleurs...

Peu à peu, ses traits s'apaisent et un sourire naît sur ses lèvres. En même temps, ma tête devient de plus en plus lourde. C'est ça quand on "joue" un air magique qu'on a enregistré... Je m'endors à ses côtés, le sourire aux lèvres. La berceuse continuera jusqu'à ce qu'elle soit finie, endormant tous ceux qui l'écoute...

Fin du chapitre 9

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