Chapitre 85

Le lendemain... Mardi...

Jonathan – 9:47 : Nelly, j'ai passé la nuit à réfléchir. À penser à toi. À me souvenir de toi dans les moindres détails. Je ne peux pas vivre sans toi ! Je refuse de le faire...

Les mots défilent sur l'écran, clairs, brutaux, comme un coup au cœur. Chaque lettre semble prendre vie, s'infiltrer sous sa peau, raviver les souvenirs qu'elle s'efforce de refouler. Nelly est assise à la table de la cuisine, une tasse de café refroidissant entre ses mains tremblantes. Le monde autour d'elle semble flou, comme une toile en train de se déliter, alors que le message de Jonathan occupe tout l'espace de ses pensées.

Jonathan – 9:49 : Je t'en prie, ne me raye pas de ta vie.

Une boule se forme dans sa gorge, l'empêchant de respirer normalement. Ce « Je t'en prie » résonne en elle, comme une prière désespérée, une main tendue dans l'obscurité. Mais elle sait qu'il est dangereux. Jonathan, avec ses mots doux, ses promesses intangibles, est un piège dont elle tente de s'échapper depuis si longtemps. Elle ne peut pas se permettre de flancher. Pas encore.

Et pourtant... Ses doigts glissent sur l'écran du téléphone, et elle relit le message une fois, puis une autre, espérant qu'à force de les fixer, les mots perdront leur impact. Mais c'est l'inverse qui se produit : ils la submergent, s'impriment en elle, lui rappelant chaque moment passé avec lui. Chaque sourire, chaque geste tendre, chaque baiser volé. Elle ferme les yeux, une vague de chaleur et de culpabilité la submerge.

Jonathan – 9:53 : Je n'ai jamais accepté de me marier. Je vais mettre les choses au clair avec Lola. Je t'aime, Nelly. Crois-moi. Je t'en prie. Archi-Méga-Vrai.

Ce dernier message la fait suffoquer. L'amour qu'elle pensait perdu refait surface, se heurtant violemment à la réalité de sa vie actuelle. Il l'aime ? Il n'a jamais accepté ce mariage ? Ses promesses dansent devant elle, enivrantes, irrésistibles, mais elles sont aussi vides que les rêves qu'elle a nourris trop longtemps. Archi-Méga-Vrai... Ce petit truc, si enfantin, si personnel, la fait vaciller. Elle l'entend encore murmurer ce mot à son oreille, dans l'intimité de leurs moments partagés.

Nelly veut répondre, veut crier, veut le croire, mais elle reste paralysée. Elle ne peut pas se permettre de céder. Le cœur lourd, elle baisse les yeux sur la tasse de café qu'elle tient toujours entre ses mains. Il est froid, comme elle. Comme sa vie actuelle. À côté d'elle entend les rires de Louis qui joue dans sa chambre. Le son est à la fois réconfortant et déchirant, car il lui rappelle pourquoi elle doit continuer à se battre. Pour lui. Pour son fils.

Jonathan continue d'envoyer des messages, chacun plus implorant que le précédent, mais elle n'y répond pas. Elle sait que la moindre réponse serait une porte ouverte, un retour en arrière vers cette passion dévorante mais destructrice. Pourtant, elle ne peut se résoudre à supprimer les messages. Chaque vibration de son téléphone est une tentation, une corde qui la tire doucement vers lui.

Elle tente tant bien que mal de se concentrer sur ce qu'elle doit faire, sur son rôle. Je suis une mère, une épouse, une maîtresse de maison. Les tâches ménagères, si banales d'habitude, lui semblent aujourd'hui insurmontables. Elle prépare un repas, lave les assiettes, mais ses gestes sont mécaniques, dénués de vie. Sa tête est ailleurs, prise au piège entre deux mondes : celui qu'elle a choisi par devoir, et celui qu'elle rêve encore parfois, un monde d'émotions brutes et de désirs inavoués.

Elle repense à l'appel de Bertrand, la veille. Quand il a appris que Jonas allait se marier, il s'était excusé par message, conscient de son emportement. Il est revenu, la queue entre les jambes, suppliant qu'elle lui pardonne. Ces excuses, elle les avait acceptées, parce que c'était ce qu'il fallait faire. Parce que c'était ce que la société attendait d'elle, ce que son engagement de femme mariée exigeait. Mais au fond d'elle-même, elle sentait que quelque chose était brisé, et qu'aucune excuse ne pourrait le réparer. Le devoir. C'est ce qui guide chacun de ses pas désormais. Le devoir envers Louis, leur fils, ce petit garçon si innocent qui ne mérite pas de grandir sans père. Elle doit protéger cette famille. C'est son rôle, sa responsabilité. Peu importe ce que Jonathan lui promet. Peu importe combien il l'aime ou combien elle a pu l'aimer.

