Chapitre 73
Les choses ne vont pas s'arranger, et Nelly en est parfaitement consciente. Elle sait qu'en franchissant cette limite, elle allume l'étincelle qui pourrait les mener à leur perte. Pourtant, dans cet instant suspendu où tout semble s'effacer autour d'eux, elle ne regrette rien. Pas encore, du moins. Les conséquences de leurs actes sont reléguées à l'arrière-plan, remplacées par l'intensité brute des émotions qu'ils partagent. Elle aime la sensation des doigts de Jonathan dans le creux de ses reins, la façon dont ils semblent réclamer sa présence, son corps, avec une douceur possessive. La chaleur de ses lèvres, brûlantes de passion, fait trembler la dernière parcelle de contrôle qu'elle s'efforçait de maintenir.
Quand il l'embrasse à nouveau, elle répond avec un abandon total, comme si chaque baiser la ramenait à une partie d'elle-même qu'elle avait longtemps mise de côté. Jonathan, enfiévré par ce qu'il ressent, la soulève avec aisance, et Nelly, sans réfléchir, enroule instinctivement ses jambes autour de son bassin. Leur étreinte devient plus intime, plus urgente, lorsqu'il la dépose sur une table en bois, dans un coin de la costumerie.
— Tu m'as tellement manqué, souffle-t-il d'une voix rauque, ses lèvres traçant une myriade de petits baisers le long de son cou.
Chaque contact fait frémir Nelly, un frisson qui monte en elle, amplifié par le désir qu'elle n'essaie plus de dissimuler.
— Toi aussi... avoue-t-elle dans un souffle, consciente qu'elle ne pourra plus refréner ce désir longtemps.
C'est une urgence, un besoin, plus fort que la raison. Ses doigts s'égarent dans les mèches châtain clair de Jonathan, glissant à travers ses cheveux comme si elle voulait l'ancrer à elle, comme si ce contact était son dernier lien avec la réalité.
— N'arrête pas... chuchote-t-elle entre deux respirations saccadées, incapable de supporter l'idée que cette sensation puisse s'interrompre.
— Jamais, murmure-t-il en retour, sa voix empreinte de promesses qu'il a l'intention de tenir.
Ses mains glissent le long des bras de Nelly, traçant un chemin brûlant jusqu'à ses hanches. Il l'attire encore plus près de lui, et leurs corps se collent, ne laissant aucun espace entre eux. Nelly se mord la lèvre, cherchant du réconfort dans ses yeux, dans cette complicité qui n'a jamais vraiment disparu. Leurs regards se croisent, et pour un instant, le temps semble se figer. Ce n'est plus seulement une question de désir, c'est une reconnexion profonde, un appel qui va au-delà de l'attraction physique.
— Je ne suis pas sûr de pouvoir m'arrêter, Nel..., avoue-t-il, sa voix empreinte d'une sincérité déchirante.
— Je ne suis pas certaine de vouloir que ce soit le cas... répond-elle, sa voix tremblante, mais déterminée.
Encouragé par ses mots, Jonathan glisse ses mains sous son pull et le lui retire, exposant sa peau à l'air frais ambiant. Il prend un instant pour la contempler, son regard admirant chaque courbe, chaque détail. Malgré la finesse de son corps, il la trouve parfaite, sans le moindre défaut. Elle est tout ce qu'il a désiré, tout ce qu'il n'a jamais pu oublier. En revanche il remarque quelques bleus qui le font tiquer, mais Nelly le tire de sa rêverie.
— Jonathan... j'ai archi-méga-envie, murmure-t-elle contre ses lèvres, un sourire complice se dessinant sur son visage.
Ce murmure, doux mais chargé de sous-entendus, les fait rire doucement. C'est leur petite bulle, cet instant de légèreté au milieu du tumulte. Avec des mains légèrement tremblantes, mais impatientes, elle se met à déboutonner son sweat, puis sa chemise, dévoilant lentement son torse. Elle savoure chaque moment, chaque seconde où elle se rapproche un peu plus de lui. Quand elle commence à s'attaquer au bouton de son jean, Jonathan, bien qu'enfiévré, attrape doucement ses mains.
— Doucement, mon amour..., murmure-t-il, une lueur de tendresse illuminant son regard.
Ce n'est pas un frein, mais une invitation à prolonger cet instant, à savourer chaque geste, chaque frôlement. Leurs respirations s'accélèrent à l'unisson, et les gémissements de Nelly deviennent plus prononcés, témoignant de la montée du désir qu'elle n'essaie plus de contrôler. Jonathan sent que le moment est venu. Il prend son temps, ses mains parcourant son corps avec une lenteur délibérée, comme s'il voulait mémoriser chaque centimètre de peau sous ses doigts. Ses lèvres suivent le même chemin, traçant une ligne invisible, mais brûlante, sur sa peau. Lorsque son souffle chaud effleure son intimité, un frisson la traverse, faisant naître en elle des sensations qu'elle croyait oubliées. Chaque seconde, chaque mouvement est une promesse d'abandon total. Nelly sent son corps se tendre sous ses caresses, et les murmures qui s'échappent de sa bouche deviennent des gémissements, plus forts, plus pressants. Jonathan sait qu'il est temps. Leurs corps sont en parfaite harmonie, comme s'ils avaient été créés pour ce moment précis, pour cette union.
