Chapitre 72

Vendredi...

Nelly gare sa petite voiture verte devant la maison de Leticia. La vieille citadine émet un dernier vrombissement fatigué avant de s'immobiliser, laissant Nelly soupirer de soulagement. Elle jette un regard vers la maison de sa meilleure amie, toujours aussi accueillante avec ses rideaux fleuris et ses murs pastel qui lui rappellent des souvenirs d'adolescence. Elle coupe le moteur et sort en vitesse, son fils Louis déjà à moitié endormi dans son siège auto.

Leticia, fidèle à elle-même, ouvre la porte avec un sourire radieux. Elle déborde de cette énergie joyeuse que Nelly a toujours admirée.

— Mais regarde-moi ça ! s'exclame Leti en se précipitant vers la voiture, les bras tendus pour attraper Louis. Mon filleul préféré ! Et le sac aussi, allez, donne.

Nelly ne peut s'empêcher de sourire devant l'enthousiasme de son amie, mais le poids dans sa poitrine refuse de se dissiper. Elle est fatiguée, épuisée même, mais pas juste physiquement.

— Tu as vraiment une sale tête... observe Leti en fronçant les sourcils, alors qu'elle prend Louis dans ses bras.

— Ouais, je sais, répond Nelly, sa voix dénuée de toute énergie.

Leti la fixe un instant, son instinct de meilleure amie en alerte.

— Ça ne va pas ? insiste-t-elle, cette fois avec un ton plus doux, tout en déchargeant Nelly du sac de bébé. C'est à cause d'hier ?

Nelly secoue la tête, tentant de dissimuler la tempête intérieure qui gronde.

— Je nage dans le bonheur... lâche-t-elle avec une pointe d'ironie, un sourire forcé aux lèvres.

— Sérieusement, Nel, c'est pas n'importe quel jour aujourd'hui... Leti la fixe de ses grands yeux, visiblement inquiète. Tu veux entrer cinq minutes ? Qu'on parle un peu ?

Nelly hésite, le regard perdu sur la route. Elle voudrait tellement s'effondrer dans les bras de Leti, lui raconter à quel point elle est perdue, combien la présence de Jonathan la bouleverse, à quel point elle redoute son départ. Mais elle ne peut pas, pas maintenant. Tout est trop confus.

— Pas le temps, répond-elle rapidement. Je reviens te chercher Louis ce soir.

Elle dépose un bisou tendre sur la joue de son fils, son cœur se serrant en voyant l'innocence dans ses yeux. Puis, sans attendre, elle court presque vers sa voiture, dont la portière est encore ouverte, un geste révélateur de son état de nervosité.

En montant à nouveau au volant, Nelly sent son cœur battre à une cadence irrégulière. Elle redevient accro à Jonathan, c'est plus fort qu'elle. Ils ont retrouvé cette complicité d'avant, ce lien qui lui avait tellement manqué. Mais en même temps, elle sait que cette relation est éphémère. Il va repartir, et elle le sait. Le supportera-t-elle ? Elle se convainc que non. Tout cela finira par la briser à nouveau.

Pourquoi a-t-il fallu qu'elle le revoie ? Pourquoi son père a-t-il gardé ces lettres ? Ces questions-là rongent, tournent en boucle dans sa tête alors qu'elle se dirige vers le théâtre, là où elle doit retrouver Jonas. Mais la présence de Jonathan plane comme une ombre, impossible à ignorer.

En arrivant, elle descend de la voiture et se dirige vers l'entrée du théâtre. Jonas est déjà là, avec deux de ses élèves. Il semble à l'aise, un sourire tranquille sur les lèvres. Ce petit moment de calme et de normalité contraste violemment avec le tumulte intérieur de Nelly.

— Bonjour, lance-t-elle, d'une voix qui se veut enjouée, mais qui sonne étrangement distante.

— Bonjour Mademoiselle Dudressie ! répondent en chœur les deux adolescents, visiblement excités par la présence de Jonas.

— Allez, vous rentrez et vous attendez sagement. J'arrive ! leur dicte Nelly, tentant de reprendre un peu de contrôle sur la situation alors qu'elle les regarde passer la porte.