Elle inspire profondément et ferme les yeux un instant, tentant de retrouver un semblant de contrôle.

Ne pas flancher. Ne pas céder.

Se répéter ces mantras encore et encore, comme une litanie, comme une armure contre les désirs qui la submergent. Louis ne mérite pas de voir sa mère éparpillée entre deux vies. Il a besoin de stabilité, et c'est à elle de la lui offrir, même si cela signifie d'enterrer une partie d'elle-même. La voix de Bertrand, lorsqu'il lui a demandé pardon, résonne encore dans sa tête. « Je suis désolé, Nelly. Je te promets que ça ne se reproduira plus. » Ses excuses sonnaient sincères, mais une part de Nelly se demande si elle peut vraiment y croire. Peut-elle encore aimer Bertrand comme il le mérite ? Peut-elle encore être cette femme qu'elle a promis de devenir lorsqu'ils se sont mariés ? Une larme solitaire glisse sur sa joue. Elle l'essuie rapidement, refusant de se laisser aller à la tristesse. Il faut tenir bon, se répète-t-elle. Jonathan fait partie du passé. Un passé qu'elle doit enterrer, même s'il continue de la hanter.

Elle entend à nouveau la voix de Louis, joyeuse et insouciante, et cela lui redonne un peu de force.

C'est pour lui que je fais tout ça.

Jonathan, avec ses promesses et ses déclarations d'amour, appartient à une autre vie. Celle qu'elle ne peut plus se permettre de vivre.

Nelly se redresse, essuie ses mains sur un torchon, et range son téléphone dans sa poche, ignorant la nouvelle vibration qui l'informe d'un autre message de Jonathan. Cette fois, elle n'a pas besoin de lire. Elle sait qu'elle ne pourra pas répondre.

Deux jours plus tard... Jeudi...

Jonathan – 18:12 : Je sais que tu ne me répondras pas. C'est presque une habitude... C'est comme si j'étais revenu treize ans en arrière. Moi qui t'offre mon cœur sur un plateau et toi qui ignores mes appels. Sauf qu'aujourd'hui je sais que tu reçois mes messages. Nelly, je t'aime, et je te le prouverai.

Les mots de Jonathan résonnent dans la tête de Nelly comme une mélodie douce-amère. Elle lit le message une fois, puis une seconde, incapable de détourner les yeux de cet écran qui pulse, comme une fenêtre sur un passé qu'elle essaie de refermer. Chaque mot semble la frapper en plein cœur, la ramener treize ans en arrière, à une époque où l'amour n'était qu'une promesse insouciante et dénuée de complications. Il y a longtemps, elle aurait pu répondre avec la même fougue, la même passion. Mais aujourd'hui... tout est différent.

Elle pose son téléphone sur la table, le regard perdu dans le vide. Jonathan la connaît si bien, suffisamment pour savoir qu'elle ne répondra pas. Et pourtant, il continue. C'est cette persévérance qui lui fait mal, qui ébranle les murs qu'elle s'efforce de construire autour de son cœur. Et pourtant, à chaque message de Jonathan, une fissure se crée dans cet équilibre si fragile.

Jonathan – 19:15 : L'avantage des textos, c'est que j'ai moins mal à la main que lorsque je tenais mon stylo. Ce soir, le ciel est sombre, mais les étoiles brillent de mille feux. J'ai l'espoir que tu voies les mêmes que moi.

Ces mots la prennent de court. Un léger frisson parcourt son échine, une nostalgie poignante l'enveloppe alors qu'elle tend la main vers la fenêtre. Elle hésite un instant, mais finit par écarter doucement le rideau. La nuit s'étend devant elle, sombre et majestueuse, parsemée d'une infinité d'étoiles scintillantes. C'est si paisible ici.

Elle se surprend à sourire légèrement, malgré elle, en contemplant ce ciel qui semble si vaste, si infini. Dans ce coin reculé, loin des lumières de la ville, la nuit est d'une pureté troublante. Chaque étoile est comme une promesse, un rêve non réalisé, une lueur dans le noir. Les mêmes étoiles... Jonathan a toujours su comment parler à son cœur, comment lui rappeler cette complicité silencieuse qu'ils partageaient.

Mais cette beauté qu'elle contemple la renvoie à une réalité qu'elle ne peut ignorer. Ces étoiles sont les seules à pouvoir briller dans l'obscurité de sa vie actuelle, loin de la passion intense, mais dévorante, qu'elle a vécue avec Jonathan. Ses doigts caressent distraitement le rideau tandis qu'elle laisse son regard se perdre dans l'immensité du ciel. Elle inspire profondément, mais l'air frais de la nuit ne parvient pas à dissiper le poids sur sa poitrine. Jonathan fait renaître des sentiments qu'elle pensait avoir enterrés. Il sait comment la toucher, comme personne d'autre.