Lentement, Jonathan s'écarte de Nelly, ses yeux plongés dans les siens. Ils viennent de partager un moment d'une intensité qu'ils n'avaient jamais connue. Leurs corps encore vibrants, leurs esprits enivrés par ce qu'ils viennent de vivre, l'instant semble suspendu dans l'air, fragile et précieux. Nelly se sent comme si elle venait de traverser une galaxie entière, perdue dans l'immensité des sensations qui l'ont bouleversée. Un frisson la parcourt, marquant la fin de cette étreinte brûlante, la chaleur de leurs corps s'effaçant petit à petit, remplacée par un vide glacé.
— Je t'aime, murmure-t-il, sa voix douce, presque un souffle, effleurant son oreille comme une caresse intime.
Ces mots, prononcés avec une sincérité désarmante, la bouleversent encore plus, plus profondément que tout ce qu'elle vient de vivre physiquement. Nelly ne sait plus où elle en est. Ses doigts sont encore entrelacés aux siens, mais elle sent une vague de panique monter en elle. Elle cherche à se redresser, mais son corps, encore tremblant, refuse de coopérer.
— Hey, doucement... ça va ? s'inquiète Jonathan, son regard brillant d'une tendresse infinie.
— Je... je crois que ça fait longtemps que..., tente-t-elle d'expliquer, mais les mots restent coincés dans sa gorge.
Elle rougit violemment, baissant les yeux comme une enfant prise en faute. Le poids de la honte la submerge, et elle détourne le regard, fuyant celui de Jonathan. Comment pourrait-elle lui expliquer que depuis la naissance de Louis, Bertrand ne l'avait plus jamais touchée de cette manière ? Même avant cela, les moments d'intimité avec son mari étaient devenus une routine, un acte dénué de toute émotion. Bertrand ne s'était jamais soucié de son plaisir, elle s'était résignée, acceptant cela comme une normalité. Mais ce qu'elle vient de vivre avec Jonathan est différent, profondément différent. Elle n'avait jamais ressenti un tel bien-être, une telle intensité, une telle connexion.
Et c'est précisément cela qui l'angoisse.
Soudain, une vague de confusion la submerge, mêlée à une profonde culpabilité. Comment a-t-elle pu en arriver là ? Pourquoi n'a-t-elle pas refusé, s'est-elle laissé emporter ainsi ? Ses pensées tourbillonnent dans sa tête, s'emballent. Si Bertrand l'apprenait... comment réagirait-il ? Cette simple idée lui noue l'estomac, et elle sent ses yeux se remplir de larmes.
— Nel... qu'est-ce qu'il y a ? s'enquiert Jonathan, son ton préoccupé, tandis qu'il caresse doucement ses bras.
— On n'aurait pas dû..., murmure-t-elle, la voix brisée, ses larmes coulant librement sur ses joues. Pourquoi tu... pourquoi je...
Sans prévenir, elle commence à frapper faiblement son torse avec ses poings, comme une explosion de frustration et de chagrin. Elle ne sait pas à qui en vouloir – à lui, à elle-même, à la situation tout entière. Ses coups sont légers, presque symboliques, mais Jonathan les arrête rapidement, attrapant délicatement ses poignets. Sa poigne est ferme mais douce, un paradoxe d'autorité et de tendresse.
— Calme-toi, mon ange. On s'aime... où est le mal ? lui demande-t-il, cherchant à la raisonner, à la rassurer.
Ses mots la transpercent, non pas de réconfort, mais de colère. « On s'aime », c'est facile à dire, mais cela ne change rien à la réalité. Elle sent une vague de rage mêlée à une angoisse indescriptible monter en elle.
— Tu es fiancé, et je suis mariée !, s'écrie-t-elle, sa voix tremblante, presque hystérique. Comment peux-tu... Comment peux-tu dire que ça n'a pas d'importance ?
— Nelly, ce n'est pas le Moyen Âge, ces choses-là... elles peuvent s'arranger.
Jonathan tente de garder son calme, mais il perçoit l'ampleur du tourment qui l'habite.
— Je... je ne peux pas.
Ses mots sont à peine audibles, presque étouffés par le flot d'émotions qui la submerge. Elle se lève précipitamment, ramassant ses vêtements éparpillés autour d'eux. L'angoisse la dévore. Elle a l'impression d'étouffer, piégée dans une situation dont elle n'a plus le contrôle. Elle boutonne maladroitement son jean, ses mains tremblantes trahissant son état intérieur. Comment a-t-elle pu en arriver là ? Pourquoi Jonathan n'a-t-il pas mis un frein à tout cela ? Elle cherche frénétiquement son manteau et son sac, prête à fuir.
— Nel, attends... reste..., l'implore-t-il, sa voix teintée d'une tristesse sincère.
— Non !, réplique-t-elle, sa voix se brisant, ses mains s'agitant pour terminer de boutonner son jean.
Elle se sent piégée dans un tourbillon de culpabilité, de désir, et de regrets. Il l'attrape par le poignet, la forçant à faire volte-face. Leurs regards se croisent, et pendant un instant, elle sent la douceur de son regard, cette tendresse qui la désarme toujours. Mais elle sait qu'elle ne peut pas rester.
— S'il te plaît, Nel...
Jonathan la supplie du regard, son ton est presque désespéré. Nelly sent son cœur se serrer à cet appel, mais elle sait qu'elle doit partir, fuir avant que les remords ne l'écrasent complètement.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top