Une fois à l'intérieur, Jonathan, qui la suit discrètement, referme la porte derrière lui et la rattrape d'une main douce mais ferme, ses doigts effleurant à peine son bras, ce qui suffit à faire frissonner Nelly.

— Que... commence-t-elle, surprise par ce geste.

Mais avant qu'elle ne puisse finir, Jonathan pose un doigt sur ses lèvres, l'enjoignant au silence. Son regard intense plonge dans le sien, et pendant une seconde, elle oublie tout. Le théâtre, ses responsabilités, ses peurs. Seule compte cette proximité. Il se rapproche encore, respire son parfum, et avant qu'elle ne puisse comprendre, il glisse un petit paquet dans ses mains.

— Bon anniversaire, murmure-t-il, un sourire doux sur les lèvres.

Nelly, bouleversée, reste figée un instant. Son cœur semble vouloir exploser dans sa poitrine. Elle n'avait pas imaginé qu'il se souviendrait de cette journée.

— Jo... murmure-t-elle, sa voix tremblante sous l'émotion.

Jonathan s'approche encore, sa respiration effleurant son oreille. Il est si près, si réel. Elle lutte contre ses propres émotions, mais tout en elle cède, et elle laisse échapper une larme, qu'elle tente en vain de dissimuler. Elle l'enlace, ses bras se refermant autour de lui comme si elle craignait qu'il ne s'échappe à nouveau.

— Je n'ai jamais oublié, lui souffle-t-il, ses lèvres tout près de son oreille, sa voix chargée d'émotions non dites.

Les souvenirs affluent, chaque geste, chaque mot. Nelly sent son corps se détendre contre lui, malgré son esprit qui la supplie de garder ses distances. Elle est incapable de lui résister. Pas après tout ce qu'ils ont partagé. Pas maintenant. Jonathan s'éloigne doucement, et elle sent déjà le froid envahir l'espace entre eux. Il désigne le paquet dans ses mains.

— J'espère que ça te plaira. Je ne voulais pas que ce soit trop voyant si..., il s'interrompt, laissant la phrase en suspens, incertain.

Nelly, les yeux encore brillants de larmes, se recule légèrement et ouvre lentement le paquet. Elle découvre une petite boîte contenant un porte-clés en forme de livre. Ses doigts le saisissent délicatement, et elle lit les lettres gravées dessus : « Orgueil et Préjugés ». Son cœur se serre une fois de plus.

— C'est un porte-clés... , murmure-t-elle, levant les yeux vers lui, le souffle coupé.

— Ça reflète notre première vraie rencontre, hors cadre scolaire, répond-il avec un sourire nostalgique.

Elle se souvient. Cette première fois où ils avaient parlé réellement, où une simple conversation sur ce livre avait scellé un lien entre eux, un lien qui semblait indestructible à l'époque.

— Tu n'as pas oublié, murmure-t-elle, plus pour elle-même que pour lui.

Jonathan secoue la tête doucement, son regard plongé dans le sien.

— Je n'oublierai jamais.

Jonathan place doucement ses deux mains le long de la mâchoire de Nelly, ses doigts effleurant sa peau avec une délicatesse qui fait frissonner chaque parcelle de son être. Le contact est à la fois tendre et brûlant, un mélange d'urgence et d'émotion contenue depuis trop longtemps. Ses lèvres s'abattent sur les siennes dans un baiser ardent et passionné. Toute la frustration, tout le désir accumulé, se déverse à cet instant, brisant les barrières qu'ils avaient érigées entre eux.

Nelly sent son cœur battre si fort qu'un léger vertige la prend. Son souffle devient court, sa tête tourne sous l'intensité de ce moment volé au temps. Elle répond à son baiser, incapable de résister à la vague d'émotion qui l'envahit. Sa bouche goûte à cette familiarité tant redoutée, mais terriblement désirée. L'odeur fraîche de menthe et de citron vert de Jonathan s'imprègne à ses vêtements, un parfum qui lui semble désormais inévitablement lié à lui. Mais elle sait... Elle sait qu'elle ne peut pas. Chaque seconde prolongée dans cette étreinte la rapproche du précipice. Elle sent la culpabilité percer à travers le bonheur éphémère, la réalité la rattraper avec une brutalité implacable.