Et puis, encore une vibration.

Jonathan – 20:59 : J'espère que ces nombreux messages te feront au moins sourire. Ne m'oublie pas, Sucrette. Je t'aime. AMV.

AMV. Cette signature si particulière qu'il lui a donnée des années plus tôt, fait remonter un flot d'émotions qui la submergent. « Archi-Méga-Vrai ». C'était leur code, un mot secret pour tout ce qu'ils partageaient et que personne d'autre ne pouvait comprendre. Cela représentait la promesse que tout était réel, que leur amour était pur, indestructible.

Les larmes lui montent aux yeux, et elle se mord la lèvre pour les retenir. Elle ne veut pas pleurer. Pas pour lui. Pas encore. Mais comment pourrait-elle ne pas penser à lui ? Comment pourrait-elle l'oublier alors que chaque message ravive un souvenir, une sensation, une promesse brisée ? Elle veut croire qu'elle est plus forte, qu'elle a tourné la page, mais chaque mot de Jonathan fait vaciller cette illusion de contrôle.

Son cœur est un champ de bataille, tiraillé entre ce qu'elle veut et ce qu'elle sait être juste. Elle serre les poings, tentant de repousser cette tempête intérieure. Mais ce dernier message l'a faite sourire, malgré elle. Elle s'en veut, car elle sait que cela signifie qu'il a encore un pouvoir sur elle. Il la connaît trop bien.

Les étoiles continuent de scintiller dans le ciel, témoins silencieuses de son tourment. Pendant un bref instant, elle laisse son esprit vagabonder. Que se passerait-il si elle répondait ? Si elle laissait une seule fois ses sentiments prendre le dessus ? Peut-être que tout redeviendrait comme avant. Mais elle sait aussi que cela pourrait tout détruire. Sa famille, son équilibre, tout. Elle respire profondément et repose le téléphone. Pas ce soir. Pas maintenant. Peut-être jamais.

Avec un effort immense, elle se détourne de la fenêtre, laissant derrière elle les étoiles et les souvenirs qu'elles ravivent. Elle éteint son téléphone, mettant ainsi fin aux messages de Jonathan, du moins pour ce soir. Mais dans son cœur, le silence est bien plus difficile à instaurer.

Elle monte lentement les escaliers, chaque pas alourdissant un peu plus ses pensées. Louis dort paisiblement dans sa chambre, son visage angélique éclairé par la douce lueur de sa veilleuse. Nelly s'approche de lui et dépose un baiser léger sur son front, comme pour s'ancrer dans cette réalité. C'est pour lui qu'elle doit être forte. Pour lui qu'elle doit continuer à avancer.

Mais au fond d'elle, une petite voix continue de murmurer. Archi-Méga-Vrai.

Jonathan – 18:12 : Je sais que tu ne me répondras pas. C'est presque une habitude... c'est comme si j'étais revenu treize ans en arrière. Moi qui t'offre mon cœur sur un plateau et toi qui ignores mes appels. Sauf qu'aujourd'hui je sais que tu reçois mes messages. Nelly, je t'aime, et je te le prouverai.

Jonathan – 19:15 : L'avantage des textos, c'est que j'ai moins mal à la main que lorsque je tenais mon stylo. Ce soir, le ciel est sombre, mais les étoiles brillent de mille feux. J'ai l'espoir que tu voies les mêmes que moi.

Nelly ne peut s'empêcher d'écarter le rideau pour observer la voûte céleste. Elle aime vivre dans ce milieu un peu reculé. Loin de la ville et des lumières. Ici, la nuit est noire, et on peut voir les milliers d'astres scintiller.

Jonathan – 20:59 : J'espère que ces nombreux messages te feront au moins sourire. Ne m'oublie pas, Sucrette. Je t'aime. AMV.

Trois jours plus tard... Dimanche...

Jonathan – 10:51 : C'est encore un nouveau message pour te dire à quel point tu me manques. Nelly, je t'en prie, réponds-moi. J'ai annulé le mariage. Je te promets de n'avoir jamais été au courant des projets de Lola... je t'ai expliqué notre relation. Elle a toujours été là, dans la sphère people. C'était si facile... Je t'aime, Nelly. Je voulais tellement te montrer certaines choses que j'avais préparées pour toi... je voulais te prouver que mes sentiments étaient sincères. Laisse-moi te convaincre. AMV.

