Chapitre 7 bis

— Tu manges à la maison, ce soir ? Il doit rentrer tard... demande-t-elle, changeant délibérément de sujet avec une maladresse à peine dissimulée.

Leticia fixa Nelly encore un instant, les bras croisés, comme si elle évaluait l'ampleur des non-dits. Mais finalement, elle choisit de ne pas insister, respectant les limites que son amie imposait.

— OK, d'accord... dit-elle dans un soupir, un sourire doux venant adoucir son visage. Je prends une bonne bouteille de blanc et on se fait une petite salade, ça te va ?

Nelly hocha la tête en silence, soulagée que Leticia lâche l'affaire pour le moment.

— Ça me va.

Elle s'éloigna ensuite vers la chambre d'amis, ou plutôt, la chambre de Louis, comme elle l'appelait depuis qu'elle avait dû commencer à l'y laisser plus souvent. Son cœur se serra légèrement en pensant à toutes ces fois où elle avait dû compter sur Leticia. Une chance que son amie travaillait à domicile. Cela rendait les choses tellement plus faciles. Elle est reconnaissante envers Leti de l'aider... Ça lui permet de réaliser quelques économies, et, surtout, elle part plus sereine au travail, persuadée que Louis s'épanouit auprès de quelqu'un de bien.

Nelly s'arrêta un moment devant la porte, le cœur un peu lourd. Parfois, Leticia ne pouvait même pas se lever à cause de la sclérose en plaques qui la minait doucement. Pourtant, malgré cela, elle ne rechignait jamais à garder Louis. Son amie avait ses propres batailles à mener, et pourtant, elle trouvait toujours la force de la soutenir. Toujours souriante, toujours positive, même quand la douleur devait être insupportable. Leti avait cette manière unique de se battre contre la maladie, en s'accrochant à des projets qu'elle ne terminerait peut-être jamais, mais qui lui donnaient l'envie de continuer.

Trois ans plus tôt, Leticia avait commencé à peindre, des paysages, des portraits, des scènes imaginaires... Elle débordait de talent. Mais toutes ces toiles étaient entassées dans son atelier, invisibles au monde extérieur. Nelly s'était promis qu'un jour, elle aiderait son amie à se faire connaître. Après tout, à quoi bon être amies si on ne s'entraide pas ?

Nelly se penche avec tendresse au-dessus du berceau, où son fils repose tranquillement. Ses yeux grands ouverts, immenses et brillants comme deux éclats de curiosité, fixent le mobile suspendu au-dessus de lui. Les petites étoiles, lunes et nuages tournoient doucement, captivant son attention avec leurs formes délicates. Le mobile, une création artisanale que Leti avait trouvée chez une créatrice française, avait tout de suite charmé Nelly par son originalité. Le nom « BreV d'encres* », gravé sur une petite plaque en bois, l'avait fait sourire – un jeu de mots qui correspondait parfaitement à l'univers de douceur et de poésie qui entourait son bébé.

— Salut, mon trésor ! murmure-t-elle d'une voix douce, en se penchant un peu plus pour caresser sa joue ronde et douce comme du velours.

À cette voix familière, son fils gazouille joyeusement, son petit corps s'agitant avec l'énergie d'une fête intérieure.

— Mama !

Il tend ses bras potelés vers elle, ses doigts minuscules s'ouvrant et se refermant avec impatience. Nelly sent son cœur fondre à cette vue. Chaque fois qu'il la regarde ainsi, c'est comme si le reste du monde s'effaçait, laissant place à ce lien pur et simple entre elle et lui.

Elle le prend dans ses bras, le soulève avec une douceur infinie, et le serre contre elle. Elle inspire profondément, comme si ce parfum de bébé était sa source de réconfort et de force. Elle ferme un instant les yeux, savourant cette connexion, son corps balançant légèrement pour le bercer.

— On rentre à la maison, mon ange. Tata Leti vient aussi, dit-elle en lui déposant un baiser tendre sur le sommet de sa petite tête.

Le bébé répond par un babillage joyeux, agitant ses petites mains comme s'il comprenait et partageait déjà l'enthousiasme de sa mère.

Nelly, avec un sourire attendri, commence à préparer son fils pour sortir. Elle attrape les petits vêtements qu'elle avait soigneusement choisis plus tôt.

— Voyons voir, petit bonhomme..., dit-elle en enfilant lentement le pull tout doux, ses doigts habiles mais délicats pour ne pas l'effrayer.

Chaque geste est empreint d'une tendresse infinie, comme si elle manipulait la chose la plus précieuse au monde. Son regard se pose un instant sur ses pieds minuscules. Ils sont si parfaits, si petits et pourtant déjà si pleins de vie. Nelly ne peut s'empêcher de lui chatouiller la plante des pieds. Un éclat de rire pur s'échappe de la bouche de son fils, un son qui semble remplir toute la pièce de lumière. Son rire cristallin est contagieux, et Nelly, incapable de résister, se met à glousser avec lui. Ce sont ces moments, ces instants de bonheur simple et sans complication, qui remplissent son cœur d'une joie qu'elle n'aurait jamais imaginé.

— Allez, up ! s'exclame-t-elle joyeusement en finissant de l'habiller.

— Uppp, répéte-t-il en gazouillant.

Elle l'attrape sous les bras et le soulève dans les airs, tournant légèrement sur elle-même. L'enfant éclate de rire à cette sensation d'être soulevé comme s'il volait. Nelly rit avec lui, heureuse de voir son fils si gai, si insouciant.

— C'est partiii !

Elle le cale contre sa hanche, se penchant pour attraper son sac à langer d'une main tout en maintenant son petit paquet de bonheur bien en place avec l'autre.

*Créatrice talentueuse qui existe réellement. http://www.brevart.fr/

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