Alors, dans un élan de lucidité, elle s'éloigne, brisant la magie de cet instant, rompant le contact, et avec lui, une partie de son cœur. Elle recule, le souffle court, des larmes silencieuses roulant le long de ses joues. Des larmes de bonheur, certes, mais aussi de douleur, de regret. Cette souffrance qu'elle porte est palpable, comme un poids qui l'écrase doucement.

— Je suis désolée... sanglote Nelly en secouant la tête, incapable de croiser son regard plus longtemps. Je... Bertrand rentre ce soir. Je... Je ne peux pas.

Les mots sortent difficilement, chaque syllabe lui arrache un peu plus de courage. Bertrand. Ce nom résonne comme un rappel cruel de la vie qu'elle doit mener, une vie qu'elle a choisi mais qui, à cet instant, lui paraît terriblement oppressante. Elle aime Bertrand, ou plutôt, elle l'a aimé. Il a été le pansement après des années de souffrance... Mais cet amour avec Jonathan est d'une autre nature. Plus sauvage, plus intense. Plus pur... incontrôlable.

Jonathan, déstabilisé, cherche à comprendre, à dire quelque chose, mais ses mots se perdent. Son cœur semble se briser à mesure qu'il la voit s'éloigner. Il tente de la retenir, ne serait-ce qu'en paroles.

— Qu'est-ce qui t'em... commence-t-il, mais sa voix se brise avant qu'il puisse finir.

Nelly, en détresse, pose un doigt tremblant sur ses lèvres pour le faire taire, un dernier geste d'intimité qu'elle ne veut pas abandonner trop vite. Elle soupire profondément, tentant de reprendre contenance.

— Nous devons y aller, murmure-t-elle, la voix lourde de non-dits, de regrets.

Elle se décale légèrement, cherchant à fuir, à échapper à cet instant où tout semble trop lourd. Jonathan, toujours positionné devant la porte, reste immobile un instant, le regard perdu, cherchant la moindre étincelle d'espoir dans ses yeux. Mais il comprend. Il sent que la distance entre eux ne fait que grandir. Dans un silence lourd, il s'écarte finalement, avalant sa salive avec difficulté, et acquiesce d'un simple hochement de tête.

Ils quittent la petite pièce sans un mot de plus, laissant derrière eux un souvenir brûlant et amer, une trace indélébile de ce qu'ils auraient pu être. Nelly tente de respirer, de retrouver son équilibre, mais son cœur est toujours en désordre. Bertrand rentre ce soir. Et elle sait qu'elle devra tout effacer – l'odeur de Jonathan, la chaleur de ses lèvres – avant de le retrouver.

Dans le théâtre, Nelly s'efforce de reprendre le contrôle de ses émotions. Elle doit se concentrer. Oublier. Se recentrer. Le groupe de jeunes adolescents attend déjà son signal. Jonathan est resté dans l'ombre, offrant son aide, mais respectant la distance. Lui aussi est ébranlé.

— Bonjour, Mademoiselle Dudressie ! s'exclament le groupe d'élèves avec l'enthousiasme, ignorant totalement la tempête intérieure de leur professeur.

— Ils ne t'appellent jamais Madame Briand, remarque Jonas a ses côtés.

— Question d'habitude, rétorque Nelly doucement.

— Madame Duprés serait tellement plus jolie, lui glisse-t-il tout bas.

Le cœur de Nelly rate un battement et elle tape dans ses mains pour faire diversion.

— Allez, vous vous mettez en cercle, s'il vous plaît, ordonne-t-elle d'une voix quelle espère posée.

Les adolescents obéissent, excités à l'idée de commencer leur session. Nelly, elle, lutte pour reprendre le fil de ses pensées, encore troublée par l'échange et les dernière paroles de Jonathan. Son esprit s'accroche au travail, un refuge nécessaire.