Nelly sent son cœur se serrer à nouveau en lisant le message de Jonathan. « J'ai annulé le mariage. » Cette phrase flotte dans l'air comme un aveu presque irréel. Elle est tentée de relire le message encore et encore, mais elle sait qu'elle ne doit pas. Chaque mot pèse sur son esprit comme une promesse d'un passé qu'elle a essayé d'enterrer, mais qui refuse de disparaître. Jonathan lui dit qu'il l'aime. Mais ces mots, aussi beaux soient-ils, viennent maintenant avec un poids trop lourd à porter. Peut-elle seulement encore croire à ses sentiments ? Ou est-ce juste une illusion, une manière pour lui de se raccrocher à quelque chose qui n'existe plus ? Elle a déjà entendu ses explications sur Lola, sur leur relation superficielle et vide, mais cela n'efface pas la douleur. Et qu'en est-il de cet enfant à venir ?

Elle pose le téléphone sur la table de la cuisine, le souffle coupé, comme si son corps avait décidé pour elle qu'elle ne pouvait plus encaisser une nouvelle vague d'émotions. Elle ferme les yeux, prend une profonde inspiration. Elle sait qu'elle doit rester forte, pour Louis. Dans un effort pour échapper à ses pensées, elle se jette dans sa routine. Ranger la maison, organiser chaque coin, comme si elle pouvait ainsi ranger le chaos de son esprit. Elle frotte le plan de travail avec vigueur, essayant d'effacer non seulement la saleté, mais aussi les souvenirs qui l'assaillent sans cesse. Les moments partagés avec Jonathan, les sourires volés, les promesses murmurées... Tout cela lui revient avec une clarté douloureuse, et elle lutte pour ne pas se laisser happer par ces souvenirs.

Louis, assis dans le salon, joue tranquillement avec ses cubes en mousse, sa petite voix douce et joyeuse emplissant la pièce. Nelly souris en le regardant. Ce petit être est tout pour elle. C'est pour lui qu'elle doit tenir bon. Elle tente de se concentrer sur les jeux d'éveil qu'elle lui propose, les lectures, les constructions de cubes, mais son esprit s'égare toujours vers Jonathan, vers ce qu'il dit, vers ce qu'il promet encore.

Jonathan – 12:24 : Mon amour, je regrette les heures passées loin de toi... Mais je comprends ton ressentiment. Je voudrais te dire que je respecte ta décision, mais j'ai peur qu'elle ne soit que le fruit de ta colère, de ton incompréhension, mais surtout de notre manque de dialogue. Ne me laisse pas si longtemps trop loin de toi. Seul, mon corps est hagard, ne peux-tu pas lui rendre sa part ? Tu es ma moitié... sans toi, je ne suis plus moi.

Nelly s'arrête un instant, les mains tremblantes, en lisant ce nouveau message. « Tu es ma moitié... sans toi, je ne suis plus moi. » Ces mots résonnent en elle d'une manière qu'elle ne peut ignorer. Jonathan sait si bien jouer avec les mots, il sait si bien toucher là où elle est la plus vulnérable. C'est comme s'il savait exactement comment raviver cette flamme vacillante qu'elle essaie tant bien que mal d'éteindre. Elle secoue la tête, essayant de repousser cette sensation. Elle ne peut pas se permettre de retomber dans ses bras... Mais malgré elle, elle sent ses défenses faiblir, lentement mais sûrement.

Bertrand n'est pas rentré et cela la soulage presque autant que cela la blesse. Le tournage a besoin de lui, la météo est parfaite, lui a-t-il dit. Elle n'a même pas discuté, pas cette fois. Au fond, elle sait que sa vie maintenant sera celle-ci. Crise, peur, absences, soulagement... les derniers moments passés avec son mari sont marqués au fer rouge dans sa mémoire, et dans des teintes bleues-violettes parfois vertes-jaunes sur sa peau...

Jonathan – 14:24 : Mon amour, Yan pense que je ne suis plus que l'ombre de moi-même et qu'il est temps pour moi de partir... Je vais rentrer et tenter de t'oublier. Je n'ai pas le choix... je crois. Mais... s'il te plaît, accorde-moi, encore une fois, le droit de te voir.

Ces derniers mots font battre son cœur plus fort, un mélange de panique et de désir. Jonathan ne peut pas partir, pas comme ça. Elle n'est pas prête à le perdre définitivement, même si elle sait qu'elle ne peut pas être avec lui. Cette dualité la ronge, la fait souffrir à chaque message, à chaque souvenir partagé.

Elle sait que Jonathan a raison d'une certaine manière. Si elle continue à l'ignorer, si elle continue à lui tourner le dos, il finira par partir, par s'éloigner, encore une fois. Peut-être serait-ce mieux pour eux deux. Peut-être qu'enfin, elle pourrait tourner la page. Mais l'idée de le voir disparaître de sa vie est plus douloureuse encore que tout le reste.

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