Le cours commence par des exercices de réchauffement, un rituel que Nelly aime particulièrement pour l'énergie qu'il diffuse dans la pièce. L'un d'eux initie un mouvement, une gestuelle précise, accompagnée d'un son étrange. Le groupe, avec enthousiasme, le suit, reproduisant à l'unisson le geste et le son.

Nelly les observe, tentant de se détacher de ses émotions. Elle les encourage, les félicite, mais son cœur est ailleurs. Jonathan, lui, intervient ici et là, apportant des conseils techniques, ajoutant une touche personnelle à l'exercice, mais toujours dans une discrétion qui le caractérise.

Quand enfin les répétitions du spectacle de janvier commencent, Nelly reprend un peu de contrôle sur elle-même. La mécanique du travail, les directives, les corrections : tout cela l'aide à canaliser son énergie.

— Super, tu as bien progressé, félicite-t-elle l'un des élèves après une scène.

— Essayez d'être un peu plus fluide dans vos mouvements, ajoute Jonathan en souriant, s'adressant au même adolescent. C'est important de laisser votre corps s'exprimer sans être trop rigide.

Les élèves le regardent avec admiration, et pour un instant, Nelly ressent un pincement au cœur en le voyant aussi à l'aise, aussi généreux de son temps et de son expérience. Cet homme, à la fois si proche et si loin d'elle, continue de la bouleverser.

L'heure et demie de répétitions passe en un clin d'œil. Le rythme effréné des exercices, les éclats de rire des adolescents, et la concentration de Nelly pour éviter de croiser trop souvent le regard de Jonathan ont occupé son esprit, la maintenant à flot malgré le tourbillon d'émotions qu'elle essaie de réprimer. Enfin, midi sonne, offrant une pause bienvenue dans cette matinée intense.

Nelly a tout prévu. Elle a pris l'habitude de préparer des déjeuners maison pour elle et Jonathan, afin de libérer du temps. Aujourd'hui, l'objectif est clair même s'ils ont largement le temps de s'organiser pour le spectacle de décembre pour les tout petits mais Nelly a besoin de s'occuper l'esprit. Elle se rends dans la costumerie, suivi comme son ombre par Jonathan, et commence à répertorier ce qui lui faudra pour habiller les enfants. Ses gestes précis et rapides, mais son esprit est ailleurs. Elle se plonge dans cette tâche familière – répertorier les costumes – pour éviter de penser à tout ce qui la trouble. Mais même entourée de tissus et de couleurs, elle ne peut pas ignorer la présence de Jonathan. Il est là, si proche, et chaque geste, chaque mot échangé fait vibrer quelque chose de plus profond en elle.

Ils discutent du spectacle, de la manière dont les enfants seront habillés, des détails qui ne devraient être que professionnels. Pourtant, chaque regard échangé, chaque frôlement de mains accidentel, rend la conversation plus lourde, chargée de sous-entendus qu'aucun d'eux ne prononce à voix haute. Nelly se sent piégée, tiraillée entre son devoir et ses désirs. Comment tout a-t-il pu devenir si compliqué, alors que tout semblait si simple avant ?

Ses doigts frôlent ceux de Jonathan alors qu'ils fouillent ensemble dans une pile de costumes, et elle se fige un instant, son cœur s'emballant malgré elle. Ce simple contact fait naître en elle une chaleur diffuse, troublante.

— Nelly..., soupire finalement Jonathan, après une heure de ce manège silencieux.

Sa voix est basse, presque un murmure, mais elle la sent vibrer jusque dans ses entrailles. Elle relève la tête, cherchant à comprendre ce qu'il veut dire.

— Euh, oui... ?

Il la regarde avec intensité, et elle sent que quelque chose va se briser, que les non-dits vont enfin exploser.

— J'ai l'impression que tu es une petite souris terrifiée à l'idée que je te mange, dit-il doucement, mais son regard trahit une profonde tristesse, un mélange de douleur et de tendresse.

Ces mots la frappent de plein fouet. C'est exactement ce qu'elle ressent : terrifiée. Pas par lui, mais par ses propres sentiments, par ce désir qu'elle ne parvient plus à réprimer, et par la culpabilité qui l'accompagne.

— Je suis désolée, murmure-t-elle, détournant les yeux, fuyant ce regard qui la rend vulnérable.

Elle tente de sourire, un sourire fragile, un écho de celui qu'elle lui offrait lorsqu'ils étaient plus jeunes. Mais ce sourire est plein de regrets, de doutes, et de non-dits.

Jonathan, cependant, ne compte pas en rester là. Il ne veut plus fuir, ni se cacher derrière des prétextes. Il s'approche d'elle, un pas contrôlé mais chargé de détermination. Son regard est fixe, brûlant, et elle sent la tension monter d'un cran. Avant qu'elle ne puisse réagir, il est là, tout près, ses doigts effleurant sa joue avec une tendresse qui fait battre son cœur à toute allure. Le simple contact de sa peau contre la sienne la fait chavirer, et elle se surprend à retenir son souffle. Puis, avec une délicatesse infinie, il lui redresse le menton, forçant ses yeux à rencontrer les siens.

— Nelly..., murmure-t-il, sa voix pleine de douceur, mais aussi de cette tristesse qu'elle connaît trop bien.

Leurs regards s'accrochent, comme liés par une force invisible. Nelly se sent submergée. Elle est si proche de lui qu'elle sent la chaleur émaner de son corps, son parfum familier envahissant ses sens. Elle sait que ce n'est pas raisonnable. Elle sait qu'elle devrait s'éloigner, mais elle en est incapable. Il la regarde, ses yeux oscillant entre son visage et ses lèvres, et elle sait que si elle ne fait rien, tout va basculer. Son corps, malgré elle, trahit son désir. Elle se sent terriblement attirée par lui, par cette proximité qu'elle redoutait mais qui la consume maintenant de l'intérieur.

— J'ai eu ton message avant hier soir..., souffle-t-il alors, brisant le silence avec une confession.

Le message. Celui qu'elle n'aurait jamais dû envoyer. Celui qu'elle avait laissé sous l'impulsion de la frustration, du manque, de la confusion. Elle ferme les yeux, honteuse, ses joues s'empourprant à une vitesse vertigineuse. Tout est trop confus, trop intense, et elle ne sait plus quoi faire. Elle tente de se dégager, de s'éloigner de cette tentation dangereuse, mais Jonathan ne la laisse pas partir. Sa main se pose doucement sur sa taille, l'attirant contre lui, avec une force douce mais implacable.

— Nelly, mon ange, s'il te plaît... regarde-moi.

Sa voix, basse et implorante, la fait frissonner. Elle est trop proche de lui. Elle le sent, son souffle chaud contre sa peau, sa poitrine contre la sienne. Elle est plus petite que lui, et quand elle lève les yeux, son regard tombe directement sur ses lèvres pleines, si proches des siennes. Son cœur bat à tout rompre, et elle sent la tension dans tout son corps. Elle le désire tant, mais elle ne peut pas. Elle ne doit pas. Pourtant, ses pensées sont brouillées, et avant même qu'elle ne puisse y réfléchir, elle se met sur la pointe des pieds, déposant un baiser chaste sur ses lèvres. C'est un baiser doux, furtif, mais il porte en lui tout le poids de ce qu'ils retiennent depuis trop longtemps. Lorsqu'elle se recule, elle voit les yeux de Jonathan s'assombrir de désir, et elle sent sa propre volonté vaciller.

— Oh, Nel... j'ai tellement besoin de toi !, murmure-t-il, sa voix rauque, trahissant l'intensité de ses sentiments.

Ces mots la frappent en plein cœur. Elle sait que lui aussi est pris dans ce tourbillon, qu'il est aussi perdu qu'elle. Et pourtant, elle ne peut s'empêcher de ressentir une vague de bonheur mêlée à l'angoisse. Elle veut être avec lui, elle en a besoin autant que lui a besoin d'elle, mais la réalité la rattrape toujours, implacable. Un instant de silence plane entre eux, chargé d'émotions et d'incertitudes. Leurs cœurs battent à l'unisson, mais le monde autour d'eux continue de tourner, et bientôt, il les rattrapera.

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